1 Once again the fabrics of culture form the dominant subject matter of this issue. Most of the essays in this volume of Material History Review deal with textiles from start to finish, from raw materials to finished product, from things handmade to things purchased, useful things, decorative things, mass-produced objects subtly individualized. While much material culture research has been dominated by artifacts made from wood (buildings, furniture, boats and the like), the objects that fill everyday life are as often textile artifacts — whether they be bedcoverings or clothing or coverings for walls or floors. These moveable and usually impermanent objects have acted as important cultural expressions, yet their importance in material culture research has often been downplayed, partly because of methodological problems of how they could be studied. The essays in this number point to ways in which we might ask better questions and find better answers in our studies of textile worlds.
2 Douglas McCalla's essay is a model of the careful quantitative study needed in material culture research. McCalla is concerned fundamentally with understanding what textile purchases ordinary Canadians made in the nineteenth century. Much writing on historic artifacts is often hampered by romantic notions about some idyllic pioneer past, and McCalla questions the myth of self-sufficiency in his research. By a careful use of documentary sources combined with a knowledge of the artifacts described, McCalla is able to point to the fact that rural Ontario families were neither completely self-sufficient nor completely beholden to a market economy. His work for nineteenth century Canada echoes important textile research on earlier periods (see John Styles, "Manufacturing, Consumption and Design in Eighteenth-Century England," in John Brewer and Roy Porter, eds., Consumption and the World of Goods, London: Routledge, 1993; pp. 527-554). Women created selectively, purchased selectively, and, in doing so, could make personal statements on their place within an already existing fashion world.
3 Nadia Kajjou's study of Moroccan rugs reveals a world of design through pattern and representation. Much artifact research has attempted to read the messages spoken by complex geometric repetitions, where individuality is often given over to the desire to repeat one design well. Mastery of geometry is often balanced in a tradition like Kajjou's by mastery of image, just as the work of Henry Glassie on Turkish rugs has shown (Henry Glassie, Turkish Traditional Art Today, Bloomington: Indiana University Press, 1993, part four). Ordinary scenes are transformed into a two-dimensional image that both represents the real world and transforms it, transforms it so that a living form becomes static, and one image now takes the place of innumerable poses and postures.
4 Michel Wyczynski takes us to the emblematic realm of what we wear. All clothing is a uniform of sorts: addressing social status, gender norms, changing audiences (see Nathan Joseph, Uniforms and Nonuniforms: Communication through Clothing, New York: Greenwood, 1986). In this case, the Canadian Forces beret is a focal point for how an institutionalized form of clothing becomes an icon of a certain group, and, at the same time, how that group modifies that icon for individualized statements. Even in social groups which are governed by norms of uniformity — such as the Canadian Forces — uniforms are individualized in subtle ways that can still be assumed under wider norms.
5 And finally this theme of modifying standardized objects brings us from textiles to the ordinary vehicles we use in everyday life. How vehicles are designed is clearly an emerging issue (see Ray Batchelor, Henry Ford, Mass Production, Modernism and Design, New York: Manchester University Press, 1994); Suzanne Beauvais introduces the world of firefighting vehicles. As with the automobile, the norms of mass production influenced design. But — unlike the auto — local municipalities shaped very distinctive versions of this technologically sophisticated artifact. While the ubiquitous automobile remained largely an American product with no variations across Canada, manufacturers across this country designed and assembled firefighting vehicles to meet local demands. In this particular type of vehicle, then, there are as many similarities to the handmade textile or handmade rug as there are to more technically complex objects.
6 These essays, then, provide methodological examples of how ordinary objects are appropriated for individual needs. From the ordinary cloth bought in a small rural shop, to a decorative rug made by a local weaver, a manufactured hat altered subtly, or even a complex vehicle fashioned for local needs — these case studies give us direction on how to move beyond the stereotypical assumptions that often surround ordinary objects. We are better able to see how people engage with objects in complex dialogues, dialogues between makers and users, dialogues that are ongoing, that negotiate issues between expected norms and individual needs.
7 Les textiles et leurs expressions culturelles prennent encore la vedette dans la Revue d'histoire de la culture matérielle. La plupart des textes de ce numéro portent sur les textiles, du début à la fin, des matières premières au produit fini, des objets faits main à ceux du commerce, utilités, décorations, articles de série subtilement personnalisés. Si la recherche sur la culture matérielle a été en grande partie dominée par les objets en bois (bâtiments, meubles, bateaux, etc.), les choses dont on se sert tous les jours (couvre-lits, vêtements, papiers peints ou couvre-sols) sont souvent textiles. Ces objets mobiles et généralement transitoires ont joué un rôle important dans l'expression de la culture, mais on a minimisé leur importance dans la recherche sur la culture matérielle, en partie à cause de problèmes méthodologiques quant à la façon de les étudier. Les articles et comptes rendus de ce numéro indiquent des façons de poser de meilleures questions et trouver de meilleures réponses dans nos études des mondes textiles.
8 L'article de Douglas McCalla est un modèle du genre d'analyse quantitative soignée dont a besoin la recherche sur la culture matérielle. L'auteur cherche fondamentalement à comprendre quels tissus les Canadiens moyens achetaient au XIXe siècle. Les écrits sur les objets historiques sont souvent teintés de notions romantiques sur un passé de pionniers idyllique et McCalla remet en question le mythe de l'autosuffisance dans sa recherche. Son utilisation judicieuse des sources documentaires et sa connaissance des objets décrits permettent de démontrer que les familles de l'Ontario rural n'étaient ni entièrement autosuffisantes, ni entièrement soumises à une économie de marché. Ses travaux sur le Canada du XIXe siècle rappellent d'importantes recherches sur les textiles du siècle précédent (voir John Styles, « Manufacturing, Consumption and Design in Eighteenth-Century England », dans John Brewer et Roy Porter, ed., Consumption and the World of Goods [Londres : Routledge, 1993], p. 527-554). Les femmes étaient sélectives en matière de création et d'achat et pouvaient ainsi se prononcer sur leur place dans le monde déjà établi de la mode.
9 L'étude de Nadia Kajjou sur les tapis marocains révèle un monde de design par le biais de motifs et de représentations. Bon nombre de recherches sur les objets ont visé à interpréter les messages qu'exprimaient de complexes répétitions de motifs géométriques, où l'individualité cédait souvent le pas à la volonté de bien reproduire un dessin. Dans une tradition semblable à celle de l'auteure, la maîtrise de la géométrie est souvent équilibrée par la maîtrise de l'image, comme l'indiquent les travaux d'Henry Glassie sur les tapis de Turquie (Henry Glassie, Turkish Traditional Art Today [Bloomington : Indiana University Press, 1993], quatrième partie). Des scènes ordinaires sont transformées en images bidimensionnelles qui, à la fois, transforment le monde réel et le représentent, de sorte qu'une forme vivante devient statique et qu'une image se substitue à d'innombrables poses et positions.
10 Michel Wyczynski nous emmène dans l'univers emblématique de notre habillement. Tout vêtement est un genre d'uniforme, qui renvoie à un statut social, un sexe et un public changeant (voir Nathan Joseph, Uniforms and Nonuniforms : Communication through Clothing [New York : Greenwood, 1986]). Ici, le béret des Forces canadiennes retient l'attention à titre d'exemple à la fois de la manière dont un élément de l'habit devient l'emblème d'un groupe et de la manière dont le groupe modifie cet emblème par affirmation individuelle. Même dans des groupes sociaux régis par des normes d'uniformité, tels les Forces canadiennes, les uniformes sont personnalisés de façons subtiles qui s'incrivent néanmoins dans des normes plus larges.
11 Enfin, le thème de la modification d'objets de série nous fait passer des textiles aux véhicules dans nos vies. La façon dont on conçoit les véhicules semble de plus en plus une question d'actualité (voir Ray Batchelor, Henry Ford, Mass Production, Modernism and Design [New York : Manchester University Press, 1994]). Suzanne Beauvais présente le monde des véhicules d'incendie. Comme pour l'automobile, les normes de la production en série ont influé sur la conception. Mais, contrairement au cas de l'auto, les municipalités ont donné forme à des versions très distinctives de ces objets à la technologie poussée. Si l'omniprésente automobile est essentiellement restée un produit américain sans variantes au Canada, dans l'ensemble du pays, des fabricants ont conçu et assemblé des véhicules d'incendie pour répondre aux besoins locaux. Les véhicules de ce type présentent autant de similitudes avec les textiles artisanaux ou les tapis faits main qu'avec des objets plus techniquement complexes.
12 Ces textes donnent donc des exemples méthodologiques de façons dont on s'approprie des objets courants pour répondre à des besoins particuliers. Du banal tissu acheté dans un magasin rural au véhicule complexe réalisé en fonction des besoins d'une municipalité, en passant par le tapis créé par une tisseuse du coin et le couvre-chef de série subtilement modifié, ces études de cas nous indiquent comment dépasser les idées préconçues sur les objets ordinaires. Nous pouvons mieux voir comment les gens entretiennent des dialogues complexes avec les objets, des dialogues entre fabricants et utilisateurs, qui permettent de naviguer entre les normes prévues et les besoins individuels.