Cet article examine des travaux d’aiguille contemporains sur des mouchoirs anciens et identifie un nouveau genre féministe de travaux d’aiguille, en considérant la manière dont ces travaux révèlent la possibilité d’une nostalgie féministe. Ces travaux viennent compliquer la dichotomie entre l’approbation ou la désapprobation de la valeur des travaux d’aiguille historiques, qui toutes deux reposent sur une connexion essentialisée entre les travaux d’aiguille et la féminité normative. À l’examen des travaux de Leslee Nelson, Joetta Maue, Allison Manch et Ke-Sook Lee, j’avance que la matérialité et l’histoire du mouchoir en font un objet de médiation qui permet un engagement affectif et physique avec les archives non écrites des travaux et des sentiments des femmes. Le mouchoir procure aux brodeuses contemporaines un moyen d’explorer d’une nouvelle manière l’héritage féminin de la broderie, car il évoque, à travers l’histoire, des relations de souvenir, d’échanges, de communication codée, de sexualité, d’incarnation, et de régulation ou de contestation des normes de genre. À travers le médium qu’est le mouchoir et le processus de la broderie, ces artisanes abordent la féminité en tant que substance historique, comme quelque chose qui se répète dans la réalisation de la broderie et qui se sédimente dans les gestes et les objets matériels, comme des archives avec lesquelles elles peuvent être en relation et sur lesquelles elles peuvent intervenir.