At the turn of the nineteenth century, Lower Canada experienced a second great discontinuity — influenced by the power of the market and of commercial capitalism, it modernizes itself. This process, particularly evident between 1790 and 1815, should be reflected in the social structures and the levels of well-being in society even at the habitants level. The present article aims at establishing the favourable evolution of the levels of wealth as one more support to the hypothesis of modernization during this period.
This paper establishes the necessity of adding stock analyses to the usual flows analyses in economic and social history. At the turn of the nineteenth century, because of the lack of censuses, one has to turn to postmortem inventories that are representative of the wealth of the diverse social groups in the Lower-Canadian society. Despite their shortcomings an analysis of postmortem inventories allows one to discover the domestic interiors and the moveable goods of individuals. Thus the choice of 2 regions, 6 sub-regions and 5 social groups and two periods (1792-1797 and 1807-1812) to better capture the changes in moveable wealth and also in the size of farms.
On the whole, the average net moveable wealth in the Montreal area grows by 280% between the 1792-1797 and 1807-1812 time-spans. This rise is not confined to urban merchants, but also applies to rural residents. The Quebec area starts with a serious handicap — between 39% and 58% less moveable wealth than in Montreal — but partly narrows this gap with time indicating a rapid increase of wealth in the countryside. The habitants, as a whole, become more diversified ivith a general trend towards increasing wealth, liven the average acreage by habitant tends to increase slightly with time in the countryside. A specialization is hinted at by the data, the North Shore, both in Quebec and Montreal, increasing more their herds of animals, the South Shore. their wheat and other grain crops. If the discourse of production is more rationalization of resources and of ivork practices, the discourse of consumption is turned toward the superfluous. More and more furniture and in particular clothes are bought,replacing home made goods.
In effect, the essential break, shown in these analyses tend to point to the passage of a subsistence society, where habitants produce most of what they need and must content themselves with the bare necessities, to a society transformed by the market, where social actors must specialize more and more, and where, through the sale of their produce on the market, they can attain xuell-being and social status.
Résumé
À la fin du X VIIIe et au début du XIXe siècle, le Bas-Canada subit une deuxième grande rupture - il entre de plein pied dans l'économie de marché et dans le système du capitalisme commercial — et se modernise. Cette évolution, sensible notamment de 1790 à 1815, devrait se répercuter sur les structures sociales et sur les niveaux de vie de toute la société, même chez les habitants. Le présent article vise à étayer davan-tage l'hypothèse de la modernisation à cette époque en étudiant l'accroissement des niveaux de richesse.
Cet article établit la nécessitéd'avoir recours aussi bien à l'analyse des stocks qu'à l'analyse par les flux pour étudier l'histoire économique et sociale. Comme il n'y avait pas encore de recensement à l'époque, il faut se reporter aux inventaires après décès qui révèlent le degré d'opulence des divers groupes sociaux du Bas-Canada. Malgré ses lacunes, un inventaire permet de connaître l'aménagement de la maison et les biens meubles du défunt. C'est ce qui explique le choix de 2 régions, de 6 sons-régions, de 5 groupes sociaux et de deux périodes de cinq ans (1792-1797 et 1807-1812); cela permet de mieux saisir les changements survenus au niveau de l'acquisition des biens meubles et également de la superficie des terres possédées, des renseignements sur cette dernière question se trouvant aussi dans les inventaires.
Dans l'ensemble, la valeur moyenne nette des biens meubles de la région de Montréal augmente de 280% de 1792-1797 à 1807-1812. Cette hausse ne se limite pas aux commerçants des villes, mais s'applique tout autant aux habitants dans les campagnes. Au début de la période étudiée, la région de Québec a un lourd handicap, la valeur des biens meubles y étant inférieure de 39% à 58% à celle constatée pour Montréal, mais elle comble partiellement ce retard avec le temps, ce qui indique une croissance rapide de la richesse dans les campagnes. En général, la situation des habitants commence à se diversifier et leur sort a tendance à s'améliorer. Même la superficie de terres que possède en moyenne un habitant augmente légèrement avec le temps. Les données recueillies laissent entrevoir une certaine spécialisation agricole: les habitants de la rive nord (Québec comme Montréal) augmentent leurs troupeaux tandis que ceux de la rive sud accroissent leur production de blé et d'autres céréales. Si la production est axée davantage sur la rationalisation des ressources et des méthodes de travail, la consommation, elle, est orientée vers le superflu. Les habitants qui ont de plus en plus de meubles et de vêtements les achètent au lieu de les fabriquer.
L'analyse détaillée des inventaires après décès révèle le passage d'une économie de subsistance, où les habitants produisaient la plupart de leurs biens et devaient se contenter du strict nécessaire, à une société de marché où les individus doivent se spécialiser de plus en plus et où, grâce à la vente de leurs produits sur le mâché, ils peuvent augmenter leur bien-être et aspirer à un certain statut social.