Bibliographies

Mort et religion traditionnelle au Québec:

Bibliographie

Madeleine Grammond
Bibliothèque de l'Université de Montréal
Benoît Lacroix
Institut québécois de la recherche sur la culture

1 On a dit d'elle, la mort, qu'elle était une «pièce majeure d'une civilisation traditionnelle». Jusqu'à quel degré peut-on discerner les attitudes populaires devant elle? Déjà nous nous en doutons, la mort autrefois est un événement normal et naturel, inévitable mais en quelque sorte apprivoisé. Aujourd'hui, la mort devient plutôt un incident, un accident de fin de semaine, un fait à éviter, à oublier, à renier. On voit dès lors apparaître la mort sans paradis, sans cimetière, sans rituel, loin des églises, la mort étatisée, embaumée, fardée.

2 Comment en arriver à cerner les faits, les croyances, les idéologies en cause? Tout de suite, une bibliographie s'impose: c'est le présent propos de la présenter.

3 Des méthodes de recherche diversifiées, allant de l'utilisation des instruments traditionnels de référence à l'interrogation des banques de données bibliographiques ordinolingues, ont révélé une grande pauvreté de documentation écrite sur le thème de la mort au Québec. D'où le souci d'opérer parfois des dépouillements qui n'ont pas cours dans les synthèses bibliographiques plus abondamment pourvues.

4 Les monographies, il va sans dire, sont plus que rares dans cet inventaire et c'est dans le but de susciter en même temps que de favoriser les recherches sur la mort, les rites et coutumes funéraires au Québec qu'une première exploration bibliographique a justement été entreprise. Nous lui confions une double mission:

  • déceler les aspects sous lesquels la mort et les coutumes qui l'entouraient autrefois ont été saisis par les auteurs d'aujourd'hui et par les écrivains plus directement reliés, de façon chronologique, à cette époque qui nous intéresse encore;
  • découvrir les tendances selon lesquelles évoluent actuellement les mentalités et la sensibilité religieuse québécoise face à la mort.

La présente bibliographie se propose donc principalement un itinéraire dans le temps. Elle cherche la souplesse et l'adaptation du cadre de classement plutôt que l'exhaustivité des références. Sous chaque titre de chapitre, ces références sont introduites dans un seul ordre alphabétique d'auteurs et de titres.

I LA MORT AUTREFOIS
A. D'après les auteurs contemporains (1950-1985)
1. Études thématiques, historiques ou littéraires
BÉLISLE, Jean. «Les enclos paroissiaux québécois», Décormag, 3, 5 (janvier 1975): 18-19. L'article est une illustration et une explication de ce qu'étaient les cimetières québécois au début de la colonie. Il fait ressortir les similitudes de ces derniers avec les enclos paroissiaux bretons.
BLACKBURN, Marthe. «Rites de la morr au débur de la colonie», Medium-Media, 13: La mort: 5-6. L'auteure relate plutôt comment mouraient les Amérindiens, premiers habitants du pays. Nos ancêtres, dit-elle, ont observé «ethnographiquement leur manière de faire mais pour eux ces rites n'étaient que superstitions, sorcelleries et charmes».
«Les cadavres, à la mer!», Nos racines: l'histoire vivante des Québécois, 2 (1979): 40. Le titre spécifique de ce numéro, La traversée et ses périls, explique le récit d'une mort en mer au début de la colonie. Les rites religieux sont présents.
CHARBONNEAU, Hubert. Vie et mort de nos ancêtres, Coll. «Démographie canadienne» n° 3- Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1975. 267 p. Une des premières études résultant des travaux de l'auteur au Département de démographie historique de l'Université de Montréal.
CLICHE, Marie-Aimée. «Les attitudes devant la mort d'après les clauses testamentaires dans le gouvernement de Québec sous le Régime français», Revue d'histoire de l'Amérique française, 32, 1 (juin 1978): 57-94. Après une analyse de 799 testaments, l'auteure conclut que la presque totalité des testateurs, dans l'espoir d'aller au ciel et d'abréger leur purgatoire, ordonnent des paiements de dettes, des legs charitables, des fondations de messes et affirment sans contredit leur foi catholique. Étude sérieuse et bien documentée.
———. «L'évolution des clauses religieuses tradition-nelles dans les testaments de la région de Québec au XIX siècle», Religion populaire, religion de clercs?, Benoît Lacroix et Jean Simard, dir. Coll. «Culture populaire» no 2 (Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1984): 365-388. Nombreux tableaux. Evaluation des traditions.
DORION, Jacques. Moyens de communication non verbaux. Coll. «Présence du passé» no 21. Montréal, Maison de Radio-Canada, Service des transcriptions et dérivés de la radio, 15 mars 1979. Sont signalés: la cloche, les crêpes aux portes dans les cas de décès, le deuil...
DUSSAULT, Gabriel. La représentation des fins dernières dans la culture religieuse populaire de 1900 au Québec. Thèse de licence en théologie, Faculté de théologie de la Compagnie de Jésus, 1971. 77 p.
GENEST, Bernard. «Réflexion méthodologique sur un corpus d'objets funéraires», Religion populaire, religion de clercs?, Benoît Lacroix et Jean Simard, dir. Coll. «Culture populaire» no 2 (Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1984): 339-363 • Tout le Québec a été parcouru à l'exception des grandes villes. Approches historique, descriptive, iconologique, sémiologique et symbolique. Nombreuses photographies.
HUDON, Jean-Paul. «La veillée au mott» d'Albert Laberge et La guerre, yes, sir! de Roch Carrier, Coïncidences, 3, 2 (mars-avril 1973): 46-53. Étude littéraire comparative qui montre les oeuvres de Laberge et de Carrier comme des caricatures de la société canadienne-française et comme une manière pour eux de s'interroger sur la mort. La religion est davantage présente et attaquée dans l'œuvre de Carrier.
LAPORTE, Annie. Suffrages pour les défunts dans les communautés religieuses canadiennes de 1870 à 1970. Manuscrit de 33 f
OLIVIER, Daniel. Des veillées au mort.. .à la mort. Manuscrit de 11 p . Inédit. Étude comparative de «La veillée au mort» d'Albert Laberge (Visages de la vie et de la mort, pp. 228-257) et de La guerre, yes, sir! de Roch Carrier, pp. 44-124.
PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. «Autrefois, la mort était une histoire de famille», Châtelaine, 18, 11 (novembre 1977): 49, 82, 84, 86. Description de la mort «familiale» de nos ancêtres et des coutumes, celle du deuil entre autres, qui leur rappelaient constamment les fins dernières.
PORTER, John R. «Le chrétien devant la mort», L'Église catholique et les arts au Québec — Le grand héritage (Québec, Musée du Québec, 1984): 311-328. A partir d'une analyse détaillée des matériaux, codifiés et souvent illustrés, l'auteur écrit une histoire rituelle des mentalités.
RHÉAUME, Yolande. Les revenants. Thèse de licence, Université Laval, 1969- 277 p. Thème rattaché à la mort, au culte des ancêtres et à la dévotion aux âmes du purgatoire.
2. Études régionales
Les études régionales sur la mort apparaissent ici vers 1950. Nous les devons à:
BERUBÉ, Susan et Michel Rioux. Répertoire des croyances et pratiques populaires du Bas-Saint-Laurent. Rimouski, Collège de Rimouski, 1974. 177 p. Les auteurs abordent la mort dans une section intitulée «Événements de la vie» et dans une autre partie qui regroupe des «Contes et légendes de notre région». Leur texte est celui de collégiens intégrés à un projet interdisciplinaire et conscients d'avoif trouvé dans la littérature orale de leur région «une sorte de miroir magique où se reflète fidèlement l'âme de notre peuple».
DES RUISSEAUX, Pierre. Croyances et pratiques populaires au Canada français. 2e éd. Montréal, Éditions du Jour, 1973. xxii, 224 p. Le chapitre 9 de l'ouvrage, un survol, rapporte surtout les présages qui ont trait à la mort et mentionne généralement la région où circulent les croyances, au Québec, au Nouveau-Brunswick ou à l'Ile-du-Prince-Édouard.
———. Magie et sorcellerie populaires au Québec. Montréal, Éditions Triptyques, 1976. 204 p. Le volume apporte un supplément d'information sur les présages qui sont déjà inventoriés dans l'ouvrage cité plus haut.
DORAIS, Louis-Jacques. «La vie traditionnelle sur la côte de Beaupré, au début du XXe siècle», Revue d'histoire de l'Amérique française, 19, 4 (mars 1966): 547-548. L'auteur décrit, très sommairement, les coutumes funéraires de la population qui l'intéresse.
DOYON-FERLAND, Madeleine. «Rites de la mort dans la Beauce», Journal of American Folklore, 67, 264 (April-June 1954): 137-146. Cet article est un «classique». Les chercheurs d'autres régions du Québec doteraient leurs concitoyens d'un outil précieux pour la connaissance de leurs traditions en renouvelant pour leur compte la démarche de madame Doyon-Ferland.
FAVREAU, Bernard. Monographie de la paroisse de Saint-Hilaire. Étude de la natalité, de la nuptialité et de la mortalité à partir des registres de la paroisse et de la desserte: interprétation sociologique des changements sur-venus. Thèse de M.A., Université de Montréal, 1965. 140 f. L'influence de la religion est signalée dans l'interprétation des faits.
FORTIER, Yvan. «La mort: le réel et l'imaginaire en Charlevoix», La vie quotidienne an Québec: histoire, métiers, techniques et traditions, René Bouchard, dir. (Sillery, Québec, Presses de l'Université du Québec, 1983): 135-158. «Mélanges à la mémoire de Robert-Lionel Séguin publiés sous les auspices de la Société québécoise des ethnologues». L'article résulte d'une enquête ethnographique qui a permis à l'auteur de recueillir des éléments relatifs à la pensée populaire autour de la mort.
JACOB, Paul. Les revenants de la Beauce. Montréal, Boréal Express, 1977. 159 p. Cette monographie livre le fruit d'une recherche pour laquelle l'auteur a recueilli, dans huit paroisses de la Beauce, des «récits et témoignages sur les connaissances que les trépassés communiquent aux vivants». Descriptive, l'étude ambitionne aussi de dégager les finalités des communications d'outre-tombe.
JAMMES, Françoise. L'espace sacré et le sens de la mort an Québec. Religiographie du cimetière de Terrebonne. Thèse de maîtrise en sciences religieuses, Université du Québec à Montréal, 1982. vi, 110 f., ill.
MAILHOT, José. Description des pratiques funéraires à Têteà-la-Baleine. Manuscrit déposé au Musée national de l'Homme à Ottawa en 1969. 108 p.
———. Les relations entre les vivants et les morts à Tête-àla-Baleine, d'après une analyse de légendes. Thèse de M.A., Université de Montréal, 1965. v, 136, 46 f. Le dernier chapitre dégage à partir des légendes un système de croyances articulé autour de la mort et de ses conséquences, et ce système est mis en rapport avec le christianisme.
———. «La mort et le salut des défunts à Tête-à-la-Baleine», Recherches sociographiques, 11, 1-2 (janvier-août 1970): 151-166. Article de synthèse.
MARIE-URSULE, Sœur. «Dernière maladie et mort», extrait de «Mœurs lavaloises», Civilisation tradition-nelle des Lavalois. Coll. «Les Archives de folklore» nos. 5-6. (Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1951): 131-135. L'extrait se situe dans un projet plus vaste qui est de «présenter une monographie de Sainte-Brigitte-de-Laval au point de vue folklorique». Bref et honnête, il est documenté, semble-t-il, à partir de témoignages oraux.
ROY, Carmen. «Mort» et «La légende de la mort», La littérature orale en Gaspésie (Ottawa, ministère du Nord canadien et des Ressources nationales, 1955): 103-105; 124-135. Le premier extrait recueille les présages de la mort véhiculés en Gaspésie par la tradition orale. Le contenu de second est clairement indiqué par son titre.
Si le présent inventaire ne permet pas encore de conclusions, il autorise déjà à poser, à la suite d'une constatation, quelques questions. Les études régionales n'ont pas encore couvert tout le Québec. Sont-elles indispensables à l'avènement des grandes synthèses? Ont-elles actuellement la faveur des ethnologues, sociologues, folkloristes et historiens? Pourquoi? Sur 25 auteurs déjà cités, 12 ont accompli des recherches de ce genre. La régionalisation des Archives nationales du Québec exercera-t-elle une influence sur l'orientation des travaux futurs en ce sens?
3. Études sur les sources
Il faut aborder maintenant de près l'archivistique par la mention d'auteurs qui ont étudié les sources de l'histoire et, plus particulièrement, les registres paroissiaux. Si des études comme celles de Marie-Aimée Cliche ont été réalisées à partir d'archives notariales, d'autres pourraient être élaborées à partir des archives paroissiales: registres, cahiers de prônes, sermons, etc. Une bibliographie sur la mort ne peut garder le silence sur ce matériel archivistique imposant par le nombre, l'ancienneté, la continuité. Et comment l'utiliser si on ignore le contexte qui a vu naître cette immense documentation de même que la réglementation qui a régi la majorité de ces pièces? Citons, à titre d'indication:
BOUCHARD, Gérard et André Larose. «Sur l'enregistrement civil et religieux au Québec depuis le XVIIe siècle: présentation de textes et commentaires», André Côté, Sources de l'histoire du Sagnenay-Lac-Saint-Jean, Tome I: Inventaire des archives paroissiales (Québec, Direction générale des Archives nationales du Québec, 1978): 12-31. Cette étude préliminaire à l'Inventaire procure la connaissance de base indispensable pour aborder les registres paroissiaux et réfère, pour un supplément d'informations, à des sources telles que les éditions successives du Rituel de Québec, le Code civil de la Province de Québec, deux articles de Roméo Lemelin parus dans La Revue de l'Université Laval, 1, 9-10 (mai-juin 1947), et d'autres encore.
LAROSE, André. Les registres paroissiaux au Québec avant 1800: introduction à l'étude d'une institution ecclésiastique et civile. Coll. «Études et recherches archivistiques» n° 2. Québec, ministère des Affaires culturelles, Archives nationales du Québec, 1980. xix, 298 p. Texte basé sur un mémoire de maîtrise en histoire déposé par l'auteur en 1976 à la Faculté des études supérieures de l'Université de Montréal et intitulé: Les registres paroissiaux au Québec aux XVIIe et XVIIe siècles: introduction à l'étude d'une institution religieuse et civile.
LEMELIN, Roméo. Les registres paroissiaux de la province civile de Québec. Thèse de Ph.D. (droit canonique), Université Laval, 1944. 333 f.
Le Répertoire des actes de baptême, mariage, sépulture et des recensements du Québec ancien, Hubert Charbonneau et Jacques Légaré, dir. Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1980- v. Information contenue dans les registres plutôt qu'information sur les registres. Remplacera avantageusement les répertoires nombreux et fragmentaires publiés surtout en vue de la recherche généalogique.
ROY, Raymond et Hubert Charbonneau. «Le contenu des registres paroissiaux canadiens du ⅩⅦe siècle», Revue d'histoire de l'Amérique française, 30, 1 (juin 1976): 85-97.
Signalons aussi, hors du cadre de cette bibliographie et à titre d'exemple: Bouchard, Gérard et Michel Bergeron, «Les rapports annuels des paroisses et l'histoire démographique saguenayenne: étude critique», Archives, 10, 3 (décembre 1978): 5-33. Avec la parution d'inventaires et de répertoires de plus en plus nombreux publiés en collaboration avec les Archives nationales du Québec, il faut regretter, en fonction de la recherche dans le domaine des traditions religieuses populaires, la pénurie d'études critiques qui guideraient les chercheurs dans l'interprétation et l'utilisation de masses documentaires désormais accessibles.
B. D'après les auteurs anciens (...-1950)
1. Narrations et/ou descriptions
Les auteurs plus anciens sont souvent témoins oculaires de ce qu'ils racontent, ou héritiers d'une tradition orale très proche. Leurs écrits sont descriptifs, empreints d'un réalisme qui nous fait assister en quelque sorte aux événements. Regroupons-les sous des thèmes distincts:
a) La criée pour les âmes
«Nos traditions nationales», Almanach du peuple (Montréal, Beauchemin, 1924): 289. La criée pour les âmes est racontée et vue grâce à une illustration de EJ. Massicotte.
RIVARD, Adjutor. "La criée pour les âmes», Chez nos gens (Montréal, Bibliothèque de l'action française, 1923): 57-64.
ROY, Pierre-Georges. «La criée pour les âmes», extrait de «Nos coutumes et traditions françaises», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 73-74.
b) Le viatique et l'extrême-onction
FERLAND-ANGERS, Albertine. Essai sur la poésie religieuse canadienne. Montréal, l'Auteur, 1923. Cet ouvrage cite: Beauchemin, Nérée, «Le viatique», p. 20, et Gallèze, Englebert, «Derniers sacrements», extrait de Les chemins de l'âme (1910), p. 22, qui lèguent à la postérité leur vision symbolique de l'ultime cérémonie.
MASSICOTTE, Edmond-Joseph. Nos canadiens d'autrefois: 12 grandes compositions avec commentaires par des auteurs canadiens. Montréal, Granger Frères, 1923. «Le Saint Viatique à la campagne» y est commenté par Albert Laberge.
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. Anecdotes canadiennes suivies de Mœurs, coutumes et industries d'autrefois. Montréal, Beauchemin, 1913: 203-204. «Le Saint-Viatique» de Charles Trudelle y est introduit.
ROY, Pierre-Georges. «Comment on portait le bon Dieu autrefois», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 71-72.
TRUDELLE, Charles. «Nos traditions nationales», Almanack du peuple (Montréal, Beauchemin, 1927): 363. En sous-titre: «Le Viatique». Illustrateur de la scène: E.J. Massicotte.
———. Paroisse de Charlesbonrg. Québec, A. Côté, 1887: 247-249. L'auteur relate comment fut achetée à Charlesbourg une calèche pour transporter le prêtre qui devait porter le saint viatique aux malades et aux mourants. Le voyage entier est raconté.
c) La mort
HÉMON, Louis. Maria Chapdelaine: récit du Canada français. Montréal, J.A. Lefebvre, 1916. 243 p. L'œuvre est un roman et le romancier, un Français. Cependant les scènes sont vivantes et vraies autant qu'elles peuvent l'être dans un «tableau à la plume». Aux pages 190ss, la mort y est décrite telle que l'ont connue les pionniers du Lac Saint-Jean.
SAVARD, Félix-Antoine. Menaud Maître-draveur. Édition définitive. Montréal, Fides, 1937. 153 p. Ch. IV, pp. 55ss: récit de la mort de Joson disparu «sans même laisser les consolations que laissent presque tous les morts: les sacrements, les prières, la dernière parole qu'on se répète, le soir, en famille». Est-ce fiction ou réalité?
d) Les funérailles et autres coutumes funéraires
BÉCHARD, Auguste. Histoire de la paroisse de Saint-Augustin (Portneuf). Québec, Impr. L. Brousseau, 1885. 395 p.: 324-325. On assiste à une sépulture d'autrefois sur la foi du témoignage oculaire de Jacques Jobin. La source est tout près du visuel et de l'oral.
BOUCHARD, Georges. «Les funérailles du vieux terrien», Vieilles choses, vieilles gens (Montréal, Librairie d'action canadienne-française, 1931): 41-44.
«Les chariots ou corbillards d'autrefois», Bulletin des recherches historiques, 43, 12 (décembre 1937): 371-372. Il s'agit de l'histoire et de la pré-histoire des corbillards.
FAUTEUX, Aegidius. «Le culte des morts», Bulletin des recherches historiques, 37, 4 (avril 1931): 217. L'auteur s'attaque à l'écrit d'un anglophone, John MacTaggart, qui suggère aux anatomistes de faire leurs dissections au Canada où les morts reposent dans les églises tout l'hiver en attendant le dégel printanier pour l'inhumation. La coutume a-t-elle existé, ou bien l'anglophone a-t-il confondu église et charnier?
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. «Les cérémonies de la mort au temps passé», Bulletin des recherches historiques, 30, 5 (mai 1924): 153-155.
ROY, Pierre-Georges. «Quant la mort passait», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 91-92.
e) Les cimetières
«L'ancien cimetière de Québec», Bulletin des recherches historiques, 18, 7 (juillet 1912): 217-219. Sont rapportés des extraits de la Gazette de Québec, en date d'octobre 1764 et d'avril 1767.
BECHARD, Auguste. Histoire de la paroisse Saint-Augustin (Portneuf). Québec, Impr. L. Brousseau, 1885. 395 p. Le cimetière y est présenté (352-355) et son règlement en 12 articles bien distincts (259-265) est donné. Remarquons l'excellence de la source que constituent souvent les monographies paroissiales pour des études sur les traditions religieuses.
CRÉMAZIE, Octave. «Les morts», Œuvres complètes d'Octave Crémazie (Montréal, Beauchemin, 1882): 117-123. Ce poème de novembre 1856 permet de découvrir les sentiments nobles et chrétiens qu'inspirent aux croyants ceux qui, «dans leurs tombeaux, dorment solitaires».
LAPALICE, Ovide. «Les cimetières de Notre-Dame de Montréal», Bulletin des recherches historiques, 36, 5 (mai 1930): 307-313. Article récapitulatif et surtout «correctif» des écrits antérieurs sur le même sujet.
MASSICOTTE, Edouard-Zotique. «Les anciens cimetières de Montréal, 1648-1800», Bulletin des recherches historiques, 27, 11 (novembre 1921): 341-345. L'auteur veut corriger, relativement aux informations antérieures à 1800, des erreurs qu'il a décelées dans un article de septembre du Bulletin de la même année.
MAURAULT, Olivier. «Les cimetières», La paroisse: histoire de l'église Notre-Dame de Montréal (Montréal, L. Carrier, 1929): 274-290.
MONDOU, Siméon. Étude sur le culte des morts chez les anciens et les peuples modernes et les Cimetières catholiques de Montréal depuis la fondation de la colonie. 3e éd. Montréal, Imprimerie du Messager, 1911. 125 p.
———. Les premiers cimetières catholiques de Montréal et l'indicateur du cimetière actuel. Montréal, E. Senécal& Fils, 1887. 196 p. Montréal est privilégiée. Maison retrouve quelques inexactitudes dans le texte.
Monuments du Mont-Royal: cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Montréal, A. Pelletier, 1901. 67 p.
ROY, Pierre-Georges. «Cimetières d'aujourd'hui et cimetières d'autrefois», Les Cahiers des Dix, 4 (1939): 68-69.
C'est donc une douzaine d'auteurs anciens environ qui, selon cette rapide exploration, ouvrent les premières issues et prennent maintenant valeur de sources pour l'étude de thèmes encore à développer par les chercheurs munis des savants moyens d'aujourdhui.
2. Prières et autres pratiques de piété
Pour pénétrer dans l'univers concret des dévotions de nos ancêtres, énumérons, en laissant parler les titres:
BENOIT de J., M. Joseph Samuel. Livre d'or des âmes du purgatoire: prières et pratiques de piété les plus efficaces et les plus richement indulgenciées en faveur des âmes du purgatoire: cent cinquante merveilleuses apparitions des âmes du purgatoire. Québec, [s.n.], 1925. 286 p. L'édition de 1927 est consultable à la Bibliothèque nationale du Québec.
Bouquet spirituel aux Ames du purgatoire et Délivrons du purgatoire ceux que nous avons aimés. Deux opuscules de 64 p. chacun en vente vers 1897 à Montréal, chez M. de la Rousselière, rue Sherbrooke, aujourd'hui déposés à la Bibliothèque nationale du Québec.
GIBBONS, James. «Purgatoire — Prière pour les morts», Quelques points de doctrine contestés par nos frères séparés (Montréal, Beauchemin, 1924): 25-38. Le volume est traduit de l'anglais par Adolphe Saurel, curé à New York, qui précise: «Nous nous sommes proposés de faire du bien aux canadiens-français... en propageant parmi eux de la bonne littérature... Ce nous est une grande consolation., de songer que... dans un grand nombre de paroisses de la Province de Québec, ... on lit, dans notre belle langue, un ouvrage si universellement estimé.» 30 000 exemplaires sont répandus gratuitement avant cette «nouvelle» édition.
Règlement de la confrérie de l'adoration perpétuelle du S. Sacrement et de la bonne mort érigée dans l'Église paroissiale de Ville-Marie, en l'île de Montréal, en Canada. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée. Montréal, Mesplet & Berger, 1776.40 p. «La fin principale de cette association est de s'aider mutuellement à se procurer une bonne mort; les diverses prières et les pieuses pratiques que l'on y fait sont pour l'obtenir à tous les associés en général, et en particulier à la première personne de la confrérie qui doit mourir». (p. 3) On y trouve, entre autres prières: Litanies pour obtenir une bonne et sainte mort (13-16), Le chapelet des morts (17), Acte d'acceptation de la mort (17-18). L'opuscule est parmi les livres rares de la Collection Gagnon, Bibliothèque municipale, Montréal.
3. Pastorale et enseignement religieux
La pastorale relative à la mort au ⅩⅧe siècle ne se traite pas sans référence à:
SAINT-VALLIER, Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de. Rituel du diocèse de Québec publié par l'ordre de Monseigneur de Saint-Valier, évêque de Québec. Paris, Langlois, 1703. 604 p. À partir de la page 180 jusqu'à la page 276, on trouve des rubriques telles que: Ordre pour la communion des malades, De la manière dont un curé se doit conduire pour recevoir un testament, Manière d'assister les mourants, Ordre qu'on doit garder dans les funérailles, etc. Tout est prévu.
Quant à l'éducation religieuse donnée et reçue à la même époque, elle se découvre en consultant:
SAINT-VALLIER, Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de. Catéchisme du diocèse de Québec par Monseigneur l'Illustrissime et révérendissime Jean de la Croix de Saint-Valier, évêque de Québec. En faveur des Curez et des Fidèles de son Diocèse. Paris, Urbain Coustelier, 1702. 524 p. C'est le premier catéchisme imprimé pour la Nouvelle-France. Trois chapitres en particulier s'y rapportent au thème de la mort: La résurrection de la chair (110-113), De l'Extrême-Onction (287-290), Du jour des morts (420-423).
LANGUET, Jean-Joseph. Catéchisme du diocèse de Sens. Québec, Brown & Gilmore, 1765. 177 p. Premier livre imprimé au Canada. Monseigneur Briand, par mandement du 7 mars 1777, devait le rendre catéchisme officiel du diocèse de Québec. Des 2 000 exemplaires sortis des presses en 1765, 3 ont échappé aux attaques du temps et se retrouvent l'un à l'Université Laval, un autre à la Collection Baby (Université de Montréal) et le troisième à la Collection Gagnon (Bibliothèque municipale, Montréal).
Le Catéchisme en images. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1908. Soixante-dix gravures en noir avec l'explication de chaque tableau en regard. Ce livre impressionnant oriente vers le visuel et les méditations graves. Rappelons, entre autres scènes, la représentation du «Jugement dernier» (Tableau 10) et celle de «La mort du juste et la mort du pécheur» (Tableau 56).
Une fois de plus, la bibliographie frôle la médiagraphie en touchant au pictural. Au moment de clore un chapitre où les anciens, si proches du visuel et de la tradition orale, ont parlé de la mort à leur façon, il faudrait peut-être penser à la complémentarité des sources pour l'étude du thème de la mort au Québec.
II LA MORT AUJOURD'HUI
L'actualité de la mort demeure. Il faut donc chercher comment évolue actuellement la mentalité religieuse québécoise face à la mort. Il faut se demander aussi par quelles coutumes, quels rites et quelles croyances le peuple prolonge les traditions ancestrales ou dans quelle mesure et pour quelles raisons il risque de les abandonner. Le présent chapitte tente de rassembler des éléments documentaires de réponse à ces questions.
1. Mort et pastorale
Les préoccupations pastorales autour de la mort demeurent et se veulent rattachées à la tradition.
Communauté chrétienne, 3, 17 (septembre-octobre 1964): 342-428. Numéro spécial consacré à la mort et aux usages funéraires. Un accent particulier est mis sur la pastorale.
DUBOIS, Marcel. Veillées de prières pour les défunts. Montréal, Fides, 1963. 30 p. Plutôt que de disparaître, les traditionnelles «veillées au corps» adoptent des formes renouvelées de prière.
GIGNAC, André. «Créer des rythmes», Liturgie et vie chrétienne, 99 (janvier-mars 1977): 59-73- L'auteur donne le déroulement d'une célébration dominicale conçue pour commémorer le souvenir des défunts. Son but, clairement indiqué: la sauvegarde d'une valeur importante de notre héritage chrétien et culturel.
GUIMOND, Richard. «Liturgie du départ de ce monde», Communauté chrétienne, 14, 80 (mars-avril 1975): 151-156. L'article réfère à d'autres excellents articles du Bulletin national de liturgie, 35 (mai-juin 1972).
———. «La prière pour les morts hier et aujourd'hui», Prêtre et pasteur, 80(1977): 541-549.
MONBOURQUETTE, Jean. «Aider les personnes en deuil à renaître», L'Église canadienne, 19, 1 (5 septembre 1985): 8-13. Les étapes d'un deuil bien vécu, et les habiletés nécessaires aux agenrs de pastorale pour une aide efficace auprès des personnes endeuillées. Bibliographie.
2. Mort et respect de la vie
Des inquiétudes et des considérations nouvelles se font jour. Une certaine nostalgie des coutumes anciennes apparaît et l'on rêve de mort «naturelle» dans le milieu familial. On s'interroge aussi sur l'au-delà de la mort, la vie après la vie. La documentation courante reflète toutes les tendances et réflexions. Quelques exemples parmi une multitude:
COUTURE, André. «Réincarnation ou résurrection? Revue d'un débat et amorce d'une recherche», Science et esprit, 36, 3 (octobre-décembre 1984): 351-374; 37, 1 (janvier-avril 1985): 75-96. Vue d'ensemble critique des discussions des dix dernières années au Québec. Notes bibliographiques.
DEMERS, Dominique. «Qui vit? Qui meurt? Qui décide?», L'Actualité, 10, 11 (novembre 1985): 144-151. La politique sur la réanimation, l'arrêt ou l'abstention du traitement dans les hôpitaux québécois. Témoignages et résultats d'un sondage.
DUNN, Cathleen. «Mourir dignement», L'Eglise canadienne, 9, 7 (août-septembre 1976): 196-197. L'auteur met en garde contre l'euthanasie et affirme le principe du respect de la vie.
«Euthanasie: aide au suicide et interruption de traitement», Nursing Quebec, 4, 2 (janvier-février 1984): 23-27. Synthèse des conclusions et recommandations de la Commission de réforme du droit du Canada en cette matière: opinion de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
«Mort et euthanasie», Le Devoir (7 avril 1977): p. 9, col. 2, art. 1. La voix de la presse quotidienne se fait souvent entendre sur les sujets qui touchent à la vie et à la mort.
PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. «Un débat confus, douloureux mais capital: l'enthanasie», Châtelaine (novembre 1977): 54, 110, 112, 114-117. Le titre à lui seul décrit le trouble des consciences face au problème traité.
ROSS, Val. «Euthanasie: la mort en douce», L'Actualité, 9, 5 (mai 1984): 113-118. Le débat qui se poursuit au Canada sur cette question délicate.
3. Mort et usages funéraires
L'héritage culturel et chrétien des Québécois est-il menacé en ce qui concerne les rites de la mort? Comment s'est opéré le passage à de nouvelles coutumes, tributaires d'une société commercialisée, industrialisée et anonyme? Nous répondrons partiellement et provisoirement:
BAROLET, Jacques. «Le coût des funérailles», Protégez-vous (octobre 1985): 57-63. Les types d'entreprises funéraires et les choix possibles de funérailles et de cérémonies; les pré-arrangements; les tactiques frauduleuses; comparaison de prix et facture-type; conseils pratiques.
«Célébrer la mort en Église», L'Église canadienne, 17, 16 (19 avril 1984): 489-490. Message des évêques de l'Inter-Montréal sur le sens chrétien de la mort et sur les attitudes à adopter pour bien célébrer en Eglise cette dernière étape de la vie.
DESBIENS, Jean-Paul. «La mort d'un seigneur», Les Cahiers de Cap-Rouge, 1, 4 (1973): 283-286. L'auteur écrit en 1971 pour «proclamer la mémoire de son père». Après le récit des funérailles, il déclare: «Presque plus personne ne comprend ni cette langue ni cette musique... Je suis vraiment dans les derniers de quelque chose».
HARMEGNIES, René. «Incinération ou inhumation», Le Soleil (31 décembre 1976): p. A4, col. 4, art. 1. Lettre où se trahit l'hésitation, l'interrogation face aux deux alternatives.
LAMARCHE, Jacques. Le scandale des frais funéraires. Montréal, Fides, 1965. 127 p. Témoignage déjà d'une société de consommation.
«Législation et directives concernant l'incinération», L'Église canadienne, 9, 7 (août-septembre 1976): 196-197. L'Eglise approuve le document, compte tenu des changements de mentalités.
ROBERT, Gilles. «Les frais funéraires», Protégez-vous, 7 (1979): 63-66. Il en coûte plus cher de mourir au Québec que partout ailleurs au Canada et ceci en raison des mœurs funéraires des Québécois.
Survivre... la religion et la mort, Raymond Lemieux et Reginald Richard, dir. Coll. «Les Cahiers de recherches en sciences de la religion» n° 6. Montréal, Bellarmin, 1985. 285 p. Les pratiques entourant la mort ont beaucoup évolué depuis vingt-cinq ans. Ce volume, résultat d'un colloque tenu à l'Université Laval en 1983, tente de répondre à la question suivante: qu'en est-il aujourd'hui de la quête de sens qui partout, à travers les religions et leurs rituels, détermine l'art de mourir?
Ajoutons à cet inventaire provisoire quelques questions et propositions plus générales qui — on ne sait jamais — pourraient peut-être permettre d'orienter ou de compléter les titres déjà acquis.
  1. La typologie détaillée et comparée des sources pour l'étude des croyances religieuses populaires au Québec a déjà été l'objet d'une publication que nous nous permettons de citer, puisqu'elle pourrait guider nos lecteurs: Religion populaire au Québec: typologie des sources, bibliographie sélective (1900-1980) de Benoît Lacroix et Madeleine Grammond, publiée par l'Institut québécois de recherche sur la culture à Québec en 1985. Cette typologie porte tour à tour, par ordre d'importance qualitative, sur les sources visuelles, sur les sources sonores, sur les sources manuscrites et sur les imprimés.
    1. Parlons des sources visuelles. Le folklore matériel de la mort, déjà abordé par les ethnologues Madeleine Doyon, Jean-Claude Dupont, Robert-Lionel Séguin, Bernard Genest et d'autres, n'a cependant pas fait l'objet d'études spéciales du point de vue strictement théologique. Par ailleurs, les recherches en cours sur les inscriptions funéraires, les cartes mortuaires, la topographie des cimetières, s'avèrent pleines de promesses.De plus en plus, d'autres sources s'imposeront à notre étude: le cinéma, la télévision, les archives photographiques, etc.Au sujet des sources visuelles encore, n'oublions pas les services que l'archéologie et d'autres sciences dites jadis auxiliaires sont en mesure de rendre à nos recherches sur la mort au Québec. Déjà par exemple, en 1974, les coutumes funéraires de l'Ungava sont partiellement retracées et livrées au public dans Archéologie du Nouveau-Québec: sépultures et squelettes de l'Ungava, Raoul Hartweg et Patrick Plumet, publié par le Laboratoire d'archéologie de l'Université du Québec à Montréal.
    2. Les sources sonores sont pour le moment davantage favorisées. Notons en passant la tendance qu'ont les ethnologues à mener eux-mêmes leurs propres enquêtes jusqu'à risquer de devenir à la fois juges et témoins de leur matériau. D'autre part, ils sont souvent les premiers à signaler les croyances, les rites et les usages locaux. Leur apport est donc considérable et reste fondamental pour l'étude de la mort tradition-nelle.
    3. Au niveau des sources manuscrites, qui sont de plus en plus répertoriées par les archivistes québécois, signalons l'effort en cours pour recueillir tout ce qui est document écrit à la main, v.g. journal, récit, lettre familiale, registre, prône, testament, contrat. C'est le temps de citer: Lamonde, Yvan, Je me souviens: la littérature personnelle au Québec (1860-1980), Coll. «Instruments de travail» n° 9, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1983, 275 p. et Van Roey-Roux, Françoise, La littérature intime du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983, 254 p. Cet inventaire qui en est à ses débuts promet des surprises positives.Il y a en plus les registres paroissiaux. Le démographe trouve déjà tout ce qu'il veut savoir au préalable sur les dates, métiets, chiffres; il peut procéder à des évaluations quantitatives importantes comme telles et prêtes en même temps à servir l'histoire des mentalités ainsi que les significations socio-culturelles de la mort au Québec.
    4. Quant aux sources imprimées, dont nous offrons la bibliographie, elles ont été elles aussi plus utilisées qu'étudiées en tant que telles. Notre historiographie de la mort reste à écrire.
  2. À propos de la typologie des sources encore, le besoin se fait périodiquement sentir d'une sorte de médiagraphie visant la complémentarité des sources. Dès lors, on pourrait envisager des monographies plus complètes, des études d'ensemble sur la mort des Québécois, l'oral, le visuel et le texte, les chansons, les cantiques, des photos, des illustrations, des disques, etc., venant affirmer ou contredire à leur manière l'hypothèse de travail. Il deviendrait possible, par exemple, à partir d'une analyse des pierres tombales, de sermons, d'enquêtes orales, de règlements de cimetières, d'archives familiales, de testaments notariés ou olographes, de prières pour les défunts retrouvées dans des livres de piété, de cantiques comme Beau ciel, éternelle patrie, de se faire une idée passablement juste et nuancée de la mort traditionnelle des Québécois.
  3. D'autres conclusions s'imposent face à une bibliographie qui démontre que les études sur la mort au Québec commencent à peine. D'abord la nécessité des monographies qui permettent le défrichement des nouveaux territoires de recherches. En plus, et sachant que de tous les événements que vit ou subit un être humain, la mort reste le plus choquant, le plus riche aussi, on ne saurait ici se limiter à une ou deux catégories privilégiées de sources, même comparées entre elles. Nous parlerons aussi d'éclairage inter-disciplinaire. Décrire la mort ne suffit pas, pas plus que la laisser à des propos seulement dogmatiques ou religieux. Bien sûr, on peut étudier le folklore de la mort à la manière de Madeleine Doyon, ou rappeler comment la mort permet de parler du péché, des fins dernières, de la résurrection et du ciel, mais notre époque davantage éclectique et plus inquiète souhaite en outre connaître mieux l'histoire des mentalités et l'anthropologie culturelle. Surtout depuis que nos mœurs urbaines nous acheminent vers la mort-accident, la mort fatale, l'incinération, l'abandon du cimetière ou le cimetière lointain, les Funeral Homes, sans oublier le retour aux dialogues avec les morts, aux croyances, à la réincarnation, à la parapsychologie, aux visions, aux rêves prémonitoires, etc.
  4. Peut-être faudrait-il mentionner quelques travaux actuellement en cours sur les testaments et les contrats de mariage pour y percevoir le rôle des croyances religieuses. D'autres qui étudient les fins dernières d'après la littérature populaire de ces dernières années. Le dépouillement des archives d'un presbytère de Bellechasse pour trouver comment la mort est vécue au village depuis cinquante ans, une enquête sur les manières de mourir d'après les biographies pieuses du Québec depuis 1900, sont en cours.
  5. Notons aussi, et à propos de cette bibliographie encore, que si le XIXe siècle a été, comme on l'a dit, le siècle des Ames du purgatoire, les titres depuis une trentaine d'années orientent plutôt vers le patrimoine, vers une pastorale des vivants, vers la prière communautaire et la mise en place de rites funéraires plus conformes à l'espérance chrétienne et surtout contraires au fatalisme ambiant. Enfin, nous croyons malgré tout avoir fourni ici, provisoirement du moins, un secteur bibliographique représentatif de l'intérêt des Québécois pour ce qu'on appelait autrefois dans les milieux ruraux:
    MOURIR DE SON VIVANT,
    MOURIR DE SA BELLE MORT,
    ALLER DE L'AUTRE BORD.