1 The new editor of an established journal enters upon his assignment with the mixed emotions of apprehension and optimism — the former engendered by the sheer weight of the past contribution of so many people to the development of the publication, the latter by a feeling that it might indeed be possible to further develop and improve it.
2 No one glancing back over the last 15 years of issues of Material History Bulletin and Material History Review can doubt that the journal has done much to recognize the value of, and to promote the importance of, material history and material culture studies in Canada. As a "museum driven" publication the journal has faithfully reflected the progression of a more professional approach to museum work undertaken by trained historians responsible for collections. Clearly, the preservation, restoration and interpretation of artifacts have benefited hugely from the appearance in museums of a generation of curators knowledgeable of recent historical theory and trained in the more demanding aspects of modern historical research.
3 The museum revolution of the last two decades has essentially freed historical artifacts from the narrow confines of connoisseurship on the one hand and a romantic attachment to the past on the other. Slowly, historians working in museums, contending with, but also learning from, such disciplines as anthropology, archaeology and art history, have established approaches to the analysis, interpretation and presentation of artifacts; this has begun the integration of materials relevant to social, scientific and technological history into the larger body of historical knowledge.
4 But the challenge of material history remains. The formal study of history continues to be almost exclusively written without the slightest reference to the physical evidence of the past to determine how people interacted with their environments. The primacy of "history" over objects in their widest environmental sense challenges us to continue to beat at the doors of academe where university historians, with few exceptions, continue to ignore material culture in favour of exclusive documentary research. MHR can and should play a leading role in this endeavour. To do so, however, means engaging a whole new and expanded level of readership and contributors, and seeking out and encouraging those kindred spirits in colleges and universities who see the real value to be gained in according more recognition to museum-based scholarship in material history.
5 This issue of MHR presents a familiar mix of articles and reviews but also reintroduces "Forum," in which Norman R. Ball argues, as suggested above, that material historians must be more willing to reach out beyond museums — in his experience, to our future engineers. David Farrell in his paper provides a simple but effective example of the value for interpretation of a structured analysis of a small collection of artifacts, while Nicholette Prince uses evidence of exposure to European-manufactured dress goods to suggest that the Carrier and Coast Salish peoples of the west coast in the first half of the nineteenth century likely adapted to these goods readily because they saw in them a continuation of their pre-contact style of dress. Philippe Maurice takes us into the realm of historical photography, and the early years of settlement in Western Canada, with a discussion of a short-lived, mid-nineteenth-century process — the collodion positive on glass commonly known as the ambrotype. Jenny Cook, using a broader brush gives us a sweeping overview of the transformation of Maritime Canada's domestic interiors by middle-class women who revolutionized interior decoration by embracing nature and "bringing the outside in."
6 From the earliest days of the journal, book reviews have rightly been an important constant, but critical reviews of major exhibitions have been less frequent. In the belief that the museum exhibit is absolutely central to material history's contribution to the study and presentation of historical research, we aim to make exhibit reviews a component of all future issues. In this regard Warren F. Sommer's review of a major multicultural exhibition at the Vancouver Museum in 1992, Élise Dubuc's review of the new Montreal Museum of Archaeology and History, and Dianne Reid's review of "What Modern Was," build on the excellent work done in other issues.
7 Already the new editor looks to the future with optimism. It will be a privilege to assist colleagues in meeting the challenges inherent in the field of material history, and to help material historians in their tasks of identifying more precisely and reflecting on more effectively the great number of approaches and projects that make up our contribution to an understanding and appreciation of material culture.
8 C'est avec un mélange d'appréhension et d'optimisme que le nouveau chef de la rédaction d'une revue déjà établie assume ses nouvelles fonctions : l'appréhension générée par le poids des contributions antérieures d'un si grand nombre de personnes ayant développé la revue, et l'optimisme suscité par le sentiment de pouvoir encore l'améliorer et accroître son rayonnement.
9 Si l'on jette un coup d'oeil sur les numéros du Bulletin d'histoire de la culture matérielle et de la Revue d'histoire de la culture matérielle parus au cours des quinze dernières années, on ne peut douter que cette publication a beaucoup fait pour reconnaître la valeur des études en culture matérielle et en histoire de la culture matérielle au Canada, et pour en promouvoir l'importance. En tant que publication émanant d'un musée, la revue a fidèlement reflété le professionnalisme croissant qui s'est manifesté dans les travaux muséologiques des historiens de formation responsables des collections. Il est clair que la conservation préventive, la restauration et l'interprétation des objets façonnés ont énormément bénéficié de l'émergence, dans les musées, d'une génération de conservateurs bien au fait des théories historiques récentes et rompus aux plus grandes exigences de la recherche historique moderne.
10 La révolution muséologique des deux dernières décennies a essentiellement libéré les objets de collections historiques des limites étroites dans lesquelles les tenaient l'appréciation des connaisseurs et un attachement romantique au passé. Peu à peu, en rivalisant avec des disciplines comme l'anthropologie, l'archéologie et l'histoire de l'art, mais aussi en apprenant de celles-ci, les historiens œuvrant dans les musées ont établi des méthodes d'analyse, d'interprétation et de présentation des objets façonnés. Ils ont ainsi amorcé l'intégration de matériaux appartenant à l'histoire sociale, scientifique et technologique dans le vaste corpus de la connaissance historique.
11 Cependant, le défi auquel est confrontée l'histoire de la culture matérielle reste entier. L'étude formaliste de l'histoire persiste à exclure presque totalement la plus petite référence aux objets qui témoignent du passé comme moyens de retracer l'interaction entre les humains et leur environnement. La primauté de « l'histoire » sur les objets, considérés sous leur angle environnemental au sens le plus large du terme, nous pousse à continuer de frapper aux portes des lieux de haut savoir où les historiens, à quelques exceptions près, ignorent toujours la culture matérielle pour se concentrer uniquement sur la recherche documentaire. La Revue peut et doit tracer la voie à cet égard. Pour y parvenir, il lui faudra s'appuyer sur un bassin renouvelé et étendu de lecteurs et de collaborateurs, et rechercher et encourager dans les collèges et universités les esprits sympathiques à la cause de l'histoire de la culture matérielle, qui perçoivent vraiment les avantages que l'on retire à accorder plus de reconnaissance au savoir muséologique acquis dans ce domaine.
12 Le présent numéro de la Revue offre la combinaison habituelle d'articles et de comptes rendus, et ramène la chronique « Colloque », dans laquelle Norman Bail fait valoir, comme nous venons de le suggérer et d'après sa propre expérience auprès de nos futurs ingénieurs, que les historiens spécialisés en culture matérielle auraient avantage à redoubler d'efforts pour faire connaître leurs travaux en dehors des musées. Dans son article, David Farrell donne un exemple simple mais probant de la valeur, pour l'interprétation, de l'analyse structurée d'une petite collection d'objets, alors que Nicholette Prince utilise les preuves d'un contact avec les vêtements manufacturés en Europe pour soutenir l'hypothèse que, dans la première moitié du xrxe siècle, les Porteurs et les Salish de la côte ouest se sont vraisemblablement adaptés à ces produits parce qu'ils y voyaient un prolongement de leurs habitudes vestimentaires antérieures au contact. Philippe Maurice nous entraîne au royaume de la photographie historique, et aux premiers temps de la colonisation de l'Ouest canadien, en se penchant sur un procédé qui a connu une brève carrière au milieu du XIXe siècle : le positif au collodion sur plaque de verre, communément appelé l'ambrotype. Jenny Cook nous brosse à grands traits une vue d'ensemble de l'évolution des intérieurs dans les Maritimes, où les femmes de la classe moyenne ont révolutionné la déco-ration intérieure en puisant dans la nature et en amenant « le dehors au dedans ».
13 Depuis la naissance de la revue, les comptes rendus de lecture ont toujours occupé une place importante, mais les critiques de grandes expositions ont été moins courantes. Nous croyons que les expositions des musées sont au cœur même de la contribution de l'histoire de la culture matérielle à l'étude et la présentation de recherches historiques. C'est pourquoi nous ferons en sorte que tous nos numéros à venir contiennent des comptes rendus d'expositions. À cet égard, l'article de Warren F. Sommer sur une grande exposition multiculturelle présentée au Vancouver Museum en 1992, celui d'Élise Dubuc sur le nouveau Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, de même que celui de Dianne Reid, portant sur une exposition consacrée à la notion de modernité dans le passé, poursuivent l'excellent travail amorcé dans d'autres numéros.
14 Déjà le nouveau chef de la rédaction envisage l'avenir avec optimisme. Ce sera un privilège d'aider mes collègues à relever les défis inhérents au champ de l'histoire de la culture matérielle, et d'aider les historiens spécialisés dans ce domaine à cerner plus précisément et refléter plus efficacement le grand nombre de démarches et de projets qui constituent, ensemble, notre contribution à la compréhension et la valorisation de la culture matérielle.