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Articles

Volume 17, Spring/Printemps 1983

L'inventaire après décès et l'agriculture bas-canadienne

Soumise
octobre 29, 2010
Publié-e
1983-01-01

Résumé

In this article, the usefulness of the postmortem inventory for studying agriculture in Quebec before the industrial era is demonstrated. Using inventories of fanning families from two seigneuries in the Montreal region at the beginning of the nineteenth century (Lac-des-Deux-Montagnes and St-Hyacinthe), an attempt is made to answer a number of questions pertaining to agricultural production, livestock, and tools and implements in rural households. On the basis of this work, one can demonstrate the wealth of information in such inventories and shed new light on agriculture in early nineteenth-century Quebec. Agricultural production is considered first. In the early 1800s, these two seigneuries were grain-growing regions where wheat predominated. An analysis of crop distribution in the Lac-des-Deux-Montagnes seigneurie until 1825 reveals the gradual substitution of peas and potatoes for wheat. Next, we examined the composition and distribution of farming families' livestock. In these two seigneries, which bordered the settled region of Lower Canada in the early 1800s, the use of livestock was still tied to, if not dependent on, farm production and domestic requirements. A minority of farmers kept a significant number of animals — both horses and oxen, which were linked directly to agricultural production, as well as others, such as sheep, hogs and fowl, which enabled them to produce surpluses. However, even though the majority of farming families were not totally impoverished, many of them had neither a plowing team nor enough livestock to satisfy their domestic needs. Lastly, the tools and implements of twenty St-Hyacinthe peasant families in 1801 and 1802 were analysed. Farm implements were rudimentary, worth little in comparison to the livestock, and unevenly distributed among farmers. The least fortunate made do with a few hand tools. Half the households owned plows and only a few families were fully equipped with hand tools, plowing implements and véhicules of transport. These latter families also owned the most extensive collection of tools associated with secondary activities (weaving, carpentry) and the best livestock. In conclusion, the postmortem inventory facilitates studying agricultural production in pre-census times. In particular, it highlights the differing conditions under which the farmer worked. All farmers did not have the same livestock or implements. This uneven distribution of the factors of production among rural households certainly affected both the methods used in fart/ting and crop yields, and contributed in large measure to the hierarchical organization of the agricultural community. Résumé Dans ce texte, nous voulons montrer l'utilité de l'inventaire après décès pour l'étude de l'agriculture québécoise pré-industrielle. À l'aide d'inventaires de familles paysannes de deux seigneuries de la région de Montréal au tournant du XIXe siècle, le Lac-des-Deux-Montagnes et Saint-Hyacinthe, nous examinons certaines questions relatives à la production agricole, au cheptel et aux biens de production des ménages paysans. Un travail qui nous permet de souligner la richesse de cette source, mais aussi de jeter, nous l'espérons, un éclairage neuf sur certaines caractéristiques de l'agriculture québécoise à cette époque. En premier lieu, nous déterminons l'orientation générale de la production agricole. Au tournant du XIXe siècle, ces deux seigneuries sont des régions de céréaliculture où le blé froment occupe une place prédominante. Nous avons poussé l'étude de la répartition des cultures au Lac-des-Deux-Montagnes jusqu'en 1825. Certaines modifications apparaissent significatives tel le déclin du blé et son remplacement progressif par les pois et les pommes de terre. En second lieu, nous avons porté attention à la composition et à la répartition des cheptels des familles paysannes. Dans ces deux seigneuries à la frange limite du peuplement bas-canadien au début du XIXe siècle, l'élevage demeure lié, sinon tributaire, de la production agricole et des besoins domestiques. Cependant, une minorité de cultivateurs sont bien pourvus en cheptel, autant au niveau des animaux liés directement à la production agricole, chevaux et bœufs de labour, qu'à celui des ovins, porcins ou volailles où ils peuvent produire des surplus constants. Quant à la majorité des familles paysannes, elles ne sont pas totalement démunies, mais nombreuses sont celles ne disposant ni d'un train de labour, ni d'un élevage suffisant pour répondre à leurs besoins domestiques. En dernier lieu, nous avons analysé les biens de production de vingt familles paysannes de Saint-Hyacinthe de 1801 à 1802. Nous avons constaté le caractère rudimentaire de l'équipement agricole, sa faible valeur comparativement au cheptel vif et sa répartition inégale au sein du groupe paysan. Les moins favorisés se contentent de quelques petits outils manuels. La moitié seulement des ménages paysans possèdent une charrue. Seules quelques familles disposent d'un équipement aratoire complet: outils manuels, instruments aratoires et matériel de transport. Ce sont également ces mêmes ménages qui possèdent la gamme la plus étendue d'outils liés aux activités secondaires {textile domestique, menuiserie) et le meilleur cheptel. En somme, l'inventaire après décès nous aide à aborder le thème de la production agricole pour des périodes antérieures aux recensements. Ce document nous permet surtout de souligner les conditions différentielles dans lesquelles s'exerce le travail paysan. Tous les cultivateurs ne disposent pas du même cheptel et des mêmes instruments de travail. Or cette répartition inégale des facteurs de production entre les ménages paysans a certes ses effets autant au niveau des méthodes culturales qu'à celui des rendements et contribue largement à la hiérarchisation au sein même de la communauté paysanne.