Trente ans après leur introduction dans les portefeuilles nationaux, les cartes issues de la bathymétrie par satellite (SDB) rencontrent toujours des difficultés à s’imposer en tant que documents satisfaisant aux exigences de sécurité de la navigation, requises notamment par la publication S-44 (Normes de l’OHI pour les levés hydrographiques).
Or, l’avènement d’une nouvelle génération de constellations satellitaires telles que Sentinel -2 3, offre une géolocalisation améliorée et, grâce à leur haute fréquence de répétitivité, une capacité presque illimitée de détection des dangers naturels visibles depuis l’espace dans les limites des performances des capteurs embarqués. Aussi, cette vision négative de la SDB doit-elle changer.
Écrit par des hydrographes, cet article vise à fournir un contexte scientifique adapté à la pratique de l’hydrographie, à introduire la notion de «Perfect Image», mentionnée pour la première fois lors de l’atelier télédétection hydrographique, Canada 2018, et à réhabiliter des concepts plus anciens comme la profondeur de pénétration (DOP), qui fait de la SDB un instrument incomparable pour cartographier les eaux peu profondes du monde (cf. illustration 1). Ici, «incomparable» ne signifie pas «parfait», puisqu’il y a des limites à la capacité de la SDB à détecter et à quantifier les détails du fond. Ces limites sont argumentées dans l’article.