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Robert de Roquebrune :
la médiation ontologique de l’histoire

Luc Bonenfant
Université Laval

Le monde, en histoire, c’est la vie des hommes du passé telle qu’elle fut. C’est de cela qu’il s’agit. Et la première chose que l’on en dit, c’est que cela est arrivé. Tel qu’on le dit ? C’est toute la question. — Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli.

1 Robert de Roquebrune a profondément marqué le paysage intellectuel du Québec. D’abord, il a été l’un des trois membres fondateurs du Nigog, une revue qui marque un jalon important dans le débat institué entre les régionalistes et les exotiques au début du siècle dernier. Ensuite, il a laissé une œuvre importante, tout autant au plan de la quantité que de la qualité. L’œuvre roquebrunienne reste toutefois, encore aujourd’hui, inconnue, à la fois des historiens et des littéraires. Les premiers oublient le plus souvent Roquebrune au profit de son maître et ami (Gustave Lanctot); les seconds retiennent de lui deux titres : Les habits rouges, un roman historique (1923), et Testament de mon enfance, le premier volet de ses mémoires (1951).

2 Cet article ne vise pas tant à réhabiliter les textes de Roquebrune au sein des canons littéraires et historiques que de montrer comment son œuvre est tout informée par un projet unique : celui de la récupération nostalgique du passé canadien. Dès le début de sa carrière, Roquebrune établit en effet dans ses écrits historiques un dessein d’ordre littéraire qui lui permet de fonder un projet de vie, lequel se trouve transcrit dans ses mémoires. Car chez Roquebrune, l’histoire personnelle est inextricablement liée à l’histoire collective, fantasmée plus que réelle. M’arrêtant dans un premier temps aux écrits historiques de Roquebrune, je montrerai comment les essais disposent du passé canadien d’une façon d’abord et avant tout littéraire pour ensuite indiquer comment les romans poursuivent cette littérarisation de l’histoire tout en instituant une polarisation binaire entre la civilisation française et les autres. Partant de là, j’indiquerai comment les mémoires de l’auteur, rédigés à la fin de la vie, reprennent les fondements littéraires et idéologiques des textes historiques de façon à conforter une position historique particulière, qui est tout autant nostalgique que narcissique.

La littérarisation de l’histoire

3 Coups de théâtre, rebondissements de toutes sortes, scènes de bataille dignes de westerns hollywoodiens : les essais historiques de Roquebrune regorgent de procédés empruntés à la technique du roman (et du cinéma) d’aventures. En témoigne de façon exemplaire la scène de la bataille des Plaines d’Abraham, où Roquebrune n’hésite pas à utiliser les ressources du roman galant afin de rendre plus vif et dramatique son conte historique :Wolfe venait d’être blessé au bras et au ventre. Il continua à donner des ordres. Une balle l’atteignit en pleine poitrine, lui déchirant les poumons. On le coucha sur un matelas, derrière les lignes anglaises. Il se mourait, mais put entendre quelqu’un lui annoncer la retraite des Français. Et il expira le sourire aux lèvres. (Canadiens d’autrefois 286)

4 La description objective de la bataille laisse rapidement place à des suppositions sur l’état d’esprit de Wolfe. S’il existe des documents qui témoignent de la satisfaction de Wolfe indiquant qu’il mourut effectivement le sourire aux lèvres, Roquebrune tait ces sources pour plutôt adopter la posture d’un narrateur omniscient. Il continue ainsi son récit de la bataille :Presqu’à la même minute, le marquis de Montcalm était mortellement blessé de deux balles. Il eut la force de rester à cheval et rentra dans Québec, soutenu par deux grenadiers. Le voyant passer, couvert de sang et presque couché sur sa selle, les femmes de la ville se prirent à pleurer en criant dans la rue Saint-Louis : «Ô mon Dieu, monsieur le marquis est tué !» Montcalm se redressa et leur dit tranquillement : «Ce n’est rien, ce n’est rien, ne vous affligez pas pour moi, mes bonnes amies !» La bataille des Plaines d’Abraham était finie. Elle avait duré une demi-heure. (Canadiens d’autrefois 286)

5 La représentation faite de Montcalm n’a rien à voir avec le héros guerrier des manuels d’histoire. Montcalm est ici un personnage galant comme on en trouve dans les romans du XVIIe siècle. C’est l’homme qui est pleuré, et non pas le général. Roquebrune montre comment la perte de cet homme changera la face des salons de Québec, mais il ne dit rien de la réaction des soldats, qui devraient pourtant eux aussi être troublés de la perte du premier soldat en grade de la colonie. L’auteur transforme une des grandes scènes de bataille de l’histoire du Canada en un épisode romanesque. En insistant sur l’aspect chevaleresque et courtois du person-nage de Montcalm, il se permet de reconstruire sur le mode nostalgique un monde révolu où la grandeur d’âme prime sur les aspects plus bassement matériels de la vie (comme gagner la guerre). Décrivant ailleurs une scène de bataille à Louisbourg, il écrit :Le chevalier de Drucour refusait de se rendre. Il espérait l’arrivée de M. de Boishébert, lequel approchait. Pour donner du cœur à la population, Mme de Drucour parut chaque matin sur le rempart et pointait elle-même un canon. Le général Amherst sut la chose et envoya, par un parlementaire, une corbeille de fruits à la vaillante femme, avec ses excuses de l’exposer aux dangers d’un siège aussi terrible. Mme de Drucour répondit aimablement au général ennemi et joignit à sa lettre un panier de vin de champagne. Au XVIIIe siècle, on s’égorgeait bravement entre adversaires mais avec beaucoup de politesse. (Canadiens d’autrefois 254)

6 Tel qu’il est rédigé, le texte rend difficile le partage entre la fabulation et la vérité historique; en ce sens, les essais roquebruniens indiquent bien que toute histoire est une construction, à tout le moins qu’elle prend «le parti d’un certain mode de connaître»(Veyne 13). Or chez Roquebrune, ce parti est littéraire car, comme il l’écrit lui-même : «la vie des humains s’arrange parfois comme un roman bien composé» (Quartier Saint-Louis 167).

7 En effet, l’historien emprunte à la tradition littéraire des légendes qui lui permettent d’exacerber la mythologie des gens qu’il exhume. De Jean-François de La Roque, un des premiers aventuriers à venir en Amérique française, l’historien nous apprendra qu’on l’appelait de son nom de terre, M. Roberval, plutôt que de son vrai nom. Grâce à la protection du puissant François 1er, Roberval s’embarque pour le Canada avec sa cousine, Marguerite de La Roque. Ces renseignements, certainement importants au plan historique, se trouvent toutefois rapidement relégués au profit de l’information suivante : «Et Rabelais qui donnait des surnoms à tout le monde et qui a connu Roberval, parle de lui dans Pantagruel en l’appelant Robert Valbringue» (Canadiens d’autrefois 16). Les propos relatifs à l’invention rabelaisienne restent bien évidemment impossibles à vérifier, mais il importe surtout de remarquer que l’assimilation de la réalité au mythe participe d’une idéalisation littéraire du passé, à travers laquelle l’auteur retrouve sur le mode nostalgique les fondements héroïques de la civilisation française.

8 Ce télescopage permet à Roquebrune d’utiliser le nom fictif de Roberval dans les sous-titres de son ouvrage historique («Robert Valbringue», «Échec colonial de Robert Valbringue»), qui semble donc fonctionner sur le mode narratif propre au roman. À la manière des romanciers et des conteurs, l’historien cherche à nous raconter une histoire : celle de la fabuleuse aventure de la civilisation française. «Histoire», «littérature» : ces deux mots semblent recouvrir une même réalité pour Robert de Roquebrune, puisqu’elles font toutes deux surgir, à même la matérialité du Verbe, un monde révolu.

9 Ainsi de l’histoire plus particulière de Marguerite de La Roque, embarquée avec son cousin Roberval, et qui constitue selon Roquebrune un «roman exotique» (Canadiens d’autrefois 17). Au cours du voyage, Roberval découvre que Marguerite est amoureuse d’un des membres de l’équipage; pour se venger, il décide de l’abandonner sur une île déserte. Le jeune matelot sautera à l’eau pour rejoindre la femme aimée, mais il succombera à la vie difficile de l’île. La jeune femme survivra toutefois assez longtemps pour que des pêcheurs viennent un jour à sa rescousse. Rentrée en France, elle racontera ses aventures, qu’André Thevet reprend dans sa Cosmographie universelle (1575). Or, plutôt que de retourner aux sources pour vérifier la véracité de cette histoire, Roquebrune prend le parti de la littérature, puisque «les aventures de Marguerite de La Roque, écrit-il, ont laissé des traces dans la littérature française du XVIe siècle. Un des contes de l’Heptaméron, de la reine de Navarre, est le roman de Marguerite au Canada. […] En effet, la Septième Journée de l’Heptaméron contient un récit intitulé Extrème amour et austérité de femme en terre étrange […]» (Canadiens d’autrefois 19-20).

10 Qualifiant de«roman»les aventures de l’infortunée demoiselle, l’historien fusionne ainsi deux temps : celui, réel, des aventures de Marguerite de La Roque, et celui, mythique, du conte qui s’énonce sur le mode du «Il était une fois…», ce qui lui permet d’écrire : «Mais, dans ce drame à la fois réel et romanesque, un point est demeuré obscur. Ni Roberval, ni Thevet, ni la reine de Navarre ne l’ont révélé. Un roman d’amour où manque le nom de l’amant ! Cette lacune est regrettable» (Canadiens d’autrefois 21).

11 Roquebrune bâcle toutefois rapidement la question de l’identité du jeune homme en concluant que«personne ne saura jamais le nom de ce garçon qui était allé au Canada “plus pour l’amour de Marguerite de La Roque que pour le service du roi”» (Canadiens d’autrefois 21). Cela lui permet de raffermir la posture littéraire du texte, puisque le nom manquant ne constitue aucunement, d’un point de vue romanesque, une lacune. Les grandes histoires d’amour de la littérature occidentale ne sont pas tant fondées sur des identités que des oppositions événementielles. C’est la situation antagoniste de Roméo et Juliette qui importe avant même leur identité. D’ailleurs, leur histoire n’est de fait qu’une reprise théâtrale d’un drame autrement connu dans la mythologie médiévale et dont Tristan et Iseult est le symptôme le plus voyant. Les aventures de Paul et Virginie sont aussi surtout cela : des aventures. Le roman de Bernardin de Saint-Pierre raconte l’histoire de deux adolescents isolés de la société avant de raconter l’histoire de Paul et de Virginie en tant qu’individus doués d’une personnalité propre. Si les noms de Tristan, de Roméo, de Paul, d’Iseult, de Juliette ou de Virginie permettent d’embrayer un récit (celui des amours malheureux de deux jeunes héros), ils ne révèlent presque rien des personnages eux-mêmes : Roméo et Tristan auraient pu s’appeler du nom de l’autre. C’est l’événement, c’est-à-dire le tragique de la situation, qui fonde le roman d’aventures (ou le roman d’amour). Dans Les Canadiens d’autrefois, il importe donc peu que le nom de l’amant de Marguerite de La Roque soit connu puisque c’est la situation particulière de la femme abandonnée à son sort avec son seul amant et sa fidèle servante qui donne à l’histoire son caractère héroïque. Cela, Roquebrune semble l’avoir compris qui ne cherche pas à renseigner ses lecteurs sur le nom véritable du jeune matelot. D’où que le recueil oblitère son caractère historique pour rapidement verser du côté de la littérature et de ses fables…

La polarisation idéologique de l’histoire fabulée

12 Ce passé glorieux au sein duquel s’amalgament fabula et historia ne se présente pas mieux que dans les trois romans historiques de l’auteur. Chez Roquebrune, la technique du romancier s’apparente à celle de l’historien : dans ses romans, il met en scène qui une seigneuresse, qui des aristoc-rates, qui des colonisateurs, lesquels vont encore et toujours lui permettre de regretter ce pays disparu qu’est le Canada d’antan. La vision du monde proposée par l’écrivain dans ses romans historiques reste celle de l’historien mélancolique et idéalisateur : «paradoxal romancier que cet archiviste-historien qui se laisse aller à sa fantaisie non moins souvent qu’il s’appuie sur des témoins et des documents, ce magicien qui tient à évoquer, sinon à fixer, des mondes qu’il sait, comme tous les phénomènes humains, condamnés à l’oubli» (Chadbourne 444). La seigneuresse établit dès sa préface un pacte de lecture qui relève de la glorification nostalgique du passé historique :Seigneuresse ! Le mot n’est ni dans Littré, ni dans le Petit Larousse. Mais il appartient à la langue des anciens Canadiens, ce français si charmant et si pur qui fut parlé sur les bords du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu. Ce français a été celui de nos ancêtres pendant plus de deux cents ans. Et ce titre de seigneuresse qui désignait un des aspects les plus vivants de la société canadienne d’autrefois, est celui que porta Louise de Normanville dont on trouvera ici l’histoire romanesque, dramatique et douloureuse. (Seigneuresse 9)

13 Cette préface impose à la conscience du lecteur un certain mode (mélancolique) d’appréhension du monde que le roman sera à même de conforter en lui présentant un univers révolu, mais non moins vivant. Le retour en Nouvelle-France proposé par le roman constitue un voyage dans le temps, voire une recherche du temps perdu de la part d’un auteur qui jamais n’a caché son inclination pour l’œuvre de Proust. Les nombreuses comparaisons faites entre la France et la colonie indiquent d’ailleurs que Roquebrune idéalise la vie menée dans la colonie, quitte à travestir la réalité et rendre moins plaisante la vie menée en France. L’épisode de l’arrivée en Nouvelle-France de Louise de Normanville et de son nouveau mari, le marquis de Fortisson, est à cet égard exemplaire :Quant à lui [le marquis de Fortisson], tout ce qu’il vit lors de ces petits séjours dans des familles canadiennes lui causa le plus grand plaisir. Ces gens étaient aimables, vivaient dans la plus large aisance, ne semblaient avoir d’autres problèmes que ceux que proposaient la chasse et la pêche. Fortisson s’aperçut que ces coloniaux vivaient infiniment mieux que la noblesse de France dans leurs châteaux délabrés. Il ne pouvait se défendre d’évoquer les murs croulants de certains castels de Gascogne, les meubles vermoulus et la pauvre pitance que l’on y trouvait. (Seigneuresse 131-132)

14 Il est difficile de prendre ce passage au pied de la lettre. D’abord parce que le contraste établi entre les castels de France et les manoirs coloniaux est trop flagrant. Peut-être les nobles français vivaient-ils à l’époque dans des conditions parfois déplorables alors que les seigneurs de la colonie jouissaient d’une vie plutôt agréable. On pensera toutefois que le narrateur synthétise un peu rapidement les conditions de vie des deux noblesses de manière à créer une juxtaposition oxymorique qui constituera un ressort dramatique important dans l’élaboration fabuleuse de la diégèse romanesque. D’ailleurs, si le marquis de Fortisson est d’origine gasconne, les premiers chapitres du roman nous apprennent qu’il vivait depuis longtemps à Versailles et qu’il y menait une vie brillante. Ici, le narrateur tait cette information qui gâcherait le caractère hautement fabuleux de la découverte de la vie et de la civilisation coloniales. Or cette civilisation ne montrera pas mieux son visage que lorsque confrontée à l’ennemi premier (et primitif) : le Sauvage.— Quelle chose étrange quand on y pense ! Un Français vivant ainsi tout seul avec des Abénakis. Louise prit le livre du Père de Char-levoix, relut la page concernant M. de Bécancourt. — Il y a encore des Français comme cet étrange Bécancourt, dit-elle. La vie avec les Indiens les a entièrement conquis et ils sont incapables de redevenir des civilisés. Ainsi, quand tu auras pris contact avec l’homme qui passe son existence seul dans la petite maison là-bas… La jeune femme montrait au bout de l’allée le toit de la maison d’Anselme Racicot. — Oui, lorsque tu le connaîtras, tu verras que cet homme n’est pas du tout un homme comme toi et que sa vie avec les Sauvages qui sont ses habituels compagnons de traite l’a rendu aussi dur et cruel qu’eux… (Seigneuresse 153)

15 C’est en filigrane, et par opposition, que la civilité des Canadiens se dessine. Ce que la société a réussi à faire, la nature le défait aussitôt. La bestialité primitive du Sauvage menace à tout instant d’altérer le caractère noble de l’homme blanc. Le narrateur décrit l’Indien comme un être sournois, duquel il faut se méfier. Un jour où Louise veut montrer à son mari le canoë dans lequel elle naviguait jadis, «une grande forme se devinait dans l’ombre, une grande forme qui était un homme assis sur le canoë d’écorce tiré hors de l’eau… — Pakouita ! Le jeune Indien sortit de la hutte et les salua avec sa cérémonieuse politesse habituelle» (Seigneuresse 139). Insidieux, l’Indien ne se montre pas franchement; la narration laisse sentir que même sa politesse reste forcée. Le mystère et le doute de l’ombre conviennent mieux à ce caractère qui révélera finalement toute l’ampleur de sa sauvagerie au cours d’un combat qui oppose les troupes françaises à celles de la Nouvelle-Angleterre :Des blessés, des morts jonchaient la clairière. Dans cette blancheur du sol, des plaques rouges éclataient comme des fleurs. Le sang anglais, l’uniforme des soldats anglais teintaient de pourpre la neige du Canada. Des hurlements retentirent. Une nuée d’hommes s’abattit sur la clairière. Un vol d’oiseaux de proie. Les Hurons se jetaient sur les corps étendus. Morts et blessés furent scalpés. Les fenêtres de la cabane à sucre crachèrent des coups de fusil. Quelques sauvages tombèrent. Leurs corps restèrent sur place, mêlés aux soldats britanniques. Fortisson oubliait de tirer, médusé par le spectacle. Les Hurons se repliaient, se cachaient derrière les arbres. L’un deux passa près du jeune homme, courant comme un animal souple et bondissant. Des chevelures sanglantes pendaient à sa ceinture, trophées de sa chasse. Pakouita ! (Seigneuresse 231)

16 À l’imagerie poétique, voire rimbaldienne, du combat et de la mort qui afflige les valeureux soldats anglais, le narrateur oppose ici le caractère vil et bassement organique de la guerre menée par les Sauvages. Fourbes, ceux-ci profitent de la protection des arbres pour mieux surprendre leurs ennemis, pourtant déjà morts. La pratique du scalp qui caractérise leur art de la guerre rend plus ahurissant encore le contraste établi entre la guerre civilisée que se mènent Français et Anglais et celle, barbare, des Hurons. Et Pakouita, qui a pourtant grandi parmi la civilisation blanche de la Nouvelle-France, ne pouvait éviter son destin et retourner ainsi à son état primitif de Sauvage.

17 Cette position particulière est clairement articulée dans D’un océan à l’autre, où Roquebrune expose ses idées en confrontant directement l’auteur du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes :— Jean-Jacques Rousseau, continua l’évêque, a imaginé de toutes pièces que l’homme à l’état de nature est une merveille de bonté et de vertu… — Oui, en effet…— Eh bien ! Ce Jean-Jacques était un imbécile. L’homme naturel est une brute, monsieur. L’évêque se recueillit quelques secondes et ajouta doucement : «Une pauvre brute qu’il faut élever lentement à la dignité humaine» (Océan autre 18).

18 Suivant cette thèse, le roman cherche ensuite essentiellement à prouver que les Canadiens ne sont ni des métis ni des Indiens. Bref, qu’ils sont d’abord des êtres de civilisation avant d’être des Sauvages, car si «les Iroquois et les Hurons ont perdu leur antique cruauté et leurs mœurs pittoresques», ils «ne se sont civilisés en aucune manière» (Océan autre 8). C’est pour cette raison qu’ils n’hésiteront pas, sous la gouverne de Louis Riel, à se rebeller et à massacrer les travailleurs du chemin de fer.

19 Ainsi, la magnification du passé repose sur un antagonisme qui permet justement la mise en valeur de l’esprit canadien : la construction du caractère positif de la nation canadienne-française s’élabore contre la figure de l’Indien. Mais elle se construit aussi contre la figure de l’Anglais. Car si l’état naturel du Sauvage l’empêche d’adopter le comportement «normal» de toute personne civilisée, les codes sociaux de la civilisation ne sont toutefois pas aléatoires : ils sont ceux de la civilisation française.

20 Dans l’œuvre roquebrunienne, la civilisation anglaise se trouve à cet effet reléguée au titre de civilisation secondaire. Alors que l’harmonie régnante dans la colonie française est la conséquence directe du caractère hautement civilisé de la vie qu’on y mène, «la faiblesse des colonies anglaises était leurs incessantes querelles et la profonde désunion des habitants» (Canadiens d’autrefois 158). Aux yeux de Roquebrune, la division politique des Jacobistes et des Orangistes indique combien difficile le caractère anglais peut être. La colonie est peuplée d’hommes et de femmes au caractère astucieux et foncièrement guerrier, ce qui leur permettra par ailleurs d’annexer l’Ouest et l’Acadie à leur colonie. Figure antagoniste, l’ennemi anglais est un être retors qui n’hésite pas à recourir à des ruses déloyales pour gagner la bataille :Tout à coup, le brouillard se déchira et révéla la flotte anglaise. Boscawen était comme un renard timide qui n’ose s’attaquer au gros troupeau, mais le suit longtemps pour dévorer les traînards. Comme M. de Contrecœur, Hocquart de Blaincourt voulut être correct. Les Français sont toujours d’une extrême politesse à la guerre. C’est l’héritage de notre civilisation chevaleresque du Moyen Âge. Un vaisseau anglais étant tout près, le commandant de l’Alcide demanda à travers son porte-voix : «Sommes-nous en paix ou en guerre ?»Le commandant anglais Richard Howe répondit en français : «La paix, la paix !»Et ces mots tremblaient encore dans l’air qu’une bordée de mitraille vomie par le Dunkirk, atteignait l’Alcide et le Lys et y tuait plusieurs hommes. (Canadiens d’autrefois 267)

21 Se servant des ressources fictives de la littérature, Roquebrune place avantageusement le (bon) peuple Français face à l’autre, c’est-à-dire celui qu’il ne sera heureusement jamais. En conséquence, le clivage opéré par les romans et les essais historiques entre le Français et les figures de l’Anglais et du Sauvage permet la valorisation factice mais non moins opératoire de la civilisation française.

22 S’ils empruntent donc principalement à l’histoire nationale, les res-sorts diégétiques des romans et des essais n’en constituent pas moins autant d’artifices dont Roquebrune se sert pour finalement élaborer un monde à partir duquel il pourra construire un projet plus large : celui de ses mémoires, publiés vers la fin de sa vie, dont Testament de mon enfance (1951), Quartier Saint-Louis (1966) et Cherchant mes souvenirs (1968) forment les volets. À l’instar des essais et romans historiques précédemment publiés, les trois textes s’échafaudent sur une trame historique de façon à proposer au lecteur la constitution fictive d’un sujet, en l’occurrence la version fantasmée de Roquebrune, par Roquebrune.

La relance ontologique des positions historiques

23 Les mémoires de Roquebrune sont saturés d’Histoire : l’histoire familiale et celle de Montréal, l’histoire de la Nouvelle-France et celle des Patriotes constituent autant de trames de fond à partir desquelles le récit mémoriel se constitue. Bien entendu, la vision défendue là par Roquebrune rend compte d’une histoire coloniale fabulée où la vie fut d’abord et avant tout agréable. Exit les difficultés inhérentes à l’installation sur un continent nouveau et inconnu, comme en fait foi le «journal de bord» de la fondation de la métropole :1642, le 18 mai. Un prêtre dit la messe sur un autel de bois, au pied d’un arbre. Des hommes agenouillés sont en prière. À leur tête se tient Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ils sont une quarantaine. Trois femmes les ont accompagnés. Elles se nomment Jeanne-Mance, Madeleine de Chauvigny et Marie Barré. Ce sont les premiers habitants de Montréal. La messe dite, Maisonneuve saisit une hache et commence d’abattre un arbre. Il faut construire d’abord un retranchement. Au gouverneur du Canada, le chevalier de Montmagny, qui voulait l’empêcher d’aller créer sa colonie à cause du danger, Maisonneuve avait répondu : «J’irais quand tous les arbres de l’île se changeraient en Iroquois».1644. Quelques maisons de bois derrière des remparts de pieux. La ville de Montréal est un hameau de cabanes. […] Une petite chapelle a été construite. La ville possède un Registre d’état civil où sont inscrits quelques mariages, quelques baptêmes et six décès. En juin 1643, six colons qui travaillaient aux champs ont été attaqués et massacrés par une troupe d’Iroquois sortie brusquement de la forêt.1700. Une petite ville entourée de remparts de pierre. De belles maisons, des jardins s’alignent le long des rues. Montréal qui a soutenu pendant plus de cinquante ans une lutte épique contre les Sauvages, est vainqueur. (Quartier Saint-Louis 17-18)

24 Encore une fois, la figure du Sauvage sert de repoussoir à la constitution de l’identité des colons français qui, eux, évoluent dans un environnement bucolique et charmant. Du petit comptoir originel et rustique qu’elle fut, Montréal est devenue une ville belle et plaisante grâce aux colons qui l’habitent (et qu’on soupçonnera être des gens hautement civilisés). La vie qu’on y mène est brillante, et Roquebrune parle même de son aristocratie, des bals et des soupers qu’on y tient durant les longs hivers. Les femmes y suivent la mode parisienne; bref, «les dernières années du régime français avaient été les plus brillantes de la société canadienne parvenue à une civilisation extrêmement raffinée» (Quartier Saint-Louis 23). C’est donc à ces années que Roquebrune s’attarde dans sa trilogie. De fait, de longs passages de Testament de mon enfance portent sur la Nouvelle-France, et plus particulièrement sur les«anciens Français»qui l’habitaient :Chez nous, le passé avait gardé une vivante réalité. Mon père savait beaucoup de choses d’autrefois, connaissait l’histoire de sa famille et nous la racontait volontiers. […] Il est des familles à qui il n’est rien arrivé pendant des siècles. Ce sont des familles bien ennuyeuses. Je trouvais la nôtre amusante car elle était peuplée de personnages qui avaient vécu comme des héros de romans. Le nom de la famille de mon père est La Roque de Roquebrune, celui de la famille de ma mère Irumberry de Salaberry. Originaires de Gascogne, les Roque-brune ont tous été des soldats, Basques, les Salaberry étaient des marins […]. (Testament 18)

25 La remontée généalogique qui s’ensuit permet à Roquebrune de faire revivre des temps héroïques où les êtres les plus simples accomplissaient des actes courageusement intrépides pour la survie de la colonie. Roquebrune n’a que faire de la vérité sèche, telle qu’elle apparaît dans les documents historiques. N’écrit-il pas à propos de la Relation de Monseignat : «le fonctionnaire écrivait d’un style sec, froid et plat. Il racontait les plus tragiques événements avec une désespérante pauvreté d’expression. L’émotion est totalement absente de ce document» (Canadiens d’autrefois 157) ? Cherchant à valoriser un passé révolu, Roquebrune préférera élaborer un récit qui s’accomplira sur le mode de l’avantage, voire du mensonge. Nous sommes ici face à l’inventio :Les dernières heures du chevalier Thomas de Lorimier furent affreuses. Sa jeune femme vint lui dire adieu dans sa cellule. Elle tenait leur petite fille dans ses bras. La malheureuse femme s’évanouit. Il fallut l’emporter. Lorimier, pourtant, conserva tout son courage. Les autres prisonniers eurent l’autorisation de venir lui serrer la main. (Testament 58)

26 La scène, pathétique, est attestée. La fonction première du passage est certainement d’entretenir la sympathie du lecteur à l’égard de ces hommes qui, en bons Français qu’ils furent, surent garder leur dignité face aux affres du régime britannique, ce qui permet par ailleurs à Roquebrune de dissimuler plus adroitement encore sa mystification. Car Lorimier n’était pas d’origine noble, encore moins a-t-il porté le titre de chevalier. Son nom véritable fut : François-Thomas-Marie-Chevalier de Lorimier. «Chevalier» est un prénom et l’historien qu’est Roquebrune sait cela, d’autant plus que rien dans les documents d’archives ne laisse un instant soupçonner que le terme pourrait désigner la condition sociale de Lorimier. Roquebrune sait aussi que la particule du nom ne désigne nullement la noblesse, mais plutôt l’appartenance à une terre. Faisant passer le prénom au statut d’indice de la condition sociale, l’écrivain avilit le régime britannique en même temps qu’il édifie le passé canadien-français. En reprenant ainsi la polarisation déjà établie dans ses essais et ses romans historiques, Roquebrune aménage un espace littéraire de reva-lorisation du passé historique de la nation qui lui permet finalement de se repositionner lui-même au sein de l’échiquier social :Mon enfance au Canada s’est écoulée dans un univers qui n’existe plus. Oui, vraiment, c’était un autre univers ! La période 1890 à 1905 n’est pas seulement éloignée dans le temps, elle l’est surtout par la forme des choses, l’aspect des gens, les idées et les sentiments. Ce monde où se déroula mon enfance a si totalement disparu, il est devenu si étranger au monde d’aujourd’hui, que j’ai du mal à en rappeler même le souvenir. (Testament 11)

27 Le pacte de lecture conclu semble autobiographique : narrateur et auteur seraient une seule personne, soit Robert de Roquebrune. Puisqu’il est référentiel, le texte à suivre racontera le réel. L’écrivain Roquebrune se trouve confronté à sa propre personne, et à sa vie telle qu’il l’a vécue. Dans Quartier Saint-Louis, il écrit :Les années disparues de mon adolescence se présentent parfois à moi comme un pays où j’aurais vécu et où il m’est interdit de revenir. J’y pénètre cependant et les sortilèges de la mémoire me révèlent peu à peu tout ce qui dormait dans un oubli vague et qui se change en images, en sons, en objets, en visages. Le pays perdu est retrouvé, les morts sont en vie et je redeviens pour un moment ce que j’ai été. (197)

28 Pourtant, les récits qui composent la trilogie ne résistent pas à l’examen des faits biographiques. Par exemple, dans Testament de mon enfance, l’écrivain raconte avec force détails les années de sa vie passées au manoir, qui s’étendent donc de 1890 à 1905. Il parle des maladies de ses frères, de la mort de l’un d’eux, des histoires que son père lui racontait au coucher, de la servante Sophronie et de Sambo, le fidèle homme à tout faire. Pourtant, Robert de Roquebrune n’a jamais connu cette vie privilégiée qu’était celle du manoir, ou si peu puisqu’il n’était pas âgé d’un an lorsque sa famille déménage pour finalement s’établir à Montréal. L’adéquation entre auteur et narrateur nécessaire à tout écrit de type auto-biographique se trouve donc rompue.

29 On voudra bien attribuer ces légères altérations à la liberté d’un auteur qui cherche à rendre plaisant son récit, d’autant plus que même les essais historiques de Roquebrune ne sont pas exempts de modifications et de contradictions. Mais on pensera surtout :L’imprécision des souvenirs d’enfance remet en cause la possibilité du récit linéaire. Comment établir une continuité narrative sur de l’absence, des oublis, et des trous ? Ces trous de la mémoire, de crainte qu’ils ne se transforment en failles du récit, il faudrait les convertir : les combler, les contourner, les exhiber. (Wolf 110)

30 Le texte roquebrunien comble cette faille de la mémoire par le recours à l’idéalisation fabuleuse du passé. La trilogie ne livre pas la vie de Roquebrune telle qu’il l’a vécue; plutôt, l’histoire collective sert de matériau à l’écrivain pour se reconstruire une personnalité, plus proche de ses idéaux peut-être. Comment peut-on en effet prendre au sérieux un narrateur qui nous assure que, âgé de huit ans, il discutait de valeurs mobilières avec son père et qu’il lisait l’œuvre de Baudelaire dans le confort du salon d’un ami ? (Quartier Saint-Louis 62-75). De la lecture des mémoires se dégage l’impression d’une nostalgie complaisante de la part de Roquebrune qui, rapidement, idéalise son passé et celui de sa nation de manière à présenter ce que Jean-Guy Hudon appelle une «image méliorative de la réalité»(9).

31 Il reste toutefois difficile de parler de mensonge au sens strict du terme puisque Roquebrune informe ses lecteurs de la part fictive que peuvent contenir ses récits : «l’incohérence des rêves, écrit-il, rapproche des gens, des époques, ne tient compte ni du temps ni des lieux et construit des ensembles avec des superpositions de souvenirs» (Testament 89). Quartier Saint-Louis contient l’avertissement suivant : «quand on tente de reconstituer son propre passé, une étrange opération mentale se produit. […] pourquoi les souvenirs prennent-ils une réalité si arbitraire ? […] Le souvenir a le même pouvoir que l’imagination». (Quartier Saint-Louis 9 et 99)

32 Un tel décalage indique que la trilogie fonctionne sur le mode de l’autobiographique, c’est-à-dire qui trouve son efficace textuelle dans un ancrage au réel de l’auteur-narrateur qui reste tout relatif. «Je» est effectivement un «autre» et l’on ne comprendra le sens d’un tel écart que si l’on admet, avec Jeanne Demers, que «les mémoires [comme genre] n’ont de sens en effet que dans leur intentionnalité performative. Leur projet : agir rétroactivement sur les faits narrés, les faire signifier selon un “programme” qui diffère de mémorialiste à mémorialiste. Projet qui va bien au-delà de la simple information historique, que celle-ci soit personnelle ou collective» (104).

33 À cet effet, il semble bien que le programme des mémoires se constitue au travers du projet de construction identitaire de la Nation canadiennefrançaise de Roquebrune. Chargés de l’Histoire de la Nouvelle-France, les mémoires dépassent le strict cadre de vie du narrateur pour faire accéder le lecteur à des univers et des époques antérieurs à la vie de Robert de Roquebrune. Nostalgique à l’égard d’un monde révolu au sein duquel il aurait voulu vivre, Roquebrune recrée donc des univers qui deviennent partie intégrante de sa nouvelle vie (celle qu’il s’invente dans ses textes), ce qui lui permet finalement de justement participer à la vie des colons et des seigneurs de la Nouvelle-France et de la disparue Amérique française. Il s’agit de retrouver un temps perdu qui se fusionnera au temps présent.

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34 À travers ses textes, Robert de Roquebrune signale le caractère hautement nostalgique et narcissique de son entreprise. L’utopie d’un paradis perdu (celui de la Nouvelle-France) qu’il élabore dans ses romans et ses essais historiques lui permet, dans ses mémoires, de récupérer doublement le patrimoine historique : au sens étymologique d’abord, puisque ses textes lui permettent de posséder l’Histoire qu’il fait véritablement sienne; au sens moderne ensuite, puisqu’il utilise pour son propre profit cette histoire fabuleuse de l’Amérique française qu’il fantasme. Discutant la méthode de March Bloch, Paul Ricœur écrit : «le recours de l’histoire au témoignage n’est pas fortuit. Il est fondé dans la définition même de l’objet de l’histoire : ce n’est pas le passé, ce n’est pas le temps, ce sont les hommes dans le temps» (214). Ainsi, l’historien peut établir une communauté d’esprit à laquelle s’attachera la commémoration de façon à ce que «de la mémoire partagée on passe par degrés à la mémoire collective et à ses commémorations attachées à des lieux consacrés par la tradition» (Ricœur 184). Chez Roquebrune pourtant, la communauté formée de ces «hommes dans le temps», en tant qu’elle est le lieu de mémoire investi par l’historien, reste au niveau de l’individualité. Le dialogue instauré par Roquebrune entre l’homme et son passé ressort du seul lieu privé; la communauté, en tant qu’elle est le lieu de mémoire investi par l’écrivain-historien, joue au plan individuel de l’ontologie. Comme Edmond de Nevers avant lui, Robert de Roquebrune semble un exilé dans son pays et son époque. Ne pouvant (ou ne voulant) pas établir un partage avec les hommes de son siècle, sa lecture de l’histoire n’est aucunement communautaire. Si la transcription de son histoire personnelle passe nécessairement par celle de l’histoire publique, Roquebrune parle finalement avec les hommes du passé dans le strict but de vivre avec eux, dans la mémoire nationale qui est la sienne. Ainsi, le re-tour à l’histoire se trouve chez lui assujetti à la consolidation de la solitude, d’où qu’il s’institue nécessairement sur le mode de la mélancolie, voulue ré-confortante grâce à l’invention littéraire de ce qui aurait pu être la vérité historique.

Ouvrages cités

De Roquebrune, Robert, D’un océan à l’autre, Paris : Éditions du monde nouveau, 1924

— . La guerre et l’amour au Canada d’autrefois : Les cahiers reflets, 1 : 6, 1945.

— . Testament de mon enfance, Montréal : Fides, 1951.

— . La seigneuresse, Montréal : Fides, 1960.

— . Canadiens d’autrefois, Montréal : Fides, 1962.

— . Canadiens d’autrefois II, Montréal : Fides, 1966.

— . Quartier Saint-Louis, Montréal : Fides, 1966.

— . Cherchant mes souvenirs, Montréal : Fides, 1968.

Chadbourne, Richard, «Robert de Roquebrune, romancier québécois méconnu», The French Review, LIV, 3, (1981) : 436-44.

Demers, Jeanne , «Des femmes chez les mémorialistes québécois ou les mémoires, un récit de légitimation», dans Madeleine Frédéric (dir.), Entre l’Histoire et le roman : la littérature personnelle, Université Libre de Bruxelles : Publications du Centre d’études canadiennes, (1992) : 103-118.

Hudon, Jean-Guy (1981), «Robert de Roquebrune : entre la fiction et l’autobiographie», thèse de doctorat, Université Laval.

Ricœur, Paul (2000), La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris : Seuil, «L’ordre philosophique».

Savard, Pierre, «Gustave Lanctot et la Société Royale du Canada», Les Cahiers des Dix, 48, (1993) : 225-254.

Veyne, Paul (1971), Comment on écrit l’histoire suivi de Foucault révolutionne l’histoire, Paris : Seuil.

Wolf, Nelly, «Sur trois manières de raconter sa vie», Revue des sciences humaines, LXIII, 192 (1983) : 109-115.