Dans La chair décevante (1931), Jovette Bernier anime un personnage féminin qui incarne l’une des premières voix de la révolte féminine québécoise. Il s’agit de Didi Lantagne, une femme dont la liberté de paroles est lourde de sens. Au début du roman, Didi ne parle pas mais elle écrit. C’est à travers son lien complexe avec l’écriture personnelle qu’on en vient à comprendre ses rapports avec les hommes. Si l’écriture lui permet de s’exprimer et d’assumer une sensualité exacerbée, on constate l’apparition d’une différence lorsque sa voix s’élève pour son fils ou pour les hommes qui l’ont aimée. De ces confrontations successives se dégage une parole féminine solitaire, l’essence même d’une parole individuelle. Celle-ci s’affranchit de la morale des bien-pensants pour affirmer le personnage comme héroïne tragique.