I LA MORT AUTREFOIS
A. D'après les auteurs contemporains
(1950-1985)
1. Études thématiques, historiques ou littéraires
BÉLISLE, Jean. «Les enclos paroissiaux québécois», Décormag, 3, 5 (janvier 1975): 18-19. L'article est
une illustration et une explication de ce qu'étaient les cimetières
québécois au début de la colonie. Il fait ressortir les similitudes de ces
derniers avec les enclos paroissiaux bretons.
BLACKBURN, Marthe. «Rites de la morr au débur de la colonie», Medium-Media, 13: La mort: 5-6. L'auteure relate
plutôt comment mouraient les Amérindiens, premiers habitants du pays. Nos
ancêtres, dit-elle, ont observé «ethnographiquement leur manière de faire
mais pour eux ces rites n'étaient que superstitions, sorcelleries et
charmes».
«Les cadavres, à la mer!», Nos racines:
l'histoire vivante des Québécois, 2 (1979): 40. Le titre
spécifique de ce numéro, La traversée et ses
périls, explique le récit d'une mort en mer au début de la
colonie. Les rites religieux sont présents.
CHARBONNEAU, Hubert. Vie et mort de nos
ancêtres, Coll. «Démographie canadienne» n° 3-
Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1975. 267 p. Une des
premières études résultant des travaux de l'auteur au Département de
démographie historique de l'Université de Montréal.
CLICHE, Marie-Aimée. «Les attitudes devant la mort d'après les
clauses testamentaires dans le gouvernement de Québec sous le Régime
français», Revue d'histoire de
l'Amérique française, 32, 1 (juin 1978): 57-94. Après une
analyse de 799 testaments, l'auteure conclut que la presque totalité des testateurs,
dans l'espoir d'aller au ciel et d'abréger leur purgatoire, ordonnent des
paiements de dettes, des legs charitables, des fondations de messes et affirment sans
contredit leur foi catholique. Étude sérieuse et bien documentée.
———. «L'évolution des clauses religieuses
tradition-nelles dans les testaments de la région de Québec au XIX
siècle», Religion populaire, religion de
clercs?, Benoît Lacroix et Jean Simard, dir. Coll. «Culture
populaire» no 2 (Québec, Institut québécois de
recherche sur la culture, 1984): 365-388. Nombreux tableaux. Evaluation des
traditions.
DORION, Jacques. Moyens de communication non
verbaux. Coll. «Présence du passé» no 21.
Montréal, Maison de Radio-Canada, Service des transcriptions et dérivés de la
radio, 15 mars 1979. Sont signalés: la cloche, les crêpes aux portes dans les cas de
décès, le deuil...
DUSSAULT, Gabriel. La représentation des fins
dernières dans la culture religieuse populaire de 1900 au Québec.
Thèse de licence en théologie, Faculté de théologie de la Compagnie de
Jésus, 1971. 77 p.
GENEST, Bernard. «Réflexion méthodologique sur un corpus d'objets
funéraires», Religion populaire, religion de
clercs?, Benoît Lacroix et Jean Simard, dir. Coll. «Culture
populaire» no 2 (Québec, Institut québécois de
recherche sur la culture, 1984): 339-363 • Tout le Québec a été parcouru
à l'exception des grandes villes. Approches historique, descriptive, iconologique,
sémiologique et symbolique. Nombreuses photographies.
HUDON, Jean-Paul. «La veillée au mott» d'Albert Laberge et
La guerre, yes, sir! de Roch Carrier, Coïncidences, 3, 2 (mars-avril 1973): 46-53. Étude
littéraire comparative qui montre les oeuvres de Laberge et de Carrier comme des
caricatures de la société canadienne-française et comme une manière pour
eux de s'interroger sur la mort. La religion est davantage présente et attaquée
dans l'œuvre de Carrier.
LAPORTE, Annie. Suffrages pour les défunts dans les
communautés religieuses canadiennes de 1870 à 1970. Manuscrit de 33
f
OLIVIER, Daniel. Des veillées au mort.. .à la
mort. Manuscrit de 11 p . Inédit. Étude comparative de «La
veillée au mort» d'Albert Laberge (Visages de la
vie et de la mort, pp. 228-257) et de La guerre,
yes, sir! de Roch Carrier, pp. 44-124.
PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. «Autrefois, la mort était une
histoire de famille», Châtelaine, 18, 11
(novembre 1977): 49, 82, 84, 86. Description de la mort «familiale» de nos
ancêtres et des coutumes, celle du deuil entre autres, qui leur rappelaient constamment
les fins dernières.
PORTER, John R. «Le chrétien devant la mort», L'Église catholique et les arts au Québec — Le
grand héritage (Québec, Musée du Québec, 1984): 311-328. A
partir d'une analyse détaillée des matériaux, codifiés et souvent
illustrés, l'auteur écrit une histoire rituelle des mentalités.
RHÉAUME, Yolande. Les revenants.
Thèse de licence, Université Laval, 1969- 277 p. Thème rattaché à la
mort, au culte des ancêtres et à la dévotion aux âmes du
purgatoire.
2. Études régionales
Les études régionales sur la mort apparaissent ici vers 1950. Nous les devons
à:
BERUBÉ, Susan et Michel Rioux. Répertoire des
croyances et pratiques populaires du Bas-Saint-Laurent. Rimouski, Collège de
Rimouski, 1974. 177 p. Les auteurs abordent la mort dans une section intitulée
«Événements de la vie» et dans une autre partie qui regroupe des
«Contes et légendes de notre région». Leur texte est celui de
collégiens intégrés à un projet interdisciplinaire et conscients
d'avoif trouvé dans la littérature orale de leur région «une sorte de
miroir magique où se reflète fidèlement l'âme de notre
peuple».
DES RUISSEAUX, Pierre. Croyances et pratiques populaires
au Canada français. 2e éd. Montréal, Éditions du Jour, 1973.
xxii, 224 p. Le chapitre 9 de l'ouvrage, un survol, rapporte surtout les présages
qui ont trait à la mort et mentionne généralement la région où
circulent les croyances, au Québec, au Nouveau-Brunswick ou à
l'Ile-du-Prince-Édouard.
———. Magie et sorcellerie populaires
au Québec. Montréal, Éditions Triptyques, 1976. 204 p. Le volume
apporte un supplément d'information sur les présages qui sont déjà
inventoriés dans l'ouvrage cité plus haut.
DORAIS, Louis-Jacques. «La vie traditionnelle sur la côte de Beaupré, au
début du XXe siècle», Revue d'histoire de
l'Amérique française, 19, 4 (mars 1966): 547-548. L'auteur
décrit, très sommairement, les coutumes funéraires de la population qui
l'intéresse.
DOYON-FERLAND, Madeleine. «Rites de la mort dans la Beauce», Journal of American Folklore, 67, 264 (April-June 1954):
137-146. Cet article est un «classique». Les chercheurs d'autres régions
du Québec doteraient leurs concitoyens d'un outil précieux pour la connaissance
de leurs traditions en renouvelant pour leur compte la démarche de madame
Doyon-Ferland.
FAVREAU, Bernard. Monographie de la paroisse de
Saint-Hilaire. Étude de la natalité, de la nuptialité et de la mortalité
à partir des registres de la paroisse et de la desserte: interprétation
sociologique des changements sur-venus. Thèse de M.A., Université de
Montréal, 1965. 140 f. L'influence de la religion est signalée dans
l'interprétation des faits.
FORTIER, Yvan. «La mort: le réel et l'imaginaire en Charlevoix»,
La vie quotidienne an Québec: histoire, métiers,
techniques et traditions, René Bouchard, dir. (Sillery, Québec, Presses
de l'Université du Québec, 1983): 135-158. «Mélanges à la
mémoire de Robert-Lionel Séguin publiés sous les auspices de la
Société québécoise des ethnologues». L'article résulte
d'une enquête ethnographique qui a permis à l'auteur de recueillir des
éléments relatifs à la pensée populaire autour de la mort.
JACOB, Paul. Les revenants de la Beauce.
Montréal, Boréal Express, 1977. 159 p. Cette monographie livre le fruit d'une
recherche pour laquelle l'auteur a recueilli, dans huit paroisses de la Beauce, des
«récits et témoignages sur les connaissances que les trépassés
communiquent aux vivants». Descriptive, l'étude ambitionne aussi de
dégager les finalités des communications d'outre-tombe.
JAMMES, Françoise. L'espace sacré et le
sens de la mort an Québec. Religiographie du cimetière de Terrebonne.
Thèse de maîtrise en sciences religieuses, Université du Québec à
Montréal, 1982. vi, 110 f., ill.
MAILHOT, José. Description des pratiques
funéraires à Têteà-la-Baleine. Manuscrit déposé au
Musée national de l'Homme à Ottawa en 1969. 108 p.
———. Les relations entre les vivants
et les morts à Tête-àla-Baleine, d'après une analyse de
légendes. Thèse de M.A., Université de Montréal, 1965. v, 136,
46 f. Le dernier chapitre dégage à partir des légendes un système de
croyances articulé autour de la mort et de ses conséquences, et ce système est
mis en rapport avec le christianisme.
———. «La mort et le salut des défunts à
Tête-à-la-Baleine», Recherches
sociographiques, 11, 1-2 (janvier-août 1970): 151-166. Article de
synthèse.
MARIE-URSULE, Sœur. «Dernière maladie et mort», extrait de
«Mœurs lavaloises», Civilisation
tradition-nelle des Lavalois. Coll. «Les Archives de folklore» nos. 5-6.
(Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1951): 131-135. L'extrait se
situe dans un projet plus vaste qui est de «présenter une monographie de
Sainte-Brigitte-de-Laval au point de vue folklorique». Bref et honnête, il est
documenté, semble-t-il, à partir de témoignages oraux.
ROY, Carmen. «Mort» et «La légende de la mort», La littérature orale en Gaspésie (Ottawa,
ministère du Nord canadien et des Ressources nationales, 1955): 103-105; 124-135. Le
premier extrait recueille les présages de la mort véhiculés en Gaspésie
par la tradition orale. Le contenu de second est clairement indiqué par son
titre.
Si le présent inventaire ne permet pas encore de conclusions, il autorise
déjà à poser, à la suite d'une constatation, quelques questions. Les
études régionales n'ont pas encore couvert tout le Québec. Sont-elles
indispensables à l'avènement des grandes synthèses? Ont-elles actuellement
la faveur des ethnologues, sociologues, folkloristes et historiens? Pourquoi? Sur 25 auteurs
déjà cités, 12 ont accompli des recherches de ce genre. La régionalisation
des Archives nationales du Québec exercera-t-elle une influence sur l'orientation
des travaux futurs en ce sens?
3. Études sur les sources
Il faut aborder maintenant de près l'archivistique par la mention
d'auteurs qui ont étudié les sources de l'histoire et, plus
particulièrement, les registres paroissiaux. Si des études comme celles de
Marie-Aimée Cliche ont été réalisées à partir d'archives
notariales, d'autres pourraient être élaborées à partir des archives
paroissiales: registres, cahiers de prônes, sermons, etc. Une bibliographie sur la mort
ne peut garder le silence sur ce matériel archivistique imposant par le nombre,
l'ancienneté, la continuité. Et comment l'utiliser si on ignore le
contexte qui a vu naître cette immense documentation de même que la
réglementation qui a régi la majorité de ces pièces? Citons, à titre
d'indication:
BOUCHARD, Gérard et André Larose. «Sur l'enregistrement civil et
religieux au Québec depuis le XVIIe siècle: présentation de textes et
commentaires», André Côté, Sources de
l'histoire du Sagnenay-Lac-Saint-Jean, Tome I: Inventaire des archives
paroissiales (Québec, Direction générale des Archives nationales du
Québec, 1978): 12-31. Cette étude préliminaire à l'Inventaire procure la connaissance de base indispensable pour
aborder les registres paroissiaux et réfère, pour un supplément
d'informations, à des sources telles que les éditions successives du Rituel de Québec, le Code
civil de la Province de Québec, deux articles de Roméo Lemelin parus
dans La Revue de l'Université Laval, 1,
9-10 (mai-juin 1947), et d'autres encore.
LAROSE, André. Les registres paroissiaux au
Québec avant 1800: introduction à l'étude d'une institution
ecclésiastique et civile. Coll. «Études et recherches
archivistiques» n° 2. Québec, ministère des Affaires culturelles, Archives
nationales du Québec, 1980. xix, 298 p. Texte basé sur un mémoire de
maîtrise en histoire déposé par l'auteur en 1976 à la Faculté
des études supérieures de l'Université de Montréal et intitulé:
Les registres paroissiaux au Québec aux XVIIe et XVIIe
siècles: introduction à l'étude d'une institution religieuse et
civile.
LEMELIN, Roméo. Les registres paroissiaux de la
province civile de Québec. Thèse de Ph.D. (droit canonique),
Université Laval, 1944. 333 f.
Le Répertoire des actes de baptême, mariage,
sépulture et des recensements du Québec ancien, Hubert Charbonneau et
Jacques Légaré, dir. Montréal, Les Presses de l'Université de
Montréal, 1980- v. Information contenue dans les registres plutôt
qu'information sur les registres. Remplacera avantageusement les répertoires
nombreux et fragmentaires publiés surtout en vue de la recherche
généalogique.
ROY, Raymond et Hubert Charbonneau. «Le contenu des registres paroissiaux
canadiens du ⅩⅦe siècle», Revue
d'histoire de l'Amérique française, 30, 1 (juin 1976):
85-97.
Signalons aussi, hors du cadre de cette bibliographie et à titre d'exemple:
Bouchard, Gérard et Michel Bergeron, «Les rapports annuels des paroisses et
l'histoire démographique saguenayenne: étude critique», Archives, 10, 3 (décembre 1978): 5-33. Avec la parution
d'inventaires et de répertoires de plus en plus nombreux publiés en
collaboration avec les Archives nationales du Québec, il faut regretter, en fonction de
la recherche dans le domaine des traditions religieuses populaires, la pénurie
d'études critiques qui guideraient les chercheurs dans l'interprétation et
l'utilisation de masses documentaires désormais accessibles.
B. D'après les auteurs anciens (...-1950)
1. Narrations et/ou descriptions
Les auteurs plus anciens sont souvent témoins oculaires de ce qu'ils
racontent, ou héritiers d'une tradition orale très proche. Leurs écrits
sont descriptifs, empreints d'un réalisme qui nous fait assister en quelque sorte
aux événements. Regroupons-les sous des thèmes distincts:
a) La criée pour les âmes
«Nos traditions nationales», Almanach du
peuple (Montréal, Beauchemin, 1924): 289. La criée pour les âmes
est racontée et vue grâce à une
illustration de EJ. Massicotte.
RIVARD, Adjutor. "La criée pour les âmes», Chez nos gens (Montréal, Bibliothèque de
l'action française, 1923): 57-64.
ROY, Pierre-Georges. «La criée pour les âmes», extrait de «Nos
coutumes et traditions françaises», Les Cahiers des
Dix, 4 (1939): 73-74.
b) Le viatique et l'extrême-onction
FERLAND-ANGERS, Albertine. Essai sur la poésie
religieuse canadienne. Montréal, l'Auteur, 1923. Cet ouvrage cite:
Beauchemin, Nérée, «Le viatique», p. 20, et Gallèze, Englebert,
«Derniers sacrements», extrait de Les chemins de
l'âme (1910), p. 22, qui lèguent à la postérité leur
vision symbolique de l'ultime cérémonie.
MASSICOTTE, Edmond-Joseph. Nos canadiens
d'autrefois: 12 grandes compositions avec commentaires par des auteurs
canadiens. Montréal, Granger Frères, 1923. «Le Saint Viatique
à la campagne» y est commenté par Albert Laberge.
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. Anecdotes canadiennes
suivies de Mœurs, coutumes et industries d'autrefois. Montréal,
Beauchemin, 1913: 203-204. «Le Saint-Viatique» de Charles Trudelle y est
introduit.
ROY, Pierre-Georges. «Comment on portait le bon Dieu autrefois», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 71-72.
TRUDELLE, Charles. «Nos traditions nationales», Almanack du peuple (Montréal, Beauchemin, 1927): 363. En sous-titre:
«Le Viatique». Illustrateur de la scène: E.J. Massicotte.
———. Paroisse de
Charlesbonrg. Québec, A. Côté, 1887: 247-249. L'auteur relate
comment fut achetée à Charlesbourg une calèche pour transporter le prêtre
qui devait porter le saint viatique aux malades et aux mourants. Le voyage entier est
raconté.
c) La mort
HÉMON, Louis. Maria Chapdelaine: récit du
Canada français. Montréal, J.A. Lefebvre, 1916. 243 p.
L'œuvre est un roman et le romancier, un Français. Cependant les scènes
sont vivantes et vraies autant qu'elles peuvent l'être dans un «tableau
à la plume». Aux pages 190ss, la mort y est décrite telle que l'ont connue
les pionniers du Lac Saint-Jean.
SAVARD, Félix-Antoine. Menaud
Maître-draveur. Édition définitive. Montréal, Fides, 1937. 153
p. Ch. IV, pp. 55ss: récit de la mort de Joson disparu «sans même laisser les
consolations que laissent presque tous les morts: les sacrements, les prières, la
dernière parole qu'on se répète, le soir, en famille». Est-ce fiction
ou réalité?
d) Les funérailles et autres coutumes
funéraires
BÉCHARD, Auguste. Histoire de la paroisse de
Saint-Augustin (Portneuf). Québec, Impr. L. Brousseau, 1885. 395 p.: 324-325.
On assiste à une sépulture d'autrefois sur la foi du témoignage oculaire
de Jacques Jobin. La source est tout près du visuel et de l'oral.
BOUCHARD, Georges. «Les funérailles du vieux terrien», Vieilles choses, vieilles gens (Montréal, Librairie
d'action canadienne-française, 1931): 41-44.
«Les chariots ou corbillards d'autrefois», Bulletin des recherches historiques, 43, 12 (décembre 1937): 371-372. Il
s'agit de l'histoire et de la pré-histoire des corbillards.
FAUTEUX, Aegidius. «Le culte des morts», Bulletin des recherches historiques, 37, 4 (avril 1931): 217. L'auteur
s'attaque à l'écrit d'un anglophone, John MacTaggart, qui
suggère aux anatomistes de faire leurs dissections au Canada où les morts reposent
dans les églises tout l'hiver en attendant le dégel printanier pour
l'inhumation. La coutume a-t-elle existé, ou bien l'anglophone a-t-il confondu
église et charnier?
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. «Les cérémonies de la mort au temps
passé», Bulletin des recherches
historiques, 30, 5 (mai 1924): 153-155.
ROY, Pierre-Georges. «Quant la mort passait», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 91-92.
e) Les cimetières
«L'ancien cimetière de Québec», Bulletin des recherches historiques, 18, 7 (juillet 1912): 217-219. Sont
rapportés des extraits de la Gazette de
Québec, en date d'octobre 1764 et d'avril 1767.
BECHARD, Auguste. Histoire de la paroisse Saint-Augustin
(Portneuf). Québec, Impr. L. Brousseau, 1885. 395 p. Le cimetière y est
présenté (352-355) et son règlement en 12 articles bien distincts (259-265) est
donné. Remarquons l'excellence de la source que constituent souvent les monographies
paroissiales pour des études sur les traditions religieuses.
CRÉMAZIE, Octave. «Les morts», Œuvres complètes d'Octave Crémazie (Montréal,
Beauchemin, 1882): 117-123. Ce poème de novembre 1856 permet de découvrir les
sentiments nobles et chrétiens qu'inspirent aux croyants ceux qui, «dans leurs
tombeaux, dorment solitaires».
LAPALICE, Ovide. «Les cimetières de Notre-Dame de Montréal»,
Bulletin des recherches historiques, 36, 5 (mai
1930): 307-313. Article récapitulatif et surtout «correctif» des écrits
antérieurs sur le même sujet.
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. «Les anciens cimetières de Montréal,
1648-1800», Bulletin des recherches historiques,
27, 11 (novembre 1921): 341-345. L'auteur veut corriger, relativement aux informations
antérieures à 1800, des erreurs qu'il a décelées dans un article de
septembre du Bulletin de la même
année.
MAURAULT, Olivier. «Les cimetières», La
paroisse: histoire de l'église Notre-Dame de Montréal
(Montréal, L. Carrier, 1929): 274-290.
MONDOU, Siméon. Étude sur le culte des morts
chez les anciens et les peuples modernes et les Cimetières catholiques de Montréal
depuis la fondation de la colonie. 3e éd. Montréal, Imprimerie du
Messager, 1911. 125 p.
———. Les premiers cimetières
catholiques de Montréal et l'indicateur du cimetière actuel.
Montréal, E. Senécal& Fils, 1887. 196 p. Montréal est
privilégiée. Maison retrouve quelques inexactitudes dans le texte.
Monuments du Mont-Royal: cimetière
Notre-Dame-des-Neiges. Montréal, A. Pelletier, 1901. 67 p.
ROY, Pierre-Georges. «Cimetières d'aujourd'hui et cimetières
d'autrefois», Les Cahiers des Dix, 4
(1939): 68-69.
C'est donc une douzaine d'auteurs anciens environ qui, selon cette rapide
exploration, ouvrent les premières issues et prennent maintenant valeur de sources pour
l'étude de thèmes encore à développer par les chercheurs munis des
savants moyens d'aujourdhui.
2. Prières et autres pratiques de piété
Pour pénétrer dans l'univers concret des dévotions de nos
ancêtres, énumérons, en laissant parler les titres:
BENOIT de J., M. Joseph Samuel. Livre d'or des
âmes du purgatoire: prières et pratiques de piété les plus efficaces et
les plus richement indulgenciées en faveur des âmes du purgatoire: cent cinquante
merveilleuses apparitions des âmes du purgatoire. Québec, [s.n.], 1925.
286 p. L'édition de 1927 est consultable à la Bibliothèque nationale du
Québec.
Bouquet spirituel aux Ames du purgatoire et
Délivrons du purgatoire ceux que nous avons
aimés. Deux opuscules de 64 p. chacun en vente vers 1897 à
Montréal, chez M. de la Rousselière, rue Sherbrooke, aujourd'hui
déposés à la Bibliothèque nationale du Québec.
GIBBONS, James. «Purgatoire — Prière pour les morts», Quelques points de doctrine contestés par nos frères
séparés (Montréal, Beauchemin, 1924): 25-38. Le volume est traduit
de l'anglais par Adolphe Saurel, curé à New York, qui précise: «Nous
nous sommes proposés de faire du bien aux canadiens-français... en propageant parmi
eux de la bonne littérature... Ce nous est une grande consolation., de songer que... dans
un grand nombre de paroisses de la Province de Québec, ... on lit, dans notre belle
langue, un ouvrage si universellement estimé.» 30 000 exemplaires sont répandus
gratuitement avant cette «nouvelle» édition.
Règlement de la confrérie de l'adoration
perpétuelle du S. Sacrement et de la bonne mort érigée dans l'Église
paroissiale de Ville-Marie, en l'île de Montréal, en Canada.
Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée. Montréal, Mesplet &
Berger, 1776.40 p. «La fin principale de cette association est de s'aider
mutuellement à se procurer une bonne mort; les diverses prières et les pieuses
pratiques que l'on y fait sont pour l'obtenir à tous les associés en
général, et en particulier à la première personne de la confrérie qui
doit mourir». (p. 3) On y trouve, entre autres prières: Litanies pour obtenir une
bonne et sainte mort (13-16), Le chapelet des morts (17), Acte d'acceptation de la mort
(17-18). L'opuscule est parmi les livres rares de la Collection Gagnon, Bibliothèque
municipale, Montréal.
3. Pastorale et enseignement religieux
La pastorale relative à la mort au ⅩⅧe siècle ne se traite pas
sans référence à:
SAINT-VALLIER, Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de. Rituel du diocèse de Québec publié par l'ordre de
Monseigneur de Saint-Valier, évêque de Québec. Paris, Langlois,
1703. 604 p. À partir de la page 180 jusqu'à la page 276, on trouve des
rubriques telles que: Ordre pour la communion des malades, De la manière dont un
curé se doit conduire pour recevoir un testament, Manière d'assister les
mourants, Ordre qu'on doit garder dans les funérailles, etc. Tout est
prévu.
Quant à l'éducation religieuse donnée et reçue à la
même époque, elle se découvre en consultant:
SAINT-VALLIER, Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de. Catéchisme du diocèse de Québec par Monseigneur
l'Illustrissime et révérendissime Jean de la Croix de Saint-Valier,
évêque de Québec. En faveur des Curez et des Fidèles de son
Diocèse. Paris, Urbain Coustelier, 1702. 524 p. C'est le premier
catéchisme imprimé pour la Nouvelle-France. Trois chapitres en particulier s'y
rapportent au thème de la mort: La résurrection de la chair (110-113), De
l'Extrême-Onction (287-290), Du jour des morts (420-423).
LANGUET, Jean-Joseph. Catéchisme du diocèse de
Sens. Québec, Brown & Gilmore, 1765. 177 p. Premier livre imprimé
au Canada. Monseigneur Briand, par mandement du 7 mars 1777, devait le rendre catéchisme
officiel du diocèse de Québec. Des 2 000 exemplaires sortis des presses en 1765, 3
ont échappé aux attaques du temps et se retrouvent l'un à
l'Université Laval, un autre à la Collection Baby (Université de
Montréal) et le troisième à la Collection Gagnon (Bibliothèque municipale,
Montréal).
Le Catéchisme en images. Paris, Maison de
la Bonne Presse, 1908. Soixante-dix gravures en noir avec l'explication de chaque tableau
en regard. Ce livre impressionnant oriente vers le visuel et les méditations graves.
Rappelons, entre autres scènes, la représentation du «Jugement dernier»
(Tableau 10) et celle de «La mort du juste et la mort du pécheur» (Tableau
56).
Une fois de plus, la bibliographie frôle la médiagraphie en touchant au
pictural. Au moment de clore un chapitre où les anciens, si proches du visuel et de la
tradition orale, ont parlé de la mort à leur façon, il faudrait peut-être
penser à la complémentarité des sources pour l'étude du thème de
la mort au Québec.
II LA MORT AUJOURD'HUI
L'actualité de la mort demeure. Il faut donc chercher comment évolue
actuellement la mentalité religieuse québécoise face à la mort. Il faut se
demander aussi par quelles coutumes, quels rites et quelles croyances le peuple prolonge les
traditions ancestrales ou dans quelle mesure et pour quelles raisons il risque de les
abandonner. Le présent chapitte tente de rassembler des éléments documentaires
de réponse à ces questions.
1. Mort et pastorale
Les préoccupations pastorales autour de la mort demeurent et se veulent
rattachées à la tradition.
Communauté chrétienne, 3, 17
(septembre-octobre 1964): 342-428. Numéro spécial consacré à la mort et
aux usages funéraires. Un accent particulier est mis sur la pastorale.
DUBOIS, Marcel. Veillées de prières pour les
défunts. Montréal, Fides, 1963. 30 p. Plutôt que de
disparaître, les traditionnelles «veillées au corps» adoptent des formes
renouvelées de prière.
GIGNAC, André. «Créer des rythmes», Liturgie et vie chrétienne, 99 (janvier-mars 1977): 59-73- L'auteur
donne le déroulement d'une célébration dominicale conçue pour
commémorer le souvenir des défunts. Son but, clairement indiqué: la sauvegarde
d'une valeur importante de notre héritage chrétien et culturel.
GUIMOND, Richard. «Liturgie du départ de ce monde», Communauté chrétienne, 14, 80 (mars-avril 1975):
151-156. L'article réfère à d'autres excellents articles du Bulletin national de liturgie, 35 (mai-juin 1972).
———. «La prière pour les morts hier et
aujourd'hui», Prêtre et pasteur,
80(1977): 541-549.
MONBOURQUETTE, Jean. «Aider les personnes en deuil à renaître»,
L'Église canadienne, 19, 1 (5 septembre
1985): 8-13. Les étapes d'un deuil bien vécu, et les habiletés
nécessaires aux agenrs de pastorale pour une aide efficace auprès des personnes
endeuillées. Bibliographie.
2. Mort et respect de la vie
Des inquiétudes et des considérations nouvelles se font jour. Une certaine
nostalgie des coutumes anciennes apparaît et l'on rêve de mort
«naturelle» dans le milieu familial. On s'interroge aussi sur
l'au-delà de la mort, la vie après la vie. La documentation courante
reflète toutes les tendances et réflexions. Quelques exemples parmi une
multitude:
COUTURE, André. «Réincarnation ou résurrection? Revue d'un
débat et amorce d'une recherche», Science et
esprit, 36, 3 (octobre-décembre 1984): 351-374; 37, 1 (janvier-avril 1985):
75-96. Vue d'ensemble critique des discussions des dix dernières années au
Québec. Notes bibliographiques.
DEMERS, Dominique. «Qui vit? Qui meurt? Qui décide?», L'Actualité, 10, 11 (novembre 1985): 144-151. La
politique sur la réanimation, l'arrêt ou l'abstention du traitement dans
les hôpitaux québécois. Témoignages et résultats d'un
sondage.
DUNN, Cathleen. «Mourir dignement», L'Eglise canadienne, 9, 7 (août-septembre 1976): 196-197. L'auteur
met en garde contre l'euthanasie et affirme le principe du respect de la vie.
«Euthanasie: aide au suicide et interruption de traitement», Nursing Quebec, 4, 2 (janvier-février 1984): 23-27.
Synthèse des conclusions et recommandations de la Commission de réforme du droit du
Canada en cette matière: opinion de l'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec.
«Mort et euthanasie», Le Devoir (7
avril 1977): p. 9, col. 2, art. 1. La voix de la presse quotidienne se fait souvent entendre
sur les sujets qui touchent à la vie et à la mort.
PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. «Un débat confus, douloureux mais
capital: l'enthanasie», Châtelaine
(novembre 1977): 54, 110, 112, 114-117. Le titre à lui seul décrit le trouble des
consciences face au problème traité.
ROSS, Val. «Euthanasie: la mort en douce», L'Actualité, 9, 5 (mai 1984): 113-118. Le débat qui se poursuit au
Canada sur cette question délicate.
3. Mort et usages funéraires
L'héritage culturel et chrétien des Québécois est-il
menacé en ce qui concerne les rites de la mort? Comment s'est opéré le
passage à de nouvelles coutumes, tributaires d'une société
commercialisée, industrialisée et anonyme? Nous répondrons partiellement et
provisoirement:
BAROLET, Jacques. «Le coût des funérailles», Protégez-vous (octobre 1985): 57-63. Les types
d'entreprises funéraires et les choix possibles de funérailles et de
cérémonies; les pré-arrangements; les tactiques frauduleuses; comparaison de
prix et facture-type; conseils pratiques.
«Célébrer la mort en Église», L'Église canadienne, 17, 16 (19 avril 1984): 489-490. Message des
évêques de l'Inter-Montréal sur le sens chrétien de la mort et sur
les attitudes à adopter pour bien célébrer en Eglise cette dernière
étape de la vie.
DESBIENS, Jean-Paul. «La mort d'un seigneur», Les Cahiers de Cap-Rouge, 1, 4 (1973): 283-286. L'auteur
écrit en 1971 pour «proclamer la mémoire de son père». Après le
récit des funérailles, il déclare: «Presque plus personne ne comprend ni
cette langue ni cette musique... Je suis vraiment dans les derniers de quelque
chose».
HARMEGNIES, René. «Incinération ou inhumation», Le Soleil (31 décembre 1976): p. A4, col. 4, art. 1.
Lettre où se trahit l'hésitation, l'interrogation face aux deux
alternatives.
LAMARCHE, Jacques. Le scandale des frais
funéraires. Montréal, Fides, 1965. 127 p. Témoignage déjà
d'une société de consommation.
«Législation et directives concernant l'incinération»,
L'Église canadienne, 9, 7
(août-septembre 1976): 196-197. L'Eglise approuve le document, compte tenu des
changements de mentalités.
ROBERT, Gilles. «Les frais funéraires», Protégez-vous, 7 (1979): 63-66. Il en coûte plus cher de mourir au
Québec que partout ailleurs au Canada et ceci en raison des mœurs funéraires
des Québécois.
Survivre... la religion et la mort, Raymond
Lemieux et Reginald Richard, dir. Coll. «Les Cahiers de recherches en sciences de la
religion» n° 6. Montréal, Bellarmin, 1985. 285 p. Les pratiques entourant la
mort ont beaucoup évolué depuis vingt-cinq ans. Ce volume, résultat d'un
colloque tenu à l'Université Laval en 1983, tente de répondre à la
question suivante: qu'en est-il aujourd'hui de la quête de sens qui partout,
à travers les religions et leurs rituels, détermine l'art de mourir?
Ajoutons à cet inventaire provisoire quelques questions et propositions plus
générales qui — on ne sait jamais — pourraient peut-être
permettre d'orienter ou de compléter les titres déjà acquis.
- La typologie détaillée et comparée des sources pour l'étude
des croyances religieuses populaires au Québec a déjà été
l'objet d'une publication que nous nous permettons de citer, puisqu'elle
pourrait guider nos lecteurs: Religion populaire au
Québec: typologie des sources, bibliographie sélective (1900-1980) de
Benoît Lacroix et Madeleine Grammond, publiée par l'Institut
québécois de recherche sur la culture à Québec en 1985. Cette typologie
porte tour à tour, par ordre d'importance qualitative, sur les sources visuelles,
sur les sources sonores, sur les sources manuscrites et sur les imprimés.
- Parlons des sources visuelles. Le folklore
matériel de la mort, déjà abordé par les ethnologues Madeleine Doyon,
Jean-Claude Dupont, Robert-Lionel Séguin, Bernard Genest et d'autres, n'a
cependant pas fait l'objet d'études spéciales du point de vue
strictement théologique. Par ailleurs, les recherches en cours sur les inscriptions
funéraires, les cartes mortuaires, la topographie des cimetières,
s'avèrent pleines de promesses.De plus en plus, d'autres sources s'imposeront à notre étude: le
cinéma, la télévision, les archives photographiques, etc.Au sujet des sources visuelles encore, n'oublions pas les services que
l'archéologie et d'autres sciences dites jadis auxiliaires sont en mesure de
rendre à nos recherches sur la mort au Québec. Déjà par exemple, en
1974, les coutumes funéraires de l'Ungava sont partiellement retracées et
livrées au public dans Archéologie du
Nouveau-Québec: sépultures et squelettes de l'Ungava, Raoul
Hartweg et Patrick Plumet, publié par le Laboratoire d'archéologie de
l'Université du Québec à Montréal.
- Les sources sonores sont pour le moment
davantage favorisées. Notons en passant la tendance qu'ont les ethnologues à
mener eux-mêmes leurs propres enquêtes jusqu'à risquer de devenir
à la fois juges et témoins de leur matériau. D'autre part, ils sont
souvent les premiers à signaler les croyances, les rites et les usages locaux. Leur
apport est donc considérable et reste fondamental pour l'étude de la mort
tradition-nelle.
- Au niveau des sources manuscrites, qui sont
de plus en plus répertoriées par les archivistes québécois, signalons
l'effort en cours pour recueillir tout ce qui est document écrit à la main,
v.g. journal, récit, lettre familiale, registre, prône, testament, contrat.
C'est le temps de citer: Lamonde, Yvan, Je me souviens:
la littérature personnelle au Québec (1860-1980), Coll.
«Instruments de travail» n° 9, Québec, Institut québécois de
recherche sur la culture, 1983, 275 p. et Van Roey-Roux, Françoise, La littérature intime du Québec, Montréal,
Boréal Express, 1983, 254 p. Cet inventaire qui en est à ses débuts promet
des surprises positives.Il y a en plus les registres paroissiaux. Le démographe trouve déjà
tout ce qu'il veut savoir au préalable sur les dates, métiets, chiffres; il
peut procéder à des évaluations quantitatives importantes comme telles et
prêtes en même temps à servir l'histoire des mentalités ainsi que
les significations socio-culturelles de la mort au Québec.
- Quant aux sources imprimées, dont nous
offrons la bibliographie, elles ont été elles aussi plus utilisées
qu'étudiées en tant que telles. Notre historiographie de la mort reste
à écrire.
- À propos de la typologie des sources encore, le besoin se fait
périodiquement sentir d'une sorte de médiagraphie visant la
complémentarité des sources. Dès lors, on pourrait envisager des monographies
plus complètes, des études d'ensemble sur la mort des Québécois,
l'oral, le visuel et le texte, les chansons, les cantiques, des photos, des
illustrations, des disques, etc., venant affirmer ou contredire à leur manière
l'hypothèse de travail. Il deviendrait possible, par exemple, à partir
d'une analyse des pierres tombales, de sermons, d'enquêtes orales, de
règlements de cimetières, d'archives familiales, de testaments notariés
ou olographes, de prières pour les défunts retrouvées dans des livres de
piété, de cantiques comme Beau ciel, éternelle
patrie, de se faire une idée passablement juste et nuancée de la mort
traditionnelle des Québécois.
- D'autres conclusions s'imposent face à une bibliographie qui
démontre que les études sur la mort au Québec commencent à peine.
D'abord la nécessité des monographies qui permettent le défrichement des
nouveaux territoires de recherches. En plus, et sachant que de tous les événements
que vit ou subit un être humain, la mort reste le plus choquant, le plus riche aussi, on
ne saurait ici se limiter à une ou deux catégories privilégiées de
sources, même comparées entre elles. Nous parlerons aussi d'éclairage
inter-disciplinaire. Décrire la mort ne suffit pas, pas plus que la laisser à des
propos seulement dogmatiques ou religieux. Bien sûr, on peut étudier le folklore de
la mort à la manière de Madeleine Doyon, ou rappeler comment la mort permet de
parler du péché, des fins dernières, de la résurrection et du ciel, mais
notre époque davantage éclectique et plus inquiète souhaite en outre
connaître mieux l'histoire des mentalités et l'anthropologie culturelle.
Surtout depuis que nos mœurs urbaines nous acheminent vers la mort-accident, la mort
fatale, l'incinération, l'abandon du cimetière ou le cimetière
lointain, les Funeral Homes, sans oublier le retour
aux dialogues avec les morts, aux croyances, à la réincarnation, à la
parapsychologie, aux visions, aux rêves prémonitoires, etc.
- Peut-être faudrait-il mentionner quelques travaux actuellement en cours sur les
testaments et les contrats de mariage pour y percevoir le rôle des croyances
religieuses. D'autres qui étudient les fins dernières d'après la
littérature populaire de ces dernières années. Le dépouillement des
archives d'un presbytère de Bellechasse pour trouver comment la mort est vécue
au village depuis cinquante ans, une enquête sur les manières de mourir
d'après les biographies pieuses du Québec depuis 1900, sont en cours.
- Notons aussi, et à propos de cette bibliographie encore, que si le XIXe
siècle a été, comme on l'a dit, le siècle des Ames du purgatoire, les titres depuis une trentaine
d'années orientent plutôt vers le patrimoine, vers une pastorale des vivants,
vers la prière communautaire et la mise en place de rites funéraires plus conformes
à l'espérance chrétienne et surtout contraires au fatalisme
ambiant. Enfin, nous croyons malgré tout avoir fourni ici, provisoirement du moins, un
secteur bibliographique représentatif de l'intérêt des
Québécois pour ce qu'on appelait autrefois dans les milieux ruraux:
MOURIR DE SON VIVANT,
MOURIR DE SA BELLE MORT,
ALLER DE L'AUTRE BORD.