1 La plupart des visiteurs à la Rochelle apprennent tout de suite que la rue de l'Escale de cette jolie ville est pavée de pierres importées du Canada, comme lest, pendant les plus belles années du commerce entre la métropole et la Nouvelle-France. Or, on a fait de ce pavé un symbole du rapport historique entre la Rochelle, d'une part, et Québec et Louisbourg, de l'autre. Ce qui est moins connu est l'importance d'envois en sens inverse, notamment l'utilisation de la pierre de taille des Charentes dans les ouvrages d'architecture coloniale. On expédiait cette pierre à certaines colonies et, de temps en temps, on l'expédiait à titre de lest pour faire des économies.
2 Il s'agit de certaines colonies seulement. En effet, le Canada, par exemple, produit déjà en 1650 toute la pierre de taille dont il a besoin, bien que la qualité de celle-ci varie d'une carrière à l'autre1.
3 Pendant le siècle suivant, une époque de construction en maçonnerie très chargée dans les colonies, on utilise autant que possible les pierres de pays. La plupart sont des moellons que l'on a ramassés ou creusés tout près du chantier. Aux endroits où l'on a besoin de pierre taillée, même pour les ouvrages fins tels qu'encoignures, façades, voûtes, fenêtres, portes de bâtiments et de villes, et ainsi de suite, on se sert de la pierre de la colonie. On l'extrait dans les carrières locales; des tailleurs de pierre français, établis comme colons, la taillent aux dimensions requises. Ces artisans, qui apprennent assez rapidement la qualité des variétés de pierre de taille canadienne, savent appliquer leurs connaissances au façonnage du produit canadien, et c'est un talent qu'ils légueront à leurs disciples et à leurs descendants. On parlera tout à l'heure de la pierre de taille de l'île royale. Aux îles du Vent, on emploie partout un bon calcaire coralligène, mais il faut remplacer fréquemment les artisans, qui ont de la peine à supporter le climat antillais2.
4 Par contre, les pierres de la péninsule d'Avalon, à Terre-Neuve, de Saint-Domingue, aux îles Sous-le-Vent, et probablement de Cayenne, sur la côte sud de la mer des Antilles, s'avèrent impossibles à tailler et on trouve le grès de l'île du Cap-Breton impropre aux ouvrages les plus fins. Des essais vers 1700 à Plaisance révèlent une pierre locale trop dure à tailler, tandis que ceux qu'on effectuera vingt ans plus tard à Saint-Domingue feront voir une pierre qui s'effrite en « une masse de farine » au premier coup de marteau3. Le grès de l'île du Cap-Breton, devenue l'île royale, que l'on extrait près de l'Indienne (aujourd'hui Lingan), s'avère convenable pour la coupe en blocs mais trop friable pour la taille ou la sculpture. C'est le cas en 1729; rien ne changera jusqu'après l'occupation britannique de 1745 à 1749. Vers 1752, on découvre sur l'île des pierres locales qui se montrent bonnes, mais les travaux de reconstruction traînent jusqu'au siège de 17584 et il est douteux qu'on ait employé ces pierres, étant donné le peu de temps qui reste pour faire l'essentiel. Voilà, en fin de compte, les facteurs qui influent sur l'importation de la pierre française aux trois îles, ainsi qu'à Port-Royal en Acadie.
5 Il n'est guère surprenant qu'on prenne cette pierre des Charentes, où une ressource de haute qualité est à la portée de l'arsenal de Rochefort, premier port de ravitaillement des colonies d'Amérique. Voici ce que Jacques Pinard a à dire de cette qualité dans Les industries du Poitou et des Charentes :
Avant 1200, les entrepreneurs, les maçons et les tailleurs de pierre qui employaient ce calcaire superbe ont créé en Poitou-Charentes une architecture militaire et ecclésiastique de premier ordre. Grâce à ses églises, la région est reconnue comme le joyau de l'art roman en France9. Le même calcaire est employé dans la construction de châteaux et de manoirs, et même les cultivateurs médiévaux, qui construisaient leurs maisons pendant l'hiver en utilisant des pierres ramassées ici et là, achetaient aux artisans quelques grosses pierres de parement, s'ils pouvaient les payer10.
6 Avant la fondation de Rochefort, des maçons et des tailleurs de pierre français établissent à Québec des dynasties d'artisans qui persisteront jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle. Bien que quelques-uns des premiers artisans à Québec soient charentais, tel Jean Moreau de Segonzac, fondateur des dynasties Jarnac et Vallière11, il n'est pas établi que la pierre française utilisée à Québec au début de la colonisation soit également charentaise. Le collège des jésuites, par exemple, contient de la pierre de Caen, en Normandie, autre source importante. La découverte d'une bonne pierre de taille près de Québec et la fondation de Rochefort, pendant le troisième quart du dix-septième siècle, s'associent pour destiner principalement la pierre de taille des Charentes à l'Acadie et à la partie française de Terre-Neuve. Pendant la construction des bâtiments, des fortifications et des installations portuaires de Rochefort, ce sont les carrières célèbres de Crazannes et de Saint-Savinien (Charente-Maritime)12 qui fournissent la pierre de taille13, mais les administrateurs sont prêts à payer davantage pour se procurer le produit de Saint-Même (Charente)14, bien que cet endroit se trouve à vingt lieues (environ 80 kilomètres) de l'arsenal. On les comprend : Saint-Même est renommé pour son eminence parmi les carrières qui fournissaient la pierre de taille des églises romanes des Charentes15. Or les bâtisseurs de Rochefort prennent connaissance de l'expérience canadienne et, une fois l'arsenal terminé, ils recommandent aux colonies qui ont besoin de la pierre française les endroits où elles doivent la chercher.
7 C'est l'intendant de la marine à Rochefort qui a la responsabilité de l'adjudication de la fourniture de pierre de taille destinée aux colonies d'Amérique. Les deux détenteurs de ce poste pendant le demi-siècle de 1688 à 1738, Michel Bégon de la Picardière et le beau-frère de son fils, qui lui succède en 1710, François de Beauharnais de la Chaussaye, baron de Beauville, détiennent aussi le poste d'intendant de la généralité de la Rochelle. Or, ces adjudications de fournitures se font rarement devant notaire, étant donné que seules les signatures du fournisseur et de l'intendant, attestées par le contrôleur de la marine, sont admissibles par la loi. Il est d'ailleurs ordonné que le contrôleur garde dans un registre (dont aucun n'aurait survécu) une mention de chacune de ces transactions. Un quatrième personnage doit entrer en scène avant le chargement des pierres à bord des vaisseaux destinés aux colonies : celui qui examine les pierres, c'est-à-dire l'ingénieur en chef de la colonie, s'il visite Rochefort, ou à défaut l'ingénieur en chef de Rochefort16.
8 La première colonie à nous intéresser, c'est Plaisance, capitale de la partie française de Terre-Neuve antérieurement à la cession de cette colonie à la Grande-Bretagne en 1713. Avant le déclenchement de la Guerre de la Succession d'Espagne, il est décidé que la pierre des Charentes sera employée dans les fortifications du port. En 1700, les administrateurs de la colonie lancent un appel urgent à la cour pour obtenir 300 toises (à peu près 600 mètres) de pierre taillée aux dimensions du cordon17, parce que la pierre de Terre-Neuve est trop dure, que la pierre taillée prend moins d'espace à bord des navires que la pierre brute et qu'il y a dans la colonie une pénurie de bons tailleurs de pierre. On fournit en 1701 un tiers de la commande. En 1702, la métropole envoie de la pierre de taille pour les encoignivres, mais il faudra à l'avenir que la colonie lui indique les dimensions précises de ce dont elle a besoin pour que la cour puisse continuer à fournir de la pierre toute taillée18. Vers 1703, la cour commence à insister moins sur le genre de pierre à envoyer aux colonies que sur le mode d'expédition. Elle enjoint les intendants de Brest, de Bayonne, de Granville et du Croisic d'obliger les terreneuviers à porter comme lest des quantités de pierre de parement19. On fait exception du fort de Port-Royal en Acadie : on donne ordre à l'intendant Bégon de fournir de la pierre de taille pour les portes; c'est de la charente, expédiée à bord des vaisseaux du roi20.
9 La guerre sévit et le ravitaillement de Plaisance devient de plus en plus difficile. En 1708, après cinq ans de silence, la cour se décide à répondre aux exigences de la construction. Outre une certaine pierre basque, qui n'est destinée à aucun usage particulier et que les morutiers de ce pays doivent apporter, on ordonne à l'intendant Bégon d'envoyer de la Charente pour la porte d'un des forts21. Mais les fortifications de Plaisance ne sont pas terminées avant la cession de la colonie. Le port est bloqué par les Anglais, des vaisseaux français sont pris ou coulés et assez peu de cette pierre arrive à sa destination.
10 Dans quelques années, on trouvera aux colonies de nouvelles occasions d'employer la pierre des Charentes. Le Conseil, qui remplace le ministre de la Marine sous la Régence de Philippe d'Orléans et dont un des membres est le directeur général des fortifications du Royaume, envoie du Verger de Verville à l'île royale en 1716 et Frézier à Saint-Domingue en 1719. Ces deux ingénieurs du roi recommandent des projets de construction qui occasionnent l'utilisation de pierres taillées. À l'île royale, ce sont les entrepreneurs de fortifications qui sont responsables de la fourniture de la pierre locale, tandis que le roi assume les frais de transport d'un port à l'autre22. Ayant cependant appris les limites du grès local en architecture, la cour ordonne à l'intendant de Rochefort de se procurer de la Charente, tout en recouvrant de l'entrepreneur la dépense du produit et en assumant de la part du roi les frais du transport Rochefort-Louisbourg.
11 On décide presque immédiatement d'utiliser la pierre des Charentes pour les forts de Saint-Domingue parce qu'il n'y a pas de substitut local, et c'est la pierre de Saint-Même qui est choisie23. Les frais de fourniture seront à la charge du compte des fortifications de la colonie. Par suite d'une demande soumise par Frézier au mois d'août 1721, relativement à la construction de deux guérites24, d'une batterie projetée à Picolet, au Cap-Français, et d'une batterie au Petit-Goave25, Beauharnais adjuge en mars 1722 la fourniture d'à peu près 1400 pieds cubes de pierre de taille de Saint-Même. L'expédition à la colonie est retardée par le remplacement de quelques pierres rejetées par l'ingénieur en raison de leurs mauvaises proportions26.
12 Au cours des années qui suivent, les carriers de Saint-Même et de Saint-Savinien sont très occupés à satisfaire les demandes de l'île royale et de Saint-Domingue. Bien entendu, cela prend du temps. Les pierres sont envoyées pour lest, soit dans une flûte du roi, soit dans un vaisseau marchand. Frézier demande de nouvelles fournitures de Saint-Même en 1724 et en reçoit quelques 600 pieds cubes par an en 1725 et 172627. A Louisbourg, Etienne Verrier, successeur de du Verger de Verville, reçoit une expédition de pierres qui sont aux deux tiers de Saint-Savinien et au tiers de Saint-Même. « Je ne vous marque point les dimensions de ces pierres », écrit le ministre à l'intendant Beauharnais. « Il convient de les envoyer telles qu'on les tire des carrières de St-Même et de St-Savinien parce que M. Verrier les fera distribuer sur les lieux suivant l'emploi qu'il conviendra d'en faire pour cette année... »28. En 1727, Beauharnais est enjoint de fournir jusqu'à 2000 pieds cubes de pierre de taille, mais il ne peut en envoyer que 1050, faute d'espace à bord des vaisseaux qui sont armés pour Louisbourg. L'année suivante, il peut en expédier 900 pieds cubes, qui sont affectés aux pieds-droits des portes et des fenêtres du grand corps de casernes et de l'hôpital29.
13 De 1730 à 1736; on s'occupe surtout de Saint-Domingue. À Louisbourg, le besoin d'ardoise pour les toits de grands bâtiments est plus pressant que celui de pierre de taille30. À Saint-Domingue, ce sont plusieurs batteries et le Fort Dauphin qui exigent de grandes quantités de pierre de taille : 1046 pieds cubes en 449 pierres arrivent, par exemple, en juin 173231. Jusqu'à l'achèvement de ces ouvrages, le ministre ne cesse d'insister sur l'urgente nécessité de fournir tout ce dont la colonie a besoin32. Il approuve d'ailleurs que l'ingénieur ait fait sculpter les armes du roi sur la porte du Fort Dauphin et sur celle de la redoute, et il va envoyer « incessament » l'inscription qu'il faudra mettre à la porte du fort. Mais il ajoute modestement que l'ingénieur aurait pu se dispenser de placer les armes du ministre « au mur du cavalier de Maurepas et à la batterie qui fait face au passage d'entrée de la baie »33. Enfin, étant informé que les deux redoutes du Fort Dauphin sont achevées, le ministre ordonne aux administrateurs de Saint-Domingue de ne pas entreprendre de nouveaux ouvrages. L'entrée du port se trouvera « parfaitement fermée », dit-il, et quant au fort à moitié exécuté, « cela suffit à présent ». « Il ne doit être question... que de mettre les plateformes des batteries en état » et, à cette fin, le ministre va « prendre des arrangements pour l'envoi de la pierre de taille... » nécessaire34. À la cour de Versailles, c'est Louisbourg qui est redevenue la préoccupation coloniale, notamment cette « nouvelle enceinte qui fermera complètement la ville ».
14 Dans la construction des fortifications coloniales, l'emploi de « la pierre de taille venant de France », exceptionnel en 1719, est maintenant reconnu comme normal. Le marché conclu en 1737 avec Bernard Muiron, entrepreneur des fortifications de l'île royale, stipule que
La nouvelle enceinte de Louisbourg en a besoin, et en grandes quantités, et de nouveau le ministère fait de son mieux pour lui en fournir36. Cette enceinte comprendra aussi de nouvelles portes, comme celles qui seront érigées à la gloire du comte de Maurepas lui-même.
15 Malgré la priorité donnée aux ouvrages de Nouvelle-France et des îles antillaises, une autre colonie entre brièvement en scène en 1741 et 1742. C'est Cayenne, où la construction et la réparation de fortifications se fait, mais à une échelle plus modeste qu'ailleurs. Cette colonie demande des pierres de taille de Beaugeay, endroit qui est situé à quelque 11 kilomètres au sud de Rochefort. Le ministre insiste pour que le commissaire Deslandes, à Rochefort, trouve une manière de satisfaire aussitôt que possible la demande de la colonie, malgré un contretemps survenu dans les négociations entre celui-ci et un fournisseur. En janvier 1742, Deslandes passe un marché avec un monsieur Grabeuil pour la fourniture d'une partie de ces pierres, stipulant que cette fourniture se fera au mois d'octobre. Le ministre désire « la comprendre dans l'envoi qui en doit être fait par le premier vaisseau... et qu'elle y soit placée de façon que le déchargement puisse s'en faire aussi commodément qu'il sera possible ». Étant donné que les vaisseaux font rarement et brièvement escale à Cayenne, le ministre ne veut pas donner au capitaine du vaisseau un prétexte pour ne pas y décharger cette cargaison si importante pour la colonie37.
16 J'ignore la raison pour laquelle l'ingénieur de Cayenne a demandé la pierre de Beaugeay; c'est la seule mention de ces carrières que j'aie trouvée dans les documents coloniaux. Il n'y a pas de doute que les carrières préférées par la plupart des ingénieurs et entrepreneurs coloniaux étaient celles de Saint-Même et de Saint-Savinien et que, entre ces deux, c'était Saint-Même qui l'emportait. Les carrières de Saint-Savinien avaient encore un grand potentiel car, au cours du siècle suivant, quelque 300 ouvriers en ont extrait entre 200 000 et 300 000 mètres carrés de pierre de taille. Mais Pinard a écrit il y a 24 ans que, dans toute la région,
Il est vrai que cette « désolation » s'exploite maintenant à des fins touristiques mais, à Saint-Même, de nos jours encore, on exploite les carrières. Cette exploitation alimente d'ailleurs sur place une vigoureuse industrie de taille de pierre qui dessert, au milieu d'un monde de béton et d'acier, des réalisations architecturales spécialisées telles que la restauration de monuments historiques et la construction de résidences de luxe.
17 Puisque nous n'avons pas trouvé de marchés notariés entre l'intendant de la marine à Rochefort et les fournisseurs de pierre de taille, il faudra trouver d'autres moyens d'établir l'identité de ceux-ci. Je suis de l'avis que nous pourrions dresser une liste plus ou moins exhaustive de carriers et d'intermédiaires en examinant dans les actes des notaires de Saint-Savinien et de Saint-Même toutes les transactions entre particuliers qui concernent des carrières de pierre de taille. Il va de soi qu'un certain nombre de ces personnes ont pu avoir affaire, directement ou indirectement, aux représentants du roi. Le directeur des archives de la Charente, madame Francine Ducluzeau, m'ayant signalé le nom d'une famille de notaires à Saint-Même, ma collègue Pauline Arseneault a fait des sondages dans ses archives, ainsi que dans celles de notaires de Saint-Savinien et ailleurs en Charente-Maritime. Les quelques actes notariés que nous avons vus nous suggèrent que, faute de capitaux, des tenanciers de petits terrains louaient souvent à d'autres le droit d'exploiter leurs carrières. Quelques-uns des fournisseurs que nous cherchons seraient, par conséquent, des carriers-locataires ou même des marchands qui ne faisaient qu'acheter pour revendre. Il ne serait pas surprenant que la recherche de ces fournisseurs révèle un réseau d'intérêts s'entrelaçant autour de l'exploitation des carrières.
18 Louisbourg est la seule parmi les villes coloniales où des recherches archéologiques ont permis de découvrir des vestiges de la pierre de taille charentaise. On a notamment pu identifier des sculptures qui couronnaient la Porte Dauphine39. Mais, étant donné les quantités de cette pierre qui ont été utilisées dans plusieurs parties de la ville entre 1725 et 1745, on en a trouvé très peu de vestiges. Cela peut s'expliquer. La démolition des fortifications par des ingénieurs britanniques est connue. Mettons de côté des traditions locales plus ou moins croyables, comme le pillage de ruines pour fonder des maisons, ou bien des légendes non appuyées de preuves, comme le déplacement de matériaux à Halifax pour fonder de nouveaux édifices publics. Plusieurs travaux d'amateurs pendant la première moitié du vingtième siècle avaient pour but de raffermir certaines ruines, mais ils ont compromis sérieusement le registre archéologique. Quoi qu'il en soit, à partir de 1960 (exception faite des travaux de sauvetage, c'est-à-dire la prévention de l'érosion des ruines par la mer), des fouilles archéologiques n'ont été autorisées qu'aux endroits où des bâtiments étaient destinés à être reconstitués, c'est-à-dire dans le quartier du Bastion du Roi et de la Porte Dauphine et dans les quartiers voisins. Le grand corps de casernes, avec son pavillon du gouverneur et son horloge, y est compris, mais l'hôpital, avec son clocher, les portes de la Reine, de Frédéric et de Maurepas, et bien d'autres bâtiments, ne le sont pas. Les vestiges trouvés ont cependant eu une application pratique. On a pu assurer un dessin de reconstitution de la Porte Dauphine plus fidèle que ce qui aurait été possible par l'inspiration des seuls plans.
19 Bien des recherches restent à faire : l'extension des études de documents coloniaux jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, des études approfondies de documents notariaux pertinents et plus de recherches archéologiques, pour compléter et confirmer l'évidence documentaire. En attendant, il est à souhaiter que l'Histoire reconnaisse la contribution des carrières de pierre de taille des Charentes à l'architecture française d'outre-mer, en faisant ériger à Saint-Même-les-Carrières un petit monument dédié à toutes les carrières de la région. On pourrait suggérer, eu égard aux inquiétudes financières actuelles de tous les gouvernements, que les secteurs public et privé de plusieurs pays s'associent à cette fin assez modeste et qu'on établisse un concours international pour la conception de l'œuvre.
Je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer mes remerciements sincères à madame Pauline Arseneault, qui a généreusement donné de son temps à dépouiller les archives des notaires de Rochefort et de Saint-Savinien, aux Archives de la Charente-Maritime à la Rochelle, et celles des notaires de Saint-Même, aux Archives de la Charente à Angoulême. Je voudrais aussi remercier mon ami et collègue de 35 ans, A. J. H. « Jack » Richardson, de m'avoir permis d'utiliser ses travaux publiés et inédits sur l'oeuvre à Québec avant 1650 des maçons et tailleurs de pierre des Charentes et d'autres parties de la France. Sans l'aide de ces deux chercheurs, la qualité de cette communication serait bien moindre; mais il va sans dire que je suis entièrement responsable de l'application des résultats de leurs recherches à cette étude.