La diphthongue «oi» dans le parler «brayon» d'Edmundston, Nouveau-Brunswick
Abstract
La graphie «oi» représente généralement la prononciation [wa] en français standard, mais nous avons aux niveaux populaire et dialectal tout un éventail de variantes qui vont de [we] jusqu'à [wo]. La manière dont cette diphtongue se réalise est liée dans une large mesure au mot où elle se trouve. D’une part, un grand groupe lexical est caractérisé par l'emploi de la variable (w a), avec, à Edmundston, des réalisations surtout antérieures en [we, wæ, w ae, wa], et peu de réalisations postérieures en [w a]. D'autre part, un petit sous-groupe (pois, poids, bois (substantif), mois, trois, noix) est caractérisé par l'emploi de la variable (w a), avec des réalisations surtout postérieures en [w a, w d , w d ], et peu de réalisations en [wa].
Selon nos données, il y a dans le parler «brayon» d'Edmundston un effet marqué de l'âge sur la réalisation de la variable (w a), l'emploi de la variante traditionnelle acadienne [we] diminuant progressivement avec l'âge des sujets. Par contre, en ce qui concerne la variable (w a), la réalisation plus ferm ée [w d ] est aussi courante chez les jeunes que chez les âgés, trait qui reflète peut-être l'influence du parler québécois avoisinant. La structure syllabique joue aussi un rôle important dans le cas de la variable (w a), la réalisation [we] étant plus fréquente en syllabe ferm ée qu’en syllabe ouverte. Les résultats sont moins décisifs en ce qui concerne les autres facteurs sociolinguistiques considérés, à savoir le sexe, et le contexte stylistique. Une
comparaison avec d’autres variétés d'acadien au sud-est et au nord-est du Nouveau-Brunswick, et en Nouvelle-Écosse, révèle des similitudes et des différences intéressantes.