Souvent qualifiée de romantique, catégorie historiographique importée d'Europe d'Amérique, la littérature canadienne-française du XIXe siècle ne démontre que faiblement le trope typiquement romantique de l'émerveillement devant la nature. L'intérêt des poètes canadiens-français pour la mer, notamment dans l'œuvre d'Octave Crémazie, révèle un espace négatif incarnant à la fois la nostalgie de l'exilé séparé de sa patrie par la mer et l'angoisse du peuple canadien-français dont le territoire incertain est une île métaphorique à laquelle il s'accroche, risquant à tout moment d'être englouti par les flots britanniques. Jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, ce nœud chronotropique marin s'est substitué en topos du terroir, image d'un Québec agricole et catholique qui se métamorphose ensuite jusqu'à ce que l'eau reprenne, de nos jours, une altérité positive.