Dans cet article, Natalie Alvarez examine comment les festivals Caminos et RUTAS du théâtre Aluna de Toronto mettent à profit la dimension interactive et rassembleuse et la grande visibilité de ces événements pour créer un lieu commun théâtral enraciné dans une Amérique hétérogène et interculturelle, lequel regroupe des artistes latino-américains, latinxs, autochtones et afro-caribéens qui, jusqu’ici, ont toujours été absents de la vision eurocentrique de l’ « Amérique latine » et des histoires de la performance canadienne. Les commissaires de ces festivals, Beatriz Pizano et Trevor Schwellnus, ont pour mandat de favoriser les échanges culturels entre le Canada et l’hémisphère sud, et leurs pratiques visent à appuyer d’autres parcours généalogiques à partir desquels une nouvelle génération d’artistes peut traverser l’histoire de la performance au Canada. Les circuits sur lesquels s’appuient ces festivals témoignent du rôle crucial que peuvent jouer de tels événements dans la façon d’orienter—et de réorienter—la diffusion du savoir et des productions artistiques à l’échelle transnationale. Mais les objectifs de Pizano et de Schwellnus sont dictés, aussi, par l’effet que peuvent avoir des festivals comme les leurs sur les types de traditions artistiques que peut soutenir la scène torontoise et les moyens empruntés pour soutenir ces traditions en favorisant les collaborations et les coproductions panaméricaines. Les festivals RUTAS et Caminos sont un témoignage éloquent de ce que peut accomplir un lieu commun théâtral pour faire progresser les formes de production alternatives et les coalitions transnationales.