Appel d’articles — (Re)lire la race et le colonialisme dans le canon littéraire québécois et franco-canadien
Études en littérature canadienne — Numéro spécial
(Re)lire la race et le colonialisme dans le canon littéraire québécois et franco-canadien
Sous la direction de Zishad Lak (Lakehead University/Université d'Ottawa) et Pierre-Luc Landry (Université de Victoria)
La revue Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne (SCL/ÉLC) vous invite à lui soumettre des articles dans toutes les disciplines pour parution dans un numéro spécial sur les littératures québécoise et franco-canadiennes.
Ce numéro spécial invite les réflexions sur la race, la racialisation et les différentes formes de colonialisme dans les canons littéraires et culturels québécois et franco-canadiens. Alors que la critique littéraire québécoise et franco-canadienne a exagéré l'importance de
l’identité nationale comme angle d’analyse inscrit dans une grammaire blanche de la nation, les formes imbriquées de colonialismes — la conquête, le colonialisme de peuplement, l'esclavage, la constitution et la production de l’identité occidentale (Larochelle 2021), etc. — informent cette formation identitaire et son reflet ou sa dissimulation dans les productions culturelles. Par exemple, dans son essai de 1976 intitulé Je suis une maudite sauvagesse, l'écrivaine et activiste innue An Antane Kapesh écrit qu'en entendant le récit des colons sur la découverte du fer dans le Nord du Québec, son père interrompt et déstabilise le mythe en riant d'abord, puis en racontant une histoire différente de cette découverte. Kapesh raconte ensuite cet autre récit à ses lecteurs et lectrices, révélant ainsi sa dissimulation par le discours ethnonational dominant de la québécitude.
L'essai de Kapesh met ainsi en scène une absence qui est susceptible d’être perturbée. Cette absence est en partie attribuée à la dissimulation de l'histoire matérielle des Amériques et en partie importée à travers les mythes européens (Saïd 1978), qui ont contribué à la construction d'une identité settler ici, au Québec et en Amérique du Nord. La relecture, en tant que praxis culturelle critique, peut donc porter attention aux excès et aux dissimulations dans le récit, ou encore compter sur ceux-ci afin de « désentraver l'imagination » (Morrison 1992). Pour ce numéro spécial, nous sollicitons des réflexions sur les manières dont la race et le colonialisme apparaissent et persistent dans le discours public et politique, notamment dans les productions culturelles canoniques au Québec et dans les espaces franco-canadiens; nous accueillons des contributions qui se penchent sur la réception des canons par les publics dominants et marginalisés, ainsi que sur les modes esthétiques qui interpellent différents modèles de lecture, interrogent les subjectivités, décentrent le regard et permettent de transcender les interprétations normatives et normalisées des personnages et des géographies. Les questions que nous souhaitons poser sont, entre autres, les suivantes :
· Quels horizons théoriques peuvent être ouverts et quelles constellations peuvent être formées en (re)lisant l'enchevêtrement de la race et des différentes formes de colonialisme dans le canon culturel du Québec?
· Comment les écrivain·es et les critiques littéraires autochtones, noir·es ou racisé·es se sont-iels engagé·es/désengagé·es du canon, ou comment y ont-iels contribué, et quelle utilisation, le cas échéant, ont-iels fait des œuvres canoniques?
· Quels nouveaux espaces la (re)lecture de la race et des colonialismes dans le canon peut-elle ouvrir pour changer les termes de la conversation?
· Qu'est-ce que les réflexions critiques sur la (re)lecture peuvent révéler sur l'imbrication des exclusions raciales et coloniales dans les contextes québécois ou franco-canadien?
· Quelles nouvelles méthodologies la (re)lecture peut-elle proposer?
· Est-il nécessaire de (re)lire le canon littéraire national? Pourquoi? La (re)lecture des œuvres canoniques n'est-elle qu'un prétexte de plus pour lire la littérature blanche?
· Quelles sont les conditions de production du canon?
· De quelle manière une (re)lecture critique tenant compte de la racialisation peut-elle modifier notre compréhension des textes canoniques qui ne traitent pas explicitement de la race?
Les (re)lectures spéculatives et les travaux de recherche-création sont les bienvenus.
Nous acceptons des propositions de 250 mots maximum en français et en anglais. Veuillez envoyer vos propositions avant le 1er décembre 2023 à Zishad Lak (zlak@lakeheadu.ca) et Pierre-Luc Landry (pierreluclandry@uvic.ca), en incluant un titre, un résumé et vos coordonnées complètes (nom complet, adresse électronique, affiliation institutionnelle). Les articles devront être remis au plus tard le 1er avril 2024 et comporteront de 6 000 à 8 000 mots, y compris les notes et la bibliographie. Les soumissions en anglais doivent être conformes au MLA Handbook, 8e édition ; les soumissions en français doivent être conformes au Le guide du rédacteur (Bureau de la traduction, 1996).
Pour plus de détails sur les soumissions, visitez le site https://journals.lib.unb.ca/index.php/SCL ou contactez les directeurices du dossier.