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Articles

Volume 34, Number 1 (2013)

Staging Memory in Wajdi Mouawad's Incendies: Archaeological Site or Poetic Venue?

Soumise
décembre 5, 2013
Publié-e
2013-01-01

Résumé

Dans cet article, Meerzon examine les formes de représentation de l’histoire et de la mémoire dans Incendies, à la fois dans sa forme dramatique de 2004 par Wajdi Mouawad et son adaptation au grand écran en 2010 par Denis Villeneuve. Incendies raconte la quête d’une femme et de son jumeau qui partent à la découverte du mystérieux passé de leur mère et qui cherchent à percer le silence des dernières années de sa vie. Version contemporaine du mythe d’Œdipe, le récit examine des souvenirs culturels, collectifs et individuels qui informent la trajectoire des enfants de l’exil que sont les personnages principaux. Elle sert aussi de plateforme publique à Mouawad, lui permettant de mettre en scène le témoignage du traumatisme qu’il a vécu dans son enfance : celui de la guerre et de l’adaptation de l’exilé, celui aussi du retour difficile. Selon Meerzon, l’œuvre de Mouawad, lorsqu’elle est adaptée d’un médium à un autre, oblige son réalisateur à l’inscrire dans un contexte historique et géographique précis. Si, dans sa première version, Incendies permet à Mouawad d’élever le récit des souffrances qu’il a vécues au statut de celui, plus universel, d’une enfance qui prend fin ; si cette première version lui permet aussi d’atteindre dans son langage les sphères de l’expression poétique et de faire de la mémoire une entité distincte, presque tangible, sur scène, la version cinématographique de 2010 par Villeneuve, par contre, transforme la pièce en site archéologique où l’on veut mettre à jour l’histoire récente d’un pays du Moyen-Orient déchiré par la guerre (le Liban, semble-t-il). Or, cet objectif qui va à l’encontre de la vision qu’a Mouawad du théâtre comme lieu de croisement de la poésie et du politique. Le fait qu’une pièce de théâtre soit transposée au grand écran présuppose naturellement une mutation importante de l’œuvre originale et suscite des interrogations sur la fidélité textuelle. Cela dit, Meerzon ne propose pas une simple analyse contrastive des deux œuvres mais souhaite plutôt explorer les questions suivantes : 1) Comment l’histoire palimpseste de la pièce de Mouawad est-elle traduite au grand écran, et quels effets cela aurait-il pu produire? et 2) De quelle façon le chronotope du témoignage est-il actualisé dans le film de Villeneuve, et quels effets cela aurait-il pu produire? Meerzon utilise comme appareil théorique la distinction qu’opère Lubomir Doležel entre les univers fictifs créés dans l’œuvre littéraire fondée sur un événement historique donné et les univers historiques qu’évoquent les récits historiques servant à documenter et à analyser cet événement.