Le titre nominal de Kamouraska d'Anne Hébert signale la piste référentielle du roman, désignant à la fois un espace réel et l'ambiguïté de ce qui se déroule dans cette œuvre de fiction. Comme l'affirme Roland Barthes, « le Nom propre s'offre à une exploration, à un déchiffrement »; lire Kamouraka comme une carte géographique révèle une multitude de noms, correspondant à la réalité des auberges, des rues de Québec et de Sorel et des villages le long du parcours de George Nelson. Investis de sens complexes sémantiques, syntaxiques et poétiques, ces mots sont plus grands que de simples références de lieux. Presque tous ces toponymes surgissent du songe de madame Rolland, alias Élisabeth d'Aulnières, et donc de la métadiégèse, devenant plus que des signifiants de lieu accablés de l'espoir ou de l'anxiété d'Élisabeth.