Y a-t-il une épistémologie de la connaissance litteraire — Et peut-il y en avoir une?

Auteurs-es

  • Jacques Bouveresse <em>Collège de France </em>

Résumé

Les articles contenus dans cette section sont issus des conférences plénières présentées au 7e.Congrès Narrative Matters, Narrative Knowing/Récit et Savoir, organisé à l’Université Paris Diderot, en partenariat avec The American University of Paris, du 23 au 27 juin 2014. L’article de Jacques Bouveresse, « Y a-t-il une épistémologie de la littérature et peut-il y en avoir une ? » s’inscrit dans le prolongement de La Connaissance de l’écrivain. Sur la littérature, la vérité et la vie. Dans cet ouvrage, publié en 2008, Bouveresse s’interroge dans les termes suivants : « Pourquoi avons-nous besoin de la littérature, en plus de la science et de la philosophie, pour nous aider à résoudre certains de nos problèmes ? Et qu’est-ce qui fait exactement la spécificité de la littérature, considérée comme une voie d’accès, qui ne pourrait être remplacée par aucune autre, à la connaissance et à la vérité ? » (2008 : 29-30). En affirmant que la littérature participe bel et bien, par des moyens qui lui sont propres, à l’entreprise générale de la connaissance, Jacques Bouveresse dénonce à la fois la « phobie de l’extra-textualité », qui met hors circuit le contenu factuel et également le contenu moral de la littérature, et la tendance caractéristique de certains courants postmodernes à ériger la littérature en une sorte de genre suprême, dont la philosophie et la science ne seraient au fond que des espèces. C’est en philosophe qu’il aborde la question du genre de connaissance que peut apporter l’œuvre littéraire, celle de la différence entre la « connaissance pratique » et la connaissance de la science, « théorique, propositionnelle », celle de la différence essentielle à faire entre la connaissance morale des romanciers et le moralisme. Il ne néglige pas pour autant le fait qu’il s’agit d’une connaissance qui ne pourrait pas exprimée autrement que dans la forme précise que lui a donnée l’écrivain, et même qui ne peut devenir réelle que sous cette forme et de cette manière-là. Dans son article, qui convoque un grand nombre d’écrivains et de penseurs (Paul Valéry, Émile Zola, Alfred Döblin, Robert Musil et d’autres), Bouveresse réaffirme que la littérature, et en particulier le roman, transmet une certaine sorte de connaissance : une connaissance qui reste beaucoup plus proche de la connaissance ordinaire, dont elle pourrait même en un certain sens constituer une partie, que d’une forme de connaissance savante de nature théorique et systématique. Il s’interroge également sur la façon dont le genre de connaissance qu’il est possible de tirer d’un roman y est contenu exactement et s’appuie sur une lettre de Léon Tolstoï à propos d’Anna Karénine pour distinguer entre ce qui est exprimé par des mots, ou des propositions, et ce qui ne peut être signifié que d’une autre manière (ou entre ce qui peut se dire et ce qui peut seulement se montrer, dans une terminologie empruntée à Ludwig Wittgenstein). À la fin de son article, il appelle à la constitution d’une théorie littéraire qui serait précisément une théorie de la connaissance littéraire. (Patron et Schiff, 2015)

Publié-e

2015-03-05

Comment citer

Bouveresse, J. (2015). Y a-t-il une épistémologie de la connaissance litteraire — Et peut-il y en avoir une? . Narrative Works, 5(1). Consulté à l’adresse https://journals.lib.unb.ca/index.php/NW/article/view/23788

Numéro

Rubrique

Narrative Matters 2014: Narrative Knowing / Récit et Savoir