Cette étude explore les possibilités et les risques que comporte la perception du Grand dérangement dans l’optique du domaine émergent des études de traumatismes. S’appuyant sur les connaissances des disciplines aussi diverses que la psychologie, le travail social, la biologie et la neuroscience, les études de traumatismes dans l’histoire n’ont pourtant été mises de l’avant que de façon intermittente. De plus, ces études se rapportent surtout aux situations récentes pour lesquelles des témoignages personnels sont nombreux, tels que ceux portant sur l’Holocauste. Bien que les peuples contemporains tels que les Acadiens du dix-huitième siècle aient subi des actes de violence et des déplacements, le caractère et le nombre restreint des sources d’expériences personnelles rendent précaire la mise en œuvre des études sur les traumatismes. Toutefois, l’érudition récente sur la situation critique actuelle des réfugiés suggère la pertinence d’étudier les traumatismes afin de mieux comprendre l’incidence troublante du Grand dérangement sur les Acadiens exilés qui l’ont subi. La présente étude prête une attention toute particulière à l’influence des diverses ‘écologies des déplacements’ sur les victimes du Grand dérangement, de sorte à soutenir une étude délimitée des traumatismes et esquisser un portrait plus précis de l’expérience percutante de la diaspora acadienne sur l’individu.