Présentation de la co-rédacteur invitée

Michael Devine
University of Toronto

1 L’image qui m’est restée de la conférence Shifting Tides est celle du rapport, au Canada, entre la pratique et la recherche en théâtre. Tout au long de l’événement, des praticiens du Canada atlantique ont échangé avec des chercheurs universitaires. Beaucoup des praticiens présents semblaient être un peu nerveux, se tenant même sur la défensive, ne se sentant peut-être pas dans leur élément. Je crois qu’il y a une méfiance entre ceux qui ne font que du théâtre dans ce pays et ceux qui se consacrent entièrement à la recherche. Des gens qui comme moi-même sont aussi actifs en théâtre qu’en recherche et qui croient qu’il s’agit en fait d’une seule activité (tel que c’est perçu ailleurs) sont dans un entre-deux peu confortable. Nous sommes témoins de la condescendance et, par moments, à l’ineptie de la recherche animée par les niches ou les programmes, et nous comprenons pourquoi les praticiens sont peu enclins à se livrer à un examen critique. D’un autre côté, nous reconnaissons que la communauté théâtrale au Canada a rarement été le meilleur juge de ce qu’il produit, et que l’art qui n’est pas le produit de connaissances (historiques, théoriques et interculturelles) appliquées est condamnée à l’inutilité.

2 La conférence Shifting Tides avait pour objectif de combler cet écart inutile et cette incompréhension en réunissant des artistes, des universitaires et des gens qui refusent de s’associer à l’un ou l’autre de ces camps. L’événement a fourni un forum dans lequel il a été possible d’adresser quelques-unes des insécurités vécues au sein de la communauté théâtrale du Canada atlantique, de souligner les enjeux critiques et, plus que toute autre chose, d’entamer un dialogue. La conférence, ainsi que le présent numéro de Recherches théâtrales au Canada qui lui est dévoué, a contribué de façon tangible au dialogue progressif qui doit se poursuivre au sein des communautés théâtrales de ce pays.