Marcel Fortin
From the thirties to the fifties, in the Ottawa-Hull region, le Caveau was a popular theatre group that showed an extraordinary vitality. Expanding on the fringe of professional theatre groups from France and Montreal, this amateur group struggled to establish its rightful place in the world of theatre. In the end, the popular theatre group had to adopt aesthetic standards set forth by the visiting professional groups.
De 1932 à 1951 le Caveau témoigne d'une extraordinaire vitalité sur les scènes du théâtre amateur régional. Quoique marginalisée par les troupes professionnelles en provenance de l'extérieur, la troupe fait flèche de tout bois pour imposer sa crédibilité auprès des instances de légitimation et de consécration en s'inspirant des pratiques théâtrales dominantes.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Ottawa est une ville canadienne où la vie culturelle et artistique est florissante. Pour le visiteur, la capitale fédérale présente d'abord un visage anglais. Pourtant, près du tiers de la population est de langue française.1 Cette minotiré linguistique est effectivement peu visible dans les centres de décisions de la société outaouaise. Néanmoins, les francophones fréquentent, à l'occasion, les mêmes lieux de divertissements que leurs concitoyens anglophones; certains d'entre eux assistent régulièrement aux spectacles offerts par des artistes américains et britanniques au théâtre Russell.2 C'est d'ailleurs dans cette salle luxueuse construite en 1897 que la communauté francophone d'Ottawa a accès, à certaines périodes de l'année, à des représentations théâtrales données en français par des troupes itinérantes en provenance de France et de Montréal.3
Mais ces visites sporadiques sont insuffisantes pour soutenir dans le capitale une vie théâtrale régulière en français. Par conséquent, les francophones, qui ne peuvent compter que sur leurs propres ressources pour maintenir et développer une vie culturelle distincte, mettent tout en oeuvre pour créer dans leur milieu, notamment à l'intérieur des institutions paroissiales et civiques, une activité théâtrale de facture artisanale et à vocation récréative.
En effet, dès la fin du 19e siècle, des cercles dramatiques sont fondés dans les paroisses d'Ottawa-Hull grâce à l'appui des autorités religieuses qui mettent à la disposition des amateurs les infrastructures nécessaires à la réalisation des spectacles dramatiques. Progressivement, ces troupes dirigées par des animateurs enthousiastes s'emploient à occuper une position de force dans le champ théâtral régional de sorte qu'au cours des années 1920, elles constituent un réseau relativement bien organisé qui possède ses propres instances de légitimation, de production et de consécration. Toutefois, cette structure artisanale est précaire: quoique distincte de l'organisation théâtrale de langue anglaise, elle n'est pas moins dépendante de l'institution théâtrale parisienne et montréalaise 4 qui impose tacitement, mais avec vigueur, les règles de la légitimité théâtrale, c'est-à-dire les normes de la pertinence artistique et culturelle.5
Dans le contexte théâtral outaouais où les seules productions professionnelles en langue française proviennent de l'extérieur, voire de l'étranger, il n'est pas étonnant qu'elles constituent, aux yeux des amateurs locaux, les modèles dont il convient de s'inspirer. En effet, les troupes régionales, - il en est ainsi pour les troupes de la métropole 6 surtout composées d'autodidactes formés sur le tas, restent inféodées aux valeurs culturelles étrangères. Paradoxalement, c'est grâce à une soumission non équivoque aux codes esthétiques dominants ou reconnus par l'institution théâtrale qu'elles peuvent espérer accroître leur crédibilité artistique auprès des instances de légitimation et de consécration.
Plus préoccupés à s'approprier un certain capital symbolique qu'à rechercher la rentabilité financière qui conditionne l'activité des professionnels du spectacle, les animateurs outaouais font flèche de tout bois pour acquérir, fût-ce localement, les signes de la reconnaissance pouvant les conduire éventuellement au statut de professionnel. Pour atteindre leurs objectifs, ils se dotent d'une structure de fonctionnement où les tâches scéniques et administratives sont clairement définies, privilégient un répertoire d'oeuvres d'auteurs populaires ou largement consacrés par l'institution théâtrale parisienne et se livrent à une imitation plus ou moins servile des pratiques dominantes notamment au niveau de jeu, de la mise en scène et de la scénographie.
C'est d'ailleurs dans cette voie que s'engage discrètement dès sa fondation par les Dominicains de la paroisse Saint-Jean-Baptiste d'Ottawa, en 1932, l'un des cercles dramatiques les plus articulés de l'Outaouais: la Corporation des diseurs du Caveau. Dans la foulée des nouvelles troupes régionales créées au tournant des années trente, à une période où la crise économique vient considérablement freiner les visites des troupes de tournées, l'avènement du Caveau, dont le travail artistique s'inscrit dans la continuité des groupes Beaulne, Saint-Jean et Sanche de la décennie precedente,7 cristallise les espoirs de voir naître éventuellement une troupe professionnelle de langue française dans la capitale.
Inspirée de l'esprit qui animait les confréries médiévales et encadrée par l'institution paroissiale, la Corporation des diseurs se distingue des autres cercles dramatiques d'Ottawa par sa filiation à une plus vaste association artistique qui regroupe quatre corporations représentant les disciplines de la musique, de la peinture, de la littérature et, bien sûr, du théâtre.8 Lieu de rencontre des artistes francophones de la capitale, le Caveau, dont les activités débordent les cadres de la paroisse, a pour objectif premier le développement et la promotion d'une vie culturelle française dynamique.
Quoique chaque corporation soit autonome et jouisse de l'entière liberté quant à l'organisation de ses activités, les membres du Caveau ne sont pas moins soumis à des règlements stricts qui assurent le caractère distinctif de l'association.9 La constitution exige du candidat qui aspire à intégrer les rangs de la confrérie qu'il soit catholique, qu'il parle français, qu'il possède la technique d'un des arts représentés par les corporations et qu'il s'y livre avec une compétence reconnue. Dès son acceptation dans l'une des corporations, le membre s'engage à suivre les règlements, à tenir une conduite honorable, à respecter l'Eglise catholique et à s'occuper activement de culture intellectuelle et artistique.
Malgré ses cadres rigides qui s'apparentent à ceux des nombreux mouvements d'Action catholique, le Caveau partage, à toutes fins utiles, peu de similitudes avec les groupes paroissiaux au service de la pastorale.10 En fait, les corporations se définissent d'abord comme une école de formation où chaque membre, à la fois maître et élève, peut se perfectionner dans la discipline artistique de son choix, et ce dans un climat de franche camaraderie. Ainsi, à la Corporation des diseurs, les principaux animateurs et animatrices, notamment Marcelle Barthe, Guy Beaulne, Albert Boucher, Florence Castonguay, Margot Gaudreau, Romuald Latreille, Laurette Paradis, Germaine Patrice et Paul Pelletier, mettent sur pied de nombreuses activités pédagogiques axées sur les différentes composantes des arts de la scène. Ils offrent, par exemple, des cours de diction, d'histoire du théâtre et de littérature dramatique. De plus, à chaque saison, ils organisent des ateliers au cours desquels ils s'engagent dans l'exploration et l'expérimentation de nouvelles formes scéniques en faisant appel, au besoin, à la collaboration des confrères des autres disciplines.
Si l'on ne peut nier la contribution des Dominicains à l'oeuvre de culture du Caveau, la Corporation des diseurs doit d'abord ses succès et sa popularité dans l'Outaouais à ses ambitions proprement artistiques et aux préoccupations esthétiques de ses membres. En effet, outre les séances privées ou cours desquelles ces derniers esquissent certaines idées esthétiques sur la scénographie, la mise en scène et le jeu de l'acteur, c'est par ses quelque 130 représentations théâtrales publiques, fruit d'un travail rigoureux, que la troupe a l'occasion d'illustrer sa recherche et de démontrer sa compétence. D'ailleurs, il suffit de s'en reporter aux comptes rendus de presse sur les productions du Caveau pour constater une intention réelle, voire un désir constant de produire des spectacles de qualité équivalente, toutes proportions gardées, à ceux des professionnels de la scène. Cette attitude, légitime, témoigne d'une volonté ferme des membres d'accroître leur prestige et leur notoriété auprès des médias locaux et du public régional.11
Forts d'une expérience de la scène et d'une 'formation' de praticien acquises, entre autres, auprès de Léonard Beaulne et Laurette Larocque-Auger, tous deux professeurs d'art dramatique à l'Université d'Ottawa,12 les diseurs jouissent, à maints égards, d'avantages appréciables en comparaison de leurs collègues des autres formations outaouaises. C'est d'ailleurs dans une large mesure grâce à la connaissance d'une pratique théâtrale tributaire d'une certaine tradition académique de la théâtralité que les membres du Caveau, initiés de surcroit au contact des auteurs français légitimés par l'institution scolaire, peuvent imposer leur crédibilité après des instances chargées d'évaluer la compétence artistique et de consacrer les productions culturellement pertinentes pour la communauté. Cette compétence, qui est en l'occurrence définie à partir de critères de performance technique, ne pose pas moins comme prémices aux exécutants du projet scénique le respect du texte dramatique et la nécessité de traduire le plus fidèlement la pensée de l'auteur.13
Cette conception du travail scénique, qui prévaut d'ailleurs dans l'ensemble de la pratique théâtrale québécoise des années trente et quarante, notamment chez les Compagnons de Saint-Laurent, farouches défenseurs des idées du Cartel, s'inscrit d'emblée dans l'exercice même de la critique théâtrale, laquelle trouve son prolongement et son écho dans l'une des plus vives instances de consécration du théâtre amateur au pays: le Festival national d'art dramatique (Dominion Drama Festival).14 Fondé en 1932 par le Gouverneur géneral du Canada Lord Bessborough, le Festival suscite, par ses concours régionaux et nationaux, une forte émulation chez les troupes participantes. Toutefois, comme les critères d'évaluation de la compétence artistique s'inspirent largement des normes étrangères, la plupart du temps européennes, les amateurs n'ont d'autre choix que de se soumettre aux codes esthétiques dominants: condition sine qua non de la reconnaissance officielle.
Quoiquele nom du Caveau soit absent des premiers concours régionaux du Festival, les diseurs participent tout de même à l'événement en collaborant aux productions de l'Ecole de musique et de diction de l'Université d'Ottawa. En 1935, ils jouent dans L'Innocente de Henri-René Lenormand et remportent le trophée Bessborough décerné à la meilleure pièce du Festival.15 L'annee suivante, la même équipe triomphe au concours régional de l'Est de l'Ontario avec L'Indienne, une création de Laurette Larocque-Auger, dans une mise en scène de l'auteur.16
Mais c'est vraiment au cours des festivals subséquents que le Caveau impose, en son propre nom, sa crédibilité artistique auprès des juges-critiques invités. En 1937, la troupe reçoit le prix de la section française du concours national pour sa production de Françoise, de Sacha Guitry, dans une mise en scène de Florence Castonguay qui remporte en outre le prix de la meilleure interprétation féminine de langue française.17 L'année suivante, aux finales du concours tenues à Winnipeg, Paul Pelletier reçoit le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans Scampolo de Dario Nicodemi. Au Festival de London de 1939, le Caveau fait encore belle figure dans Martine de Jean-Jacques Bernard.18
Durant les années de la Seconde Guerre mondiale, le Festival est interrompu. Privé de certains de ses membres appelés sous les drapeaux, le Caveau ralentit le rythme de ses activités. Quoique les représentations publiques soient plus sporadiques, les diseurs organisent régulièrement des soirées d'atelier, fondent une section de théâtre pour enfants.et recrutent de nouveaux membres. Malgré ces initiatives, ce n'est qu'au lendemain des hostilités que la troupe reprendra véritablement ses activités normales grâce, entre autres, à l'intervention de Guy Beaulne qui remettra sur pied l'école d'art dramatique et créera de nouvelles formules d'atelier.
Au milieu des années quarante, la Corporation des diseurs, en pleine possession de ses moyens d'expression, s'impose définitivement comme l'un des foyers théâtraux les plus innovateurs de la région outaouaise. Enrichis d'une solide expérience de la scène, les membres s'engagent dans de nouvelles voies en collaborant notamment à la réalisation de pièces dramatiques radiophoniques à la station CKCH de Hull et en participant, à l'occasion, à des soirées de théâtre comparé avec l'Ottawa Drama League. Ces échanges avec l'une des plus importantes troupes anglophones de la capitale donnent lieu à des représentations publiques dont la double version, anglaise et française, de L'Ecole des femmes de Molière en mai 1946.19 A l'automne suivant, les diseurs s'inspirent d'une des initiatives du Drama League en créant un concours de pièces dramatiques qui suscite un vif intérêt.20
En 1947, le Caveau révise sa constitution, élabore de nouvelles stratégies susceptibles de rejoindre un plus large public et offre sa contribution au jeu scénique Notre-Dame du Bel Amour, de Soeur Paul-Emile, s.g.c., et Simone Routier, présenté au théâtre Capitol d'Ottawa, du 15 au 22 juin, dans le cadre du Congrès marial.21
Mais l'événement qui permet véritablement à la troupe de faire valoir sa compétence est sans conteste la reprise du Festival national d'art dramatique au printemps de 1947. En effet, les diseurs, fortement engagés dans l'organisation du concours régional, conviennent de jouer Maria Chapdelaine, de Paul Gury Le Gouriadec, d'après le roman de Louis Hémon, et remportent le trophée Barry-Jackson décerné à la meilleure présentation d'une pièce canadienne. La production est sélectionnée pour représenter la région de l'Est de l'Ontario au Festival national de London, en mai, où elle reçoit les éloges du juge-critique invité.22
Alors qu'au cours des festivals précédents le Caveau a su attirer l'attention par la qualité de jeu de ses interprètes et la rigueur de ses mises en scène, voilà qu'il réussit maintenant à éblouir par des scénographies inventives. En effet, au concours régional de 1948, la troupe remporte le trophée du Droit pour l'originalité de son décor dans la production du Légataire universel de Regnard.23 De plus, la pièce, mise en scène par Guy Beaulne assisté de Georges Ayotte à la conception scénographique, reçoit le prix de la meilleure présentation visuelle au Festival national d'Ottawa.
Certes, le travail théâtral du Caveau révèle une recherche esthétique indéniable. Néanmoins, le succès de la démarche repose, comme le signale le metteur en scène, sur une parfaite collaboration de l'équipe prête à servir le texte dramatique à toutes les étapes de la réalisation scénique:
Dès le début du Légataire universel, nous pouvons difficilement savoir quel sens prendrait la farce de Regnard. Il fallait recréer ici le jeu et le décor propice à cette comédie de situations fin XVIIe siècle. Il nous faut bien avouer que ce n'est qu'en voyant la première maquette d'Ayotte que l'oeuvre nous apparut dans toute sa plénitude. Quand plus tard, les costumes venaient s'ajouter au décor et au jeu de scène, nous avions réussi une perfection technique assez intéressante à laquelle pouvait collaborer maintenant le régisseur et son équipe technique.
Le décorateur s'était emparé de l'idée du metteur en scène, l'avait précisée, l'avait résumée et y apportait maintenant par ses lignes et par ses couleurs le complément essentiel au jeu scénique.24
Cette méthode de travail s'avère
efficace puisque, l'année suivante, au concours régional,
la troupe remporte à nouveau le prix du meilleur décor pour
La Belle au bois de Jules Supervielle. Toutefois, cette nouvelle
production du tandem Beaulne-Ayotte est écartée du Festival
national; c'est la comédie Nationale 6, de Jean-Jacques Bernard,
mise en scène par Florence Castonguay, ex-membre du Caveau et fondatrice
de la Comédie nouvelle, qui est sélectionnée pour
représenter l'Outaouais français aux finales de Toronto.25
Si le Caveau acquiert la notoriété et les signes de la reconnaissance au Festival national d'art dramatique c'est, dans une certaine mesure, grâce à une pratique théâtrale fortement inspirée des modèles reconnus, ce dont témoignent l'interprétation, la mise en scène et la scénographie. Toutefois, dans ce contexte où les préoccupations esthétiques sont de rigueur, un autre paramètre, non négligeable, ne contribue pas moins à légitimer l'activité de la troupe et à accroître sa crédibilité artistique: la prédilection pour un répertoire d'oeuvres d'auteurs français populaires ou consacrés par l'institution théâtrale parisienne.
Le répertoire du Caveau est peu éclectique. En effet, sur les quelque 70 productions réalisées entre 1933 et 1951, on retrouve une forte majorité (90%) de comédies françaises.26 Hormis les quelques comédies classiques de Molière et de Regnard, ce sont les pièces d'auteurs contemporains comme Jean-Jacques Bernard, Sacha Guitry, Claude-André Puget et Marc-Gilbert Sauvageon qui obtiennent la faveur populaire. Par conséquent, la dramaturgie nationale demeure forcément sous-représentée avec quelques rares drames d'inspiration du terroir, notamment Le Déserteur de Fulgence Charpentier, créé en mars 1939, et Maria Chapdelaine jouée d'abord en mars 1941 avant d'être reprise au Festival national d'art dramatique de 1947. Déplorant la pauvreté du répertoire national, la troupe mettra sur pied, en 1947, un concours de pièces dramatiques qui favorisera l'émergence de nouveaux auteurs.27
A la fin de la décennie quarante, le Caveau est à son apogée. Paradoxalement, c'est à cette période qu'il connaît de sérieuses difficultés. Abandonnée progressivement par ses animateurs les plus dynamiques, la troupe demeure impuissante à poursuivre une activité théâtrale soutenue 28 Alors que naîtront à Montréal, au tournant des années cinquante, des troupes qui imposeront leur crédibilité auprès du public et de l'Etat, la région d'Ottawa-Hull verra disparaître, avec la fin de la Corporation des diseurs, en 1951, tout espoir de se doter d'une troupe professionnelle de langue française. La population francophone de l'Outaouais, ne pouvant à elle seule soutenir une telle entreprise, devra s'accommoder, pour encore une vingtaine d'années, des spectacles offerts par les troupes montréalaises et françaises.29
Victime en quelque sorte d'une situation géographique et démographique défavorable en comparaison à la métropole qui draine alors les éléments les plus dynamiques du théâtre régional, notamment à l'avènement de la télévision, le théâtre français de la capitale se voit condamné à la marginalité. Néanmoins, les vingt années des diseurs auront contribué à consolider une tradition qui sera prise en charge par une relève de jeunes troupes au cours des années subséquentes.30 Même si ces dernières continueront de s'inspirer des mêmes modèles que leurs ainés, elles ne sentiront pas moins le besoin de remettre en question leurs pratiques, notamment dans le cadre d'une nouvelle instance de légitimation fondée par Guy Beaulne en 1958: l'Association canadienne du théâtre d'amateurs (ACTA).31 Les efforts du Caveau dans sa quête de crédibilité n'auront pas été vains: ils auront inspiré et nourri une réflexion sur les nouvelles pratiques créées en marge de l'institution et, par conséquent, favorisé la définition d'une nouvelle légitimité théâtrale.
Notes
LE CAVEAU D'OTTAWA: UNE TR0UPE AMATEUR EN QUÊTE DE LÉGITIMITÉ (1932-1951)
Marcel Fortin
1 En 1921, on compte à
Ottawa 30 442 francophones sur une population totale de 112 899 habitants.
Voir LUCIEN BRAULT Ottawa, capitale du Canada, de son origines à
nos jours
Ottawa. Editions de l'Université d'Ottawa, 1942, p
195
Return to article
2 Le théâtre
Russell construit en 1897, angle des rues Elgin et Queen, comprenait 1500
fauteuils et 14 loges. Détruit par un incendie le 7 avril 1901,
il est aussitôt reconstruit sous le nom de New Russell Opera House.
Le bâtiment est démoli en août 1928 par la Commission
du District fédéral pour l'aménagement d'un parc
Return to article
3 Entre 1913 et 1928, Le
Droit signale plus de 90 représentations en langue française
données par des troupes de France et de Montréal au théâtre
Russell
Return to article
4 Cette notion d'institution
théâtrale s'inspire des travaux de Jacques Dubois parus dans
L'Institution
de la littérature, Bruxelles: Fernand Nathan, Editions Labor,
1978. Voir aussi l'article de LAURENT MAILHOT. 'Prolégomènes
à une histoire du théâtre québécois'
Revue
d'histoire littéraire du Québec et du Canada français
5
(hiver-printemps 1983) p 13-21
Return to article
5 Voir à ce sujet
l'article de PIERRE BOURDIEU 'Le marché des biens symboliques' L'Année
sociologique 22, Paris 1971, p 49-126
Return to article
6 André-G. Bourassa
a analysé la contribution des comédiens français à
la pratique théâtrale québécoise de la première
moitié du 20e siècle. Voir 'Vers la modernité
de la scène québécoise. Influence des grands courants
du théâtre français au Québec. (1898-1948)'
Pratiques
théâtrales
13 automne 1981, p 3-26; v aussi G. Beaulne
'Un demi-siècle de théâtre de langue française
dans la région Ottawa-Hull Theatre History in CanadalHistoire
du théâtre au Canada 4, 1 (1983), 100-110
Return to article
7 Sur les troupes outaouaises,
voir les articles suivants parus dans Le Théâtre canadien-français
V,
'Archives des Lettres canadiennes' Montréal: Fides, 1976: JEAN HERBIET,
'Le théâtre de langue française dans l'Outaouais',
pp 437-441; HÉLÈNE BEAUCHAMP-RANK, 'Notes sur les troupes
de théâtre dans l'Outaouais', pp 443-449
Return to article
8 La Corporation des diseurs
se définit d'abord comme une troupe paroissiale placée sous
la protection de Saint Dominique et dirigée par les Dominicains.
C'est d'ailleurs le prieur du couvent qui nomme l'aumônier du Caveau.
A la fin de chaque saison, en juin, les membres de chaque corporation se
réunissent pour dresser le bilan des activités lors d'une
journée fédérale. La journée commence par une
messe chez les Dominicains, suivie d'un déjeuner, et se termine
par l'assemblée annuelle au cours de laquelle sont élus les
nouveaux représentants de la fédération et des corporations
Return to article
9 Chaque corporation est
composée d'au moins cinq membres qui élisent un chef pour
une période de deux ans. Toutes les corporations sont regroupées
en fédération dont le conseil se compose d'un conseiller
de chaque corporation, du directeur-aumônier et du chef fédéral.
Voir les règlements du Caveau dans la chronique 'Les confrères-artistes'
Le
Droit 19 octobre 1934, p 3; 27 octobre 1934, p 3; 3 novembre, p 3;
23 novembre 1934, p 3
Return to article
10 A la paroisse Saint-Jean-Baptiste
d'Ottawa, les Artistes chrétiens, troupe de théâtre
d'apostolat fondée la même année que le Caveau, présentent
des pièces à caractère religieux au profit des oeuvres
paroissiales
Return to article
11 Entre 1933 et 1951,
Le
Droit fait régulièrement état de l'activité
des diseurs. Les commentaires sont généralement élogieux
à l'égard de leurs spectacles. Il faut dire cependant que
la plupart des troupes outaouaises bénéficient d'un préjugé
favorable de la part des critiques locaux
Return to article
12 Léonard Beaulne
a dirigé les productions de la Société des débats
français de 1920 à 1945; Laurette Larocque-Auger a enseigné
à l'Ecole de musique et de diction entre 1933 et 1940
Return to article
13 Voir à ce sujet
l'article de GILBERT DAVID intitulé 'La mise en scène actuelle:
mise en perspective' Etudes littéraires 18, 3 (hiver 1985),
p 53-71
Return to article
14 Sur l'historique du
Festival national d'art dramatique, voir l'ouvrage de BETTY LEE Love
and Whisky. The Story of the Dominion Drama Festival Toronto: McClelland
and Stewart Limited, 1973
Return to article
15 ANONYME 'Les artistes
de langue française ont remporté le trophée Bessborough'
Le Droit 29 avril 1935, p 1. Voir aussi JEAN BÉRAUD 350 ans de
théâtre au Canada français Montréal: Le
Cercle du Livre de France, 1958, p 220-221
Return to article
16 GÉRARD DAGENAIS
'Notre participation au gala dramatique' Le Droit 2 mai 1936, p
2
Return to article
17 M[ARCEL] O[UIMET];
'Le Toronto Masquers Club remporte la victoire au Gala' Le Droit
3 mai 1937, p 5
Return to article
18 ANONYME 'Finale du
concours dramatique' Le Droit ler avril 1939, p 8
Return to article
19 GUY BEAULNE 'Une des
plus importantes expériences de théâtre jamais tentée
à Ottawa' Le Droit 18 mai 1946, p 10
Return to article
20 Le 31 mars 1947, date
limite du premier concours de pièces dramatiques du Caveau, une
trentaine de textes sont soumis aux examinateurs Guy Beaulne, Louis-Philippe
Gagnon et Louvigny de Montigny
Return to article
21 120 figurants, 35 musiciens,
un choeur d'une centaine de voix mixtes et 25 ballerines ont collaboré
à ce jeu scenique dirigé par Florence Castonguay
Return to article
22 GUY BEAULNE 'Gala dramatique
national' Le Droit 9 mai 1947, p 7
Return to article
23 P. LALONDE 'Trophée
du Droit décerné au Caveau' Le Droit, 12 février
1948, p 1
Return to article
24 GUY BEAULNE 'Vie artistique'
Le
Droit 15 mai 1948, p 14
Return to article
25 Fondée à
l'hiver 1948, la Comédie nouvelle regroupe des membres du Caveau
dont Albert Boucher, Thérèse Larouche, Romuald Latreille
et Margot Sabourin. La pièce Nationale 6 a d'abord été
jouée par les diseurs en février 1942 avant d'être
reprise par la Comédie nouvelle qui remporta le trophée du
Droit
au concours regional de 1949
Return to article
26 La popularité
des comédies françaises n'est pas un phénomène
exclusif au Caveau. La Rampe d'Ottawa (1928-1937) et l'Ecole d'art dramatique
de Hull (1945-1967) montent régulièrement des comédies
de boulevard
Return to article
27 En novembre 1947, les
diseurs créent les premiers textes dramatiques primés au
concours de pièces du Caveau dont Petit dieu malin de Jacques
Morency de Trois-Rivières. En 1951, ils jouent Les Miettes du
festin de Claire Roy d'Ottawa
Return to article
28 Après le départ
de Florence Castonguay en 1948, Guy Beaulne, chroniqueur dramatique au
Droit, part en séjour d'études théâtrales à
Paris
Return to article
29 Avant la création
du Théâtre du Capricorne, première troupe professionnelle
de langue française installée au Centre national des arts
en 1969, la communauté francophone d'Ottawa-Hull reçoit régulièrement
des troupes de l'extérieur dont le T.N.M. et le Rideau Vert de Montréal
Return to article
30 Il s'agit, entre autres,
du Théâtre du Pont-Neuf, des Dévots de la rampe et
du Théâtre de la colline
Return to article
31 Voir l'article de GILBERT
DAVID 'A.c.t.a./a.q.j.t.: un théâtre "intervenant" (1958-1980)'
Jeu 15 (2e trimestre) 1980, p 7-18
Return to article
Répertoire chronologique des pièces du Caveau (1932-1951) (PDF)