1 This is an exciting issue of Material History Review, it contains essays that clearly delineate what the current directions in Canadian material culture research are — both in terms of methodology and subject matter. These studies indicate how far our scholarship has moved beyond a concern with artifacts considered exceptional simply because of their associations with an economic or political elite. The essays in this number are important not in the history of unique exceptional things, but rather for the insights they provide on ordinary cultural values of particular places and times.
2 Bruce Retallack's study is the first winner of Material History Review's student essay prize. The author utilizes a wide range of contemporary analytical sources to document one of the most commonplace objects in contemporary life — the razor. Retallack balances primary materials with his own analytical insights to produce intuitive readings of this simple object. His essay indicates how artifact scholars in our post-reductionist world know that objects encourage multiple interpretations.
3 Janice Rahn's essay — like Retallack's — is based largely on ethnography: observation, interviews, oral comments. Such material culture researchers recognize that their pursuits are as much contemporary as historical, and as such must rely on the methodologies from field-based disciplines as much as time spent in an archive or museum. Rahn's essay, as well, shows the importance of the ephemeral object. And, as crucial, she indicates how revealing ephemeral objects created at the margins of society really are. Visual arts such as graffiti become important political statements that counter official ideologies. Our contemporary world is filled with such material artistic expressions considered by mainstream scholars as marginal — be they graffiti, professional wrestling, or customized vans — yet they are powerful contemporary channels of meaning for many people.
4 The interest in ordinary things continues with Alyson King's study of student housing. Much research in the history of Canadian architecture has focused on architects — the men (primarily) who fashioned buildings. The focus, as well, has been on buildings monumental and grandiose. In reaction to this, we have seen how Canadian scholars discovered the vernacular — in part out of regional and nationalist concerns. Yet, King's essay brings us to where Canadian studies of the built environment now stand: interests in the ordinary. Whether a building is architect-designed or vernacular is now irrelevant. What is important is the understanding of how ordinary people used the spaces in their everyday lives — whether it be in apartments or company houses or student residences.
5 Finally, James Connor and Felicity Pope bring to light a little-understood technology used in Canadian health practices. The use of electrotherapy may seem archaic to us today, but it brings home the point that medical treatments continually evolve. The medical profession exists — like any other — in a particular cultural context, and, as such, its material world is shaped by current values and beliefs, rather than any intrinsic laws beyond dispute.
6 These essays, then, stress not the exceptional but the common. Their methodologies indicate how important ethnographic sources as well as intuitive readings really are. Our museums and our archives form a basis for what we often do, but our subject matter — and methods — often come from elsewhere. Razors, graffiti, dormitories, electro-shock devices — such scholarship is clearly moving us in new and exciting directions.
7 Cette édition de la Revue est passionnante. On y trouve des études qui montrent les directions que prend la recherche en culture matérielle canadienne sur le plan de la méthodologie et du domaine traité. Ces écrits font voir jusqu'à quel point la recherche s'est avancée au-delà de l'intérêt pour des objets considérés exceptionnels en raison de leur association à une élite politique ou économique. Les études réunies ici ne sont pas importantes pour l'histoire des objets exceptionnels, mais plutôt pour l'éclairage qu'ils apportent aux valeurs culturelles ordinaires de lieux et de temps particuliers.
8 Bruce Retallack est le premier étudiant à remporter à ce titre le prix de la Revue d'histoire de la culture matérielle pour la meilleure dissertation. Il utilise une vaste gamme de sources analytiques contemporaines pour disserter sur un des objets les plus banals de la vie courante : le rasoir. Faisant l'équilibre entre les sources primaires et sa propre analyse, il produit une interprétation intuitive de ce simple objet. Son texte indique combien les personnes faisant de la recherche sur les objets façonnés dans notre monde post-réductionniste sont conscientes des multiples interprétations auxquelles se prêtent ces objets.
9 Comme celle de Bruce Retallack, l'étude de Janice Rahn se fonde principalement sur l'ethnographie (observations, entrevues et commentaires oraux). Ces deux chercheurs en culture matérielle reconnaissent que leur quête est aussi contemporaine qu'historique et qu'ils doivent donc s'appuyer autant sur des méthodologies établies sur le terrain que passer du temps dans les archives ou les musées. Dans son article, J. Rahn démontre également l'importance de l'objet éphémère et, ce qui est fondamental, elle indique combien révélateurs sont les objets éphémères créés par des marginaux. Des arts visuels comme le graffiti deviennent une importante forme d'expression politique allant à l'encontre des idéologies officielles. Notre monde est plein de moyens d'expression artistique jugés marginaux par la plupart des chercheurs et chercheuses (graffiti, lutte professionnelle et fourgonnettes personnalisées, par exemple), mais qui sont pourtant de puissants porteurs de signification pour bien des gens.
10 L'intérêt pour les choses ordinaires se maintient dans l'étude d'Alyson King sur le logement étudiant. La recherche en histoire de l'architecture canadienne a surtout été axée sur les architectes, ces hommes (principalement) qui concevaient des bâtiments. L'accent a aussi été mis sur les constructions démesurées et grandioses. En réaction à ceci, nous avons vu les chercheuses et chercheurs canadiens découvrir le vernaculaire, en partie pour des raisons régionales et nationalistes. Néanmoins, le texte de A. King nous emmène là où se situent maintenant les études canadiennes sur l'environnement bâti : l'intérêt pour ce qui est ordinaire. Aujourd'hui, qu'un bâtiment soit conçu par un (ou une) architecte ou vernaculaire n'est pas pertinent. Ce qui importe, c'est de comprendre comment les gens ordinaires disposaient de l'espace habitable dans leur quotidien — appartements, logements fournis par des entreprises ou résidences d'étudiants.
11 Finalement, James Connor et Felicity Pope nous font découvrir une technologie peu comprise utilisée dans les services de santé canadiens, l'électrothérapie, qui peut nous sembler archaïque aujourd'hui mais qui démontre bien l'évolution constante des traitements médicaux. Comme toute autre profession, la médecine existe dans un contexte culturel particulier et voit donc sa forme matérielle façonnée par des valeurs et des croyances courantes plutôt que par des lois intrinsèques indiscutables.
12 Ces études mettent ainsi l'accent non pas sur l'exceptionnel mais sur l'ordinaire. Leurs méthodologies indiquent que les sources ethnographiques sont vraiment aussi importantes que les interprétations intuitives. Nos musées et nos archives sont à la source de ce que nous faisons de façon générale, mais nos sujets de recherche — et nos méthodes — viennent souvent d'ailleurs. Rasoirs, graffiti, dortoirs, équipement d'électrothérapie... tous ces sujets de recherches nous font prendre des directions nouvelles et passionnantes.