FORUM – Acadiensis @ 50

Le tournant transnational en historiographie acadienne

Michael Poplyansky
La Cité universitaire francophone (Université de Regina)

1 LA MONDIALISATION EST DANS L’AIR DU TEMPS au début des années 2000. Si certaines des illusions de l’époque se sont depuis dissipées, un des legs durables – en études acadiennes, du moins – est la réalisation que « l’Acadie [...] ne vit pas hors du monde; elle en fait partie et agit en synchronie avec les tendances sociales et culturelles qui balaient tous les continents 1 ». Cette phrase, tirée de l’ouvrage de Joel Belliveau Le « moment 68 » et la réinvention de l’Acadie, résume parfaitement la prémisse à la base de l’histoire transnationale. Il ne suffit pas simplement de comparer les expériences historiques de différents peuples « en vase clos »; il s’agit aussi de mettre en lumière d’éventuels contacts entre eux ainsi que les réalités partagées qu’ils vivent.

2 Cette ambition nous semble désormais au cœur de production historiographique acadienne. Par ailleurs, la volonté de « penser l’Acadie dans le monde » se fait en parallèle avec un regain d’intérêt pour l’histoire politique et intellectuelle 2. Par conséquent, la présente recension ciblera surtout cette dernière dimension de l’historiographie acadienne, tout en rappelant qu’elle ne peut être complètement séparée de l’histoire économique ou sociale 3. Selon Julien Massicotte, la génération actuelle d’historiens de l’Acadie n’a pas expressément proposé de « paradigme historique clair de façon quasi unanime 4 ». Sans être exhaustif – nous ne pouvons citer tous les textes publiés dans le domaine de l’histoire politique et intellectuelle acadienne au cours des 20 dernières années 5 –, ce bilan historiographique donne à penser que la sensibilité transnationale peut remplir une fonction rassembleuse, même s’il s’agit certes d’un impératif moins prescripteur que les paradigmes qui avaient jadis dominé l’historiographie. Pour conclure notre réflexion, nous évoquerons quelques facteurs intellectuels, politiques et institutionnels qui faciliteraient le tournant transnational au sein de la communauté scientifique historienne.

L’historiographie acadienne à l’aube des années 2000

3 Avant de procéder à notre analyse, toutefois, il nous faut rappeler brièvement l’état de l’historiographie au tournant des années 2000. Pour ce faire, nous nous fions à l’excellent bilan historiographique réalisé par Julien Massicotte et publié dans Acadiensis en 2005. Massicotte distingue trois grandes phrases dans le développement historiographique en Acadie : traditionaliste, néonationaliste et normаlisаtrice 6.

4 L’historiographie traditionnaliste, écrit Massicotte, lui-même s’inspirant de Léon Thériault, s’attarde principalement aux « phénomènes politicoreligieux ». Elle « fait de l’Acadie une nation providentielle, triomphante de l’adversité; [...] donne un portrait monolithique du passé acadien, niant toute diversité; [...] présente un certain impérialisme idéologique (selon lequel tout Acadien doit descendre généalogiquement des colons de 1755); et, enfin, [...] démontre une certaine tendance à n’accorder d’attention qu’à l’événementiel, aux faits bruts, sans tenter de comprendre le sens des événements passés, ni leur fonctionnement, ni leur évolution dans le temps 7 ». Puisant ses origines au 19e siècle sous la plume notamment de Rameau de Saint-Père, cette historiographie traditionaliste serait toujours influente à l’aube des années 1970.

5 Les historiens néo-nationalistes, dont un des chefs de file est, bien entendu, Léon Thériault lui-même, s’inscrivent en opposition à l’historiographie traditionaliste. Thériault et ses collègues, comme Régis Brun ou Michel Roy, prônent davantage « l’étude des minorités, des particularismes régionaux, l’intégration de l’histoire acadienne dans l’ensemble de la réalité sociale, économique et politique des Maritimes ». « Arrêtons de faire l’histoire de l’Acadie », résume Thériault, « commençons celle des Acadiens » 8.

6 Même si les historiens de l’école « néo-nationaliste » s’inspirent des méthodes en histoire sociale et économique, leur objectif fondamental demeure politique. Dans sa version la plus extrême, celle d’un Michel Roy, par exemple, l’historiographie néo-nationaliste vise à démolir les anciens récits cléricauxreligieux, portés notamment par les historiens traditionalistes, afin de fondre le destin des Acadiens (ou des francophones du Nouveau-Brunswick) avec celui des Québécois, en pleine quête d’indépendance nationale. Pour rappeler les propos mémorables de Roy : « je ne sais pas si nous sommes par le fond différents des Québécois, même si nous l’avons jamais été» 9. De son côté, Léon Thériault reconnaît toujours la particularité de l’expérience acadienne, mais appelle également à un rapprochement avec la province voisine. Dans son manifeste La question du pouvoir en Acadie, Thériault conclut : « l’union des Acadiens avec le Québec m’apparaît comme la meilleure des garanties, car quelles sont les assises réelles de la culture acadienne, sinon d’abord une langue, le français, avec ses particularités régionales? Ensuite, un environnement que l’on veut français; un héritage culturel (histoire, littérature, traditions, etc.) qui se rapproche bien plus du Québec que de Fredericton 10! »

7 À l’aube des années 1980, l’école « néo-nationaliste » commence à être remise en cause. Une nouvelle génération d’historiens cherchent à se distinguer de leurs maîtres. Cette génération inclut des baby-boomers comme Nicole Lang, Jacques Paul Couturier et Phyllis E. LeBlanc. C’est la première génération d’historiens à avoir complété des études doctorales, notamment au Québec, où l’influence des « révisionnistes » ne peut être ignorée. Cette génération se réclame d’autres innovations méthodologiques, notamment celles portées par l’École des Annales 11. Comme leurs collègues québécois, les « normalisateurs » acadiens mettront davantage l’accent « sur l’importance d’une histoire sociale et refuseront de s’intéresser autant que leurs prédécesseurs à l’histoire religieuse, politique et culturelle 12 ». Contrairement aux néo-nationalistes, ils rejettent la notion d’un engagement politique lié à leur pratique historienne. Leur savoir doit être résolument empirique, divorcé de tout parti pris idéologique.

8 Pourtant, les normalisateurs seront à leur tour soumis à la critique. Tout comme le Québec, où les chercheurs nés dans les années 1970 ou 1980 commencent à se distancier des prédilections historiographiques de leurs prédécesseurs 13, l’Acadie vit un phénomène similaire. Comme l’écrit Massicotte, « [à] trop vouloir se désintéresser de thèmes aussi essentiels à la culture acadienne que la mémoire, les représentations politiques ou les phénomènes religieux [...] [les normalisateurs] se sont condamnés à se refuser toute contribution à la construction de la référence collective 14 ». C’est ainsi qu’au tournant des années 2000, en Acadie comme au Québec, l’on assiste à un regain d’intérêt pour l’histoire politique et intellectuelle.

Le retour de l’histoire politique et intellectuelle dans une optique transnationale : les « années 68 15 » en Acadie

9 En collaboration avec son collègue Jean-Philippe Warren, Massicotte sera un des acteurs clés de cette transition. Dans un article paru dans la Canadian Historical Review en 2006, Warren et Massicotte reviennent sur le mouvement étudiant monctonnien de la fin des années 1960 16, jusque-là largement écarté de l’historiographie acadienne, mis à part quelques mémoires de maîtrise et témoignages d’acteurs de l’époque 17. Ciblant le département de sociologie de l’Université de Moncton, Warren et Massicotte « voient les jeunes professeurs [formés à l’extérieur de l’Acadie] comme vecteurs privilégiés des nouvelles idées contestataires » 18. Nous y percevons donc une ouverture à une conception plus transnationale de l’histoire acadienne, où des chercheurs s’intéressent à la circulation des idées au-delà des frontières étatiques.

10 Cette tendance interprétative sera poussée encore plus loin par Joel Belliveau dans sa thèse de doctorat « Tradition, libéralisme et communautarisme durant les “Trente glorieuses” », qui sera publiée sous le titre Le « moment 68 » et la réinvention de l’Acadie par les Presses de l’Université d’Ottawa 19. Pour Belliveau, il ne suffit pas simplement de noter que des idées « venues de l’étranger » s’implantent en Acadie; il cherche à comprendre les conditions précises qui font en sorte que l’Acadie (au moins celle du corps étudiant monctonnien) soit prête à les assimiler. Justement, au milieu des années 1960, ces mêmes idées néo-nationalistes, portées par des professeurs tels que C.A. Richard ou Roger Savoie, n’attirent pas d’appui substantiel de la part des étudiants. Belliveau conclut que l’Acadie vit son propre « moment 68 », comparable à ce qui se passe quasi-simultanément à Paris. Dans le contexte acadien, les jeunes contestataires se tournent vers ce que Belliveau appelle le communautarisme, « accordant plus d’importance à l’acquisition de droits et d’autonomie pour la collectivité ethnolinguistique ». Comme nous l’avons noté dans une recension consacrée au livre de Belliveau : « Partout, les jeunes de la fin des années 1960 sont désillusionnés par rapport à l’État libéral de l’après-guerre. Cette désillusion – ou ce “moment 68” – se manifeste à travers des utopies diverses, allant du marxisme-léninisme au Black Power. Ce n’est qu’à cause du contexte démolinguistique particulier de l’Acadie que les étudiants de Moncton se tournent vers le nationalisme 20. »

11 L’ouvrage de Belliveau représente un véritable coup d’envoi à l’étude des « années 68 » en Acadie. Dans une étude critique, Philippe Volpé demande à ce que l’on fournisse davantage de preuves empiriques du fait que les mobilisations étudiantes « sont intimement liées aux mouvances étudiantes continentales de l’époque 21 ». C’est en partie l’objectif que nous nous sommes fixé dans un chapitre à paraître dans un collectif intitulé France-Canada : identités en mouvance, regards croisés 22. Dans notre texte, nous avons recensé les journaux étudiants de l’Université de Moncton ainsi qu’analysé les transcriptions du documentaire L’Acadie, l’Acadie?!? des cinéastes Pierre Perrault et Michel Brault 23. Nous avons conclu que les étudiants s’intéressaient relativement peu aux débats franco-français (mai 68; la démission du général de Gaulle; les accords de Grenelle) et se référaient davantage à la scène politique étatsunienne, marquée notamment par le mouvement des droits de la personne et la guerre au Vietnam. À la suite de chercheurs québécois comme Jean Lamarre et Jean-Philippe Warren qui se sont penchés sur les mouvements étudiants de la Belle province, nous avons, à notre tour, évoqué l’américanité 24 des étudiants monctonniens.

12 L’importance d’inscrire les mouvements étudiants acadiens dans le contexte mondial des « années 68 » s’étend jusqu’au campus du Collège Sainte-Anne, de Pointe-de-l’Église, en Nouvelle-Écosse. Dans notre article « Le “moment 68” au Collège Sainte-Anne 25 », nous avons noté que les étudiants de cette dernière institution, sans être inconscients des changements planétaires de leur époque, les rejettent, parfois explicitement, préférant maintenir un pacte de solidarité avec leurs aînés. Il est donc primordial de rappeler que le « moment 68 » se vit différemment selon le contexte. Néanmoins, dans la mesure où ils s’intéressent aux développements sociopolitiques à l’extérieur de l’Acadie, les étudiants de Sainte-Anne, comme leurs confrères de Moncton, ont le regard davantage tourné vers le voisin du sud que vers la France. L’américanité s’avère être une constante, malgré les différences évidentes entre les deux campus universitaires. Cette étude du Collège Sainte-Anne représente une première tentative d’évaluer la manière dont les idées associées aux années 1960 – surtout dans le contexte états-unien – s’implantent en Acadie de la Nouvelle-Écosse. Beaucoup de travail reste à faire en ce sens, justement pour s’assurer que notre compréhension du mouvement étudiant acadien des « années 68 » ne se limite pas à la région de Moncton.

13 Issus en partie du milieu étudiant, trois nouveaux mouvements politiques émergent en Acadie dans les années 1970 : le socialisme, le néo-nationalisme et le féminisme. Chaque mouvement fait partie d’une vague planétaire. Le néonationalisme acadien est de loin le phénomène qui a été le plus étudié mais, jusqu’à tout récemment, peu de chercheurs ont essayé de le contextualiser par rapport à d’autres mouvements similaires qui touchent des « nations sans État » à travers l’Occident, comme la Bretagne, l’Écosse ou la Catalogne 26. Dans un récent article, le politologue Tudi Kernalegenn détermine certains des facteurs qui favorisent la (ré)émergence, quasi simultanée, de mouvements nationalistes à travers l’Europe et en Amérique du Nord. Il s’agit « tout particulièrement [des] changements socio-culturels profonds provoqués par les Trente Glorieuses, [des] conséquences internes des luttes de décolonisation et [de] l’impact cognitif des luttes sociales des années 1960-1970 autour de Mai-68 qui permet le développement général des mouvements identitaires d’émancipation 27 ». En collaboration avec Joel Belliveau et Jean-Olivier Roy, Kernalegenn vient de faire paraître un ouvrage collectif qui développe ces hypothèses, s’intéressant non seulement à l’Amérique et à l’Europe continentale, mais aussi à l’Australie et au Pays de Galles 28.

14 De notre côté, nous venons de publier une nouvelle synthèse historique consacrée au Parti Acadien (PA), qui inscrit justement ce parti politique, à la fois gauchiste et nationaliste, dans la vague nationale des « années 68 ». Sans être un essai de politique comparée, l’ouvrage soulève les nombreux parallèles qui existent entre le PA et les partis politiques comme l’Union démocratique bretonne ou le Scottish National Party, lui aussi revigoré à partir des années 1960. Toutefois, notre livre s’interroge aussi sur ce qui rend l’expérience acadienne unique, notamment la cooptation réussie du PA par le gouvernement néo-brunswickois de Richard Hatfield. En ce sens, nous rejoignons la thèse de l’historien Ian McKay, selon laquelle une « hégémonie culturelle libérale » distingue le Canada d’autres pays occidentaux 29.

15 Le néo-nationalisme n’est pas la seule idéologie à avoir attiré les baby-boomers acadiens. À l’instar de plusieurs pays européens, l’Acadie des années 1970 et du début des années 1980 est aussi touchée par le mouvement marxisteléniniste. Plus marginale que le néo-nationalisme, l’extrême gauche se fait quand même valoir dans les cercles militants. Aujourd’hui, le mouvement communiste est complètement écarté de la mémoire collective acadienne. Phillipe Volpé et Julien Massicotte lui ont néanmoins consacré un ouvrage : Au temps de la « révolution acadienne » 30. Ils prétendent que les marxistesléninistes ne méritent pas d’être jetés « aux oubliettes de l’histoire » parce qu’ils auraient proposé aux Acadiens une « utopie » qui n’était pas ancrée, comme celle du PA l’avait été, dans la question nationale. À notre avis, les auteurs sont convaincants en raison de la pertinence de leur étude; les marxistes-léninistes acadiens méritent une certaine attention, ne serait-ce que comme preuve de l’inscription de l’Acadie dans le climat « révolutionnaire » de l’époque, qui voit divers mouvements d’extrême gauche émerger un peu partout à travers l’Occident.

16 Comme le remarque Philippe Volpé, le féminisme de deuxième vague est probablement le mouvement social des Trente Glorieuses qui est le moins étudié en Acadie 31. L’ouvrage collectif Paroles et regards de femmes en Acadie, dirigé par Jimmy Thibeault et ses collaborateurs, cherche à y remédier et comprend plusieurs chapitres qui abordent les balbutiements du féminisme de deuxième vague. Nous pensons notamment à l’étude de Mélanie Morin, qui analyse en profondeur le mémoire des Acadiennes devant la Commission Bird en 1967 32. Par ailleurs, dans sa contribution à l’ouvrage, Julien Massicotte note que le féminisme a réussi à maintenir une présence dans différentes sphères de la société acadienne, contrairement au nationalisme ou au socialisme, qui ont été respectivement coopté ou marginalisé 33.

Les Congrès mondiaux et les débats autour l’Acadie diasporique

17 En parallèle avec une attention accrue accordée aux mouvements contestataires de la fin des Trente Glorieuses, d’autres champs d’intérêt poussent les historiens acadiens à adopter une perspective transnationale. Les controverses autour des Congrès mondiaux acadiens (CMA), en existence depuis 1994, inspirent notamment les chercheurs à lier l’histoire des Acadiens à celle d’autres peuples diasporiques 34.

18 Joseph Yvon Thériault a lancé le débat autour des CMA avec son ouvrage L’identité à l’épreuve de la modernité, qui lui a valu le prix France-Acadie en 1996. Thériault reproche aux congrès – notamment au phénomène des retrouvailles – de promouvoir une « fermeture identitaire » selon laquelle l’appartenance acadienne est définie « à partir d’une filiation ». Il s’agit d’un « monde clos » qui est interdit à « tous ceux qui ne sont pas de sa lignée » 35.

19 L’analyse de Thériault, que partagent d’autres ouvrages 36, provoque une réaction intense. Elle motive les historiens à s’intéresser davantage aux peuples diasporiques et à analyser la façon dont l’expérience acadienne pourrait s’y comparer. La conception de diaspora exclut-elle tout projet politique collectif? Dans son article « Pour une nouvelle vision de l’Acadie », publié il y a déjà plus de 10 ans, Caroline-Isabelle Caron répond par la négative. Caron note que la notion de « diaspora acadienne » dépasse l’Acadie généalogique, avec laquelle elle est souvent confondue. L’Acadie diasporique est formée d’« Acadiens à temps partiel », qui s’intéressent d’abord et avant tout à leurs origines familiales. Mais les Acadiens de la diaspora, à l’instar d’autres peuples diasporiques, vivent leur acadianité dans un ensemble de réseaux qui peuvent exercer un pouvoir politique. Caron appelle donc de ses vœux une Acadie « fière de sa diaspora et accueillante de sa nébuleuse généalogique », mettant de l’avant un « projet de société acadienne où toutes les acadianités se reconnaîtraient, s’appuieraient et se consolideraient mutuellement » 37.

20 Jusqu’à tout récemment, peu d’historiens ont repris l’appel de Caron. En se penchant sur les « premiers contacts entre l’élite émergente de la Renaissance acadienne des Provinces maritimes et les descendants d’Acadiens en Louisiane », Carolynn McNally a conclu que « l’inclusion des Acadiens du Sud dans la définition de cette collectivité n’a [...] pas encouragé des partenariats politiques ou économiques durables 38 ». Jusqu’à nos jours, l’expérience des Acadiens des Maritimes s’inscrit dans le paradigme des minorités nationales 39 plutôt que des diasporas. Comme le note Clint Bruce, « une recherche des mots clés Acadian et Acadie sur les sites de Diaspora Studies et de Diaspora: A Journal of Transnational Studies révèle qu’aucun article au sujet de l’Acadie n’a paru dans ces revues phares 40 ». Pourtant, adoptant lui-même une perspective historique, Bruce commence à faire la démonstration d’une coopération réelle entre l’Acadie du Nouveau-Brunswick et celle de la diaspora. Dans un ouvrage collectif à paraître portant sur l’impact des « années 68 » sur les minorités nationales au Canada et aux États-Unis 41, Bruce évoque la controverse autour du statut d’« Acadien honoraire » accordé au maire de Moncton Leonard Jones (un farouche adversaire du bilinguisme) par la ville louisianaise de Lafayette. La décision du maire de rejeter le certificat met en relief son attitude « francophobe » et nuit à sa crédibilité. Bruce conclut que « l’intermunicipalité rattache le fait acadien (dans sa dimension internationale) à des localités où il est encadré par des structures et des modes de concertation plus souples, plus démocratiques et plus propices aux relations translocales que d’autres paliers gouvernementaux », une thèse qu’il entend développer à travers des recherches ultérieures.

Remonter dans le temps : une Acadie qui s’inscrit dans le printemps des peuples

21 La plupart des récents travaux dans les champs de l’histoire politique ou intellectuelle en Acadie sont consacrés à la période après 1960. Pourtant, l’approche qui consiste à mettre l’expérience acadienne en relation avec ce qui se passe à l’extérieur des frontières étatiques canadiennes peut tout aussi bien s’appliquer au 19e siècle. Joel Belliveau, qui a joué un rôle clé dans l’émergence de l’histoire transnationale en Acadie avec son « moment 68 », commence à s’intéresser désormais au « printemps des peuples » de la deuxième moitié du 19e siècle. Il essaie de contextualiser les premières conventions nationales acadiennes par rapport à « la course à la construction nationale » qui se déroulait aussi en Europe à la même époque.

22 Se basant sur les travaux du sociologue espagnol Juan Linz, Belliveau rappelle que « les nationalismes périphériques ont eu le plus de succès dans les régions où l’État [central] a tardé à propager efficacement sa variante de l’identité nationale ou, plutôt, là où les élites intellectuelles et politiques régionales ont été les premières à véhiculer une identité nationale ». Les conventions acadiennes représentent un exemple de nation-building réussi de la part d’un groupe minoritaire, qui a pu devancer les efforts de la majorité, en l’occurrence des Canadiens anglais. En inscrivant l’expérience acadienne dans le modèle de Linz, Belliveau réussit non seulement à mieux expliquer les origines du communautarisme acadien, mais aussi à comprendre ce qui le rend plus fort que ses analogues ailleurs au Canada 42.

23 Le chantier de recherche voué aux origines de l’affirmation politique acadienne au 19e siècle reste à être pleinement développé. Les travaux actuels de Belliveau, consacrés notamment à l’éventuel rôle de Rameau de Saint-Père en tant que « Passeur des idées du “printemps des peuples” dans les régions acadiennes 43 », seront sans doute d’un grand intérêt. Par ailleurs, la manière dont les Acadiens du 19e siècle ont conceptualisé leurs relations avec les Autochtones, dans un contexte où l’impérialisme marquait l’Occident dans son ensemble 44, attirera sûrement davantage d’attention.

Une nouvelle synthèse : penser l’Acadie dans le monde

24 Une approche transnationale permet de reconceptualiser des pans entiers de l’histoire acadienne. Elle a déjà transformé notre compréhension de l’affirmation politique acadienne, allant des premières conventions nationales aux Congrès mondiaux, en passant par le bouillonnement de la fin des Trente Glorieuses. Pour plusieurs chercheurs, le temps est venu de rassembler ces nouvelles interprétations, un objectif que se sont fixé les professeurs Clint Bruce et Gregory Kennedy, respectivement de l’Université Sainte-Anne et de l’Université de Moncton. Grâce à une importante subvention du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), ils ont pu former une équipe de recherche incluant des universitaires de France, des États-Unis et du Canada, afin de produire une nouvelle synthèse interdisciplinaire consacrée à l’Acadie d’hier et d’aujourd’hui.

25 Le projet de Bruce et Kennedy s’inscrit en continuité avec d’autres ouvrages de synthèse, notamment L’Acadie des Maritimes, dirigé par Jean Daigle. Tout en notant la valeur de l’ouvrage de Daigle, Kennedy et Bruce cherchent à adopter un cadre « géoculturel » plus large. Leur synthèse portera à la fois sur l’Acadie contemporaine et sur l’Acadie coloniale 45. En ce qui concerne spécifiquement le champ de spécialisation qui nous intéresse dans ce bilan historiographique – l’histoire politique et intellectuelle de l’Acadie depuis le 19e siècle –, la synthèse de Bruce et Kennedy offrira une place de choix à certains des chercheurs que nous venons de citer. Dans la foulée de ses travaux des dernières années, Joel Belliveau explorera « La “Renaissance” acadienne comme manifestation nord-américaine du printemps des peuples (1864-1914) ». Clint Bruce se penchera sur l’histoire des relations diasporiques entre l’Acadie des Maritimes et la Louisiane, comparant les conceptions de la « race » qu’avaient ces deux communautés et analysant la manière dont elles se sont influencées mutuellement. Philippe Volpé développera un nouveau chantier de recherche, à savoir les rapports entre « les mouvements de solidarité internationale – les raisons et le contexte de leur fondation, expansion, déboire – et la société acadienne depuis le début du 20e siècle 46 ». Sans épuiser les sujets de recherche potentiels, l’ouvrage collectif de Bruce et Kennedy donnera un bon aperçu des travaux qui se font actuellement en Acadie dans une optique transnationale.

Les sources du tournant transnational

26 Si l’on compare l’historiographie acadienne d’il y a plusieurs décennies avec celle d’aujourd’hui, le tournant transnational est frappant. Comme l’a noté Patrick Noël, cela fait plusieurs décennies que les historiens acadiens suivent de près l’évolution historiographique ailleurs en Occident 47. L’influence de l’École des Annales sur la génération des « normalisateurs » vient immédiatement à l’esprit. Mais les tentatives de lier les grands évènements politiques acadiens (la Renaissance de la fin du 19e siècle ou la contestation des Trente Glorieuses) à des mouvements planétaires est assez nouvelle. Plusieurs facteurs ont sans doute contribué à cette nouvelle tendance interprétative. Par exemple, il est désormais encore plus facile de connaître la littérature scientifique traitant d’autres espaces géographiques et de la lier au parcours historique de l’Acadie des Maritimes. Les contacts entre chercheurs d’un peu partout à travers le monde se font aussi plus naturellement, comme en fait foi la fructueuse collaboration entre Belliveau et Kernalagenn.

27 Par ailleurs, les historiens qui veulent orienter leurs travaux dans une optique transnationale ont d’importants appuis institutionnels. Clint Bruce, par exemple, détient une chaire de recherche du Canada consacrée aux « études acadiennes et transnationales ». Le codirecteur de Repenser l’Acadie dans le monde, Gregory Kennedy, dirige l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton. Les organismes subventionnaires, comme le CRSH, priorisent aussi « l’international » dans l’octroi des subventions. Le projet de synthèse de Bruce et Kennedy est également soutenu par d’autres acteurs institutionnels, notamment l’Institut Wilson de l’Université McMaster, dirigé par Ian McKay 48.

28 De plus, force est de constater que les Congrès mondiaux ont stimulé une remise en cause de certaines idées bien établies quant à la prééminence de l’Acadie des Maritimes (ou du Nouveau-Brunswick) par rapport à la « diaspora ». Caroline-Isabelle Caron en a fait la démonstration il y a plus de 10 ans. Les relations diasporiques ne se limitent pas au 18e siècle. Joindre l’histoire de l’Acadie des Maritimes à celle d’autres « Petites Cadies » (notamment à celle de la Louisiane et du Québec) paraît désormais de plus en plus pertinent.

29 Enfin, il faudrait s’interroger sur le champ plus large des études canadiennes et québécoises et analyser la manière dont il influe sur la perception qu’ont les chercheurs de l’histoire acadienne. Depuis les années 2000, notamment grâce aux travaux d’Yvan Lamonde et de Gérard Bouchard, le concept de l’« américanité » est au cœur de nombreux débats universitaires, surtout au Québec. L’on s’entend largement pour dire que le Québec, le Canada français et l’Acadie « sont d’Amérique et de France », mais le « dosage » exact reste à déterminer. Pour la plupart, les travaux cités dans cette recension ne se positionnent pas explicitement sur cette question. L’éventuelle américanité de l’Acadie semble avoir surtout passionné les littéraires 49. Mais les historiens devraient être tout aussi interpellés. Cela ne pourrait que renforcer leur sensibilité transnationale.

Conclusion

30 Depuis les années 2000, l’histoire transnationale est à la mode en Acadie. Les travaux de Jean-Philippe Warren et de Julien Massicotte, ainsi que de Joel Belliveau, réalisés au début des années 2000, ont poussé les historiens à mettre les « années 68 » acadiennes en relation avec les bouleversements sociaux et politiques qui ont frappé non seulement le Québec, mais aussi la France, les États-Unis, ainsi que d’autres nations sans État comme la Bretagne ou l’Écosse. L’ouvrage de Volpé et Massicotte sur les marxistes-léninistes, ou mes propres études consacrées au Parti Acadien et au mouvement étudiant à l’Université Sainte-Anne, découlent, de façon évidente, de ces premières publications.

31 En parallèle, l’émergence des Congrès mondiaux a motivé les chercheurs à revoir l’histoire de l’Acadie de la diaspora. Une décennie après le cri du cœur de Caroline-Isabelle Caron en 2007, Clint Bruce, notamment, se livre à un examen des relations passées et présentes au sein de la diaspora. Ce terrain demeure encore largement en friche; d’autres études paraîtront certainement au cours des prochaines années. Le nationalisme acadien au 19e siècle gagnerait aussi à être beaucoup mieux connu. Là encore, la perspective transnationale s’avère très précieuse, ce qui est évident dans les travaux (déjà publiés ou en chantier) de Joel Belliveau. L’ouvrage de synthèse dirigé par Bruce et Kennedy permettra sans doute de mieux connaître ces pans peu explorés du passé acadien.

32 Les facteurs qui poussent les historiens à adopter une perspective transnationale sont certes nombreux. Ainsi, il s’agit, à notre avis, d’une révolution méthodologique incontournable, qui se fera sentir encore davantage dans les années à venir. D’autres innovations pointent aussi à l’horizon. Par exemple, dans leur prospectus de l’historiographie acadienne, Joel Belliveau et Patrick Noël évoquent le développement d’une microhistoire en Acadie, où « on embrasse un point de vue particulier, à échelle humaine, sur les transformations générales du monde, point de vue à partir duquel le chercheur peut étudier les impacts de ces transformations sur les individus ainsi que les façons dont les individus et les collectivités s’y adaptent, y résistent ou y participent 50 ». Il s’agit donc d’une nouvelle façon de pratiquer l’histoire transnationale qui reste encore à être pleinement découverte. Ce genre d’études – qui pourrait potentiellement attirer un public large – contribuerait encore davantage à sensibiliser tous les Acadiens à la dimension transnationale de leur passé collectif.

33 Souvent, les paradigmes des historiens universitaires ne réussissent pas à rejoindre le grand public 51. Mais, à notre avis, le risque est minime en ce qui concerne la nouvelle sensibilité transnationale des acadianistes, ne serait-ce que parce qu’un grand évènement populaire – le Congrès mondial – a déjà contribué de façon significative à pousser les historiens de métier dans la voie transnationale. Il est à souhaiter que cette convergence entre l’histoire telle que pratiquée dans les universités et celle qu’on étudie dans d’autres milieux ne fera que s’accélérer dans les années à venir 52.

Notes

1 Joel Belliveau, Le « moment 68 » et la réinvention de l’Acadie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2014, p. 188.
2 Julien Massicotte, « Histoire et pertinence : notes sur l’historiographie acadienne récente », dans Martin Pâquet et Serge Dupuis (dir.), Faire son temps. Usages publics du passé dans les francophonies nord-américaines, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 34.
3 Philippe Volpé, s’inspirant de Martin Pâquet, arrive au même constat dans « Passer à l’agora : de la pertinence d’une histoire des sujets en action en Acadie », Acadiensis, vol. 48, no 2 (automne 2019), p. 190.
4 Massicotte, « Histoire et pertinence », p. 33.
5 Dans cet article, nous nous concentrerons sur l’historiographie consacrée à la période post-Déportation. Nous partons de l’hypothèse que l’étude de l’Acadie coloniale est confrontée à ses propres défis méthodologiques, bien explorés par John Reid dans « Écrire l’Acadie en lien avec les mondes atlantique et autochtone », dans Martin Pâquet et Stéphane Savard (dir.), Balises et références, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007, et par Gregory Kennedy, « L’Acadie prend sa place dans le monde atlantique », Acadiensis, vol. 43, no 2 (été-automne 2014), p. 155. Il est à noter que l’historiographie consacrée à la période pré-1755 s’intéresse davantage aux relations entre Acadiens et Autochtones, une thématique encore largement absente de l’historiographie consacrée à l’Acadie contemporaine.
6 La lecture de l’ouvrage de Ronald Rudin, Faire de l’histoire au Québec, traduction de Pierre R. Desrosiers, Québec, Septentrion, 1998, fait réfléchir aux nombreux parallèles entre l’historiographie québécoise et acadienne. On note notamment la parenté entre les « néo-nationalistes » acadiens et l’École de Montréal, ainsi que celle entre les « normalisateurs » et les « révisionnistes québécois ».
7 Julien Massicotte, « Les nouveaux historiens de l’Acadie », Acadiensis, vol. 34, no2(printemps 2005), p. 148.
8 Massicotte, « Les nouveaux historiens », p. 149.
9 Michel Roy, L’Acadie perdue, Montréal, Québec-Amérique, 1978, p. 45.
10 Léon Thériault, La question du pouvoir en Acadie, Moncton, Éditions d’Acadie, 1982, p. 200.
11 Patrick Noël, « L’historiographie dans l’historiographie acadienne », dans Patrick D. Clarke (dir.), Clio en Acadie : réflexions historiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2014, p. 51-52.
12 Massicotte, « Les nouveaux historiens », p. 156.
13 Stéphane Kelly (dir.), Les idées mènent le Québec : essais sur une sensibilité historique, Québec, Presses de l’Université Laval, 2003.
14 Massicotte, « Les nouveaux historiens », p. 167.
15 Nous nous référons aux « années 68 » comme la période allant de la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1980. Partout à travers l’Occident, ces années voient l’émergence d’un large éventail de mouvements politiques, sociaux et culturels, portés en grande partie par les premiers baby-boomers qui commencent à arriver à l’âge adulte. Une vaste littérature scientifique est maintenant consacrée aux « années 68 ». Voir par exemple : Geneviève Dreyfus-Armand, Les années 68 : le temps de la contestation, Paris, Complexe, 2000.
16 Jean-Philippe Warren et Julien Massicotte, « La fermeture du département de sociologie de l’Université de Moncton : histoire d’une crise politico-épistémologique », Canadian Historical Review, vol. 87, no 3 (septembre 2006), p. 463-496.
17 Voir par exemple Bernard Gauvin, « La question acadienne : 16 ans après les événements de 1968-1969 », dans Khaled Belkhodja (dir.), Actes du colloque « Solidarité internationale contre l’oppression des cultures et le racisme », Moncton, Université de Moncton, 1986, p.81-90.
18 Joel Belliveau, « Tradition, libéralisme et communautarisme durant les “Trente glorieuses” : les étudiants de Moncton et l’entrée dans la modernité avancée des francophones du Nouveau-Brunswick, 1957-1969 », thèse de doctorat en histoire, Université de Montréal, 2008, p. 94.
19 Belliveau, « Tradition… »; Belliveau, Le « moment 68 ».
20 Michael Poplyansky, « Le “moment 68” et la réinvention de l’Acadie de Joel Belliveau », Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes, no 27 (printemps 2015), p. 135-137.
21 Philippe Volpé, « Autour de l’éducation : plaidoyer pour une histoire incarnée de l’Acadie », Acadiensis, vol. 44, no 2 (été/automne 2016), p. 144.
22 Michael Poplyansky « Entre la France et les États : une exploration des référents internationaux du mouvement étudiant acadien à la fin des années 1960 », dans Jimmy Thibeault, Delphine Guedat-Bittighoffer, Nadja Maillard et Maëva Touzeau (dir.), France-Québec-Acadie : identités en mouvance, regards croisés, Saint-Lambert, Cursus universitaires, 2021, p. 33-60.
23 L’Acadie, l’Acadie?!?, documentaire, réalisation de Michel Brault et Pierre Perrault, Montréal, Office national du film, 1971, 1 h 58 min.
24 Jean Lamarre, « Le mouvement étudiant américain et la contestation dans les années 1960. Incompatibilité et inspiration pour le mouvement étudiant québécois », Histoire sociale/Social history, vol. XLVI, n° 92 (2013), p. 397-422; Jean Lamarre, « Les relations entre le mouvement étudiant français et québécois au cours des années 1960: noningérence et indifférence », Globe, vol. XV, n° 1-2 (2012), p. 287-316; Jean-Philippe Warren, Une douce anarchie: les années 68 au Québec, Montréal, Boréal, 2008. La connotation à donner au concept de « l’américanité » ne fait pas consensus. Pour les uns, il s’agit de l’inscription des francophones du Canada dans la réalité continentale américaine, une réalité occultée par les élites cléricales et intellectuelles au Canada français jusque dans les années 1960. Voir Gérard Bouchard, « L’américanité : un débat mal engagé », Argument, vol. 4, no 2 (printemps-été 2002), http://www.revueargument.ca/article/2002-03-01/206-lamericanite-un-debat-mal-engage.html; Yvan Lamonde, « Américanité et américanisation : essai de mise au point », Globe, vol. 7, no 2 (2004), p. 21-29. Pour les autres, l’américanité serait indissociable de la soumission culturelle du Canada français à la puissance états-unienne. Voir Joseph Yvon Thériault, Critique de l’américanité, Québec, Québec-Amérique, 2002.
25 Michael Poplyansky, en collaboration avec Mylène Comeau, « Le “moment 68” au Collège Sainte-Anne : la mentalité estudiantine au moment de la grève de 1968 », Historical Studies in Education/Revue d’histoire de l’éducation, vol. 30, no 1 (printemps 2018), p. 114-140.
26 Voir des textes classiques comme Jean-Paul Hautecœur, L’Acadie du discours, Québec, Presses de l’Université Laval, 1975.
27 Tudi Kernalegenn, « Le réveil des revendications régionalistes et nationalitaires au tournant des années 1968 : analyse d’une “vague” nationale », Fédéralisme – Régionalisme, vol. 13, no 1 (2013), http://popups.ulg.ac.be/1374-3864/index.php?id=1195.
28 Tudi Kernalegenn, Joel Belliveau et Jean-Olivier Roy (dir.), La vague nationale des années 1968 : une comparaison internationale, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2020.
29 Michael Poplyansky, Le Parti acadien et la quête d’un paradis perdu, Québec, Septentrion, 2018; Ian McKay « The Liberal Order Framework: A Prospectus for a Reconnaissance of Canadian History », Canadian Historical Review, vol. 81, no 4 (2000), p. 616-645.
30 Philippe Volpé et Julien Massicotte, Au temps de la « révolution acadienne » : les marxistes-léninistes en Acadie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2019.
31 Volpé, « Passer à l’agora », p. 200-201.
32 Mélanie Morin, « Libérer “la femme”, mais… : L’espace public en Acadie face à la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, 1967-1970 », dans Jimmy Thibeault et al. (dir.), Paroles et regards de femmes en Acadie, Québec, Presses de l’Université Laval, 2020.
33 Julien Massicotte, « Idéologies et utopies en Acadie : retour historique », dans Thibeault et al., Paroles et regards.
34 Voir par exemple Stéphan Bujold, « La diaspora acadienne : essai de contribution à l’élargissement du champ national acadien », dans Martin Pâquet et Stéphane Savard (dir.), Balises et références, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007, p. 461-484.
35 Joseph Yvon Thériault, L’identité à l’épreuve de la modernité, Moncton, Éditions d’Acadie, 1995.
36 Nous pensons, entre autres, à Michel Doucet, Le discours confisqué, Moncton, Éditions d’Acadie, 1995.
37 Caroline-Isabelle Caron, « Pour une nouvelle vision de l’Acadie », dans Pâquet et Savard, Balises et références, p. 456-457.
38 Carolynn McNally, « Acadian Leaders and Louisiana, 1902-1955 », Acadiensis, vol. 45, no 1 (hiver/printemps 2016), p. 67-89 (notre traduction).
39 Pour emprunter la définition de Will Kymlicka, une minorité nationale est un groupe ethnoculturel dont la présence sur un territoire donné précède la fondation de l’État.
40 Clint Bruce, « L’oubli de l’Acadie politique? Le débat sur les Congrès mondiaux acadiens à la lumière de la question diasporique », Minorités linguistiques et société/Linguistic Minorities and Society, no 10 (2018), p. 123, note 34.
41 Clint Bruce, « Le maire Jones, Acadien honoraire?!? Répercussions politiques du projet de jumelage municipal entre Moncton (N.-B.) et Lafayette (Louisiane) », dans Michael Poplyansky et al., La dimension oubliée des années 68 : mobilisations politiques et culturelles des minorités nationales, Québec, Presses de l’Université Laval, à paraître.
42 Joel Belliveau, « Nationalismes périphériques, ethno-nationalisme canadien et chronologie : aux origines du communautarisme acadien », Bulletin d’histoire politique, vol. 26, no 1 (automne 2017), p. 170-204.
43 Programme du colloque annuel de l’Association française d’études canadiennes, 2020.
44 De tels travaux commencent à paraître dans l’historiographie canadienne-anglaise. Voir par exemple Karen Dubinsky, Adele Perry et Henry Yu (dir.), Within and Without the Nation: Canadian History as Transnational History, Toronto, University of Toronto Press, 2015.
45 Kennedy et Bruce notent que, depuis la fin du dernier siècle, plusieurs chercheurs, comme Naomi Griffiths, ont souligné l’importance d’étudier l’évolution de l’Acadie dans un monde atlantique pendant l’époque moderne. Par ailleurs, au début des années 2000, « Gregory Kennedy (2014) et Christopher Hodson (2012) ont démontré la pertinence d’une approche transnationale et comparative pour étudier la société rurale acadienne et les débuts de la diaspora » : correspondance de l’auteur avec Clint Bruce, février 2020.
46 Voir le programme du premier atelier de « Repenser l’Acadie dans le monde », Université de Moncton, août 2019, https://static.wixstatic.com/ugd/59ee79_48a6483cb2204cae8101f0fe0df8e205.pdf.
47 Noël, « L’historiographie dans l’historiographie acadienne ».
48 Ces appuis institutionnels sont cependant précaires. Les mises à pied à l’Université Laurentienne en 2021 témoignent de la fragilité de la recherche universitaire sur les francophones en situation minoritaire. Nous espérons que d’autres institutions permettront aux professeurs affectés de poursuivre leurs travaux, qui sont essentiels à une meilleure compréhension de l’Acadie du passé et du présent.
49 Voir par exemple Jimmy Thibeault, « L’acadianité au cœur du “Vortex ” américain : l’inscription de l’Acadie dans l’imaginaire continental chez Jean Babineau », Minorités linguistiques et société/Linguistic Minorities and Society, no 5 (2015), p. 197-213.
50 Joel Belliveau et Patrick Noël, « Éléments pour une rétrospection et une prospection de l’historiographie acadienne », Bulletin d’histoire politique, vol. 24, no 2 (hiver 2016), p. 33-54
51 Massicotte, « Histoire et pertinence», p. 36.
52 C’est d’ailleurs la tendance que détecte Massicotte dans « Histoire et pertinence», p. 43.