AU-DELÀ DE L'EXOTISME: LE THÉÂTRE QUÉBÉCOIS DEVANT LA CRITIQUE PARISIENNE, 1955-1985

Barbara McEwen

Cet article étudie l'accueil critique fait auxpièces québécoises présentées à Paris depuis 1955 jusqu'en 1985. Il souligne en même temps les traits principaux de ce théâtre vus dans l'optique parisienne, et s'interroge sur lesperspectives d'avenir du théâtre québécois en France.

This article examines the critical reception of Québec plays presented in Paris from 1955 to early 1985. It discusses the main characteristics of these productions from the perspective of the Parisian critics and looks at future prospects for Québec theatre in France.

'Qui connaît le théâtre québécois?' demande 'J.L.' dans le compte-rendu qu'il fait des Belles-Soeurs pour la Politique hebdo du 5 décembre 1973. C'est une question apparemment pertinente à l'époque mais qui paraît, à tout le moins, superflue dix ans plus tard. Pourtant, il y a toujours des critiques parisiens qui semblent mal renseignés lorsqu'ils se retrouvent devant des spectacles québécois, et ceci malgré la popularité des tournées effectuées par des compagnies théâtrales québécoises, malgré l'apport des dramaturges, malgré la popularité de certaines vedettes. On lit par exemple, dans Les Nouvelles littéraires du 30 septembre au 6 octobre 1982, le compte rendu de Je m'égalomane à moi-même 'soliloques' [sic] de Marc Favreau,1 et qui commence 'Le Canada, que l'on croyait exclusivement producteur d'érables et de peaux de phoques ...' etc. Faut-il comprendre que l'activité théâtrale québécoise reste toujours méconnue?

En effet, on peut trouver des citations qui se prêtent à une simplification excessive du problème, mais il est impossible de croire qu'en trente ans la situation n'ait pas évolué. Dans cet article nous nous proposons d'étudier l'accueil réservé aux pièces québécoises par la critique de la capitale, soulignant en même temps les traits principaux de ce théâtre vus dans l'optique parisienne.

Etant donné l'ampleur du sujet, il nous est impossible d'en traiter tous les aspects. Nous ne pouvons aborder par exemple, la question du succès en France du théâtre québécois pour enfants. D'une manière générale nous ne retenons pas les 'one-man shows' tels ceux de Jean Lapointe, mais nous ne pouvons passer sous silence les pièces à un personnage comme La Sagouine, 'acadienne' 'désignée' 'québécoise' pour les fins de ce travail. Cependant nous voulons faire exception à cette règle dans le cas de deux artistes - Marc Favreau déguisé en 'Sol', et Yvon Deschamps - car un examen de la réception favorable faite au premier, beaucoup moins favorable au deuxième, nous renseigne sur les raisons de la réussite ou de l'échec relatif de certains spectacles québécois en France. Enfin, nous voulons nous interroger sur les perspectives d'avenir du théâtre québécois en France, et surtout à Paris, lieu de rencontre du monde théâtral francophone.2

Il faut remonter jusqu'en 1955 poursaluer les débuts prometteurs à Paris d'une troupe professionnelle québécoise, bien que des acteurs et des directeurs canadiens soient déjà venus avant cette date travailler à Paris, y jouer des rôles, et se soient fait remarquer.3 En réussissant à obtenir cette année une invitation officielle pour représenter le Canada au deuxième Festival international d'art dramatique, le Théâtre du Nouveau Monde est la première troupe à venir du Canada présenter sur invitation un spectacle à Paris. Le nombre de spectacles est prévu à l'avance: le TNM jouera au Théâtre Hébertot trois soirs de suite, soit du jeudi 23 juin au samedi 25 juin 1955. Le Théâtre de l'abbaye (Abbey Theatre) de Dublin ouvre le feu au Festival en montant au théâtre Sarah Bernhardt la pièce de Sean O'Casey La Charrue et les étoiles (The Plough and the Stars) qu'on joue en anglais. La Finlande reçoit un accueil favorable en présentant, en finlandais, l'Avare de Molière. Le TNM sera parmi les quelques formations théâtrales à jouer en français.4 Son programme consiste en trois farces de Molière: Le Mariage forcé, mise en scène par Jean Gascon, directeur artistique, Sganarelle et La Jalousie du Barbouillé, mise en scène par Jean Dalmain. C'est un programme qui, présenté au Québec, a valu à la compagnie une réception très favorable. Il est impossible pour le moment de monter l'oeuvre d'un Canadien français, bien que le directeur du Festival ait exprimé ce souhait.

La réaction critique à ce spectacle reviendra souvent par la suite: surprise agréable, accueil enthousiaste d'où un certain paternalisme n'est pas tout à fait absent, éloge, surtout du jeu et de l'interprétation des comédiens, mais aussi de la mise en scène ... 'il a quatre ans, ce Théâtre du Nouveau Monde. Quelle jeunesse!' écrit Marcelle Capron dans Le Combat du lundi 27 juin. Elle ajoute aussitôt 'Mais quelle maturité, pourtant.' Georges Lerminier dans Le Parisien libéré abonde dans le même sens: 'Bienvenue au jeune et déjà magistral Théâtre du Nouveau Monde de Montréal. Son spectacle moliéresque est excellent. Voilà du bon théâtre, chers amis canadiens. Continuez.' Le jeu des acteurs, qui n'est pas figé par des traditions, enchante et permet de retrouver l'esprit de la comédie moliéresque. L'interprétation de Guy Hoffman est surtout prisée: 'Un excellent acteur, rond, agile, volubile, dynamique, aimant les planches et s'y mouvant avec joie, vraiment comique et doué d'une bonne voix, un acteur qui, sans doute, connaîtrait, s'il voulait, le succès à Paris: il est de la parenté des Jacques Fabbri, Galabru, Daniel Sorano', écrit avec enthousiasme Jean-Jacques Gauthier dans Le Figaro du 25 juin.

L'ensemble de la critique qui s'accorde pour reconnaître le succès personnel très vif de Guy Hoffman, loue en même temps le bon goût de Jean Gascon et de Jean Dalmain pour leurs mises en scène et félicite Robert Prévost pour son décor. Si, pour sa part, Robert Kemp, critique célèbre du Monde, exprime sa déce tion à ne pas voir des pièces canadiennes comme La Fontaine de Paris d'Eloi de Grandmont ou Une Nuit d'amour d'André Langevin, pièces qui sont du répertoire de ce théâtre, il dit aussi sa satisfaction: 'Le Théâtre de Montréal a donné chez Hébertot un des meilleurs spectacles du Festival.' Il fait en même temps des commentaires qui donnent matière à réflexion: 'L'on voit bien ... que les Canadiens ne cherchent pas à créer un style théâtral à eux.' Pourtant, selon le même critique 'La verve et le naturel éclatent à l'aise ... Les danses mêlées au texte sont bien ce que voulait Molière ... Ainsi devaient jouer en leurs voyages les comédiens de Molière, loin des gens de la cour, des jugements des pédants, des soupirs effarouchés des précieuses. C'est dru, c'est vrai ... Nous sommes sortis de là épanouis.'

Pendant les années qui suivent, des troupes canadiennes viennent monter à Paris des pièces classiques et des pièces contemporaines, en alternance le plus souvent, pendant la même tournée. Si les pièces classiques sont bien reçues, les pièces contemporaines le sont beaucoup moins. Molière, Marivaux, Shakespeare sont toujours les bienvenus: le TNM revient en juin 1958 avec Les Trois Farces, cette fois-ci à la Comédie des Champs Elysées. Le Rideau Vert monte L'Heureux Stratagème, fin juin - début juillet 1964, au Festival des Nations (Théâtre Sarah Bernhardt), et l'année suivante la même compagnie présente Le Songe d'une nuit d'été en mai 1965 au Petit Odéon. La pièce de Shakespeare est particulièrement bien cotée.5 C'est 'un très joli spectacle' au dire du Figaro littéraire (27 mai - 2 juin 1965). 'Le texte est là, joliment dit, la pièce aussi gentiment jouée toujours ... Entre le rêve et la réalité, le Rideau Vert choisit le réel. C'est extrêment sain.' Enfin, lors de sa tournée en Europe en mai 1971, le TNM monte un Tartuffe fort apprécié de la critique, et ceci 'A une époque ou trop de metteurs en scène français trahissent délibéremment Molière ...' (Maurice Rapin, Le Figaro, 11 mai 1971); 'il faut savoir gré à nos amis canadiens' poursuit le critique, 'de le traiter avec considération.'

En même temps, le sort réservé aux pièces modernes est loin d'être favorable, malgré la qualité de la distribution dont on fait chaque fois l'éloge. Le Temps des lilas de Marcel Dubé, joué aussi par le TNM en 1958, est 'promis à un prompt oubli' (Robert Kemp, Le Monde, 13 juin 1958). Pour Paul Gordeaux de France-Soir (12 juillet 1958), 'il s'agit d'une pièce lente, amortie, ouatée, qui rend le son frêle d'une boîte à musique de l'ancien temps.' Une maison ... un jour de Françoise Loranger, jouée en alternance avec Le Songe d'une nuit d'été a encore plus mauvaise presse. Le même critique du Figaro littéraire s'avoue surprise de 'la cruauté candide [de cette] pièce très méchante.' 'Sans doute l'a-t-on choisie parce qu'elle est l'oeuvre d'une Canadienne' écrit B. Poirot-Delpech dans Le Monde du 20 mai, 'mais à part de très rares allusions à l'anglophobie de Montréal et quelques idiomes, ... le sombre drame familial ... n'a rien qui rende sensibles les moeurs et les préoccupations de ses compatriotes ... '. La Guerre, Yes Sir de Roch Carrier, montée en alternance avec Tartuffe, est déroutante. Selon Le Figaro du 11 mai, 'Il faut sans doute bien connaîtrele pays, la verve gaillarde de ses coutumes pour se sentir ... à l'aise dans le climat réaliste de la pièce ... Peut-être quelques allusions à l'antagonisme entre Canadiens français et anglais nous échappent... '

Une qualité qui peut racheter les défauts des pièces québécoises est 'la couleur locale' - les particularités du langage et de l'accent des comédiens. Ainsi, Gabriel Marcel (Les Nouvelles littéraires 19 juin 1958) ne condamne pas tout à fait Le Temps des lilas, car si'le dialogue n'a pas d'éclat', il plaît au critique de saluer avec amitié 'les expressions insolites qui nous rappellent nos ainés ou nos cadets, ces cousins d'outre-océan . . - '. Si Jean-Jacques Gauthier du Figaro 12 juin 1958 emploie le mot 'désuet' à l'égard de l'ouvrage, il éprouve le plaisir de la nostalgie: 'l'accent chantant des comédiens canadiens, la prononciation locale qu'ils ont soulignée pour notre plaisir et notre curiosité. Cette espèce d'exotisme vieille France se trouve encore renforcée par quelques mots qu'il me semble avoir unis jadis dans nos provinces ... ' Là où la couleur locale ne réussit pas à faire passer la pièce, le jeu des comédiens aide un peu: c'est le cas d'Une maison ... un jour (Le Figaro littéraire), mais la troupe qui joue La Guerre, Yes Sir a beau être très homogène et bien entrainée (Le Figaro), les qualités du texte sont discutables.

Les critiques cherchent toujours à faire des rapprochements avec des dramaturges européens, rapprochements qui ne sont pas pour la plupart flatteurs, mais jugés nécessaires comme points de repère. La pièce de Dubé n'est pas du Tchekov, Une maison ... un jour 'pouvait être La Cerisaie ou Oncle Vania, et ce n'est que du Bataille ou du Paul Hervieu' (Le Monde). La Guerre, Yes Sir n'est qu'une 'gauloiserie gauche, série proche de La Jument verte et de Clochemerle qui coupe les ailes à la passion' (Le Figaro).

A aucun moment n'est-il question de l'accueil fait en Amérique aux pièces contemporaines venues du Québec, car ceci n'entre pas dans le contexte théâtral parisien. Le P'tit Bonheur de Félix Leclerc, pièce qui consiste en une série de saynètes, montée peu avant Noël 1964 au théâtre des Trois Baudets, tourne en fiasco. Pierre Marcabru (Paris Presse, 24 décembre 1964) déclare sans ambages dans son compte rendu intitulé 'On se passerait bien de la pièce'que'ni l'esprit, ni le style ... ne correspondent au goût français'. Pour sa part, il est'déçu, désolé, désespéré.'L'accueil fait à Hier les enfants dansaient de Gratien Gelinas n'est guère plus favorable lorsque cette pièce est présentée par les Comédiens associés du Québec à partir du 22 février 1973. 6 C'est encore une fois Le Figaro (samedi 3 dimanche 4 mars 1973) qui résume les avis:'On le devine, Gratien Gélinas a bâti sa pièce sur le modèle de la bonne vieille tragédie ... Tout cela ... [fournit] le sujet d'une pièce d'idées comme on en a joué beaucoup il y a quelques vingt-cinq ans en pourpoint comme en veston. Y manquerait toutefois le style grâce auquel on relit encore une partie du théâtre de cette époque.'

Jusqu'ici le bilan de ces années d'activité théâtrale québécoise paraît surtout négatif. Pourtant les qualités déjà remarquées dans des speçtacles par ailleurs peu convaincants - la verve, le naturel dans le jeu des interprètes, la justesse de la mise en scène, 'la couleur locale'- pourvu que cette dernière ne dépasse pas une certaine mesure - la vitalité surtout, seront les atouts de ce théâtre dans les années à venir. Depuis 1969 jusqu'en 1985, ce sont surtout les pièces de Jacques Duchesne, Michel Tremblay, Jean Barbeau, Antonine Maillet, Michel Garneau et Roland Lepage qui retiennent par ces qualités l'attention critique.

La verve, l'entrain des comédiens assurent le succès de la pièce de Jacques Duchesne, Le Quadrillé. Monté en premier lieu de la mi-mars à la mi-avril 1969 au petit Théâtre de l'Epée de Bois, sous les auspices de la Délégation du Québec, le spectacle sera produit en mai au Studio des Champs-Elysées sous l'égide de l'Ambassade du Canada dans le cadre de programmes d'échanges culturels. Il ne s'agit pas d'un chef-d'oeuvre, et ne se donne pas comme tel, mais en tant que divertissement de qualité, la pièce est «cocasse, astucieuse et vive' (La Croix, 26 mai 1969). Sorte de revue qui n'a donc pas besoin d'être rigoureusement construite, 'l'intérêt ... réside dans sa liberté de ton' (Le Figaro, 14 mars 1969). Le texte n'est pas toujours assez resserré, selon certains critiques, mais le spectacle 'vaut surtout par la jeunesse, la fraîcheur, l'optimisme qui s'en dégagent, ainsi que l'ingéniosité, le pittoresque de la mise en scène ... par le jeu de trois excellents comédiens, Mireille Lachance, Gabriel Garran et André Richard, un petit trio débordant de fantaisie, d'invention et d'esprit' (L'Aurore, 9 mai 1969). Pour le Carrefour du 14 mai 'Le spectacle n'a absolument rien d'exotique ... les interprètes n'ont même pas .. l'accent louisquatorzien de Félix Leclerc. Au Québec, ils sont parfaitement à la page ... tout cela est vif délice.' 'L'on connaît mal, en France, l'activité théâtrale québécoise', écrit André Camp (l'Avant-Scène, no 425, ler mai, 1969) saluant avec amitié ce genre de spectacle qui 'témoigne d'une bonne santé et d'une belle humeur sans défaillance, dignes d'un pays neuf qu'on imagine, de loin, optimiste, sans complexe et amical'.

Lorsqu'on ajoute un texte vraiment puissant, à 'la bonne santé' des oeuvres nées sur les rives du Saint-Laurent, les critiques parisiens, sincèrement enthousiastes, se laissent séduire par la découverte. C'est, sans aucun doute, la pièce Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay, présentée à l'Espace Cardin du 22 novembre au 8 décembre 1973 par La Compagnie des Deux Chaises, qui réussit à combler les voeux. Le critique du prestigieux Le Monde (26 novembre 1973) mesure toute l'importance de la représentation: 'Ne boudons pas notre plaisir ni notre admiration', écrit-il, 'le bon vent de Québec nous apporte ... un grand moment de théâtre. Puissance du texte, vigueur de la mise en scène, et, brochant sur le tout, une prodigieuse performance collective d'actrices, un défi scénique magistralement relevé... ' L'Aurore (24-25 novembre) reconnaît 'dans son authenticité une oeuvre originale et forte qui nous vient de là-bas'. Le critique poursuit avec admiration: 'La Compagnie des Deux Chaises, quelle troupe! Il serait probablement impossible en France de ressembler quinze "bonnes femmes" aussi loin de tout apprêt, aussi stupéfiantes de naturel et de sincérité, aussi parfaitement en harmonie.' Le critique de La Croix (9-10 décembre) abonde dans le même sens:'le texte vulgaire et puissant est magnifiquement servi d'abord par la mise en scène d'André Brassard ... ensuite par les comédiennes ... qui composent une galérie de "bonnes femmes" ... harpies déchaînées comiques et pitoyables ... '

La couleur locale, en l'occurrence le joual, 'patois régionaliste', ajoute ou enlève à la valeur de ce spectacle (et à celle d'autres par la suite), mais ne manque pas de susciter l'intérêt.7 Pour le critique du Monde 'le joual n'est ni un détail ni l'essentiel... 'Il procure un plaisir à certains. Le critique de l'Aurore avoue 'raffoler pour [sa] part de ce rude et fruste parler québécois qui roule ses 'Y' comme des cailloux ... qui croque à l'oreille comme une pomme sous la dent ... qui nous restitue dans sa saveur l'accent perdu de nos provinces, l'accent gardé intact par la "belle province perdue".' Au moins trois critiques arrivent à comprendre non sans quelques difficultés: Patrick de Rosbro écrit dans son compte rendu intitulé 'Catch et crucifix' (Le Combat, 27 novembre' '[c'est] une langue à la fois nôtre et autre ... nous ne saisissons que quelques brides, de ci, de là, car le joual est rugueux à nos oreilles et [ les comédiennes] parlent vite. Qu'importe.' Le critique de La Croix trouve 'Un obstacle à franchir d'abord: le langage ... pas commode à saisir! Dieu merci on a prévu un lexique ... L'accent rocailleux, vert, solide, déformant parfois, pas toujours mais souvent, le vocable le plus quotidien ... Enfin on se débrouille.' À Jean-Jacques Gauthier d'ajouter (LeFigaro, 1 er et 2 décembre): 'Si l'on veut saisir la plus grande partie de cette ... conversation ... il est préférable d'avoir recours au petit lexique ... qui vous est émis.'Le 'parler québécois' échappe à Guy Dumur (Le Nouvel Observateur, 3-9 décembre.) Pour lui 'le joual est, j'exagère à peine, aussi difficile à comprendre que le grec ancien8 ... On vous donne bien, avec le programme, un lexique, mais le moyen de comprendre quand c'est dit avec l'accent ... ?'

La critique dans son ensemble cherche à ajuster sur ce parler aussi bien que sur le drame lui-même la grille de références qui permet d'être sensible aux nuances. Selon l'Aurore-Spectacles (lundi 19 novembre) 'ce langage ... est un peu au français ce qu'est le cockney à l'anglais d'Oxford, le newyorkais à la langue de Boston ou encore le pataouète de Bab-el-Ouède au parisien des beaux quartiers.' Parmi d'autres, Télé 7 jours du 8 décembre constate que 'ce patois a la saveur du pataouète de Bab-el-Ouède', tout en ajoutant 'C'est bien davantage au Lorca de "La Maison de Bernarda" qu'à "La Famille Hernandez" que font penser ces belles-soeurs.' L'opinion de Jean-Jacques Gauthier (Le Figaro, ler et 2 décembre) diffère sur quelques points: 'Quelle saveur ... Voulez-vous savoir à quoi je pensais, tout le temps en voyant cette chronique? A la famille Hernandez. Et ce que je retrouvais? Beaucoup des intonations de ma Normandie natale ... ' C'est l'Aurore (24-25 novembre) qui fait une excellente synthèse des divers éléments: 'Michel Tremblay use du joual aussi en artiste qui ne saurait méconnaître sa vigueur et sa verdeur ... exercice insolite de force et de férocité qui met en scène à la Henri Monnier quinze femmes, jusqu'à la fin où Germaine gémit: "Mes timbres, mes timbres" tel Harpagon pleurant sur sa cassette... '

La question du 'parler québécois', central ou non aux pièces montées à Paris dans les années soixante-dix, préoccupe à divers degrés la critique, car maintenant les points de repère ne manquent guère. Les critiques approuvent ce parler dans Goglu qui, parmi les pièces de Barbeau, semble la mieux reçue.9 Selon Patrick de Rosbro du Quotidien de Paris (24 avril 1975): 'Peut-être devons-nous au rude parler joual de détecter tout ce que cette placidité apparente cache de fureur impuissante. Est-il possible avec si peu de mots, de laisser percer à ce point le tragique pétrifié d'une existence ... Raison de plus pour aller écouter ce qu'il leur reste de cri.' Une Brosse, présentée à plusieurs reprises (1975, 1976, 1979, 1980) dans des petites salles est adaptée et montée sous le titre 'français' Ivres pour vivre.10 D'après Le Monde (14 octobre 1980) c'est, pour le moins, une pièce %anguine, truculente', mais ne fait pas l'unanimité de la critique. Joualez-moi d'amour, connue à Paris sous le titre Si la Concierge le savait, est presque passée sous silence.11 Le langage à lui seul ne peut sauver Citrouil le. Au contraire, 'les idiotismes du parler québécois pieusement conservés ont dans cette cuisine la fonction des condiments en saumure ... le spectacle paresse dans un ressassement pauvret', remarque l'Humanité (16 septembre 1975). Gabriel Gascon 'joue avec une charmante pointe d'accent', écrit le critique du Figaro (12 septembre 1975), mais la pièce est un 'gros légume inexportable ... le Québec, même contestataire et juvénile ... n'est pas une garantie d'originalité ... Citrouille c'est un peu "Le Babour" de Félicien Marceau sur quoi seraient passés les modes de mai 1968 et les rêves activistes de la révolution tranquille québécoise'.

Une langue qui a des échos du passé contribue en partie au succès en septembre 1976 de La Sagouine 12, mais ce n'est pas là l'essentiel bien que l'acadien, facilement identifié aux locutions régionales, soit plus accessible que le joual. C'est 'une langue du XVIIe aussi pittoresque que du bas berrichon' (Le Point no. 211, 4 octobre 1976) ou'le pur français tourangeau importé au Nouveau Brunswick' (Les Nouvelles littéraires no. 2552, 30 septembre - 6 octobre). Mais 'la Sagouine n'est pas une pièce pour les touristes d'une langue historique ou pour les voyeurs du charme exquis de cet accent d'outre-mer,' écrit Libération (29 septembre). 'Les mots sont là pour parler et pas pour minauder. La vie en déborde'. Viola Léger, 'une vraie comédienne au tempérament et à la présence rare' (Les Nouvelles littéraires) incarne cette Sagouine qui n'est pas seulement 'une salope qui vient d'Acadie' mais pourrait aussi bien être une 'Dorme à qui Molière aurait laissé la parole pendant deux heures et qui vous parierait des Orgons et des Tartuffes qu'elle a réncontrés pendant sa longue vie passée à laver les planchers.' 13

Le parler québécois, en tant que 'langage' du présent aussi bien que du passé, appartient bien à 'ce temps où les idiomes régionaux reprennent 'vigueur' écrit L'Humanité du 16 octobre 1976, à propos de Quatre à quatre de Michel Garneau, lorsque cette pièce est montée pour la première fois dans la Coquille du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers. 14 C'est 'une langue souple, inventive, parente de la nôtre mais qui fit l'économie du passage sous la toise des grammairiens de Versailles', poursuit le critique de L'Humanité . En effet, l'apport de ce parler est positif dans la mesure où, avec le texte, avec le jeu, il représente un des éléments qui aident à atteindre un vrai style personnel, une théâtralité québécoise, affective, charnelle, directe. Nous sommes loin du commentaire de Robert Kemp 'L'on voit bien ... que les Canadiens ne cherchent pas à créer un style théâtral à eux' ' Comme le signale La Croix du samedi 23 avril 1977 'ce qui compte ... c'est le style. Michel Garneau a pris celui qu'il fallait, le style de la rue du parler quotidien ... Dans ce drôle de langage qui nous arrive tout droit de notre avant-hier, pour nous archiique, patoisant, haché d'anglicismes de contrebande, les quatre p'tites dames nous jettent leur coeur sans façon et nous y reconnaissons le nôtre ... C'est chaud, c'est vrai ... c'est français, c'est universel.15 Et voilà la poésie qui sourd du banal. Un lyrisme discret épaule le réalisme ... ce récital à quatre voix s'installe dans un temps qui n'est d'aucun et, qui est de tous, celui du théâtre.'

Nombreux sont les critiques qui abondent dans le même sens. Le compte rendu de Jean-Jacques Gauthier, par exemple, dans Le Figaro du 11 octobre est tout à fait typique: 'tout le public ... a été frappé comme moi, avec moi, par la qualité de ce style, sa musicalité, la saveur des mots, le pittoresque de l'expression, la poésie à chaque détour de phrase, le lyrisme sensible, authentique, personnel, de l'écrivain Michel Garneau. Je ne le connais pas. je ne sais pas le "canadien". Je ne comprends pas tout. je suis sûr, néanmoins, comme un vieux sourcier, qu'il y a de l'eau. C'est à dire, une âme chantante, de la sève et du talent ...'

Authenticité du langage donc, du jeu des comédiennes ('Elles ont cette santé éclatante qui stupéfie toujours un peu chez les cousins qu'on n'a pas vus depuis longtemps' selon l'Humanité) mais aussi authenticité du style: ce sont les qualités qui attirent et fixent l'attention. Ce sont ces mêmes qualités que les critiques trouvent, finalement, dans Le Temps d'une vie de Roland Lepage. Sa pièce, bien reçue au Québec, montée ensuite avec succès en juillet 1977 au Festival d'Avignon par le Théâtre populaire du Québec, revient en France en octobre 1978 au Palais de Chaillot. 'Un mélodrame qui n'a pas honte de ce qu'il est ... nous sommes émus...'écrit Colette Godard, critique du Monde (8 août 1977) à propos de la représentation à Avignon. 'Le langage au-delà de l'exotisme est chaleureux et dru ...' et nous ne pouvons pas échapper à l'attraction ... d'une actrice étonnante, Murielle Dutil...' Un exercice sur l'émotion', dit la même critique le 6 octobre 1978 tout en soulignant à nouveau 'la lumineuse tendresse ... la merveilleuse simplicité de Murielle Dutil.' La pièce fait découvrir 'un théâtre vivant en prise directe avec la réalité de son pays, une langue qui change ... un univers fort et ardent où évoluent des personnages emportés, profonds, authentiques' écrit 'R. C.' dans Elle, novembre 1978. "' Le Temps d'une vie" ... c'est la révélation d'une étonnante comédienne, Murielle Dutil et d'un auteur, R. Lepage'.

Le théâtre des 'bons becs du Québec' (pour emprunter les mots du critique de Figaro, 17 septembre 1975) soulève un intérêt certain chez la critique parisienne: on l'apprécie selon des normes bien définies.16 Pourtant, il se trouve parfois que des pièces de certains auteurs connus des critiques ne répondent pas à l'attente, comme A toi pour toujours, ta Marie-Lou et La Duchesse de Langeais de Michel Tremblay et Emilie ne sera plus jamais cueillie par l'anémone de Michel Garneau. Le compte rendu intitulé 'Mauriac à Montréal' qui paraît dans Le Quotidien (30 novembre 1975) est typique de l'opinion critique dans son ensemble à l'égard d'A toi pour toujours, ta Marie-Lou:'On sait la verdeur désespérée de Michel Tremblay des Belles-Soeurs, la férocité avec laquelle il ressuscite de pièce en pièce l'univers, étouffant, stérile des gens de Québec, enfoncés jusqu'au cou dans leurs névroses et ne souhaitant qu'inspirer la pitié, faute de saisir le sens du mot révolte ... ces petites mécaniques prisonnières d'elles-mêmes, rayonnantes de vide et dont le parler rugueux nous fait sourire, si pathétique que soit leur condition ... comment l'aurions-nous supporté longtemps sans l'étonnante vérité de ces comédiens? 'De la même manière, mais quatre ans plus tard, Pierre Marcabru écrit dans Le Figaro (18 octobre 1979): 'La pièce ... est tout emplie d'un naturalisme à ras de terre ... conversations plates ... Tout cela n'est pas neuf, passablement rude à écouter, et l'accent canadien ... ne suffit pas à éviter le ressassement. Populisme monotone. Tranche de vie anémique. Les comédiens jouent presque figés. On les comprend mal. Il faut sans cesse faire effort. Et pour découvrir quoi? Les aventures médiocres d'une famille médiocre ... Le quotidien au Québec, comme partout ailleurs, ce n'est pas gai. Faut-il vraiment partager cette morne hébétude?'

L'accueil réservé à La Duchesse de Langeais est à peine plus favorable. 'On ne demanderait pas mieux que de compatir [aux malheurs] de cette créature pittoresque' écrit Le Quotidien du 20 juillet 1976 'mais ils nous sont trop longuement détaillés pour qu'on ne s'en lasse pas.' 17

A lire les comptes rendus d'Emilie ne sera plus jamais cueillie par l'anémone parus dans la presse parisienne en octobre 1983, on a du mal à croire qu'il s'agit de l'oeuvre d'un auteur si chaleureusement accueilli en 1976. Pourtant la pièce présentée d'abord en juillet 1983 au Festival d'Avignon y est bien reçue. Le Matin de Paris (19 juillet 1983) par exemple, parle du 'Frisson venu du Québec - C'est la surprise du festival off ... le spectacle qui cogne àvotre coeur'. Néanmoins, quand la pièce est montée à Paris, Le Monde du 11 octobre fait parditre un compte rendu intitulé 'on traduite e français' et qui se répand en critiques sur le spectacle: 'Cette pièce écrite en français de là-bas, n'a pas été traduite en français d'ici, et ici, à Aubervilliers, elle signifie très peu, très faiblement. N'apparaissent que des propos quelconques, faibles, sur la mort (sujet très couru), sur la musique, etc. Bref, Michel Garneau devrait consulter un dictionnaire bilingue français et réécrire sa pièce.' L'avis de Pierre Marcabru, critique au Figaro (10 octobre) est également défavorable: 'Bavardages en mineur' écrit-il ... 'Michel Garneau a beaucoup à dire, sur la vie, sur la mort, sur les hommes, il vit en pleine littérature. Longuement, en plein épanouissement, verbeux, volubile, phraseur ... Et tout cela devient ennuyeux, artificiel, présomptueux souvent..?

Parmi les spectacles des Québécois présentés à Paris au cours de ces dernières années, il convient de citer ceux de Marc Favreau qui reçoivent un accueil toujours favorable, et celui d'Yvon Deschamps qui, en mars 1983, déçoit les espérances. Depuis sa 'découverte' en 1976 à Nancy, ayant composé son personnage Sol', Marc Favreau revient souvent en France, et, emporté dans 'le tourbillon des mots' (Le Matin, 11 octobre 1982) paraît fulgurant à la critique. On reconnaît facilement ses maîtres, dont 'Vian ... Lewis Carroll, Prévert, Queneau, Rabelais, Audiard' (Libération, Le Monde pour n'en citer que quelques-uns). Mais cet 'obsédé textuel' (Libération, 13 septembre 1982) a aussi 'la voix ... chaude avec cette pointe d'accent canadien, ce qui n'enlève rien au spectacle'(Le Quotidien de Paris, 15 septembre 1982). «C'est un poète, un clown, un Auguste de la cloche' (Le Monde, 24 septembre 1982), 'un comédien hors pair' (Les Nouvelles littéraires 30 septembre-6 octobre 1980) qui gagne en épaisseur car 'les textes sont de plus en plus ceux d'un véritable écrivain' (L'Express, 13 octobre 1979). De l'avis du critique de l'Express (24-30 septembre 1982), Marc Favreau est un 'homme de théâtre dont les textes apparemment faits pour être dégustés dans un livre commandent en fin de compte des gestes, des attitudes, des déplacements, des gags, tout un exercice visuel qui souligne ou prolonge l'exercice littéraire ... Et quand, après avoir 'cueilli ses angoisses', Sol se relève, décroche et plane, le public plane avec lui. Ravi. Reconnaissant. Heureux...'

L'humour grinçant du spectacle présenté au Théâtre de la Ville par Yvon Deschamps n'atteint pas sa cible. Pourtant, celui-ci est précédé d'une solide réputation. L'Humanité (4 mars 1983) fait remarquer qu'il est 'le maître incontesté de la scène québécoise'. C'est'le plus populaire, le plus drôle des "diseurs" québécois; Raymond Devos - c'est une référence! - lui voue une admiration sans limite', écrit Le Matin (ler mars 1983). 'Institution à Montréal, compagnon de Charlebois, un bûcheron canadien débarque par chez nous', signale L'Express (4-10 mars 1983). Malgré cette publicité, Yvon Deschamps fait partie du domaine de l'inconnu. Après la représentation, si l'on reconnaît volontiers qu'il pratique un humour social et corrosif, on ajoute que 'ce rire déroute' (La Croix, 9 mars 1983). 'On sort de là remué et perplexe,' note Richard Cannavo dans Le Matin (8 mars 1983) pour reprendre aussitôt, 'Cet homme sans aucun doute est une nature, il a du talent, de la présence et beaucoup de métier. Mais son comique, est-il acceptable?' Plus sévère, Jean-Luc Wachthausen écrit dans son compte rendu (Le Figaro, 7 mars 1983) intitulé 'Verbeux et décevant': 'pris dans le flot incessant des mots, il va ainsi évoluer en vase clos pendant soixante minutes, tombant avec complaisance dans une logorrhée verbale qui confine vite à l'ennui ... A force de vouloir provoquer le rire par le malaise, l'effet boomerang est inévitable ... C'est le moment où l'on s'arrête de bâiller pour quitter son fauteuil.'

Tout 'exotique' que soit le langage d'un spectacle québécois, il faut un texte qui communique effectivement son mouvement, sa vérité, sa réalité. Les dramaturges, écrivains scéniques, comédiens-auteurs, ayant 'réussi' à Paris ont tous mis en évidence dans leurs textes une facture artistique particulière pour livrer l'expérience québécoise, expérience à la fois similaire et 'autre'. Les propos de Gabriel Garran, par exemple, sur Quatre à quatre résument très précisément les qualités qui ont séduit et la critique et le public parisiens: 'Dans les milieux professionnels du théâtre en France, deux facteurs ont retenu l'attention, ils tiennent à la façon de parler de l'auteur et à celle de jouer des comédiennes ... L'originalité du verbe de Garneau, son enracinement dans le réel permettent une profonde accessibilité à la pièce. Pour le public français, habitué aux démarches intellectuelles, sèches et cartésiennes, la découverte est sensible et heureuse. Enfin, il faut ajouter que le milieu est follement impressionné par le mode de jeu des comédiennes québécoises, par leur véracité et le profond plaisir de jouer dont elles témoignent.'

Néanmoins, par la force des choses, ce théâtre ne pourra être que marginal. Relevant à la fois de l'exotique et du domaine au-delà de l'exotique, le théâtre québécois semble chercher la voie qui lui convient le mieux à Paris - comme ailleurs. Une fois passée la nouveauté - ce qui s'est produit -, il y a risque de la changer en banalité car la mode théâtrale ne fait pas exception à cette règle du jeu. Le choc des créations s'écartant des canons habituels a su attirer l'attention des critiques, mais ces derniers ne renoncent pas pour autant aux qualités de l'écrit, de la parole. Du point de vue parisien il existe des pièges: la complaisance ou encore l'absence de renouvellement au sein de la communauté québécoise.

En même temps, de nombreuses possibilités se présentent, parmi lesquelles celle de monter des spectacles au Théâtre international de langue française dirigé par Gabriel Garran, théâtre qui est 'en train de se créer' depuis quelque temps. Le théâtre québécois, déjà connu pour certains de ses dramaturges et de ses acteurs/actrices, de même que le 'Jeune théâtre québécois' auront plus souvent l'occasion de se mettre en valeur et à Paris, et au cours de tournées plus fréquentes. Nous nous sommes attardées sur les constantes de l'accueil fait au théâtre québécois, mais il est évident que le milieu parisien théâtral n'exclut pas de nouvelles approches, même si ces approches ne changent pas en profondeur le rapport public - théâtre. 19 En effet, l'avenir à Paris s'avère prometteur à bien des égards pour le théâtre québécois, si paradoxale que soit sa situation, dans la mesure où ce théâtre est en lui-même prometteur.

Notes

1 L'expression est celle du Quotidien de Paris, 18 septembre 1982.
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2 Nous renvoyons le lecteur à l'excellente chronologie de MICHEL VAIS publiée dans les Cahiers de théâtre Jeu no 21, 1981/4 Il n'y aurait que quelques précisions à apporter à cette liste: c'est en juin 1958 que la pièce de MARCEL DUBÉ Le Temps des lilas est montée à Paris; Le Quadrillé de JACQUES DUCHESNE est présenté en 1969 (en premier lieu au Théâtre de l'Epée de Bois, par la suite au Studio des Champs Elysées). On peut ajouter les titres d'autres pièces présentées au cours de ces années, telle Utinam de CÉCILE CLOUTIER en 1980. Emilie ne sera plus cueillie par les anémones de Michel Garneau est montée d'abord à Avignon en juillet 1983 et ensuite au Théâtre de la Commune à Aubervilliers (dans la banlieue parisienne) en octobre de la même année.
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3 Une voie 'prometteuse' s'ouvre à PAULINE JULIEN-GALIPEAU par exemple qui se trouve, parmi d'autres, à Paris en 1955. (Voir à ce propos Le Devoir Montréal, mercredi 8 juin 1955, p. 10).
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4 Le TNM n'est pas la seule compagnie à jouer en français. La contribution de la Suisse romande par exemple est aussi notée.
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5 Lors de la première visite du Rideau Vert, les critiques s'intéressent beaucoup 'au doux nom d'Yvette Brind' Amour' Paris-Presse, ler juillet 1964. Le ton change pendant la deuxième visite, vu l'importance attachée au transfert à l'Odéon. Comme le dit Le Figaro littéraire 27 mai - 2 juin 'L'estime où ... [la] tient J EAN-LOUIS BARRAULT lui a très naturellement ouvert les portes de l'Odéon'.
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6 Au Théâtre de la Renaissance.
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7 Dans l'International Herald Tribune Friday December 7th 1973, on trouve cette appréciation: 'These hearty players are front Québec and speak the patois of that province ... marked attention is tequired to follow its swift flow ... But the dialogue for the most part is compréhensible, forthright and flavorsome, a sort of odd shorthand of French, pithy peasant talk ... The frankness of the play suggests that Québec bas been liberated front the choking censorship that once ruled there when such movies as "Voltaire" (George Arliss) and "Zola" were forbidden.'
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8 Le critique venait d'assister à une représentation d'Electre de Sophocle en langue originale.
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9 L'accueil fait à Solange présentée à Avignon en été 1976 est aussi chaleureux. Le 'pittoresque et la drôlerie ... l'accent québécois ... roulantes rocailles savoureusement rendues' ... attire le critique du Quotidien de Paris 'Le texte est beau', ajoute-t-il, 'et l'interprète miraculeuse.'
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10 Une Brosse se joue pour une série de représentations en 1979, sous le titre québécois, aux Ateliers de Recherche et de création à Clichy, dans la banlieue de Paris.
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11 Pourtant la pièce tient l'affiche au café-théâtre Petit Casino pendant des mois en 1975.
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12 Déjà venue en 1972 pour quatre représentations - au Centre Culturel Canadien.
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13 Ce dernier commentaire est tiré d'un compte rendu (Le Matin ler aout 1978) de la représentation donnée au Festival d'Avignon.
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14 La pièce est présentée par la suite en avril 1977 à la salle Gémier du Théâtre de Chaillot.
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15 Dans Les Nouvelles littéraires (21-28 octobre 1976) on trouve aussi 'Si longtemps inconnu ... le théâtre canadien est en train de prendre une fameuse revanche. C'est un délice d'écouter cela surtout quand ce vocabulaire illustre une oeuvre sensible et prenante ... MICHEL GARNEAU ne tranche pas clairement parmi ses différentes versions de la condition féminine. Mais là n'est pas l'intérêt de la pièce.' Et tandis que les critiques parisiens apprécient à sa juste valeur le travail des comédiennes, la plupart des pièces québécoises ayant comme thème des aspects du féminisme ne sont pas tellement réussies. C'est encore une fois Les Nouvelles littéraires (23-30 octobre 1980) qui notent à l'égard d'Utinam de CÉCILE CLOUTIER 'le texte n'échappe pas toujours à une grandiloquence un dans sa revendication nisme poétique' et ceci malgré le jeu d'une actrice 'splendide'(Nita Klein) qui assume le seul rôle. La pièce Moman de LOUISETTE DUSSAULT n'est pas bien cotée, mais l'auteur qui l'interprète est reçue d'une façon très enthousiaste. 'Le spectacle est ... trop long'; le Quotidien de Paris (jeudi, 16 décembre 1982) ... il demanderait une écriture plus serrée et infiniment moins complaisante ... 'mais le spectacle est interprété par une actrice d'une générosité, d'une richesse exceptionnelles ... si les metteurs en scène français n'étaient pas "niaiseux" jamais ils ne laisseraient repartir cette perle rare au Québec.'
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16 Au cours des années soixante-dix, de même que plus récemment, un certain nombre de spectacles sont présentés à Paris ou dans la banlieue dans le cadre des accords de coopération culturelle franco-québécois, ou sous les auspices du ministère des Affaires extérieurs du Canada. Certains d'entre eux n'éveillent que très peu d'attention critique: l'oeuvre de PIERRE PERRAULT par exemple, (y compris Au coeur de la rose, interprétée par la troupe québécoise du Théâtre de la grande Réplique) présentée du 22 janvier - 15 février 1977 au Musée des arts et traditions populaires à Neuilly. De même, Le Centre d'essai des auteurs dramatiques, déjà venu en tournée en France (24 octobre au 6 novembre 1975). Le CEAD a joué des oeuvres d'auteurs québécois au Théâtre de l'Est parisien. Seul Le Figaro parle des 'Cousins d'Amérique: Six jeunes auteurs québécois en quête de consécration' (lundi 27 octobre 1975) ... 'Au programme, des pièces relatant inquiétudes, préoccupations etc. Six auteurs, dont les noms sont inconnus du public français ... leur inspiration trouve son unité dans un mélange de lyrisme et d'observation sociale.' Quand le CEAD est à nouveau au Théâtre de l'Est parisien, fin janvier 1982, avec des lectures/spectacles de sept pièces québécoises, l'intérêt porté à cet événement par la presse est négligeable.
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17 Par contre, la pièce Hosannah [sic] est reçue avec enthousiasme. EMILE CADEAU, dans Télérama (16-22 septembre 1978) s'exprime ainsi 'L'auteur de ce drame de deux êtres enfermés sur eux-mêmes, rude, beau, solide, est le Canadien MICHEL TREMBLAY. Deux remarquables comédiens jouent cette oeuvre avec une grande force tragique, sans complaisance et sans équivoque.'
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18 Propos recueillis par ADRIEN GRUSLIN Le Devoir (samedi le 7 mai 1977).
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19 Un spectacle divertissant ne se refuse pas. La première tournée en France en mai 1981 de la LNI - Ligue Nationale d'Improvisation, parodie de la Ligue Nationale de Hockey - nous en fournit la preuve. Télérama no. 1635 -mai 1981 écrit 'Avec leur santé insolente et leur humour sans complexe, les Québécois vont donner la migraine aux intellectuels torturés qui montent la garde sur les scènes du vieux monde. Leur tournée prouve que le public français pourtant peu familier des règles du hockey sur glace ... est entré dans le jeu.'
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