En se basant sur Fais confiance à la mer, elle te portera, la 41e oeuvre « distincte » à être publiée par Antonine Maillet, l'auteur revisite les thèmes de la transmutation mailletienne d'événements concrets, de la contrebande d'alcool, de l'écriture carnavalesque et du mundus inversus. De roman en conte en pièce de théâtre, Maillet a élaboré un système romanesque dans lequel le retour des personnages, des scènes, des paysages, des types physiques et moraux assure à son monde fictif une fascinante cohérence. Ce dernier roman, comme elle l'indique, se veut « un cri nouveau qui répétera tous les autres » et qui s'inscrit dans sa tentative de raconter le « huitième jour », celui qui manque, et de refaire, en se servant de son imagination et de ses dons de conteuse, un monde à son goût, sans limite, sans ennui, sans fin. Ce qui caractérise tout particulièrement Fais confiance est cette volonté de Maillet de non seulement revisiter le monde qu'elle a créé, mais de s'aventurer dans les sables mouvants de la mémoire, « de pousser la porte qui donne sur les recoins camouflés » de l'activité créatrice et de s'interroger sur son rapport singulier à la littérature.