LE PHÉNOMÈNE DES PAGEANTS AU QUÉBEC

Rémi Tourangeau et Marcel Fortin

Essai de définition et typologie des pageants québécois à la lumière de la tradition du pageant primitif et de l'histoire du pageant moderne en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Cet article tente de situer un phénomène à partir des caractéristiques de l'utilisation de l'histoire et de la composition de la dramaturgie. Il fournit notamment les principaux critères de l'authenticité et de l'originalité de ce genre de spectacles québécois.

This article proposes to define and classify for the first time the phenomenon of theatrical pageants in Québec, situating them within the long evolution of the genre in Britain and the United States. Focusing on the interrelationship between historical data and dramaturgy, the authors demonstrate the extent to which these spectacles assumed an original, indigenous identity in the social context of Québec.

Les historiens du théâtre au Québec s'intéressent depuis peu d'années aux formes théâtrales populaires non légitimées par la critique.1 Certains voient là un champ d'investigation des plus riches pour cerner la pratique totalisante du théâtre jusque dans l'articulation de l'esthétique et de l'idéologique. Croyant aux nombreuses possibilités de la dramaturgie épique, ils exploitent de nouvelles avenues du théâtre susceptibles de mieux faire comprendre les modes de représentation du monde ou de reproduire l'image de la réalité sociale.

L'une de ces avenues trop longtemps laissée dans l'oubli est le pageant, communément appelé 'pageant historique'. Fort apparentée à la fête et à l'esprit du carnaval ou du festival, cette forme de spectacle à grand déploiement apparîît offrir tous les signes distinctifs d'une théâtralité totale. Pourtant, bien qu'elle ait connu une grande vogue au Québec, elle a peu attiré l'attention des chercheurs intéressés à la théâtralisation de l'histoire.2

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce 'gommage' ou justifier des réticences à considérer comme forme théâtrale ou para-théâtrale un genre de spectacle qui s'est toujours voulu autonome et authentique. D'abord le phénomène des pageants historiques au Québec n'a pas une aussi longue tradition que dans certains pays et semble surtout être circonscrit au XXe siècle, entre 1908 et 1960 environ. Il faut ajouter que, contrairement aux formes traditionnelles du théâtre, le pageant peut être exécuté à n'importe quelle période de l'année, selon les circonstances. Surtout conçu pour des événements majeurs comme le centenaire d'une ville ou d'une institution, il demeure éphémère et garde souvent un caractère spontané et peu facile à identifier. Parce qu'il est au carrefour de plusieurs arts, il tient à la fois du jeu scénique, du music-hall, des jeux olympiques, de l'opérette, du ballet, du concert, du vaudeville et du théâtre dramatique. Tantôt sérieux et grave, tantôt amusant et léger, il conserve une épaisseur de signes et de sensations et parle à tous les sens à la fois. Bref, la perception polyvalente qu'on peut en avoir peut laisser perplexes bon nombre d'adeptes ou de critiques du théâtre.

En réalité, le pageant, tel qu'il s'est développé au Québec, est difficile à cerner dans sa complexité si l'on ne remonte pas à sa longue tradition implantée surtout en Angleterre et aux Etats-Unis. C'est ce que nous nous proposons de faire, non pas dans le but d'étudier des influences ou de détecter des modalités d'adaptation, mais plutôt pour mieux le situer historiquement à un point précis de son évolution. Aussi convient-il d'abord de préciser l'étymologie de ce vocable polysémique avant d'en proposer une définition opératoire. Celle-ci nous permettra de nuancer nos propos sur l'existence d'un phénomène qui s'est développé en marge de plusieurs autres formes de spectacles.

ORIGINE ET ÉTYMOLOGIE

Le terme 'pageant', traduction littérale de l'anglais, a une origine plus ou moins obscure. S'appliquant à faire la genèse lexicale du vocable, le critique Tooke croit que le terme pourrait être une déformation du participe présent paecceand' et signifier: décevoir par de fausses apparences ou par des procédés de l'imitation'.3 Le mot, tel que nous le connaissons aujourd'hui, aurait subi un long périple lexical et morphologique ('paeceand' devenu pacheand' > 'pacheant' > «pageant') avant d'acquérir son orthographe actuelle.4 Néanmoins, le terme 'pageant', dans la langue anglaise, fait preuve d'une remarquable polysémie et peut désigner divers concepts reliés à la notion de spectacle: un grandiose spectacle en plein air, une splendide représentation théâtrale, un cortège ou une parade comportant des acteurs masqués, une statue ou tout autre forme de décoration pompeuse, une image allégorique, etc.

Dans l'Angleterre médiévale, un pageant pouvait désigner trois choses: chacun des épisodes d'un cycle de miracles ('miracle play'), les grands échafaudages mobiles sur lesquels ces miracles étaient représentés et, finalement, toute installation scénique utilisée lors de mascarades. A la Renaissance, les pageants étaient montés pour accueillir les visiteurs distingués et pour célébrer des mariages royaux ou des couronnements. Au XVIle siècle, la terme avait acquis le sens à peu près définitif, quoique péjoratif, de spectacle rare et extraordinaire.5 Ce n'est qu'au début du XXe siècle que le vocable prend ce sens élargi qu'on lui reconnaît pendant plusieurs années: 'un spectacle dramatique principalement interprété par des amateurs et habituellement joué en plein air. le thème est invariablement historique et est présenté sous la forme d'une série d'épisodes juxtaposés'.6 En 1905, Louis N. Parker utilisera ce terme pour désigner le spectacle historique de la ville de Sherborne. C'est le début de l'ère du pageant moderne.

L'ÈRE DU PAGEANT PRIMITIF

Si le mot 'pageant' et les concepts qui y sont rattachés proviennent de l'Angleterre médiévale, l'histoire des diverses manifestations du phénomène est plus lointaine.7 la tradition qui veut que l'homme commémore les événements importants de son existence par la présentation de spectacles grandioses remonte à l'Antiquité. En effet, les processions que les Grecs organisaient à l'occasion des fêtes de la déesse Athéna de même que les triomphes romains dans lesquels défilaient soldats et prisonniers s'avèrent une illustration frappante des premières formes de pageants. Celles-ci prennent un caractère démonstratif différent au début du VIIIe siècle de notre ère. L'apparition des crèches de Noël témoigne d'une volonté de joindre une forme de 'représentation' à l'événement commémoré. Deux siècles plus tard, naissent les premières formes de dramatisation et d'interprétation dans le style pageant lorsque des comédiens commencement à interpréter certains passages des évangiles dans l'église. Ces liturgies dramatisées existeront quelque temps dans l'église et n'en sortiront que lorsque leur développement exigera une véritable scène avec décors et machineries. Ce sera alors à ce moment que les jeux, les miracles et les mystères feront leur entrée en France, tandis que les 'Mystery Plays' s'imposeront en Angleterre.8

Ces derniers, au point de départ des pageants anglais, demandent à être précisés. Plus modestes que les mystères français, ils constituent des divertissements populaires généralement organisés par des corporations d'artisans. Ils prennent le nom de la ville où ils sont représentés: mystères de Chester, de Coventry, de Wakefield ou d'York.9 Leur contenu religieux, fait de scènes mimées, est orienté vers la représentation de passages bibliques. Comme dans le cas du Corpus Christi Pageant, ils peuvent prendre la forme d'une procession dans les rues, sur des charriots nommés pageants'.10

Parallèlement aux 'Mystery Plays', évoluent les pageant muets de ton profane, conçus pour célébrer des couronnements, des mariages royaux ou pour saluer la venue de personnages illustres. Ces démonstrations mimées avec faste et présentées à la manière d'une procession dans les rues, sont habituellement organisées par les citoyens de la ville.11 Dans son Essai sur l'histoire du théâtre, Germain Bapst en décrit l'atmosphère.12

A partir du XVIe siècle, ce genre de manifestations tend à évoluer vers une forme de spectacles civiques appelés le 'Lord Mayor's Show' et introduits à Londres à l'occasion de l'entrée en fonction du Lord maire. De tels spectacles, encore carnavalesques, ne comportent pas moins des personnages symboliques illustrant les valeurs de la Cité (Triomphe, Paix, Courage, etc.) ou personnifiant les fleuves, les villes et les quatre saisons. A leur dimension allégorique, s'ajoute parfois une dimension historique centrée sur des faits locaux.13 Mais c'est à la fin du XIXe siècle, plus précisément en 1884, qu'ils acquièrent une valeur éducative et mettent l'accent sur l'histoire à l'occasion d'hommages rendus aux souverains de l'Empire britannique.14 Pendant quelque vingt ans, ils vont préfigurer le pageant moderne communément appelé 'civic pageant'.

L'ÉPOQUE DU PAGEANT MODERNE EN GRANDE BRETAGNE

Cette nouvelle forme de spectacle est créée par Louis N. Parker, en 1905, alors qu'il monte à Sherborne une pièce folklorique à caractère historique (folk play).15 Le genre illustre l'histoire locale au moyen d'épisodes dramatiques agrémentés de chants et de danses. S'il se distingue du pageant médiéval, il n'est pas tout à fait nouveau puisqu'il est déjà en vogue dans certaines villes de provinces anglaises. Mais Parker, considéré comme le père du pageant moderne, a le mérite d'avoir insufflé un esprit particulier au 'folk play' en s'inspirant de la formule du 'Lord Mayor's Show' et du 'Chronicle Play' élisabéthain.

Renouvelé dans son contenu et sa forme, le pageant parkerien présente une structure plus épique que dramatique.16 Mais il a conservé, de par son caractère populaire et folklorique, quelque chose du pageant médiéval.17 Pourtant, il doit être considéré (en particulier, le pageant de Sherborne) comme un modèle du pageant moderne dont la popularité ne cessera de s'étendre jusqu'en 1910. A partir de cette date, apparaissent de nouvelles formes de pageants à caractère plus symbolique et allégorique. Pour sa part, Parker excellera dans le 'pageant play' consacré aux héros nationaux.18

LE PAGEANT MODERNE AUX ÉTATS-UNIS

Tout comme en Angleterre, la formule moderne du pageant réussit à gagner la faveur populaire aux Etats-Unis. Aussi, elle ne tarde pas à susciter l'enthousiasme des Américains. Déjà, à la fin du XIXe siècle, des festivals historiques ont lieu dans quelques villes américaines.19 Mais à partir des années 1910, le pageant tend à se démarquer du 'folk play' historique en accordant plus d'importance aux éléments allégoriques et symboliques. Certains spectacles à grand déploiement relèguent au second plan les données proprement historiques en les remplaçant par des scènes pittores ques surtout inspirées de la pantomime.20 D'autres concilient l'histoire et le symbolisme en alliant des épisodes parlants à des épisodes mimés. Il s'agit, en fait, du 'futuristic pageant' dans lequel les personnages allégoriques se tournent vers le passé tout en se préoccupant du présent et de l'avenir. Voilà une forme de spectacle plus proche du 'masque' ou du festival que du pageant parkerien.21 Enfin, dans la ligne du 'civic pageant' organisé par la ville, existe un type particulier de spectacle mis sur pied par les institutions d'enseignement américaines. C'est l''academic pageant' dont le Yale Pageant de 1916 fournit un bel exemple. Comme d'autres spectacles du genre, il prend un caractère historique dans les épisodes mais fait appel à l'allégorie et aux éléments du pageant primitif dans les interludes.22

Résumons-nous. Si les pageants anglais apparaissent dans leur ensemble des présentations historiques, les pageants américains sont largement utilisés pour exprimer des réalités abstraites. Contrairement au pageant parkerien dont la dimension historique détermine la structure et la conception, le pageant américain, plus souple dans l'esprit des réalisateurs, se présente comme un genre spectaculaire polymorphe aux multiples variantes. Il se caractérise grosso modo comme un mélange du 'chronicle play' (drame historique') et du 'morality play' (moralité allégorique). Règle générale, son contenu historique est subordonné à l'allégorie et parfois même à des données fictives.23 Aussi, plusieurs scénaristes n'hésitent pas à travestir l'histoire au point de transformer le spectacle en véritable festival où les allusions allégoriques occupent une certaine place.24 En bref, le pageant américain se rapproche davantage de la période primitive dans la mesure où il se sert de l'histoire avec plus de liberté et où il fait de l'allégorie et du symbolisme son principal ressort.

A la lumière de ce survol historique qui nous a permis d'établir la courbe évolutive des manifestations du pageant, il conviendrait de proposer une définition opératoire de la notion qui tiendrait compte des caractéristiques essentielles de cette forme spectaculaire moderne. En dépit des variantes observées dans les pageants créés depuis 1905, quatre éléments constants semblent se dégager: les données historiques centrées sur la communauté, la structure épique ou dramatique des contenus, les grands déploiements scéniques et le caractère populaire de la manifestation. A cet égard, on peut croire, à l'instar de Louis N. Parker et de W.C. Langdon, président de l'American Pageant Association de 1912, que le pageant est une représentation dramatique dont le thème ou le sujet unificateur est l'histoire d'une ville qui célèbre un événement historique ou culturel important. Ce spectacle à grands effets est généralement donné en plein air sur un site pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs. Il requiert d'alleurs un grand nombre de participants choisis parmi les citoyens de la ville appelés à interpréter des personnages historiques ou à figurer dans des interludes de danses, de musique et de choeur. Telle pourrait être une définition suffisamment large du pageant en général qui permet d'observer ses tendances et ses manifestations dans d'autres pays.25

LES PAGEANTS AU QUÉBEC

Le Canada et, plus particulièrement le Québec, n'échappent pas à la fièvre des pageants qui, peu à peu, gagne les régions les plus éloignées. Appuyés sur une longue tradition et forts d'un engouement généralisé, les premiers spectacles de pageants font leur entrée dans la ville de Québec dès le début du XXe siècle. Ils tarderont cependant à se répandre dans d'autres grandes villes et à s'imposer avec une certaine vigueur.

Pourtant, leur histoire et leur développement accusent un rare dynamisme au milieu du siècle. Leur popularité sans cesse grandissante fait qu'on peut en parler comme d'un véritable phénomène. Aussi, il peut être pertinent d'en examiner la nature et l'originalité à la lumière des définitions déjà établies. Partant des données explicatives sur le pageant moderne, nous sommes plus en mesure de donner un aperçu de l'ampleur des pageants québécois et d'en déterminer les particularités en rapport avec la tradition.

Au départ, disons que les pageants québécois tirent leur origine aussi bien de la tradition anglo-saxonne que de la tradition américaine du pageant historique. Leur caractère varié et disparate peut cependant nous les faire apparaîître dans leur ensemble comme une catégorie complexe et difficilement identifiable. Mais à les considérer de près, sous le regard des éléments constitutifs du pageant traditionnel, ils ont une filiation directe avec la plupart des grands spectacles que nous avons mentionnés. Ils retiennent l'histoire comme fondement structurel et les techniques appropriées comme support dramatique. En outre, ils font toujours appel à l'aspect communautaire pour leur réalisation.

Mais il faut prendre garde de ne pas les confondre avec une autre catégorie très populaire de spectacles à grand déploiement qui possèdent souvent les mêmes critères généraux. Nous voulons parler des drames religieux qui, au Québec, se développent presque parallèlement aux pageants jusqu'aux années 1960. Ces oeuvres de grande envergure, surtout inspirées des mystères bibliques et des jeux du Moyen Age, constituent à elles seules un courant dominant du spectacle dans le style 'pageant' qui se démarque pourtant des pageants au sens où nous l'entendons. Mais comme ils ne sont pas étrangers à la théâtralité utilisée dans les spectacles historiques, il conviendrait d'en parler brièvement.

LES SPECTACLES RELIGIEUX À GRAND DÉPLOIEMENT

Ce genre de spectacles, amorcé au début du siècle, s'implante d'abord avec les jeux de La Passion de plus en plus populaires jusqu'à la deuxième guerre mondiale.26 Ces derniers, inspirés de la célèbre Passion d'Oberammergau, en Bavière, et donnés par des troupes locales ou étrangères, sont peu à peu remplacés par des jeux bibliques fort apparentés à ceux du Moyen Age. Désignés sous les vocables les plus divers: 'jeux choraux évangéliques', 'jeux mariaux', 'fantaisies religieuses', 'mystères', etc., ils se présentent comme des spectacles édifiants, traités sur un mode allégorique, symbolique ou lyrique. Les premiers spectacles du genre s'inscrivent dans le mouvement du théâtre chrétien amorcé par les clercs dans les années 1930 et poursuivi par un Henri Ghéon ou un Louis Barion, s.j.27 Ils commencent d'abord timidement dans les maisons d'enseignement et de formation, puis reviennent assez fréquemment à l'occasion des fêtes religieuses, telles les congrès eucharistiques et mariaux ou les fêtes des saints. Ils se déroulent alors soit sur les parvis d'églises, soit dans les plaines ou sur les montagnes.28

Quelques promoteurs de ce style de spectacles, les Pères Gustave Lamarche, c.s.v. et Emile Legault, c.s.c., les Soeurs Paul-Emile, s.g.c., et Sainte-Philomène, o.s.u., contribuent à leur manière à répandre ces jeux scéniques dans la province. Depuis Le grand Jeu eucharistique de Lamarche (1936) jusqu'à la Kermesse des anges et des hommes de Legault (1959), toute une série de spectacles bibliques surgissent un peu partout dans les villes du Québec. Ce seront le plus souvent des productions qui mettent en scène des personnages de l'Ancien ou du Nouveau Testament: saint Joseph, Jean le Baptiste ou la Vierge.29 De tous les saints, cette dernière fera l'objet du plus grand nombre de spectacles qui, dans leur déploiement, prendront l'allure de véritables pageants. La fête jubilaire de la chapelle de Notre-Dame de Lourdes, à Rigaud, et le Tricentenaire de Montréal donnent à Gustave Lamarche l'occasion d'écrire un jeu choral, Le Gémissement vers la Colombe (193 7) et une féerie épique, Notre-Dame des Neiges (1942). Les congrès mariaux d'Ottawa et du Cap-de-la-Madeleine, font naître d'autres spectacles plus grandioses encore. En 1947, Larmarche revient avec Notre-Dame de la Couronne, tandis que Rina Lasnier, Soeur Paul-Emile et Aurèle Levac, c.s.v. écrivent respectivement Notre-Dame du Pain, Notre-Dame du Bel Amour et La Fée des étoiles. En 1954, Soeur Paul-Emile réalise un autre spectacle qui a du panache: Le jeu de Celle qui, d'un océan à l'autre, étend son manteau. Le Centenaire des apparitions de Lourdes, en 1958, suscite aussi des spectacles comme le Pageant marial de Frank Shields joué à Grand'Mère et à Drummondville, ou Reine de lumière conçu par le Père André Dagenais, c.s.v. A d'autres occasions, des jeux de moindre importance seront aussi créés en hommage à la Vierge.30

La plupart des oeuvres mentionnées constituent une catégorie particulière de spectacles qui, à la rigueur, pourraient faire partie d'une typologie des pageants à cause de leur technique de mise en scène.31 Mais leur contenu, axé sur la dialectique du Bien et du Mal et sur une vision orientée de l'histoire universelle, les éloigne d'une conception orthodoxe des pageants historiques.

À côté de ces fresques dramatiques d'inspiration religieuse, se développe une forme de pageants proprement historiques et patriotiques. Ceux-ci correspondent globalement au 'civic pageant' anglais et américain dans la mesure où ils privilégient des faits historiques pertinents axés sur une ville ou une communauté. Ils prendront même la forme du spectacle-festival telle qu'on la connaît aux Etats-Unis.32 La plupart de ces spectacles retiennent une formule qui fait appel à l'histoire d'une localité et à la participation d'une communauté.

Ce dernier type mérite ici d'être retenu à cause de sa représentativité et de sa popularité jusqu'à nos jours.33 Son développement suit deux phases d'évolution d'inégale importance: une première, située entre 1908 et 1938 et limitée à quelques essais, et une seconde, échelonnée de 1938 à 1965 et marquée par une abondante production.

PREMIERS ESSAIS ET RÉALISATIONS QUÉBÉCOISES

Les 30 premières années constituent un temps d'essais encore fortement dominé par la tradition anglaise ou américaine des pageants historiques. Les quelques spectacles montés au cours de cette période empruntent aux expériences passées une technique de réalisation déjà utilisée ailleurs avec succès. Parmi les productions les plus grandioses, il faut surtout retenir celles du Tricentenaire de Québec (1908) et de Trois-Rivières (1934). Ces deux pageants s'inspirent nettement du pageant parkerien quelque peu adapté. Leur scénario, écrit par des auteurs québécois et mis en scène par des artistes étrangers,34 accorde primauté à l'histoire des villes traitée tantôt sur le mode du spectacle anglais et tantôt à la manière américaine. Dans le même esprit, d'autres pageants moins prestigieux seront élaborés à des occasions précises. Signalons notamment ceux qui sont donnés au début des années 1930 dans le cadre de l'Exposition provinciale de Québec. Les Pageants historiques, dirigés par Lehr M. Knowles, ou La Naissance du Canada 1534-1663, conçue par Georges Morisset, connaissent un certain succès. Mais tous ces spectacles montés par des spécialistes étrangers n'ont pas un caractère pleinement québécois.

Il faut attendre la fin des années 1930 pourvoir apparaître des réalisations authentiquement québécoises. Plus précisément, en 1938, un instigateur de première importance, le Père Laurent Tremblay, o.m.i., se lance dans l'entreprise colossale de créer des pageants faits à la mesure des populations locales. Il inaugure pour ainsi dire un mouvement en faveur des pageants historiques qui ne cessera de s'affirmer dans plusieurs régions du Québec et dans d'autres provinces du Canada. Jusqu'en 1965, il réalisera à lui seul pas moins de 23 pageants dont 15 seront présentés au Québec.35 Impressionné par la représentation des Pageants historiques de Trois-Rivières, il trouve là, comme prédicateur de retraites, une formule adaptée d'apostolat et d'éducation. Aussi, avec la collaboration du chorégraphe Maurice Lacasse-Morenoff, il met à exécution ses propres pageants assortis d'une touche tout à fait personnelle. Entre son premier et son dernier pageant, le Pageant du Centenaire du Saguenay (1938) et le Pageant du 150e anniversaire de Drummondville (1965), il écrit et monte ses spectacles partout où on lui en fait la demande: Lachine et Rive-Sud, Sainte-Marie de Beauce et Rivière-du-Loup, Lac Saint-Jean etjonquière, Betsiamites et Lauzon, Arthabaska et Trois-Rivières.36 Toutes ces réalisations constituent un volet de l'histoire des pageants historiques québécois qui mériterait une étude particulière.37

Mais Laurent Tremblay n'est pas seul à répandre la formule des pageants. A son exemple, clercs et laïcs emboîtent le pas et produisent des spectacles destinés à commémorer divers événements allant des anniversaires de familles aux fêtes de vastes agglomérations.38 Les scénarios, plus nombreux au tournant des années 1940, donnent lieu à trois catégories de pageants qu'il importe de souligner: les pageants préparés à l'occasion d'anniversaires de villes et de paroisses, de fêtes d'institutions d'enseignement et de jubilés de communautés religieuses.

PRINCIPAUX TYPES DE PAGEANTS

La première catégorie comprend plusieurs promoteurs qui travaillent dans le même esprit que Laurent Tremblay sur l'histoire d'une localité. Leurs spectacles sont partout remarqués et appréciés. Ainsi, dans les années 1950 et au début des années 1960, des laïcs et des religieux conçoivent des pageants de caractère essentiellement historique. Dès 1948, Roger Varin écrit en collaboration avec Guy Messier un Jeu des Pionniers pour souligner le centenaire de Princeville. Trois ans plus tard, il rédige le scénario des Pageants de Shawinigan joués à l'occasion du 50e anniversaire de la ville. En 1949, Alphonse Saumier réalise Par le soc et la Croix pour le 100e anniversaire de Wotton. Plusieurs prêtres, religieux et religieuses cherchent aussi à reconstituer l'histoire vivante des lieux où ils travaillent. Mentionnons, en particulier, le Pageant de Saint-Fabien réalisé en 1955 par l'abbé Jean-Paul Lévesque, Le Jeu de l'Ave Maris Stella du Père Antonin Lamarche, c.s.v., écrit pour Bonaventure, en août 1960. Soulignons encore les remarquables pageants du Frère Dominique Campagna, s.c., représentés à Saint-Joseph de la Rive (1960), à Saint-Valère (1961) ou à Saint-Patrice de Tingwick (1960), plusieurs pageants montés par les Soeurs de l'Assomption ou les Soeurs du Saint-Rosaire pour célébrer l'anniversaire de villages des régions de la Gaspésie ou des Cantons de l'Est. Dans cette fresque de pageants des années 1960, il faut surtout retenir les suivants: le Jeu de la Croix de Gaspé du père Antonin Lamarche, c.s.v., monté en septembre 1959, et le Pageant du Centenaire de Victoriaville réalisé en 1961 par l'abbé Charles-Henri Paul. Dans les années plus récentes, d'autres spectacles méritent également d'être cités: ceux de l'abbé Denis Fréchette et de Paul Beaubien: le Pageant du Centenaire de Nicolet (1972) et les Pageants historiques donnés à l'occasion du 350e anniversaire de fondation de Trois-Rivières (1984).

Ces spectacles, réalisés à des occasions exceptionnelles et conçus pour susciter la fierté civique, constituent un éventail de pageants plus ou moins importants. A cette catégorie principale se rattache une sous-catégorie qui, à l'occasion, peut évoquer brièvement le passé glorieux d'un village ou d'une ville. Il s'agit de pageants d'institutions d'enseignement dont la formule est dérivée du pageant civique. Ces types de pageants, assez nombreux, apparaissent au milieu des années 1940 et se succèdent au rythme des jubilés d'universités, de séminaires et de collèges. De fait, plusieurs établissements d'éducation seront l'objet de pageants plus ou moins grandioses.39 Mentionnons les meilleures réalisations: en 1944, De la Salle en Parabole de Laurent Tremblay est conçu pour l'Académie-de-la-Salle de Trois-Rivières, à l'occasion du Centenaire de l'arrivée des Frères des Ecoles Chrétiennes. En 1947, un magistral Pageant du Centenaire du Séminaire de Joliette, écrit et monté par Gustave Lamarche, c.s.v., et Wilfrid Corbeil, c.s.v., est suivi l'année suivante du Pageant du Collège Saint-Joseph de Berthierville, écrit par le Frère J. Roch Tellier, C. S. V. , pour souligner le 100e anniversaire de fondation du collège. De leur côté, les abbés Maurice O'Bready et Roger Maltais font représenter La Carolade en 1950, à l'occasion du 75e anniversaire du Séminaire Saint-Charles Borromée de Sherbrooke. Enfin, en 1953, Gérard Vleminckx écrit son Pageant du 150e anniversaire du Séminaire de Nicolet dont le contenu nationaliste et patriotique dépasse les cadres de l'institution.

Tous ces pageants et bien d'autres, modelés sur le 'chronicle-play', ont pour caractéristiques de faire la synthèse de la vie collégiale et de mettre en scène les élèves de chaque institution. Tout comme les pageants de ville, ils comportent des éléments familiers aux grands spectacles: narrateur, chants, danses, musique, etc. Leur composition présentée en tableaux ou en scènes retient toujours l'histoire et l'évolution de l'institution depuis ses origines et peut même s'attacher à faire revivre la figure de fondateurs, de supérieurs et de maîtres, voire à tracer rapidement l'esquisse historique d'une communauté religieuse.

Le sujet des communautés religieuses et de leur fondateur peut constituer une variante des pageants d'institutions, tant ils sont liés aux oeuvres éducatives. Dès les années 1930, il a permis l'éclosion de toute une série de spectacles consacrés à l'histoire des congrégations et de leurs oeuvres. Nombre de religieux et de religieuses choisissent d'honorer leur fondateur par ce genre de spectacles sans manquer de faire l'apologie de leur mission au sein d'institutions. Par example, en 1937, les Frères des Ecoles Chrétiennes de Trois-Rivières réalisent Scènes de la vie de Saint-Jean-Baptiste de la Salle, un pageant du Frère Alfred Picard qui fait revivre en tableaux les étapes marquantes de la vie du saint. Gustave Lamarche revient avec le sujet des fondateurs. En 1939, il écrit Celle-qui-voit, un pageant sur la vie de Mère Marie de l'Incarnation. Plus tard, en 1944, il en réalise un autre, Rose-Marie-de-Jésus-Marie, à l'occasion du Centenaire de la congrégation des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. La même année, les Soeurs de Sainte-Croix soulignent le Centenaire de leur arrivée au Canada avec un oratorio mis en pageant, Les Messagers Evangéliques. Un an plus tard, Soeur Paul-Emile, s.g.c., écrit en collaboration Le Mystère de Sainte Elizabeth en Thuringe et à Bytown pour les célébrations du Centenaire de fondation des Soeurs Grises d'Ottawa. Enfin, en 1947, les Ursulines célèbrent le 250e anniversaire de leur arrivée à Trois-Rivières avec un pageant de Soeur Ste-Philomène, o.s.u., (Cécile Parent) intitulé Sur les flots du temps. De tels pageants, conçus sur mesure pour les communautés, ont beaucoup en commun avec la formule du 'pageant play' de Parker qui choisit d'honorer des héros. Ils reviennent encore de nos jours puisqu'en 1986, un Pageant historique de Soeur Cécile Girardeau, s.g.m., est présenté à Nicolet à l'occasion du Centenaire de l'arrivée des Soeurs Grises à Nicolet.

Voilà, en résumé, les principaux types de pageants réalisés à des occasions spéciales et à des fins spécifiques sur le territoire québécois. L'inventaire présenté fournit cependant un aperçu incomplet de l'ampleur d'un phénomène encore difficile à cerner.40 Les spectacles n'ont pas tous la même importance lorsqu'il s'agit d'en faire la typologie et d'en déterminer les caractéristiques essentiellement québécoises. Il importe donc d'étudier ceux qui nous permettent de saisir les particularités ou les traits d'originalité qui caractérisent les pageants québécois.

LES CARACTÉRISTIQUES: HISTOIRE ET DRAMATURGIE

Les spectacles réalisés dans le but de commémorer l'histoire des régions, des villes et des paroisses sont sans doute les plus appropriés pour faire ressortir les caractéristiques des pageants québécois. Leur intention et leur formule répondent tout à fait aux critères généraux du pageant civique pouvant nous permettre de définir la spécificité des pageants de chez nous.

C'est surtout au niveau des composantes de la dramaturgie que ces derniers se distinguent des pageants américains ou anglais. La forme plus épique que dramatique des spectacles offerts pousse à nous interroger sur les caractères spécifiques du texte et de la représentation. Les scénarios de pageants qui nous sont maintenant accessibles nous permettent justement d'analyser les éléments de leur composition dramaturgique et de leur technique de représentation. Tous centrés sur des données d'une réalité concrète, ils fournissent des canevas plus ou moins développés susceptibles de nous éclairer sur le traitement de l'histoire.41

D'une manière générale, la structure des scénarios présente beaucoup d'affinités avec celle des pageants traditionnels. Elaborée à partir d'une suite chronologique d'événements ou de faits historiques, elle met en relief des épisodes choisis pour leur vérité, leur théâtralité et leur pittoresque. La succession ou l'alternance des faits sont rendus par une composition en parties, en scènes ou en tableaux qui prévoit un texte narratif accompagné d'indications scéniques. La plupart des scénarios comportent cette structure et se développent en trois points: 1) une introduction présentée à la manière d'une entrée, d'un prologue ou d'un prélude 2) une suite de scènes ou d'épisodes juxtaposés habituellement entrecoupés soit d'interludes ou d'intermissions, soit d'intermèdes ou même de sketches de pageants 3) enfin un tableau final d'apothéose souvent désigné comme la finale, le postlude ou la grande roue.

Ce plan couramment utilisé par nos auteurs tient compte d'un ensemble d'éléments constitutifs liés soit au contenu du texte, soit à la forme qui met en jeu les modalités de l'écriture et de la représentation du pageant. Il développe, entre autres, en élément de première importance: l'histoire d'une communauté de citoyens où figurent des personnages historiques. Mais la manière diversifiée et personnelle de traiter cette histoire caractérise d'emblée la plupart des pageants et révèle même quelque originalité. Celle-ci vient sans doute du choix des thèmes historiques utilisés mais surtout de la manière de les exploiter, de façon à donner aux spectacles un caractère d'appartenance vraiment approprié. En particulier, les auteurs accordent une attention spéciale à l'histoire des lieux et des événements. Ils saisissent dl abord les traits géographiques particuliers à chaque région qui font que leurs pageants sont québécois à Québec, saguenéens au Saguenay ou shawiniganais à Shawinigan. Un Laurent Tremblay, par exemple, ne manque pas l'occasion de situer les lieux dans leur nature primitive et de faire ressortir les traits physiques qui les singularisent. Ainsi un ballet d'ouverture fera état du Lac Saint-Louis et des Rapides dans un pageant de Lachine, du Saint-Laurent et de la Pointe Lévy dans un pageant de la Rive-Sud, de la Rivière-aux-Sables dans un pageant de J onquière, du lac géant et de la forêt dans un pageant du Lac Saint-Jean, de la vallée des roseaux dans un pageant d'Arthabaska ou de la Rivière Saint-François dans un pageant de Drummondville. Cette façon de commencer une représentation tente de situer les spectateurs dans leur milieu d'appartenance et donne aux spectacles une dimension tout à fait particularisée.

Tout autant que les lieux, les événements sont soigneusement sélectionnés pour leur couleur locale. Ils regroupent les faits saillants d'une ville ou d'une paroisse depuis ses origines les plus lointaines jusqu'à son développement le plus proche. Les auteurs cernent d'abord les temps hér6iques avec les fondateurs, les découvreurs et les pionniers, passent ensuite au stade de la colonisation et de l'industrialisation. La vie quotidienne sous toutes ses formes est ainsi représentée: agricole, familiale, sociale, religieuse, commerciale, industrielle, etc. Par exemple, dans son Pageant du Tricentenaire de Lachine, Tremblay choisit les événements ou anecdotes les plus pertinents. Dans la première partie consacrée à l'enfance héroïque de Lachine, il évoque les voyageurs Champlain et Dollard des Ormeaux, le résident Robert Cavalier de La Salle, les missionnaires et les hommes célèbres de la première heure. Dans la seconde partie intitulée 'la maturité', il fait revivre la cité ouvrière contemporaine depuis la fin du grand massacre. 28 tableaux habilement agencés résument 275 ans d'histoire au rythme saccadé de chants-thèmes et de danses. Toutes les facettes de la vie du groupe y passent jusqu'aux sujets typiquement locaux: les sages-femmes célèbres de Lachine, la construction du canal, la grande dispute autour du curé Piché, etc. Ce qui frappe, c'est la variété des scènes peintes tantôt sur un ton de fantaisie et de gaieté, tantôt sur le ton de la solennelle grandeur d'événements historiques.

Ce pageant est un exemple parmi d'autres qui illustre l'utilisation du choix des scènes ou des épisodes. Mais le traitement historique des événements est rendu par tout un ensemble d'éléments reliés au texte ou à sa mise en oeuvre. L'un des plus importants est le narrateur. Dans la plupart des pageants, celui-ci occupe une place prépondérante sans pourtant paraître sur scène. Désigné tantôt comme meneur ou diseur, tantôt comme voix, choeur ou coryphée, il demeure toujours nécessaire pour narrer ou commenter les événements sur un mode réaliste ou poétique. Comme complément de l'action ou soutien du jeu des acteurs, il a un rôle plus ou moins développé selon que les auteurs introduisent des dialogues ou des sketches de pageants.42

Mais d'autres éléments, tout aussi importants que la narration, se retrouvent dans les scénarios pour varier ou renforcer la présentation de l'histoire. La musique, le chant et la danse sont les plus souvent employés et, fait à signaler, sont intimement liés aux tableaux historiques. Ainsi, les auteurs ne se contentent pas d'incarner l'histoire par des figurants symboliques ou par des personnages historiques.43 Ils l'actualisent au moyen de ces diaires. Ainsi, presque toutes les scènes sont commandées par une arts auxi musique tantôt classique ou semi-classique, tantôt populaire. Des centaines de thèmes musicaux différents les accompagnent harmonieusement tout en soutenant le jeu des acteurs. Dans les pageants de Tremblay, la musique varie de la symphonie à la marche militaire, du clavecin à l'accordéon, du rythme enfantin à la grande valse, du genre Bach et Wagner au genre Jazz et Paul Jones. Dans les pageants plus récents, elle puise ses thèmes surtout dans les répertoires classiques.44 Mais quel que soit le genre, elle convient toujours à la nature des tableaux réalistes ou symboliques.

Il en est du chant comme de la musique. Son rôle est aussi d'apporter un air de fête au spectacle tout en créant une atmosphère proprement locale. Il ne constitue pas cependant un élément indispensable au pageant. Dans les scénarios où il figure, il peut être introduit soit au début et à la fin du spectacle, soit entre les tableaux et à l'entracte. Il prend les formes les plus diverses: cantate, chant du centenaire, chansons folkloriques, etc. et est habituellement placé à des moments prévus pour la détente.

Enfin, la chorégraphie, considérée comme un élément majeur dans la conception des spectacles, fait partie intégrante des pageants. Le plus souvent utilisée pour donner du rythme et du mouvement, elle fait corps avec les scènes historiques et les thèmes musicaux. C'est Maurice Lacasse-Morenoff qui lui donne cette orientation. Principal artisan de la plupart des mises en scène de pageants québécois, il réalise, de 1938 à 1965, un travail professionnel en tentant justement de signifier l'histoire par la danse. Il y réussit avec tant de talent qu'il contribue, à sa façon, à renouveler la mise en scène du pageant au Canada et dans quelques villes des Etats-Unis. Ses initiatives consistent surtout à traduire, par des chorégraphies savamment étudiées, une symbolique de l'histoire qui remplace le réalisme des traditionnelles danses du menuet.45 Ainsi, ses nombreux ballets placés à l'ouverture des pageants de Tremblay traduisent le symbolisme de la forêt, de la terre, de l'eau et du feu selon la géographie des lieux où se déroule l'action. Ce sera, par example, un ballet symbolique du lac et de la forêt dans un pageant du Lac Saint-Jean ou un ballet allégorique de la Côte Lévisienne dans un pageant de Lauzon. Par des mouvements calculés et des jeux cadencés, danseurs et danseuses vont jusqu'à reproduire le rythme des eaux ou l'accent solennel de la forêt. Ces ballets appropriés se retrouvent dans plusieurs pageants sous des formes diverses: danses indiennes, danses modernes qui expriment la victoire ou la défaite, l'illusion ou le réalisme. Dans tous les cas, ils correspondent à la diachronie des événements historiques.

Ces quelques éléments allégoriques, chorégraphie, chant et musique, suffisent à montrer une certaine manière d'aborder l'histoire en l'exploitant selon les particularités des groupes et des lieux. Combinés à la narration et à d'autres éléments plus directement reliés à la mise en scène,46 ils permettent de faire ressortir la structure formelle des pageants. Cette structure, à la fois épique et dramatique, est surtout rendue par les procédés du commentaire et du dialogue. Narration et dialogue, souvent coexistants, donnent à l'action un caractère tantôt historique et tantôt dramatique. Ils assurent l'unité d'une même histoire racontée par tranches chronologiques et présentée en épisodes. Mais le récit narratif ou dialogué est habituellement entrecoupé d'interludes musicaux ou chorégraphiques. Il peut aussi être espacé par des sketches de pageants amusants qui n'ont rien à voir avec les événements. C'est un peu ce mélange de procédés et d'éléments allégoriques ou symboliques qui donne aux pageants une composition en paliers et une action qui avance par à-coups. Derrière ces mécanismes du récit se profile une perpétuelle comparaison de la fiction avec la réalité sociale. Mais cette dernière tend souvent à prendre le pas sur l'histoire proprement dite comme pour enlever la distance de l'illusion.

Cette brève analyse de la composition et de la structure formelle des pageants québécois se contente de relever quelques caractéristiques d'un groupe de scénarios examinés. Elle est loin de mettre en relief toute la spécificité d'écriture de ces pageants. D'autres composantes de la drainaturgie permettraient sans doute d'étudier la réalité représentée dans les textes ou d'expliciter des 'points aveugles' dans le passage de l'écriture dramatique à l'écriture scénique. Une réflexion sur le cadre spatio-temporel choisi, sur les types de personnages représentés ou sur les liens des contenus avec l'époque de leur création ferait mieux voir la nature et le sens des textes. En outre, une lecture de la mise en scène et de la représentation des spectacles éclaircirait davantage la notion de pageants québécois. Néanmoins, les explications fournies sous l'angle de la dramaturgie-dégagent des traits distinctifs suffisamment précis pour situer le phénomène des pageants québécois dans la tradition.

Ce phénomène, survenu à une époque où pageants anglais et américains ont déjà acquis leur renommée, se développe dans le contexte particulier de la guerre et de l'après-guerre. Il s'affirme progressivement à l'ombre des grandes réalisations de pageants qui continuent de se multiplier particulièrement aux Etats-Unis. Pourtant, il s'impose avec dynamisme dans une même ligne de continuité de la tradition du pageant. Sans doute donne-t-il à ses débuts des signes d'hésitation et met-il du retard à s'implanter. Mais une fois que s'annoncent les premiers promoteurs, le mouvement en faveur de pageants typiquement québécois s'engage avec assurance et donne lieu à une ramification de types divers. En particulier, le pageant de ville trouve ses propres assises au milieu d'autres tendances du spectacle à grand déploiement, mais il s'appuie incontestablement sur la tradition du pageant anglais et américain. Il s'inspire même de l'un et l'autre tout en gardant sa spécificité. Mais jusqu'où conserve-t-il l'esprit des pageants modernes créés en Angleterre et aux Etats-Unis?

Voilà une question intéressante mais longue à résoudre. Le traitement de l'histoire permet toutefois de retracer, sinon des influences plus ou moins directes, du moins des liens de filiation ou de parenté. Les rapprochements sont particulièrement frappants au niveau de la dramaturgie. Ils portent d'abord à croire que les pageants québécois restent fidèles à la conception du pageant parkerien. Parce qu'ils accordent primauté à l'histoire locale, parce qu'ils font appel à des amateurs pour les réaliser et parce qu'ils poursuivent des buts analogues, ils se rapprochent tout à fait du style des pageants anglais où la communauté est toujours au centre de l'intrigue. Par leur contenu et leur structure dramatique en épisodes, ils correspondent à la fois aux tendances du 'chronicle play' et du 'folk play' historique, à la différence qu'ils se distinguent par la manière de relier les données historiques aux éléments allégoriques.

Tout en conservant l'esprit inculqué par Parker, ces pageants présentent aussi des similitudes avec les spectacles américains. L'une d'elles se retrouve au niveau du contenu historique qui renferme souvent plusieurs dimensions de la vie quotidienne. Le fait que les auteurs introduisent des tableaux familiers touchant les us et coutumes d'une collectivité ou ajoutent des scènes pittoresques et folkloriques,47 contribue sans doute à traduire la mentalité particulière d'un groupe. Mais ces traits relèvent surtout du pageant américain qui privilégie la dimension folklorique et le faste du festival. Une autre similitude, plus apparente encore, est celle qui consiste à représenter la vie passée, présente et future par des allégories et des symboles ou par des abstractions et des mythes.48 Ces éléments, proches du pageant primitif, exploités dans les pageants québécois aussi bien à l'intérieur des épisodes que dans les ballets ou les interludes. Tout comme dans les spectacles américains, ils contribuent à dramatiser les faits d'une ville dans un style poétique et allégorique. Ces quelques ressemblances dans le fond et la forme des textes sont assez éloquentes quant au lien existant entre les deux groupes de pageants. Une étude de la mise en scène pourrait en révéler d'autres sur le plan des techniques utilisées et des montages réalisés. Elle permettrait également de découvrir des filiations significatives.49 Les rapprochements relevés nous autorisent à penser à des influences possibles. De toute façon, ils suggèrent des pistes de recherche prometteuses autour d'un phénomène qui ne doit pas être considéré comme isolé. En effet, à l'idée d'une étude comparative, plusieurs questions surgissent pour cerner non seulement la structure idéologique et formelle de ces pageants mais aussi leur pouvoir de théâtralité face à une compréhension de la psychologie collective des publics. Quelles idéologies véhiculent ces spectacles dans le passage du texte à la scène et de la scène aux spectateurs? Peut-on déceler quelques signes d'acculturation dans les sources et les influences? Jusqu'où les élites religieuses se sont-elles servi de cet instrument 'médiologique, pour encadrer les masses ou pour filtrer leur message? Les buts poursuivis par ces pageants, ceux d'éduquer par l'histoire et de développer une fierté civique, sont assez clairs pour expliquer la popularité de spectacles qui correspondaient à un besoin réel ou à un besoin créé.

Notes

1 On songe ici aux travaux de Pierre Pagé et Renée Legris sur le théâtre radiophonique ainsi qu'aux thèse de Chantal Hébert sur le burlesque québécois.
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2 JEAN BÉRAUD, dans 250 ans de théâtre au Canada français Montréal, Le Cercle du Livre de France 1958 p 129, signale brièvement les Spectacles historiques de Québec de 1908 comme l'événement théâtral le plus spectaculaire de l'année sans ajouter plus de commentaires. Dans son article intitulé «La tradition théâtrale à Québec (1790-1973», paru dans Le Théâtre canadien-français, tome V (Archives de Lettres canadiennes) p 216, ALONZO LE BLANC mentionne quelques pageants historiques donnés à Québec en 1930, 1931 et 1932. La première monographie sur le sujet reste encore l'ouvrage de RÉMI TOURANGEAU, Trois-Rivières en liesse, Trois-Rivières, Editions Cédoleq et Editions Pleins Bords 1984
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3 Voir A Dictionary of the English Language by JOSEPH E. WORCHESTER, Boston, Brewer and Tileston, 1863 pp 1021-1022
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4 Une seconde interprétation plus récente, qui témoigne de l'origine confuse du terme lui-même, veut que 'pageant' soit formé de 'pagyn' et 'padgin'.
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5 Encyclopedia Britannica vol I pp 59-60
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6 Chambers Encyclopedia vol X p 327
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7 Les premières manifestations du pageant sont souvent désignées par le mot 'pageantry'.
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8 Rappelons que les jeux et les miracles sont des pièces qui illustrent la vie des saints (Jeu d'Adam au XIle s; Miracle de Saint-Théophile de RUTEBEUF au XIIIe s; Miracle de Notre-Dame au XIVe s). Quant aux mystères, ils ont pour thèmes l'Ancien Testament, les Actes des Apôtres et surtout la Passion du Christ. Le Mystère de la Passion d'ARNOUL GRÉBAN, vers 1450, est considéré comme un chef-d'oeuvre du genre. Sur le théâtre médiéval, voir RÉGINE PERNOUD (Le théâtre au Moyen Age) dans Histoire des spectacles vol XIX 'Encyclopédie de la Plélade'Paris NRF 1965 pp 553-578; GUSTAVE COHEN Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du Moyen Age Paris, Librairie Honoré Champion (1921) 1951; Le Théâtre en France au Moyen Age, Paris, 1928, 2 vol.
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9 Ces pièces composent le cycle d'un mystère et illustrent des épisodes de l'histoire de l'humanité depuis la Création jusqu'au jugement dernier. Le cycle est généralement joué au complet et la représentation peut durer parfois trois jours (cycle de Chester). Voir GERMAIN BAPST Essai sur l'histoire du théâtre New York, Burt Franklin 1893 pp 262-264 et ROSEMARY WOOLF The English Mystery Plays Berkeley and Los Angeles, University of California Press 1972.
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10 Voir à ce propos M. LYLE SPENCER Corpus Christi Pageants in England New York, the Baker and Taylor Company 1911 pp 168-169.
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11 Même si le pageant parlé semble avoir commencé avec l'entrée triomphale d'Henri IV, en 1432, ces spectacles mimés continuent de se développer dans plusieurs villes d'Europe. Ainsi, en 1481, on donne un pageant remarquable à l'occasion de la venue d'Isabelle d'Espagne. En 1534, le mariage de Louis XII est signalé par un autre pageant. En 1660, le retour de Charles II en Angleterre est ponctué de manifestations semblables où domine l'aspect visuel de la représentation. Voir Encyclopedia Britannica vol I p 60.
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12 'On répandait sur le parcours royal des tapisseries, des étoffes, des guirlandes, des fleurs, et l'on plantait de proche en proche des arbres ornés de rubans qu'on nommait arbre de mai ... . Aux carrefours et devant certains monuments, on élevait des échafauds sur lesquels on représentait des pantomimes ou des tableaux vivants'. Essai sur l'histoire du théâtre op cit p 84.
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13 C'est le cas notamment du 'Lord Mayor's Show' de Londres qui, en 1783, met l'accent sur l'histoire de la ville. Il peut être intéressant de noter que ce genre de manifestation, en vigueur depuis le milieu du XVIe siècle, rejoint les pageants folkloriques des festivals d'été et qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle, il contient déjà plusieurs éléments du pageant moderne. Voir ROBERT WITHINGTON English Pageantry. An Historical Outline vol Il New York, Benjamin Bloom Inc. Harvard University Press 1918 (1963) pp 3-145.
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14 Dans les processions, certains chars allégoriques représentent les colonies de l'Empire britannique puis, à partir de 1900, exploitent le thème historique en recourant à l'Antiquité. Voir English Pageantry ... op cit pp 122-125.
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15 Devant le peu d'enthousiasme que suscita l'apellation 'historical folk play', Parker utilisa pour désigner son spectacle, qui n'était en fait qu'un 'community drama', le terme 'pageant' W.C. LANGDON, dans une lettre du 9 septembre 1942, écrit à ce sujet. 'None of the présent so-called pageants, have anything really to do with the mediaeval pageant; they all alike have no right to the name. But the community-drama stole the word first; therefore its title should be respected ... The modern pageant is a new thing ... Mr. Parker simply took the name; he did not continue the thing. He made a new one'. Cité dans English Pageantry ... op cit p 143.
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16 La fable, axée sur la communauté, est racontée par tranches chronologiques arrangées en épisodes. Ceux-ci sont reliés et donnent l'unité au pageant. Voir MARY PORTER BEEGLE et JACK RANDALL CRAWFORD, Community Drama and Pageantry Hew Haven, Yale University Press 1916 pp 12-13.
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17 Celle-ci, surtout caractérisée par une utilisation d'éléments symboliques et de personnages allégoriques, se trouve en quelque sorte récupérée à l'intérieur des interludes composés de chants, de danses et de musique.
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18 Parker aurait produit plus d'une centaine de pièces patriotiques (pageant plays) consacrées à l'histoire des héros nationaux, notamment Disraeli en 1911. MICHEL HABART (Grande Bretagne) Histoire des spectacles vol XIX (Encyclopédie de la Pléiade) p 1179.
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19 Signalons notamment le Pageant de Marietta Ohio, donné en 1888 et le Festival historique de Plymouth, déroulé en 1896 dans le but de soutenir une oeuvre de charité. Voir English Pageantry ... op cit pp 258-260.
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20 Le Pageant de Peterborough (N.H.) et le Boston Civicpageant présentés en 1910 accordent une priorité à la musique et à la danse au détriment de l'histoire. Voir English Pageantry ... op cit pp 265 et 269.
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21 Dans le Pageant de Keene (N. H.) de 1913, la ville est personnifiée de façon allégorique. Les scènes historiques et symboliques sont expliquées par un narrateur et des danseurs personnifient les industries de la ville. Voir English Pageantry ... op cit p 270.
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22 Voir The Book of the Yale Pageant New Haven, Yale University Press 1916.
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23 L'histoire de la ville est souvent imprécise dans plusieurs pageants américains. Elle va même jusqu'à sortir du cadre urbain dans le pageant The Kingdom to the Colony donné à Marblehead, Mass, en 1912. On évoque alors la vie des colons dans leur pays d'origine avant leur établissement en Amérique.
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24 Ce spectacle allégorique abusivement appelé 'pageant' est l'un des plus populaires aux U. S.A. Le Pageant Duquesne de 1911 et le Victory Pageant de 1919 utilisent la technique du 'masque'. Voir English Pageantry ... op cit pp 281-289.
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25 La définition du pageant moderne, selon Parker, est plus restrictive dans la mesure où elle privilégie le traitement de l'histoire - 'It is the representation of the history of a town, in dramatic form from the earliest period to some later point, forming a fitting climax. This is set forth in verse and prose of the most direct sort, and is embellished with choruses, songs, dances, marches and every legitimate spectacular adjunct. It is acted in sortie beautiful and historical spot, which is left without any artificial embellishment whatever. It is acted by the citizens of the town themselves, their wives, their children and their friends ... . It is not a stage play. It is a lofty and dignified panorama of the town's history. And it is ... an act of local patriotism'. Cité dans English Pageantry ... op cit p 291. Toutefois, dans le dictionnaire Drama A to Z de JACK A. VAUGH, la définition s'applique mieux au pageant américain. 'A dramatic representation staged in celebration of some historical or ... cultural event, usually of a civic nature. Pageants rely on spectacle, great numbers of participants, and visual appeal. Frequently, pageants are staged out of doors as annual events commemorating some local hero. They are generally of little literary value and their texts may vary from year to year'. Voir Drama A to Z New York, Frederick Ungar Publishing Co. 1980 p 140.
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26 Dès 1902, Julien Daoust, pionnier du théâtre français à Montréal, crée une Passion écrite en collaboration avec Germain Beaulieu qui sera reprise pendant plus de 25 ans au Québec. Selon Béraud, les spectacles de La Passion attirent encore toute la province sur la patinoire de Saint-Jérôme, entre 1925 et 1928. (350 ans de théâtre au Canada français op cit p 182). VICTOR BARBEAU en décrit d'ailleurs l'atmosphère dans la livraison de ses Cahiers de Turc du ler octobre 1926. D'abord loués au Monument National, ils sont repris dans divers lieux extérieurs. Même en 1950, le Père André Daoust, c.s.c., écrit et monte une fameuse Passion qui connaît du succès.
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27 Vers la fin des années 1930, les oeuvres de ces auteurs commencent à être jouées dans les grandes villes et connaissent une popularité jusque vers 1950.
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28 On peut penser à une oeuvre comme La Défaite de l'Enfer de GUSTAVE LAMARCHE, c.s.v., représentée en 1938 et en 1951, dans la montagne de Rigaud, devant plus de 20,000 spectateurs.
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29 Par exemple, saint Joseph fait l'objet d'un spectacle intitulé Le Grand Attentif (EMILE LEGAULT, c.s.c.) et représenté à l'Oratoire Saint-Joseph en 1955. Saint Jean le Baptiste est plus souent mis en scène sous les titres: Scènes de la vie de Saintjean Baptiste (JACQUES MORENCY) en 1940 ou La Passion de Jean le Baptiste (GUSTAVE LAMARCHE, c.s.v.) en 1961. Dans la ligne de ces spectacles religieux, on peut ajouter d'autres pageants qui s'inspirent d'illustres personnages: Celle-qui-voit de GUSTAVE LAMARCHE, consacré à Marie de l'Incarnation (1942), Le Mystère de la Charitépapale de SOEUR PAUL-EMILE, centré sur Pie XII (1948) et Kermesse des anges et des hommes d'EMILE LEGAULT, portant sur Mgr François de Montmorency Laval (1959).
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30 Notamment ceux de Gemma Lyre, Notre-Dame du Feu (1955) de JEAN MONTJOIE, Le Jeu de Notre-Dame (1952) et de Laurent Tremblay (arrangement), Pageant de la Vierge Marie (1953).
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31 Ainsi, des éléments propres au pageant se retrouvent dans ces spectacles: grand nombre de figurants amateurs, décors somptueux, présence d'un narrateur, chants, musique, chorégraphie, etc. Pour donner plus de spectaculaire à ces spectacles, certains metteurs en scène utilisent même les montages audio-visuels. Toutefois, l'abondance des dialogues présents dans ces oeuvres conçues comme des pièces de théâtre nous éloigne du pageant moderne qui privilégie le mime et la pantomime.
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32 A titre d'exemple, soulignons les Carnavalades réalisées par MORENOFF à Québec (1955 et 1957) et le Pageant du Carnaval des Trois-Rivières monté par LAURENT TREMBLAY en 1956.
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33 Après 1965, ces pageants se font de plus en plus rares. Quelques-uns cependant sont montés à des occasions précises. Notons, par exemple, le Pageant du Tricentenaire de Nicolet (1972) et les Pageants historiques du 350e aniversaire de Trois-Rivières (1984), écrits par l'abbé DFNNIS FRÉCHETTE et réalisés par Paul Beaubien.
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34 Le pageant de Québec est écrit par ERNEST MYRAND et mis en scène par l'Anglais Frank Lascelles, tandis que celui de Trois-Rivières est écrit par CÉCILE PARENT (Sr Sainte-Philomène, o. s. u.) et réalisé par l'Americain Patrick Gorman. Sur ces pageants, voir l'ouvrage de RÉMI TOURANGEAU, Trois-Rivières en liesse op cit pp 43-69, 123-156.
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35 Notamment en Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick
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36 Mentionnons les titres de ces spectacles québécois selon l'ordre de leur représentation: Pageant du 275e anniversaire de Lachine (1944), Pageant du 2e Centenaire de Ste-Marie de Beauce (1944), De la Salle en Parabole (et ses versions de P'tit Gars) (1944) Pageant de la Rivière-du-Loup (1946), Pageant du Tricentenaire de la Rive-Sud (1947), Pageant du 3e Centenaire du Lac St-Jean (1947), Pageant du Centenaire de Jonquière (1947), Ma Province en Pageant (Lauzon) (1948), Pageant de Betsiamites (1949), Pageant du Centenaire d'Arthabaska (1951), Pageant de St-Françoise-Xavier de la Rivière-du-Loup (1955), Pageant du Carnaval des Trois-Rivières (1956), Les sports et les loisirs se donnent rendez-vous à la Rivière-du-Loup (1963). A ces titres, ajoutons les spectacles hors-Québec: Pageant du Centenaire des oblats dans l'Ouest canadien (1945), Pageant de l'Université d'Ottawa (1948), Pageant de l'Université de Bathurst (1949), Pageant du Cinquantenaire d'Edmundston (1955) et enfin Pageant de l'Acadie (1955).
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37 Nous avons entrepris cette étude qui devrait paraître bientôt.
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38 Mentionnons, par exemple, le Pageant historique sur Jean Trudel, écrit en 1945 par le Père PAUL-EUGÈNE TRUDEL, o.f.m. ou le Pageant du Tricentenaire des Gilbert du Père EMILE BRASSARD, c.s.c. représenté au Colisée de Québec, en 1946.
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39 Signalons que quelques-uns de ces pageants sont écrits par Laurent Tremblay pour des institutions à l'extérieur du Québec: le Pageant de l'Université d'Ottawa (1948) et le Pageant de l'Université de Bathurst (1949).
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40 Des recherches se poursuivent pour mieux identifier des pageants dont nous n'avons que les titres.
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41 Entendons ici l'histoire des lieux, des hommes, des hommes, des événements et des choses se rapportant à une localité, à une nation ou à une civilisation.
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42 Il peut être omniprésent comme dans les pageants de Denis Fréchette ou laisser plus de place au dialogue des personnages. C'est le cas notamment de plusieurs pageants d'institutions et de certains pageants de ville dont le Pageant du Centenaire du Saguenay ou les Pageants de Shawinigan. Quant aux sketches de pageant introduits par LAURENT TREMBLAY, ils comportent des dialogues.
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43 Dans certains pageants, l'histoire est incarnée soit par un personnage féminin, soit par un personnage masculin, sous le nom de 'Le Temps'. Cette dimension allégorique est présente dans les pageants américains.
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44 En particulier, dans les pageants de Denis Fréchette, elle privilégie des auteurs comme Liszt, Beethoven, Bach, Mozart et Schumann.
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45 Ces danses sont longtemps utilisées dans les pageants anglais, américains et québécois.
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46 Par exemple, le jeu des acteurs et des figurants, le choix des costumes d'époque, la fonction des décors somptueux, l'emploi des accessoires variés ou des plans d'éclairage, sont autant de signes privilégiés par les auteurs ou les réalisateurs pour théâtraliser l'histoire et signifier la réalité représentée.
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47 LAURENT TRFMBLAY Utilise ce. genre de scènes qui relèvent plus du folklore que de l'histoire. Il conçoit ainsi des tableaux sur les bleuets ou la ouananiche du Lac St-Jean, sur la traite des fourrures ou les incendies de Ste-Marie de Beauce, sur la vie féminine ou la vie ferrovière de la Rive-Sud, sur les récréations ou les 'utilités publiques' de J onquière, enfin sur la vie agricole ou la vie familiale d'Arthabaska.
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48 Pensons, en particulier, au mythe de l'Indien souvent traité dans les pageants américains et québécois.
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49 Par exemple, le pageant de Shawinigan développe le symbolisme de l'eau et de la terre alors que le pageant d'Arthabaska exprime les vertus de la ville par des danses allégoriques.
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