1 Journals are like any other artifact: they are historically rooted in a particular cultural context, they reflect the traditions of an institution, a methodology, or even a particular country. Material History Review is no different. And as I begin my term as editor, it is a good opportunity to make sense of the world of journals and where the Review fits in, its past, and where it might contribute to the current state of artifact research.
2 Material History Review (and its earlier guise, Material History Bulletin) is one of any number of journals devoted to the artifact. Some of these, such as Winterthur Portfolio in the United States, have taken a largely geographic focus. Others have had disciplinary preferences. Material Culture (formerly Pioneer America) reflected primarily the work of cultural geographers. The recent Journal of Material Culture is largely the product of anthropologists and archaeologists. And the new journal, Things, published by design history students at the Victoria and Albert Museum, reflects the importance of this particular approach in contemporary Britain.
3 Material History Review has its own idiosyncratic history. With its origins in the History Division of the old National Museum of Man in Ottawa, the journal clearly assumed a historical bent from the beginning. This was a very specific historical bent that reflected how the National Museum carved up the world. If a researcher was dealing with a decorative object, and if that object belonged to an ordinary person (especially if that person were ethnic), such artifacts were the specialty of the Canadian Centre for Folk Culture Studies at the National Museum. If the article was produced by a native person, then it was the responsibility of the Ethnology Division. But if that object was made by a European, and — even better — if that European had some political or economic importance, then it was sent to the History Division. These divisions, then, explained the divisions of artifact research that historically characterized the studies that appeared during the initial years of the Material History Bulletin: European settlers in Canada, often focussing on issues of origin and chronology. And when the Bulletin shifted to the National Museum of Science and Technology, technological concerns with historical dimensions were added to this interest.
4 As I begin my term as Editor, I think it is important to recognize the historical reasons why the Review has excelled in these particular areas, but to recognize, as well, those things (and therefore those people) that still need to be researched and written about. My own work has often appeared under the rubric of material culture — as has much recent theorizing. Having come from a background of folk life studies (or regional ethnology as it would be labelled in Europe), I am a student of the past and the present. As so with the Review — in order to keep pace with scholarship in other publications — it is important that we publish studies of objects based on both historical and contemporary materials, using archival and ethnographic sources. And in these studies the concept of culture hopefully will remain central (however problematic that concept may be): that we will not just simply chronologize objects, but use them to deal with how people organize their daily lives — in short, the thoughts that structure the things.
5 Traditions are sometimes more perceived than real, and, again, so this is with journals. Material History Review has always been in the forefront of disseminating information about artifacts that are distinctively Canadian, or that have been consumed in Canada. Yet, I would hope that we will continue to foster debate about objects regardless of their provenance. We should deal with artifacts wherever they are from, no matter what approach is used in analyzing them, as long as they offer insight to a people and its culture. As long as the artifact remains the focus, then even abstract discourses on methods and approaches need to be included.
6 And it is time, as well, to be more reflective on the practicalities of what we do as students of the artifact. Here I am thinking of the culture of the museum, the culture of the historic site, the heritage industry, cultural tourism: all the things that many of us are involved in on a daily basis, hotly debated informally, yet rarely reflected on in print. We need to write more about "applied" research, not just the details of artifact identification. The Review has already made some important first steps in this area, and I hope to see more.
7 Finally, I recognize the honour of becoming editor of Material History Review. I look back at the long line of my illustrious and influential predecessors — Barbara Riley, Gregg Finley, Peter Rider, Robin Inglis — and hope to add to their important contributions to scholarship. And I am grateful to the members of the Editorial Board who have agreed to work as a team to continue the high international reputation that the Review enjoys. I intend to continue our traditions: to ensure that our journal includes the most sophisticated and innovative contributions that elucidate the artifact and, by doing so, recognize its extraordinary power to help us understand others — and ourselves.
8 Les revues sont comme tout autre objet façonné : elles sont issues d'un contexte culturel donné et reflètent les traditions d'une institution, une méthodologie ou même un pays en particulier. La Revue d'histoire de la culture matérielle ne fait pas exception. Et mon entrée en fonction en tant que rédacteur en chef est une bonne occasion de réfléchir sur le monde des périodiques savants et sur la place qu'y occupe la Revue, sur le passé de celle-ci et sur la contribution qu'elle pourrait apporter à la recherche actuelle concernant les objets façonnés.
9 La Revue d'histoire de la culture matérielle (et sa version antérieure, le Bulletin d'histoire de la culture matérielle) est une revue parmi d'autres consacrées à l'objet façonné. Certaines d'entre elles, comme le Winterthur Portfolio, aux États-Unis, ont une vision plutôt géographique des choses. D'autres montrent leurs préférences pour certaines disciplines. Material Culture (autrefois Pioneer America) a surtout reflété le travail de géographes culturels. Le récent Journal of Material Culture est dans l'ensemble un produit d'anthropologues et d'archéologues. Et la nouvelle revue Things, publiée par des étudiants en histoire du design au Victoria and Albert Museum, reflète l'importance de cette perspective dans la Grande-Bretagne d'aujourd'hui.
10 La Revue d'histoire de la culture matérielle a son parcours original. Issue de la Division de l'histoire de l'ancien Musée national de l'Homme, à Ottawa, la publication a montré clairement dès le début un penchant pour l'histoire. C'était un penchant très spécifique reflétant le découpage du monde qu'effectuait le Musée national. Ainsi, si le travail d'un ou d'une recherchiste portait sur un objet décoratif et si cet objet appartenait à une personne ordinaire (surtout si cette personne était membre d'une minorité culturelle), c'est le Centre canadien d'études sur la culture traditionnelle qui s'en chargeait au Musée national. Si l'objet était produit par un ou une autochtone, il était du ressort de la Division de l'ethnologie. Mais si l'objet était fabriqué par un Européen ou une Européenne et - mieux encore - si cette personne avait eu une certaine importance sur le plan politique ou économique, alors l'objet était envoyé à la Division de l'histoire. Cette répartition explique les diverses orientations de la recherche sur les objets façonnés qui ont caractérisé les études publiées durant les premières années du Bulletin d'histoire de la culture matérielle : elles s'articulaient autour des pion-niers européens au Canada et mettaient sou-vent l'accent sur des questions d'origine et de chronologie. Lorsque le Bulletin a été placé sous la responsabilité du Musée national des sciences et de la technologie, des aspects techniques à dimensions historiques se sont ajoutés à ces questions.
11 En entrant en fonction comme rédacteur en chef, je crois qu'il est important de reconnaître les raisons historiques qui ont mené la Revue à exceller dans les domaines précités, mais de reconnaître également ces choses (et donc ces personnes) sur lesquelles on doit encore faire des recherches et écrire. Mes propres travaux ont souvent été associés à la rubrique « culture matérielle », comme nombre de formulations théoriques récentes. Issu du domaine d'étude des traditions populaires (ou ethnologie populaire, comme on appelle cette discipline en Europe), j'étudie le passé et le présent. C'est aussi le cas de la Revue. Pour aller de pair avec les autres publications savantes, il est important que nous fassions paraître des études d'objets s'appuyant à la fois sur des documents historiques et contemporains, en utilisant des sources archivistiques et ethnographiques. Et il est à espérer que la notion de culture (aussi problématique qu'elle puisse être) demeurera le point central de ces études, c'est-à-dire que nous n'allons pas uniquement situer les objets dans le temps, mais également les utiliser pour voir comment les gens organisent leur vie de tous les jours - autrement dit, se pencher sur les pensées qui structurent les choses.
12 Les traditions sont parfois davantage une perception qu'une réalité et, là encore, c'est le cas des publications savantes. La Revue d'histoire de la culture matérielle a toujours été au premier plan de la diffusion de rinformation sur les objets façonnés typiquement canadiens ou qui ont été consommés au Canada. Mais j'espère que nous allons continuer de favoriser le débat sur les objets en général, peu importe leur provenance. Nous devons nous occuper des objets de toutes origines, quelle que soit la démarche suivie pour les étudier, en autant qu'ils permettent d'acquérir des connaissances sur un peuple et sa culture. Aussi longtemps que l'objet demeure le point central, il faut également inclure dans la Revue des discours abstraits sur des méthodes et des démarches.
13 Et il est également temps de réfléchir davantage aux détails pratiques de ce que nous faisons comme étudiants de l'objet façonné. Ici, je pense à la culture du musée, à la culture du site historique, à l'industrie du patrimoine, au tourisme culturel : toutes ces choses qui font partie du quotidien de plusieurs d'entre nous, qui font l'objet de discussions animées, mais sur lesquelles nous mettons rarement nos pensées par écrit. Nous devons écrire davantage sur la recherche « appliquée », pas seulement sur les détails de l'identification de l'objet. La Revue a déjà fait quelques pas importants dans ce domaine et j'espère que ce n'est qu'un début.
14 Finalement, je reconnais que c'est un honneur pour moi de devenir rédacteur en chef de la Revue d'histoire de la culture matérielle. Je regarde la longue lignée de mes prédécesseurs illustres et influents — Barbara Riley, Gregg Finley, Peter Rider, Robin Inglis — et j'espère ajouter à leurs importantes contributions à la recherche savante. Je suis aussi reconnaissant envers les membres du Comité de rédaction, qui ont accepté de travailler en équipe à maintenir la renommée internationale dont jouit la Revue. Je compte poursuivre nos traditions : m'assurer que notre revue présente les articles les plus fouillés et novateurs, qui mettent en lumière l'objet façonné et reconnaissent ainsi le pouvoir extraordinaire qu'il a de nous aider à comprendre les autres — et à nous comprendre nous-mêmes.