Introduction
Michel Ouellette, sous toutes les coutures
Présentation

Louise Ladouceur
Rédactrice invitée

Ce dossier a pris forme à la suite d’un atelier portant sur la littérature franco-ontarienne que Patrick Leroux et moi avions organisé en mai 2005 et qui fut présenté à la University of Western Ontario dans le cadre d’un colloque parrainé par l’Association des littératures canadiennes et québécoise et l’Association pour la recherche théâtrale au Canada. Lors de cet atelier, les études proposées, qui traitaient toutes du théâtre de Michel Ouellette, examinaient avec une insistance particulière sa pièce Le testament du couturier. Il m’a semblé alors que cette pièce marquait un tournant dans l’élaboration du répertoire dramatique franco-ontarien et qu’il fallait marquer le coup en publiant un dossier qui rendrait compte de cette nouveauté. Dans cette optique, les trois articles et le texte autocritique qui suivent constituent un kaléidoscope de lectures dont cette pièce est le point d’ancrage.

Dans une analyse qui fait voir comment l’œuvre redéfinit les notions de lieu et d’espace dramatique qui ont façonné la réception du théâtre franco-ontarien, Stéphanie Nutting explore la double nature du texte-textile servant de support à cette fable où le couturier devient avatar de la figure de l’écrivain. Nicole Côté, pour sa part, examine les rôles attribués aux femmes et aux hommes, la relation entre les corps, la maladie et le désir ainsi que les frontières entre passé et présent dans cette pièce qu’elle lit comme une fable sur la contre-productivité. À travers l’étude des réceptions critiques réservées à French Town et au Testament du couturier entre 1993 et 2005, Lucie Hotte et Johanne Melançon tracent l’évolution de l’horizon critique dans lequel les pièces sont interprétées et des lectures auxquelles les productions ont donné lieu à différentes époques. Enfin, l’auteur lui-même s’est prêté au jeu de la critique et propose une réflexion sur le chemin parcouru depuis les premières œuvres et sur les liens tissés entre son écriture et les discours critiques qu’elle a suscités. Une liste des œuvres de Michel Ouellette complète ce tour d’horizon qui, je l’espère, suscitera des envies irrésistibles de lire ou de relire autrement cet auteur incontournable de la dramaturgie francophone de l’Ontario et du Canada.

Je remercie les collaboratrices et collaborateurs qui ont rendu possible la mise en forme de ce dossier. Les photos de la production du Testament du couturier ont été gracieusement fournies par Joël Beddows, directeur artistique du Théâtre la Catapulte, qui a créé la pièce en février 2003 à La Nouvelle Scène.