Dans l'espace de la poésie québécoise moderne, on a longtemps cherché à comprendre la transition de la poésie suivant les lois de la prosodie classique à celle où le vers libre donna naissance à une nouvelle tradition. On souhaiterait donc être en mesure de dater incontestablement l'entrée du vers libre moderne au Canada. Celui-ci a souffert de quelques problèmes dont l'hésitation entre les styles poétiques et les maîtres de styles français (Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Kahn et Moréas). Bien que l'on note que ce sont surtout les femmes poètes, dont Simone Routier, qui ont influencé l'utilisation du vers libre au Québec, ce sont Hector Saint-Denys-Garneau et Alain Grandbois que l'on déclare les maîtres québécois du vers libre. Ces derniers créent une oeuvre originale en utilisant le vers libre comme outil de style esthétiquement motivé, et en l'établissant comme norme de discours à l'intérieur de leur oeuvre.