1 In the past few decades, scholars in the humanities and social sciences have realized that what is ordinary and everyday is, perhaps, as important as what is unique and uncommon. Spurred on in part by the availability of university education for an increasing percentage of the population — rather than being a privilege of the economic and social elite — more and more attention is being paid to those common groups and experiences neglected or taken for granted in the past. Scholars saw the rapid development of new fields and areas of research: women, children, ethnic and racial minorities, and the working class suddenly came under a scrutiny that had been largely absent in decades past. Canadians, often labouring under the traditions of a colonial past, finally realized that the national and regional cultures within their own country were every bit as important as the outside models that for so many years were considered the only standards. Thus, we have the birth of interest in things Canadian — Canadian Studies, Canadiana, and numerous regional programs, institutes and courses.
2 And finally, those areas of our daily lives that had been taken for granted or that were taboo made their way into academics. The relations between the sexes, the reasons for poverty amidst affluence, or boredom in the age of mass communication — these and more began to receive serious attention. One major theme was a concern with death and dying, a topic perhaps once as taboo as sex, but now of interest in a world that has had to daily contend with incurable diseases, famine, and nuclear disasters. Even a cursory look at the published literature will indicate that more has been written on death as a topic in the past decade or so than the previous fifty years. Researchers from all disciplines in the humanities and social sciences are writing from their own perspectives, with entire courses, conference panels and seminars being devoted to this topic.
3 The interest in assembling a number of papers on death and dying goes back to my own research in Newfoundland during the mid-1970s relating to gravestones and cemeteries. My M.A. thesis was the formal statement of several years of field-work and archival research focusing on local gravestones and their spatial context. I think it was David Newlands who first suggested to Barbara Riley that I might edit a special issue of the Material History Bulletin on death and dying, and I agreed to do so with Barbara's help.
4 Assembling the papers was a somewhat laborious process. I soon realized that unlike the United States, where hundreds of publications on topics like gravestones had appeared in recent years, there were few researchers actually working on material here in Canada who were ready to publish their findings. Several names were suggested, I was aware of some preliminary essays, and I contacted various friends around the country who, I felt, might know people currently researching this topic. The essays, then, were assembled through all of these channels. Their diverse content, however, is not just a product of this ad hoc collecting process; rather, I feel they represent the broad range of the kinds of studies that are being produced today.
5 Most of the work on this topic has been devoted to gravestones, and the several research reports reflect this continued trend. Patterson's work in Ontario, together with Trask and McNabb's in Nova Scotia, are part of larger ongoing projects aimed at documenting specific makers of objects and their works. Bowden and Hall's essay indicates the increasing concern that historians have demonstrated in the study of death generally and the social trends leading to the development of institutions outside the small community context — like cemeteries — that enabled industrialized society to deal with death. Goa's work shows how the museum researcher is attempting to understand the broad cultural basis for death-related objects found in our collections; the worldview of religious minority groups must be thoroughly presented, so that these artifacts are not seen as mere curiosities of an archaic belief system. My own essay comes from a longstanding concern by folklorists in rites of passage, including death and burial; as well, my interests in cultural landscapes led me to look not just at objects, but also at the changing spatial attitudes that reflect deeper concerns.
6 This collection of essays, then, is an initial step in investigating the vast number of topics related to death and dying throughout the country. Little is still known about Victorian gravestone traditions in most regions; we often feel that these nineteenth-century markers are less worthy of attention than the older forms that dominate American and British scholarship. The institutionalization of death still awaits examination: the establishment of urban cemeteries, the development of the funeral industry, the manufacture of a wide range of objects used in mourning rituals. The studies in this volume are meant to be examples of what still needs to be done in order to adequately understand a cultural issue, which is, finally, of central concern to the life of all peoples.
7 Depuis quelques dizaines d'années, les spécialistes en sciences humaines et sociales se rendent compte que le banal et le quotidien sont sans doute aussi importants que l'exceptionnel et l'inusité. Qu'un pourcentage accru de la population ait maintenant accès à l'université, qui n'est plus réservée à une élite économique et sociale, explique partiellement cet intérêt croissant pour les catégories sociales et les phénomènes ordinaires, autrefois négligés ou considérés comme banals. De nouveaux champs d'étude firent rapidement leur apparition: femmes, enfants, minorités ethniques et raciales, classe ouvrière, autant de sujets pratiquement jamais abordés voici quelques dizaines d'années. Les Canadiens, marqués par leur passé colonial, s'aperçurent enfin que les cultures nationales et régionales de leur propre pays étaient tout aussi importantes que les modèles étrangers auxquels ils avaient si longtemps tenté de se conformer. C'est ainsi qu'apparurent les études canadiennes, les collections d'œuvres canadiennes, et un grand nombre de programmes, d'établissements et de cours.
8 Les sujets banals ou tabous furent enfin inscrits au programme scolaire. On commença à s'intéresser sérieusement aux relations entre hommes et femmes, aux causes de la pauvreté qui voisine l'opulence ou de l'ennui qui résiste aux communications de masse. La mort, peut-être aussi taboue que le sexe l'était autrefois, devint un sujet d'intérêt majeur dans un monde où l'on doit compter quotidiennement avec les maladies incurables, la famine et les catastrophes nucléaires. Un regard rapide sur le monde de l'édition révèle qu'on a davantage écrit sur la mort ces dix dernières années que durant les cinquante années précédentes. Les différents spécialistes des sciences humaines et sociales traitent ce sujet selon leur perspective propre, consacrant des cours entiers, des tables rondes et des séminaires à la question.
9 L'idée de compiler des articles sur la mort m'est venue au milieu des années 70, tandis que j'effectuais des recherches sur les tombes et les cimetières de Terre-Neuve. Ma thèse de maîtrise était un bilan formel de plusieurs années de recherches sur le terrain et de recherches archivistiques concernant les tombes et leur contexte spatial. Je crois que l'idée de consacrer un numéro spécial du Bulletin d'histoire de la culture matérielle au thème de la mort fut suggérée à Barbara Riley par David Newlands. J'acceptai de réaliser ce projet avec l'aide de Barbara.
10 La compilation des exposés s'avéra passablement ardue. Je me suis vite rendu compte que contrairement aux Américains, qui ont publié des centaines d'écrits sur des sujets comme les tombes ces dernières années, peu de chercheurs canadiens étaient prêts à publier le résultat de leur travail. On me suggéra plusieurs noms, je connaissais quelques essais préliminaires et je contactai divers amis susceptibles de connaître des chercheurs s'intéressant à cette question. C'est ainsi que je réussis à recueillir les essais. Toutefois, leur contenu varié ne tient pas seulement à la façon anarchique dont ils ont été réunis; j'estime plutôt qu'il représente la diversité des études menées aujourd'hui.
11 La plupart des travaux dans ce domaine ont été consacrés aux tombes et plusieurs rapports de recherche reflètent cette tendance. Les travaux de Patterson en Ontario, de même que ceux de Trask et de McNabb en Nouvelle-Ecosse, font partie de projets à long terme visant à documenter des fabricants d'objets particuliers et leurs œuvres. L'essai de Bowden et de Hall révèle l'intérêt croissant des historiens pour la mort en général et pour les tendances sociales qui entraînèrent la création d'institutions en marge des petites communautés, comme les cimetières, ce qui allait permettre à la société industrialisée de composer avec la mort. Le travail de Goa montre que le chercheur du musée s'efforce de comprendre le vaste fondement culturel des objets reliés à la mort qui composent nos collections; la vision du monde des minorités religieuses doit être décrite avec minutie afin que ces objets ne soient pas perçus comme de vulgaires curiosités appartenant à un système de croyances archaïque. Mon propre essai reflète l'intérêt de longue date des folkloristes pour les rites de passage-y compris la mort et l'inhumation; de même, mon intérêt pour les paysages culturels ne concerne pas seulement les objets, mais également l'évolution des conceptions spatiales qui reflètent des questions plus fondamentales.
12 Ce recueil d'essais est donc une introduction à l'étude d'un grand nombre de sujets liés à la mort au Canada. On sait encore peu de chose sur la tradition des tombes victoriennes de la plupart des régions; on a souvent l'impression que ces pierres tombales du XIXe siècle méritent moins d'attention que les formes plus vieilles qui ont la faveur des chercheurs américains et britanniques. L'institutionnalisation de la mort est encore un sujet d'étude neuf, de même que la création de cimetières urbains, le développement de l'industrie des pompes funèbres et la fabrication d'une multitude d'objets servant dans les rituels. Les études réunies dans le présent volume illustrent ce qui reste à faire pour comprendre une-question culturelle d'un intérêt fondamental pour tout être humain.