PRÉSENTATION:
NOUVELLES FORMES, NOUVEAUX ESPACES

Bruce Barton
Rédacteur

Nous vivons une période exaltante à Recherches théâtrales au Canada/Theatre Research in Canada. Au cours des six derniers mois, nous avons assisté à la conclusion d’un projet entamé il y a plusieurs années qui visait à revoir entièrement l’apparence de la revue. Nous avons reconstitué notre équipe éditoriale, qui compte maintenant notre toute première rédactrice adjointe francophone. Et avec ce numéro double, nous diffusons ce qui représente deux années entières de publication. Ce numéro signale également l’adoption d’une nouvelle pratique très intéressante à RTaC, celle de publier des numéros thématiques préparés en collaboration avec des rédacteurs en chef invités – comme ce numéro sur la traduction. Publiée sous la direction de Louise Ladouceur de l’Université de l’Alberta et Glen Nichols de l’Université de Moncton, cette collection d’articles est une contribution importante de chercheurs canadiens et européens en traduction (je laisserai à nos deux invités le soin de présenter cette section). D’autres titres verront le jour sous la direction de rédacteurs invités qui auront l’occasion de contribu er leur perspective et leur expertise. Parmi les numéros à thème qui sont présentement en chantier, signalons: le théâtre et la dramaturgie du Canada atlantique, le théâtre et l’enseignement, le théâtre et la religion, puis l’espace et la subjetivité dans la représentation théâtrale. Les numéros thématiques apporteront régulièrement un point de mire et une profondeur à la recherche contenue dans les pages de cette revue. Publiés en alternance avec des numéros d’ordre général, ils compteront des articles scientifiques, des contributions pertinentes au forum et (dans la mesure du possible) des critiques sur des matériaux connexes, ce qui nous permettra d’aborder des domaines précis en adoptant divers points de vue et en empruntant diverses pistes d’analyse.

Ce numéro double présente, en un sens, le meilleur des deux mondes. En plus du dossier sur la traduction, le numéro 24.1-2 contient cinq impressionnants articles d’ordre général rédigés par divers chercheurs. Si les théoriciens et les amateurs du théâtre canadien risquent de reconnaître les noms de Reid Gilbert et Robert Appleford, trois des articles publiés dans la section générale de la revue sont rédigés par de nouveaux chercheurs promet teurs. Applications denses mais agiles de la théorie, les contributions de Gilbert et d’Appleford abordent des thèmes connexes liés à la participation des Autochtones aux traditions dramatiques occidentales. Les articles de Levin et de Read portent sur l’oeuvre de Judith Thompson, et si l’approche et le cadre analytique des deux articles sont bien différents, leur résonnance est considérable et complémentaire.Enfin l’étude que propose Ingrid Mündel sur le théâtre canadien populaire et contemporain soulève une série de questions pertinentes sur l’intention et l’effet du praticien, en plus de réclamer une plus grande conscience théorique et un autoexamen de la pratique. Ensemble, ces cinq articles présentent à la fois des chercheurs établis et d’autres en emergence, travaillant tous à des niveaux évolués d’interrogation et d’analyse, ce qui augure remarquablement bien pour le paysage de la recherche en théâtre, en dramaturgie et en représentation dramatique.

Au cours des six derniers mois, nous avons perdu une personnalité très importante. Ronald Bryden – connu d’à peu près tous les gens associés au théâtre canadien, surtout ceux qui étaient amenés à graviter autour du Graduate Centre for Study of Drama à l’Université de Toronto – est décédé le 22 novembre 2004. Je connaissais très bien Ron, et il a joué un rôle très important dans ma vie: il a dirigé mon mémoire, et ce faisant, il m’a guidé, m’a inspiré, et est devenu mon ami. Or, mon association avec lui n’est qu’une des nombreuses alliances faites avec plusieurs membres des milieux universitaires et professionnels dans ce pays. Il nous manquera beaucoup. Dans ce numéro, l’unique contribution au forum est, somme toute, assez brève.Mais l’hommage chaleureux d’Ann Saddlemyer à Ron Bryden nous fournit un élément central essentiel.

Comme je l’ai dit au tout début de cette présentation, ces jours – ci sont une période exaltante à la RTaC. C’est le moment de regarder vers l’avant avec enthousiasme, optimisme et une soif pour l’innovation. C’est également le moment de nous souvenir. J’ose croire que Ron serait heureux de voir quelles nouvelles formes et nouveaux espaces nous explorons.