Front Matter

Editorial / Éditorial

Adrienne Hood
University of Toronto

Postmodernism and Postcolonialism: 'Into the Heart of Africa' Revisited

1 In this issue we are reprinting a previously published article by Linda Hutcheon, "The Post Always Rings Twice: The Postmodern and the Postcolonial."1 This is not a standard policy for Material History Review, but we felt that the journal Textual Practice, where it was originally published, was not a likely overlap for our audience. More importantly, we believed that the issues raised in the essay were significant enough to warrant bringing them to your attention.

2 Linda Hutcheon is Professor of English and Comparative Literature at the University of Toronto; she analyses texts, not objects. As a result, Hutcheon brings a different and important perspective to the interpretation of material culture, in this case through a thoughtful and sustained analysis of the Royal Ontario Museum's (ROM) controversial 1989-90 exhibition, Into the Heart of Africa. By applying literary theory to a museological context she has illuminated many of the issues that face historical museum collections today: how to collect, interpret, and display objects to an increasingly diverse audience that does not share traditional western assumptions about museums.

3 Unlike much of the writing that emerged while Into the Heart of Africa was on display and embroiled in controversy (or shortly thereafter), Hutcheon wrote her essay several years later. This distance from the highly charged atmosphere surrounding the event has resulted in a comprehensive analysis of the multifaceted difficulties that plagued both the exhibition and the ROM.

4 Hutcheon discusses the problematic nature of interpreting historical collections, containing as they do a disparate assortment of artifacts acquired by a generation of collectors whose values and objectives we no longer share. She explores how the curator of the African exhibition sought to re-interpret the ROM's African material, much of it acquired almost a century ago, into a form that would be meaningful to today's audience and why the attempt failed. But Hutcheon's intention is not to blame the curator, it is to examine the multiple factors that went into the production and reception of that, and by extension, other public exhibitions. In doing so, she analyses the problems from a variety of angles including the fact that exhibits are frequently the products of team efforts, that publicity must be carefully and fully integrated into the entire package, that community consultation is complex and provides no guarantees that everyone will be satisfied with the product, and that is critical to understand potential audiences and their expectations.

5 Looking at the exhibit itself, Hutcheon reminds us that the museum visitor of today is more apt to respond to visual images than the written word, making it critical to use the two judiciously in trying to communicate our ideas. One of the problems with the African exhibit was its reliance on text and the literary convention of irony. An acknowledged expert on the subject, Hutcheon examines how irony functions and the many ways it can be misunderstood, whether conveyed through labels, or more subtly through design, depending on the cultural and educational background of the audience.

6 Museum exhibitions are never viewed in a vacuum, and a major factor in the controversy surrounding the African show was the larger context in which it was situated: in a big museum surrounded by exhibitions that sent conflicting messages; and in the city of Toronto, with its multicultural audience, during a period of intense racial tension. Hutcheon's exploration of these settings, couched in the theoretical framework of postmodernism and postcolonialism, is a valuable reminder that the world in which museums operate has undergone a radical metamorphosis, in the process transforming the social meanings of these institutions.

7 The importance of reprinting this article, therefore, is to demonstrate how a scholar from outside material culture studies and museology has articulated in a new, and I think meaningful, way some of the critical issues which have engaged readers of this journal for many years. We are reminded forcefully that the museum itself is a cultural text that can and must be interpreted along with its collections and that our audiences must be re-educated to appreciate that.

8 Into the Heart of Africa was a watershed exhibition for Canadian museology. As such, it is worth revisiting as the dust settles and we can begin to place it into the long and evolving history of museums and their material culture. "The Post Always Rings Twice" is a major contribution to the ongoing dialogue of where, and perhaps even if, museums fit into our contemporary world.

Adrienne Hood,
Royal Ontario Museum

Postmodernisme et postcolonialisme : retour à « Into the Heart of Africa »

9 Dans ce numéro, vous pourrez lire un article publié antérieurement par Linda Hutcheon, « The Post Always Rings Twice : The Postmodern and the Postcolonial2 ». La revue d'histoire de la culture matérielle n'a pas coutume de reproduire un article déjà paru, mais nous pensons que le périodique Textual Practice, où il a d'abord été publié, ne s'adresse pas au même auditoire. Fait plus important, nous croyons que les questions soulevées dans l'essai sont assez importantes pour être portées à votre attention.

10 Linda Hutcheon est professeure d'anglais et de littérature comparée à l'Université de Toronto; elle analyse des textes, pas des objets. Elle aborde donc l'interprétation de la culture matérielle sous un angle radicalement différent et fort intéressant. Dans le cas présent, elle propose une analyse rationnelle et brillante de l'exposition si controversée de 1989-1990 du Musée royal de l'Ontario, « Into the Heart of Africa ». Appliquant la théorie littéraire au milieu muséologique, elle donne un nouvel éclairage à bon nombre de questions que soulèvent les collections historiques des musées de nos jours : comment recueillir, interpréter et présenter des objets à un auditoire de plus en plus divers qui ne partage pas les hypothèses de base des occidentaux au sujet des musées.

11 Contrairement à ce qui s'est en grande partie écrit durant (ou peu après) la tenue de l'exposition « Into the Heart of Africa » et la controverse à laquelle elle a donné naissance, Linda Hutcheon a rédigé son essai quelques années plus tard. S'étant distancée de l'atmosphère explosive entourant l'événement, elle a pu effectuer une analyse générale des multiples difficultés qu'ont connues tant l'exposition que le Musée.

12 Linda Hutcheon parle du caractère problématique de l'interprétation des collections historiques, assortiment disparate d'objets acquis par une génération de collectionneurs dont nous ne partageons plus les valeurs ni les objectifs. Elle examine la façon dont la conservatrice de l'exposition s'est efforcée de donner une nouvelle interprétation au matériel africain du Musée, objets en grande partie acquis il y a près d'un siècle, afin qu'il ait un sens pour l'auditoire moderne, puis explique pourquoi la tentative a échoué. Son intention n'est pas de jeter le blâme sur la conservatrice, mais plutôt d'examiner les nombreux facteurs qui sont intervenus dans la réalisation et l'accueil de cette exposition et, par extension, d'autres expositions publiques. Ce faisant, elle analyse les problèmes sous divers angles, y compris le fait qu'une exposition est souvent le fruit d'un travail d'équipe, que la publicité doit soigneusement et entièrement être intégrée à l'ensemble, que la consultation de la collectivité est un processus complexe et que rien ne garantit que le produit résultant satisfera tout le monde, enfin qu'il est capital de comprendre l'auditoire potentiel et ce qu'il attend.

13 Se penchant sur l'exposition proprement dite, Linda Hutcheon rappelle que la personne qui visite un musée aujourd'hui réagit plus aux images qu'aux mots, si bien qu'un usage judicieux des deux médias est capital lorsqu'on s'efforce de communiquer des idées. Un des problèmes de l'exposition africaine était qu'elle faisait appel au texte et à la convention littéraire de l'ironie. Spécialiste réputée en la matière, Linda Hutcheon explique le fonctionnement de l'ironie et les nombreuses façons dont elle peut être interprétée de travers, qu'elle soit véhiculée par des étiquettes ou, d'une manière plus subtile, par un concept, compte tenu du bagage culturel et de l'instruction de l'auditoire.

14 Une exposition présentée dans un musée n'est jamais perçue comme un tout indépendant et un des grands facteurs à l'origine de la polémique qu'a suscitée l'exposition africaine était le contexte plus général où elle se situait : dans un vaste musée, entourée d'expositions transmettant des messages contradictoires, à Toronto, ville ayant un auditoire multiculturel, au moment précis où grimpait la tension raciale. L'analyse de ces facteurs par Linda Hutcheon, dans le contexte théorique du postmodernisme et du postcolonialisme, est un vibrant rappel que le monde dans lequel fonctionnent les musées a subi une véritable métamorphose qui a elle-même changé la signification sociale de tels établissements.

15 Notre idée, en reproduisant cet article, consiste donc à démontrer comment une universitaire n'appartenant pas au monde de la muséologie et de l'étude de la culture matérielle parvient à énoncer d'une manière nouvelle et, à mon avis, intéressante certaines questions capitales que se posent les lecteurs et lectrices de ce périodique depuis de nombreuses années. On nous rappelle sans ménagement qu'un musée n'est en soi qu'un texte culturel qu'on peut et doit interpréter avec ses collections, et que son auditoire doit être rééduqué pour le comprendre.

16 L'exposition « Into the Heart of Africa » a marqué un tournant pour la muséologie canadienne. C'est pourquoi, il vaut la peine d'y retourner, maintenant que les esprits se sont calmés et qu'il est possible de la resituer dans l'histoire longue et continue des musées et de leur culture matérielle. « The Post Always Rings Twice » apporte une importante contribution à la dialectique permanente de la place qu'occupent les musées dans notre monde contemporain, voire même de l'utilité de leur existence.

Adrienne Hood,
Musée royal de l'Ontario
NOTES
1 Originally published in Textual Practice 8, no. 2 (Summer 1994): 205-238.
2 L'essai a d'abord été publié dans Textual Practice, volume 8, numéro 2 (été 1994), p. 205-238.