Reviews / Comptes rendus

Susan McLeod O'Reilly, A fond de train : le service posted ferroviaire au Canada

Luce Vermette
Environment Canada
Susan McLeod O'Reilly, À fond de train : le service postal ferroviaire au Canada. Hull : Musée national de la poste, Musée canadien des civilisations et Société canadienne des postes, 1992. 151 p., ill. Couverture souple, $17.95. ISBN 0-660-00559-0. Available in English under the title On Track: The Railway Mail Service in Canada.

1 En mars 1993, le Musée national de la poste lançait À fond de train : le service postal ferroviaire au Canada, un ouvrage qui retrace l'histoire du service postal ferroviaire au Canada et le travail des hommes affectés au traitement du courrier dans les trains en marche. Ce livre s'inscrit dans la foulée de l'exposition du même nom, « À fond de train : le service postal ferroviaire au Canada », qui a été présentée au Musée canadien des civilisations de janvier à juillet 1991 et s'est attiré les éloges de la critique. Avec tout autant de succès, l'ouvrage saura perpétuer le souvenir de l'exposition et se gagner la faveur du public. Il est l'œuvre de Susan McLeod O'Reilly, conservatrice au Musée national de la poste, qui a également mis sur pied l'exposition.

2 A fond de train présente l'histoire du service postal ferroviaire, s'échelonnant des années 1854 à 1971, sous quatre aspects : le contexte historique, le service postal ferroviaire en tant que tel, les commis ambulants et la philatélie. De nombreuses illustrations de très belle qualité, dont plusieurs en couleurs, font revivre cette histoire.

3 La première partie, le contexte historique, traite de la nature de la communication postale dans ses différentes phases, de la création à la réception du message, ainsi que des moyens de transport utilisés pour l'acheminement et le traitement du courrier. Dès son apparition, le chemin de fer s'est avéré le véhicule privilégié du transport du courrier et ce, durant cent quarante-sept ans, soit de 1840 à 1987. Le train est même devenu bureau de poste ambulant quand, de 1854 à 1971, un ou plusieurs wagons ont été affectés au traitement du courrier. En terme de volume de courrier transporté, de nombre de commis employés et de distances parcourues, le service postal ferroviaire a connu son apogée en 1950. Par la suite, la diminution de fréquence des trains de voyageurs, le recours à l'avion et au camion pour la livraison postale ainsi que, plus tard, l'automatisation du tri lui ont donné le coup de grâce. Le chapitre se termine par un tableau chronologique des faits marquants de notre histoire du service postal ferroviaire, mis brièvement en comparaison avec de tels services à l'étranger, notamment en Europe. Quoique l'ouvrage porte sur le Canada, cet élément comparatif est fort intéressant et aurait mérité une plus grande attention.

4 Le deuxième chapitre décrit les diverses phases du message postal : sa création, sa mise à la poste et, avant sa réception, son acheminement. Celui-ci nécessite un maniement - le tri, l'oblitération, les formulaires - un lieu - le wagon-postal — et, à l'occasion, un moyen spécial que l'on découvre - le happe-dépêches. Ce système du happe-dépêches est on ne peut plus original et particulier au service postal ferroviaire. En un lieu où le train ne s'arrêtait pas, un mât de happe-dépêches était installé au bord des rails du chemin de fer et un sac de courrier y était accroché de façon à être saisi au vol par le commis ambulant. Cette opération exigeait, il va s'en dire, adresse et synchronisation. Elle reflétait ingéniosité et efficacité.

5 L'ouvrage analyse également la nature du courrier livré au cours des années 1854-1971 : lettres, journaux, colis, denrées alimentaires, urnes de scrutin, or et argent, voire même des animaux. Puis c'est la vie à bord du wagon postal qui nous est révélée. Qui étaient les commis ambulants ? Quelles étaient leurs fonctions ? Recevaient-ils une formation spéciale ? Quelles étaient les conditions matérielles de leur vie à bord des trains ? Pour répondre à ces questions et à de nombreuses autres, des témoins ont été mis à contribution au cours d'une recherche étalée sur plus de cinq années. Une soixantaine d'anciens commis ambulants, la plupart aujourd'hui retraités ou réaffectés à d'autres fonctions au Service des postes, ont été interviewés. Ceci a contribué à faire ressortir le côté humain de l'histoire du service postal ferroviaire. Des archives ont également été consultées, à la fois celles du ministère des Postes (aujourd'hui la Société canadienne des postes) et celles de la Société des chemins de fer nationaux. Le dernier chapitre est consacré à la philatélie. Y sont reproduits une grande quantité de cachets de timbres dateurs utilisés dans les bureaux de poste ambulants.

6 À fond de train constitue un ouvrage aussi agréable qu'enrichissant qui saura plaire tant au grand public et aux philatélistes auxquels il est destiné qu'à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des communications, de la poste, des chemins de fer et de la culture matérielle.