L’approche bilingue pour l’enseignement aux sourds suscite un intérêt grandissant chez les personnes sourdes ainsi que chez les intervenants et les parents d’enfants sourds (Cummins et Danesi, 1990; Mahshie, 1995). Un des fondements de l’approche concerne le rôle de la L1 (langue signée) sur les apprentissages en L2 (langue majoritaire). Selon les tenants de cette approche, l’enfant sourd qui connaît suffisamment une langue signée avant l’entrée à l’école serait favorisé au moment d’apprendre la langue majoritaire, notamment la langue écrite. Nous présenterons, dans cet article, l’approche bilingue en définissant d’abord ce qu’est la lecture et, plus spécifiquement, les processus de reconnaissance des mots et ensuite en questionnant le rôle de la langue signée dans l’apprentissage de la lecture chez les sourds. Nous soutiendrons que l’enseignement précoce de la langue des signes est capital (Virole, 1993; Padden et Ramsey, 1998 ; Strong et Printz, 2000) et que la sensibilisation à la phonologie de la langue majoritaire est essentielle au succès en lecture (Musselman, 2000 ; Perfetti et Sandak, 2000).