NATHALIE DOLBEC
Cet article s'intéresse à un type de discours peu souvent étudié dans le roman et encore moins au théâtre: le descriptif. Un premier diagnostic du descriptif dans La Sagouine montre une prédilection pour les description à caractère énumératif. L'article s'efforce d'expliquer cette préférence, puis s'emploie à analyser le fonctionnement interne des descriptions énumératives, dégageant quatre tendances dans l'art de la conteuse dont une fera l'objet d'un plus long examen -- l'énumération de type hétérogène. Tout compte fait, la description énumérative dans La Sagouine ne peut être considérée comme une opération de remplissage. Il faut, au contraire, lui reconnaître une fonction narrative. Qui est plus, elle fournit au spectateur un portrait de la descriptrice, souvent éclipsé par celui de la narratrice.
This paper deals with a kind of discourse not often studied in the novel and even less frequently in theatre: the descriptive. A primary diagnosis of the descriptive in La Sagouine demonstrates a predilection for descriptions of the enumerative type. The article attempts to explain this preference and then goes on to analyse the internal functioning of these descriptions. Four patterns in the art of the story-teller are explored with emphasis given to enumeration of the heterogeneous type. All things considered, enumerative description in La Sagouine cannot be viewed as a mere discursive filler. On the contrary, we must acknowledge its narrative function. Moreover, it provides the spectator with a profile of the descriptor, often overshadowed by the profile of the narrator.
Depuis la création de La Sagouine(1) en 1971, Antonine Maillet est reconnue par la critique et le public pour avoir fondé, du moins dans l'écriture, la littérature acadienne. En 1988, lors d'un entretien, Maillet confie à Martine Jacquot qu'elle appartient à "la génération qui a fait le pas entre la littérature orale et la littérature écrite [et qu'elle joue le rôle de] charnière dans le sens où [elle] arrive au tout début de la littérature acadienne contemporaine, dans les années 60, 70" (253). La Sagouine, dont on connaît l'immense succès, opère la jonction entre deux traditions littéraires et signale son auteure comme catalyseur d'une nouvelle littérature proprement acadienne. Ce faisant, Maillet dépasse trois siècles de culture orale au Canada pour retrouver son héritage européen, elle qui est "sortie de France par [ses] ancêtres en plein XVIIe siècle, en plein âge d'or, en plein classicisme français" (Lacroix 107). Force est de constater que l'histoire littéraire du peuple acadien est cyclique: de l'écrit à l'oral pour enfin revenir de façon plus modeste à une écriture qui par sa langue archaïque s'inscrit dans la tradition rabelaisienne.
Nous voudrions contribuer à la 'guirlande' de La Sagouine, en étudiant, dans cette pièce, un type de discours peu souvent analysé dans le roman et encore moins au théâtre: le descriptif.(2) Philippe Hamon nous rappelle que "le théâtre contient de très nombreux textes descriptifs, ne serait-ce que dans les 'paysages-régies' (ou: 'didascaliques') [. . .]" (1993, 86). Le discours préfaciel de La Sagouine comporte effectivement des indications scéniques qui prennent la forme de séquences descriptives (47). Mais ce qui nous intéresse plus encore, ce sont les énoncés descriptifs au sein des monologues.(3) Un premier diagnostic du descriptif dans La Sagouine dégage une prédilection pour les descriptions à caractère énumératif, sans préjudice, bien sûr, de descriptions plus 'classiques', dont voici - à titre de repère - un échantillon: le confessionnal est dépeint comme "une affaire de grousse grille en bois franc avec de la célophane en airiére des barreaux pour point empester le prêtre" (101).
Dans cette étude, nous examinerons le fonctionnement interne des descriptions énumératives. Notre analyse montrera qu'en effet "on ne décrit pas au théâtre, comme on décrit en texte, ni pour les mêmes fins, ni pour les mêmes raisons" (Hamon 1993, 86). Nous verrons pourquoi l'énumération - "forme extrême" de la description, pour reprendre la définition de Jean-Michel Adam et d'André Petitjean - semble mieux répondre aux exigences théâtrales et rend plus digeste la 'tartine' descriptive pour le spectateur (120). Enfin, notre approche du texte nous permettra non seulement de juger la façon dont les descriptions énumératives fonctionnent mais aussi d'y déceler l'inscription particulière de la descriptrice.(4)
Pour mieux justifier le choix de nos séquences énumératives, nous avons choisi de suivre les critères proposés par Béatrice Damamme:
Nous appellerons série énumérative toute série de groupes nominaux, de groupes adjectivaux ou de groupes verbaux, dont chacun des termes constitutifs détient, par rapport au reste de la phrase, une valeur fonctionnelle indubitablement identique. Les termes doivent être au nombre minimum de trois (3), et juxtaposés ou coordonnés les uns aux autres (20).
En voici un exemple minimal: "Et il avait son banc. Un beau banc, avec son marche-pied, son numéro, pis sa petite planche pour y attoquer son livre de messe" (125).
D'emblée une question se pose. Pourquoi, dans La Sagouine, Maillet privilégie-t-elle les descriptions de type énumératif? La première raison c'est que les monologues de la Sagouine ont d'abord été conçus pour un médium populaire, la radio et qu'ils se ressentent toujours," selon Pierre-André Arcand, "de cette destination première"(196).(5) L'énumération est la forme la plus sommaire de description. Mais même sur scène 'l'anévrisme' descriptif - déjà incriminé dans le roman(6) - peut être fatal.(7) Le choix de la description énumérative permet alors à Maillet de contourner l'écueil de la description 'classique', c'est-à-dire de faire "l'économie du matériel descriptif [tout en montrant] beaucoup avec peu" (Buisine 95). Naturellement, l'énumération lui permet aussi de meubler un espace scénique quasiment vide: la Sagouine "n'a pour tout décor que son seau, son balai et ses torchons" (47). La profusion énumérative compense ainsi deux 'misères', celle du décor et celle du vécu.
Ce choix s'explique en second lieu par le souci de vraisemblance. Comme l'a observé Jean-Cléo Godin, "tous les monologues sont conçus comme une 'histoire vraie,' c'est-à-dire un récit tiré d'un fait divers, d'un souvenir, d'un épisode de la vie villageoise" (228). De longues descriptions n'auraient pu s'accorder avec le ton anecdotique des monologues et auraient certainement compromis le naturel du débit de la descriptrice. Qui plus est, il y va de la compétence lexicale, encyclopédique et taxinomique de cette dernière. Elle n'a ni instruction (87, 171), ni métier (171); elle a fort peu voyagé (99); elle est virtuellement illettrée: "C'est pas que je suis ben counaisseuse, non... Je peux signer mon nom et pis défricheter la gazette quand c'est des nouvelles françaises..." (99). Il est clair que ce manque de compétence et de savoir prédispose ses descriptions à l'énumératif puisque aussi bien - Jean-Michel Adam et Françoise Revaz l'ont noté - "l'énumération (de parties, de propriétés ou d'actions) est une des opérations descriptives les plus élémentaires" (nous soulignons, 66). En donnant la préférence aux descriptions énumératives, Maillet s'aligne sur les capacités cognitives de son personnage et du même coup le rend plus vraisemblable.
Une troisième raison, d'ordre intertextuel, nous a été inspirée par les propos de Janis L. Pallister: "past scholars have more than once pointed out the Renaissance elements of Acadian speech and spoken of the Acadian popular mentality as being akin to that of Rabelais' characters and their antics"(261-2).(8) Ceci vaut pour notre pièce. De fait, pour Maillet: "la langue acadienne de la Sagouine c'est de l'ancien français que nous avons gardé depuis le XVIIe siècle [. . .]" (Bourgue 119). Resterait-il alors, dans les descriptions énumératives de la Sagouine, une trace des techniques mises en oeuvre par Rabelais dans ses énumérations? Cette question surgira plus loin dans notre analyse. Un relevé exhaustif des descriptions énumératives dans La Sagouine nous a permis de dégager quatre tendances dans l'art de la conteuse.
En premier lieu, la descriptrice propose souvent le thème-titre(9) avant d'amorcer une énumération. Ensuite, elle clôt fréquemment ses descriptions énumératives par des points de suspension. Troisièmement, elle compose parfois des énumérations à variantes. Enfin, elle produit souvent des énumérations de type hétérogène. Nous glisserons sur les trois premières tendances pour nous attarder sur la quatrième - qui devrait permettre de répondre à la question posée plus haut.
1. Affichage
Nous avons repéré sept cas(10) où la descriptrice pose le thème-titre en position liminaire de la description énumérative pour en assurer la cohésion sémantique. En voici un exemple: "Pis il lui a vendu itou une combine, vous savez cte grousse machine qui fait toute: ça laboure, ça plante, ça ésharbe, ça coupe, ça ramasse..." (91). Cette schématisation du descriptif par opération d'ancrage correspond à un souci tactique: le pantonyme ("grousse machine qui fait toute") ne peut que "facilit[er] la compréhension immédiate" du spectateur (Reuter 103). Si la Sagouine indique d'emblée le pantonyme, c'est non seulement une façon simpliste et populaire de présenter son propos qui la caractérise, mais c'est aussi la preuve qu'elle n'a pas jugé bon, en tant que conteuse, d'astreindre son auditoire à une vaine recherche du thème de l'énumération. Le défi est déjà considérable. Comme le remarque Jean-Hervé Donnard:
C'est un tour de force de captiver, pendant deux heures et trente minutes, sans décor, avec un seul personnage, l'attention de spectateurs qui, pour la plupart, risquent d'être déconcertés par la langue (287).
2. Signe typographique démarcatif de clôture
Dans notre relevé, la descriptrice a choisi, à quinze reprises,(11) de clore ses descriptions énumératives par des points de suspension. Citons la description de ce qu'est une "ben boune ânnée" pour la Sagouine: "Point de roulis de neige, point de morts subites, point d'esclopés, [. . .]. Et pis des coques ben gras et ben pleins de vase, et pis des noces, un pique-nique à Sainte-Mârie et des aléctions..." (79). Denis Apothéloz estime qu'il "est toujours possible de continuer une description. Il s'agit d'un type de discours où la fin n'apparaît jamais comme une nécessité [. . .]" (b5). Si la Sagouine interrompt brutalement son énumération (sur scène, les points de suspension correspondent à une pause), elle a ses raisons. D'une part, la liste de ses 'petits bonheurs' est loin d'être inépuisable. Le personnage et le spectateur ne le savent que trop. L'interruption prend alors un caractère pathétique. Mais le refus de clôture peut tout aussi bien relever de l'exorcisme. Il donne au moins 'l'illusion' que la liste pourrait se poursuivre. Cette précieuse ambiguïté exige, naturellement, pas mal de virtuosité de la part de la récitante. Il n'est pas exclu, au demeurant, que la Sagouine estime en avoir assez dit et juge qu'une trop longue énumération ne pourrait qu'indisposer le spectateur. La clôture précipitée de la description serait due au désir de reprendre au plus vite le cours de la narration, et là encore, le jeu de scène s'en trouve singulièrement enrichi. Voilà qui trahit en tout cas une certaine maîtrise de l'organisation du récit - non point un talent 'littéraire' au sens élitiste du terme, mais plutôt l'instinct de la conteuse capable de doser le flot de ses paroles par égard pour son auditoire.
3. Énumération à variantes
L'énumération à variantes se manifeste quatre fois(12) dans les descriptions de la Sagouine. En voici deux échantillons:
Je sais ben qui faisont des oparations asteur où c'est qui ouayont toute. Le ventre rouvert, le coeur rouvert, la caboche rouvarte... oui, ils te rouvront même la caboche, à l'heure qu'il est, t'as qu'à ouère! (55)
Ah! j'étions pas du monde à nous contenter de la petite motché. Non-non-non!... Pas une motché de crêpe, ni une motché de cabane, ni une motché d'houme non plus. (60)
Ces fragments proposent deux types de variante: dans la description des "oparations", c'est le deuxième élément ("rouvert") qui est répété. Dans celle qui suit, c'est le premier ("motché"). Mais dans les deux cas, il s'agit pour la descriptrice non seulement de souligner l'élément qu'elle considère comme dominant dans l'énumération, mais aussi de simplifier lexicalement la description. La Sagouine compense ses lacunes linguistiques par une organisation très adroite de ses descriptions énumératives, ce qui, là encore, peut être mis au crédit d'un talent inné de conteuse.
4. Énumération hétérogène
L'énumération est hétérogène lorsque la descriptrice la perturbe en introduisant un substantif qui détonne, ou bien en greffant sur le catalogue un élément de comparaison. La Sagouine utilise - de façon plus ou moins inconsciente - des tactiques diverses qui font dissoner un élément de la séquence énumérative. D'abord, elle commet, de temps à autre, des erreurs de prononciation qui dénaturent le sens des mots et qui, rappelons-le, s'expliquent par son manque d'instruction. Citons deux exemples:
[. . .], pis une boune demi-douzaine de rois mages qui portions des présents: de l'or, pis de la cire, pis de l'encens... (69)
Le prêtre se gréyait dans ses pus belles hardes: des soutanes, des écoles, des chasubes, des surplus par-dessus surplus à pus saouère quoi c'est en faire. (74)
Dans le premier cas, la Sagouine confond "cire" et "myrrhe;" dans le second, "écoles" et "étoles" mais aussi "surplus" et "surplis." Grâce au pantonyme, qui sert d'annonce descriptive, le spectateur peut corriger sans peine les fautes de la descriptrice et rétablir la logique de la séquence. Sans le vouloir, la descriptrice met donc le spectateur à contribution et mobilise son attention. Lorsqu'il rectifie, pour sa propre compréhension, la cohésion sémantique de la séquence, il participe, en effet, de façon indirecte à l'énonciation de la description. Mais il n'en reste pas moins que les substantifs incriminés, pris à la lettre, jurent avec les autres éléments de la séquence. L'incohérence va forcément surprendre le spectateur et le faire sourire. Par là même, la descriptrice corrige, à son insu, la monotonie de l'énumération. Les remarques d'Halina Lewicka expliquent ce mécanisme chez Rabelais: dans la "structuration de ces énumérations [il y a] une sorte de diversité et d'unité à la fois, obtenue par des suffixes [. . .] avec, de temps en temps, un élément discordant ou deux qui interrompent la chaîne" (Bar 185).(13) C'est donc dans l'art de bouleverser l'homogénéité énumérative que nous rapprocherons le descripteur rabelaisien de notre descriptrice. Nous nous en tiendrons à ce constat. Il ne s'agit pas ici d'entamer une étude comparative détaillée des énumérations rabelaisiennes et mailletiennes.
Il arrive que la Sagouine brise l'harmonie énumérative en s'écartant momentanément de son lexique natal. À l'occasion, elle greffe des mots anglais dans son discours:
Y avait de toute sus le terrain: des ballounes, des auréoles, des poutines, des maisons de jeux, [. . .] du fricot pis des donuts... (82)(14)
Pis j'avons point de cloches, ni d'étouèles, ni de bebelles, ni de santa claus, ni de crèche en grous papier gris pour limiter du rocher à pas saouère dire la diffarence. (77)(15)
Une chemise jaune, un necktie, un chapeau dur, des souliers qui craquent pis des culottes barrées sus le travers... il ressemblait pareil un gars des États. (93)
Dans ces trois exemples, les mots "donuts," "santa claus" et "necktie" ajoutent certainement à la diversité lexicale de l'énumération. Mieux encore, en puisant dans le vocabulaire anglais, la descriptrice met une fois de plus le spectateur à l'oeuvre, le sommant, sans préavis, de se faire traducteur, s'il en a la compétence bien sûr, ou au moins de porter une plus grande attention à l'énoncé. Notons que cette 'stratégie' doit être mise au compte de l'insuffisance lexicale et ne saurait donc remettre en question la vraisemblance du personnage. C'est 'par défaut' que la description tourne à l'énumération hétérogène, puisque le seul mot dont la Sagouine dispose est un mot anglais.
En revanche, l'irruption d'une discordance au sein de l'énumération peut parfois être imputée aussi bien à la Sagouine qu'à Maillet. Voici un premier exemple: "La mer, c'est ce qui nous a sauvés, nous autres. Sans les épelans, les coques, les huîtres, pis les matelots..." (61). Assurément, le dernier élément de l'énumération, "matelots," s'accorde mal avec le reste de la séquence. La conteuse sait ménager ses effets! Mais le soin d'élucider cette apparente anomalie est laissé au spectateur. "Matelots" est un euphémisme. Ce que la descriptrice essaie de faire entendre (ou plus exactement de rappeler) au spectateur, c'est qu'elle et ses semblables n'ont pu survivre qu'en se prostituant avec des marins. Voilà sans doute pourquoi elle inclut "matelots" dans une énumération de caractère alimentaire. Mais c'est également pour Maillet le moment opportun de dénoncer, à travers les propos candides de la Sagouine, toute la précarité du quotidien dans l'Acadie de cette époque.
Voici un dernier exemple significatif. La descriptrice énumère ce que Frank à Thiophie a fait inscrire sur sa police d'assurance: "Ils y aviont assuré les dents, les doigts, la vie, les maladies, le vol, le feu, et jusqu'à ses enfants, lui qu'était vieux garçon" (92). L'élément de surprise, dans cette énumération, c'est évidemment le substantif "enfants." Frank à Thiophie fait assurer ce qu'il n'a pas. Si la descriptrice insiste, dans la clausule de son énumération, sur cette inconséquence, c'est à la fois pour égayer le spectateur par un brin d'humour et pour mettre au grand jour l'absurdité de la démarche. Sans doute la Sagouine ne mesure-t-elle pas toute la portée de ses paroles mais, conteuse accomplie, elle sait au moins dans quelle direction lancer ses flèches. L'énumération dénonce finement les abus auxquels on s'expose, faute de freiner l'ardeur des agents d'assurance. Qui plus est, la descriptrice feint d'adopter sans réserve la liste des 'options,' en mélangeant dans sa syntaxe - et par anacoluthe - les mots qui désignent les risques (maladies, vol, feu) et ceux qui désignent la chose à protéger (dents, doigts, vie, enfants): bien sûr, on n'assure pas les maladies, mais 'contre' les maladies, tandis qu'un pianiste, par exemple, assurera ses mains. Le comique de mots rejoint ici la satire sociale. La Sagouine imite les nomenclatures du discours 'professionnel' et en dégage les absurdités, qui avaient peut-être fini par échapper au spectateur lui-même. Les rôles sont alors renversés. Le spectateur ne peut plus se réclamer d'une quelconque 'supériorité' sur la descriptrice. La discordance peut intervenir dans l'énumération à la faveur d'une comparaison délibérée. Nous en avons relevé cinq exemples,(16) mais trois suffiront à l'analyse. Voici le premier:
Apparence que dans les vieux pays une parsoune a point besoin de se noumer: que tu recounais les Thibodeau à leux yeux; pis les Leblanc à leu nez; pis les Bourgeois à leu trou dans le menton; pis les Goguen à leu façon de grasseyer leux r coume si ils aviont une orange d'enfarmée dans le gorgoton. (53)
Le spectateur est en droit de s'attendre - selon le pattern descriptif adopté pour les Thibodeau, les Leblanc et les Bourgeois - à ce que la description conclue sur le grasseyement des Goguen. L'appendice comparatif (l'orange dans le gorgoton) vise à la fois à assouplir l'énumération et à insérer un trait de démesure qui bien sûr rejoint le comique rabelaisien(17) - en même temps qu'il sert à verrouiller l'énumération.
Dans les deux autres exemples, l'hétérogénéité de la comparaison fait plus qu'alléger la description énumérative. Elle relève de la satire et doit être attribuée à Maillet:
Ça fait qu'ils mettont leux tchas de gomme dans la place, pis leu cendre partout. Partout sus les tables, les bras de fauteuil, les tapis, ou dans des petits cenderiers grous comme mon nombourri et éparpillés à grandeur de maison. (54)
Ça une belle peau, des cheveux frisés à grandeur de la tête, des ongles longs coume ça et pointus coume des clochers d'église. (55)
Comme dans l'exemple précédent, les éléments comparatifs ("mon nombourri" et "clochers d'église") trahissent chez la Sagouine une prédilection pour les extrêmes, qui ne saurait surprendre chez elle et renforce la vraisemblance du personnage. C'est, en effet, un trait 'populaire' que de recourir à l'hyperbole, par solution de facilité, dans le procès descriptif, les nuances étant l'apanage des esprits plus cultivés. Si l'élément discordant amuse le spectateur, ce dernier n'en percevera pas moins l'intention satirique. À travers l'énumération hétérogène de son personnage, Maillet ridiculise l'économie domestique des riches et leur culte des apparences. Il faut donc voir dans cette quatrième tendance une double intention: le souci de diversifier la description énumérative pour le bien-être du spectateur et celui d'en faire un véhicule subtil pour la satire.
"À première vue l'énumération n'a en soi rien de plaisant [. . .]" (Bar 163). C'est ce que déclare Francis Bar, en préambule à son article sur les écrivains burlesques du XVIIe siècle. Notre étude voudrait avoir montré que la Sagouine, en tant que conteuse, et que Maillet, en tant qu'écrivaine, sont conscientes de ce fait. Conteuse accomplie, la Sagouine détient l'art de revivifier ses descriptions énumératives grâce à des techniques précises que nous avons pu identifier: l'emploi de pantonymes, de points de suspension, de variantes et d'éléments discordants. Mais Antonine Maillet n'est jamais loin derrière. Périodiquement, la description énumérative reçoit une injection salutaire de verve satirique et de réquisitoire à peine voilé.
Il serait présomptueux de considérer la description énumérative dans La Sagouine comme du simple remplissage et de voir en elle une "ancilla narrationis," une servante de la narration (Genette 1969, 57). Au contraire, on pourrait lui reconnaître une fonction narrative ou, pour emprunter la terminologie de José Manuel Lopes, une fonction "foregrounding" (4),(18) dans la mesure où elle accroche l'attention du spectateur (fonction phatique) et le fait réfléchir sur des problèmes fondamentaux. La description énumérative dans La Sagouine ne procure pas au spectateur une "pause du récit" ou encore une "suspension de l'histoire" (Genette 1972, 134). Elle contribue à faire avancer la diégèse. Il suffit pour s'en convaincre d'imaginer ce que seraient les monologues de la Sagouine privés de ces descriptions. La "belligérance", la "polémologie textuelle" entre narratif et descriptif est donc ici évitée (Ricardou 85, 86), au bénéfice d'une "co-existence pacifique" (Mrozowicki 209-10). Nul doute que leur interdépendance renforce la texture des monologues et contribue à faire de cette pièce le chef-d'oeuvre que l'on sait.
À travers l'analyse des tendances descriptives de la Sagouine se dessine le portrait de la descriptrice. Ce type de portrait est souvent négligé par les critiques au profit de celui du narrateur. Notre approche devrait permettre non seulement de combler cette lacune mais aussi de relever les caractérisants propres à la descriptrice - ce qui, du même coup, complémente notre perception de la Sagouine en tant que conteuse. Hamon précise que "la description parlée par le personnage classe en retour le personnage lui-même, le décrit et le définit comme appartenant à telle classe sociale, d'âge, tel sexe, telle profession ou nationalité, etc" (1993, 189). Si nous décelons les idiosyncrasies de la Sagouine dans le descriptif, nous y trouvons également la part du descripteur rabelaisien, non seulement dans le recours à l'énumération mais aussi au niveau du procédé. Selon Pallister, "analogies [between Rabelais and Maillet], incidentally, become more and more evident in the works of Antonine Maillet dating from 1971, a period when she began her most serious research on Rabelais"(268).(19) Notre étude du descriptif sur La Sagouine corrobore ce jugement. Pallister note à propos de Pélagie-la-Charrette:
we frequently find in Antonine Maillet the same use of catalogues we associate with Rabelais (PLC, 136, 183). The catalogue is also a well-known comic device for the storyteller: it adds to the suspense, and is in and of itself funny. (278-9)(20)
Même si Pallister ne s'appuie que sur le roman, le texte dramatique de La Sagouine mérite d'être versé au dossier.
Il ne faudrait pas croire, en effet, que le choix d'une stratégie descriptive comme l'énumération soit l'apanage de La Sagouine. Bien au contraire. Nous l'avons observée, en proportions variables, dans toutes les autres pièces de Maillet.(21) Au-delà du théâtre acadien, nous avons constaté la même tactique dans la dramaturgie québécoise, notamment chez Robert Gurik dans Le Procès de Jean-Baptiste M., où l'énumération atteint un paroxysme: la liste.(22) Il semble donc que les contraintes théâtrales réalisent volontiers l'économie du descriptif par le recours à l'énumération. Reste à voir si le théâtre de Maillet résume et épuise les ressources de cette stratégie - ou si d'autres facettes peuvent en être dégagées ailleurs...
NOTES
1. Antonine Maillet, La Sagouine, Montréal, Leméac, 1986. Toutes les références au texte
renvoient à cette édition.
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2. A.J. Greimas et J. Courtès, dans leur Dictionnaire raisonné de la théorie du langage,
paru en 1979, concluent l'entrée "description" en signalant qu'au niveau de l'organisation
discursive le terme "doit être considér[é] comme une dénomination provisoire d'un objet
qui reste à définir" (93). Le Texte descriptif de J.-M. Adam et d'A. Petitjean reprendra
cette même observation dix ans plus tard: "on constate que l'on dispose aujourd'hui de
nombreuses synthèses des recherches sur le récit et que les approches de la conversation
se sont multipliées depuis de nombreuses années tandis que la description restait peu
étudiée" (3). Le diagnostic est identique chez J.-M. Adam, M.-J. Borel, Cl. Calame et
M. Kilani, dans Le Discours anthropologique: description, narration, savoir, publié en
1990: la description reste "[. . .] somme toute assez mal connu[e] dans ses divers aspects"
(21). Enfin, Du descriptif, de Ph. Hamon, souligne, dans l'édition de 1993, l'état toujours
sclérosé de la recherche: le descriptif "ne semble pas avoir aujourd'hui de statut bien
défini [. . .]" et demeure une "sorte de champ vacant, ou de degré zéro méthodologique
[... qui] ne semble être jamais qu'un lieu ou moment transitoire pour passer à de plus
nobles objets d'étude" (6-7).
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3. Le fait que l'ouvrage "[ait] d'abord été rangé, en 1971, parmi les romans - malgré
l'indication 'pièce pour une femme seule' en sous-titre" (Godin 224) et que les
monologues "tiennent davantage des règles du récit que de celle de la dramaturgie"
(Gruslin 15), explique la présence du descriptif ici plus que dans toute autre pièce. A
notre connaissance, mis à part les brèves remarques de M. Dubé et d'Y. Bolduc sur les
descriptions de la Sagouine, aucune analyse ne s'est consacrée entièrement à cette
question. Pour Dubé, la Sagouine "fait rapport et sans en avoir l'air ses descriptions sont
des critiques proches de la férocité" (20). Bolduc, lui, estime que "ses descriptions au
premier degré constituent une dénonciation d'autant plus efficace qu'on ne saisit jamais
clairement à quel moment elle est perçue ou non par la Sagouine elle-même" (795).
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4. La Sagouine demeurera l'unique descriptrice de la pièce étant donné qu'elle monologue
tout au long des seize textes. Nous empruntons le terme 'descripteur' à Hamon qui se
demande si la description "ne convoque [. . .] pas dans le texte une nouvelle image
d'émetteur (le descripteur) [. . .]" (1993, 37). En d'autres termes, puisqu'il convient, dans
le discours narratif, de parler de narrateur, il sied d'utiliser, pour le discours descriptif,
celui de descripteur. Une dernière remarque s'impose. Nous faisons une nette distinction
entre l'auteure de la pièce et la descriptrice dans la mesure où nous attribuons - d'une part
l'art de conter à cette dernière - d'autre part la conscience des injustices sociales et le
besoin de les dénoncer essentiellement, à Maillet. Il nous semble, en effet, difficile de
savoir, comme l'a observé Bolduc, quand et si les dénonciations de la Sagouine sont
concertées.
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5. "La Sagouine a été présentée au poste CBAF de Radio-Canada à Moncton, en tranches de
15 minutes par semaines" ("Viola Léger reprend la Sagouine par les cornes!", 10).
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6. Pour Hamon, la description est le "parent pauvre de la théorie et de la poétique littéraire
(qui en font la servante du récit), et [un] objet de suspicion de la part des critiques et des
auteurs eux-mêmes (qui soupçonnent toujours les lecteurs de s'y ennuyer ou de la
'sauter')" (1993, sommaire).
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7. À en croire Hamon,
exclue de la poésie par ceux qui la jugent trop compromise par son
attachement prosaïque au réel (Mallarmé), détachée aussi du théâtre par
ceux qui jugent qu'il n'est pas 'naturel d'avoir la description à la bouche'(Valéry), la description a fini par être associée, dans la pratique des
écrivains comme dans les jugements du discours critique, au roman, genre
boulimique et amalgamant qui semble à présent coïncider avec l'ensemble
du champ littéraire. (nous soulignons, 1991, 11).
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8. Maillet a d'ailleurs intitulé sa thèse de doctorat: Rabelais et les traditions populaires en
Acadie. En outre, Les Drôlatiques,horrifiques et épouvantables aventures de Panurge,
ami de Pantagruel d'après Rabelais, pièce publiée douze ans après sa thèse, montre, une
fois de plus, l'intérêt qu'elle porte à ce dernier.
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9. Au lieu de parler de thème-titre, Hamon préfère le terme "pantonyme" qu'il définit "en
tant que mot, [comme la] dénomination commune au système [descriptif et] en tant que
sens, [comme le] dénominateur commun . . ." (1993, 127). Autrement dit, pour Hamon,
le pantonyme c'est le 'nom propre' de la description" ou encore l'horizon d'attente lexical"
(1993, 127, 142). M. Frédéric se réserve le terme "formule synthétique" (106).
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10. Voir les pages 69, 74, 80, 82, 91, 143, 155.
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11. Voir les pages 52-3, 55, 61, 69, 75, 79, 82, 83, 88, 91, 93, 100, 142, 164, 197. Qui plus
est, à deux reprises, la description énumérative débute par des points de suspension (82,
175).
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12. Voir les pages 55, 60, 107, 133.
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13. Dans La Vie très horrificque du grand Gargantua nous trouvons par exemple cette description énumérative où le substantif "hippopotames" détonne et fait sourire puisque l'énorme mammifère est placé dans la catégorie des bêtes à cornes:
Le dedans du logis sus ladicte basse court estoit sus gros pilliers de
cassidoine et porphyre, à beaulx ars d'antique, au dedans desquelz estoient
belles gualeries, longues et amples, aornées de pinctures et cornes de cerfz,
licornes, rhinoceros, hippopotames, dens de elephans et aultres choses
spectables. (ch. LV, 211)
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14. Nous avons repéré le mot "donuts" dans une autre énumération hétérogène, voir la page 70.
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15. Nous avons trouvé le mot "santa claus" dans une autre énumération hétérogène, voir la
page 69.
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16. Voir les pages 53, 54, 55, 63, 174.
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17. Par exemple, le descripteur donne, au chapitre XXXVII de La Vie très horrificque du grand Gargantua, une alléchante et très hyperbolique description énumérative du menu du dîner:
Ce dict, on apresta le soupper, et de surcroist feurent roustiz: seze beufs,
troys genisses, trente et deux veaux, soixante et troys chevreaux
moissonniers, quatre vingt quinze moutons, troys cens gourretz de laict à
beau moust, unze vingt perdrys, sept cens becasses, quatre cens chappons
de Loudunoys et Cornouaille, six mille poulletz et autant de pigeons, six
cens gualinottes, quatorze cens levraux, troys cens et troys hostardes, et
mille sept cens hutaudeaux. (161)
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18. C'est-à-dire une fontion de premier-plan par opposition à celle d'arrière-plan
("backgrounding").
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19. H.R. Runte est du même avis: "le vrai maître de notre auteur est Rabelais. De tous les
points de vue: linguistique, stylistique, générique et philosophique, cette prédilection est
des plus naturelles" (113).
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20. Les deux exemples d'énumération relevés par Pallister dans Pélagie-la-Charrette sont les suivants:
Point d'un seul coup, nenni, par rapport qui' me fallit en premier les compter et dénombrer: les dents d'en haut, les dents d'en bas, les dents d'en avant, les grousses dents, les chicots, les crochets, les palettes, les dents de lait, la dent de l'oeil, qui louchait, soit dit en passant, la dent gâtée, la dent barrée, la dent creuse, les dents de sagesse, toutes vides celles-là, les dents-de-scie, la dent contre moi... (136);
et "De la soie indienne pour Pélagie, Madeleine, Catoune et Celina. Et des coiffes de lin,
et des mouchoirs de dentelle, et des tabliers à plastron, et des châles de fine laine, et des
souliers de peau, et des corsages et des cottes rayés, et des... et des..." (183).
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21. Voir les pièces suivantes (par ordre de parution): Les Crasseux; Gapi et Sullivan;
Evangéline deusse; Gapi; La Veuve enragée; Le Bourgeois gentleman; La
Contrebandière; Les Drôlatiques, horrifiques et épouvantables aventures de Panurge,
ami de Pantagruel d'après Rabelais; Garrochés en paradis; Margot la Folle et William S.
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22. Voir, entre autres, les pages 22-3, 40-1, 89-91.
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OUVRAGES CITÉS
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