ANDRÉ CASTELEIN DE LA LANDE, Pièces en un acte. Saint-Boniface: Editions des Plaines, 1983. Illus., 154 p. $9.95

Paulette Collet

D'origine belge, André Castelein émigra en Alberta en 1894. C'est là, nous dit la couverture de Pièces en un acte, qu'il épousa Blanche de La Lande dont le patronyme semblait lui promettre le bonheur. Sensible à la magie des mots, André Castelein accola le nom de sa femme au sien. Plus tard, Castelein de La Lande s'établit au Manitoba où il fut un des fondateurs du Cercle Molière. Il est aussi l'auteur de pièces inédites en deux et en trois actes.

Les Pièces en un acte, saynètes plutôt que pièces, peuvent nous paraître, en 1985, quelque peu démodées. L'influence de Labiche y est manifeste. D'ailleurs, il y a dans cet ouvrage bien peu de couleur locale. 'La scène se passe où on voudra', écrit l'auteur ('Trop de zèle nuit') ou 'La scène se passe de nos jours dans un lieu quelconque' ('Le Sang vert'). Dans 'Repassage à neuf', toutefois, l'action a lieu 'dans une place nouvellement ouverte à la colonisation' et c'est un 'shériff' qui force Madame Pignouf, blanchisseuse peu scrupuleuse, à rembourser à son client le linge qu'il avait acheté à Montréal; mais l'ambiance n'a rien de particulièrement canadien et les personnages parlent un français standard. En fait, les personnages de Castelein sont des Français, la plupart bourgeois peu sages à qui leurs fidèles domestiques font parfois la leçon ('Monsieur, Madame et bébé', 'Maison à louer').

En général, André Castelein s'attaque à des défauts ou à des excentricités plutôt qu'à des vices graves. S'il se moque des faiblesses humaines, c'est sans méchanceté. Les célibataires endurcis, les amoureux transis, les bas-bleus, les maris avares ou tyranniques et, naturellement, les belles-mères comptent parmi ses cibles. Certaines piécettes ont une morale. 'Crétin' montre qu'il ne faut jurer de rien, 'Repassage à neuf', que le trompeur peut trouver plus rusé que lui; 'Trop de zèle nuit' a pour titre un proverbe. Sans doute les féministes n'apprécieront-elles pas le portrait que trace des femmes André Castelein, mais il faut se rappeler qu'il écrit dans les années 30 et que, si les femmes sont souvent plus rusées qu'intelligentes dans Pièces en un acte, c'est que la société les force à cacher leur jeu. L'épouse idéale, selon notre dramaturge, n'est pas celle qui sait combien de microbes du choléra peuvent tenir sur une tête d'épingle, mais celle qui sait préparer les pommes de terre de trente-cinq façon différentes ('Philibert').

Il ne s'agit pas ici, bien sûr, d'un chef'd-oeuvre. Mais les Pièces en un acte ne sont pas dénuées d'un certain humour caricatural. Le dramaturge a aussi un faible pour les calembours, dont il faut bien avouer qu'ils sont parfois un peu gros. Parlant d'un caleçon qu'il a brûlé en le repassant, Gustave déclare:

Je viens d'y boucher le trouvère (trou vert) cela le fera Rigoletto (rigoler tôt) puis on le mettra dans Lohengrin (l'eau en grain) etc. ('Repassage à neuf')

Même pour un amateur d'opéra et de calembours, voilà qui est vraiment un peu forcé!! Le dramaturge doit bien s'en rendre compte puisqu'il se croit obligé d'expliquer ses jeux de mots.

André Castelein a enseigné le français à des adultes anglophones. On imagine qu'il a pu utiliser ses pièces dans ses cours. Elles semblent, en tout cas, convenir parfaitement à la salle de classe. Courtes, amusantes, écrites dans une langue claire et simple, elles ne seraient pas difficiles à apprendre par coeur et à jouer.

Quel dommage qu'il se soit glissé ici et là de regrettables erreurs typographiques dans un ouvrage dont la présentation est aussi attrayante: le dessin de la couverture accroche l'oeil, l'impression est nette, les illustrations de Réal Bérard, d'un style un peu vieillot, conviennent au sujet. Somme toute, ce sont encore là des qualités qui contribuent à faire de ce livre agréable un excellent outil pédagogique.