Le doublage québécois de films étrangers retient depuis quelques décennies l’attention des chercheurs en traductologie. Ces derniers constatent que les personnages parlent un français éloigné du français québécois courant, calqué à maints égards sur celui entendu en situation formelle, et qui tient peu compte des variations linguistiques dans la version originale. Toutefois, ces études montrent peu d’exemples, et leurs observations ne concordent pas toujours. Bien souvent, les exemples n’ont pas fait l’objet d’études montrant clairement leurs rapports avec la formalité de la situation. Dans cet article, nous mesurons la place qu’occupent, dans 10 films doublés en France et au Québec, quatre éléments linguistiques associés explicitement au registre formel : maintien de [l] des pronoms personnels il et ils et impersonnel il, maintien des groupes de consonnes finaux, réalisation de la liaison variable et de la particule ne de l’adverbe de négation. L’étude dresse une image quantifiée du phénomène et montre dans que la langue du doublage québécois est exemplaire de ce point de vue.