Dotées d’une connaissance approfondie d’une tradition d’écrits ethnologiques sur leur peuple, Minnie Aodla Freeman et Zebedee Nungak réussissent à détourer les pratiques discursives des Blancs en nous offrant une version inuit du récit de voyage ou d’exploration dans le Sud qui s’apparente à une parodie ethnologique. « Survival in South » (1971) et Life Among the Qallunaat (1978) de Freeman constituent à la fois le récit d’une immersion dans la culture occidentale et l’étude des mœurs des indigènes du Sud. Quant à Nungak, ses expériences de vie l’ont mené à rédiger plusieurs textes satiriques, à mi-chemin entre la chronique et l’essai culturel, sur ce qu’il nomme la « qallunologie ». Publiés au début des années 2000, ces écrits détournent le discours ethnographique au profit d’une version inuit de l’étude de l’Autre, soit le Blanc. Les formes que prennent ces récits et les questions qu’ils soulèvent sont autant de renseignements sur les rapports multiples qu’entretiennent les Inuit entre eux que sur ceux qu’ils entretiennent avec les Blancs.