Research Note / Note de recherche

Les réfugiés acadiens au camp d’Espérance de la Miramichi en 1756-1761 :

un épisode méconnu du Grand Dérangement1

Ronnie-Gilles LeBlanc
Parcs Canada

1 L’HISTOIRE DES FAMILLES ACADIENNES qui sont restées en Acadie entre 1755 et 1764 demeure très mal connue. La plupart des études consacrées à l’histoire acadienne traitent cette question de façon plutôt sommaire pour ne pas dire superficielle, préférant plutôt examiner le sort réservé aux familles déportées dans les colonies anglo-américaines ou en Europe à la même époque2. Il s’agit pourtant d’un des épisodes les plus marquants de l’histoire de l’Acadie puisque ces familles qui sont demeurées sur place forment une importante partie des ancêtres de la communauté acadienne du Golfe et de la région de l’Atlantique. De surcroît, une bonne partie de ces familles sont passées par le camp d’Espérance de la Miramichi3 à l’hiver 1756-1757, au cours duquel elles ont connu la famine et une épidémie de contagion qui a semé la mort au sein d’une population déjà très éprouvée. Au juste, combien de réfugiés acadiens se trouvaient au camp d’Espérance au cours de cet hiver fatidique et combien de personnes y auraient trouvé la mort?

2 Des chercheurs se sont déjà posé cette question et ont tenté de fournir des éléments de réponse, dont Alonzo LeBlanc et Fidèle Thériault dans les années 19804. Dans son étude, LeBlanc conclut que de 600 à 700 personnes seraient décédées sur une population totale de 3  500  réfugiés acadiens à l’hiver  1756-1757 à la Miramichi5. Thériault estime la population totale de réfugiés acadiens à environ 6 000 personnes, dont entre 500 et 800 seraient décédées « selon les sources6 », c’est-à-dire Robert Cooney, qui évalue le nombre de victimes à plus de 800 personnes, Bona Arsenault à quelque 600, James Fraser à 500 et Marguerite Michaud à plus de 4007. Ni Cooney, ni Fraser ne donnent leurs sources, mais il est évident que les chiffres qu’ils avancent sont basés sur la tradition orale; plus on s’éloigne de l’événement, plus les chiffres sont gonflés. Quant à Arsenault et à Michaud, ils ne renvoient le lecteur à aucune source particulière, comme quoi les chiffres qu’ils avancent sont hypothétiques8.

Figure 1 : Georges-Louis Le Rouge, Canada et Louisiane , par le Sr. le Rouge ingénieur géographe du Roy, à Paris, rue des Augustins. Avec Privilège du Roi 1755. (extrait).
Thumbnail of Figure 1Display large image of Figure 1
(Source: Library of Congress, LC Maps of North America, 1750-1789, Lowery, 415.)

3 Est-ce par souci de rendre plus dramatique cet épisode du Grand Dérangement que ces auteurs ont avancé ces données si divergentes? Cela est possible, mais pour notre part, nous préférons questionner ces chiffres et tenter d’établir avec plus de précision le nombre réel de victimes du camp d’Espérance à la lumière de la documentation dont nous disposons aujourd’hui. D’abord, très peu de ces études se réfèrent aux sources premières, soit les documents officiels de l’époque et, notamment, les recensements ou listes de réfugiés acadiens. De plus, en nous basant sur les données généalogiques dont nous disposons pour cette période9 , nous nous rendons compte que, dans certains cas, on a grossièrement exagéré le nombre de réfugiés acadiens de même que le nombre de personnes décédées au camp d’Espérance de la Miramichi à l’hiver 1756-1757.

Des chiffres

4 Les événements qui ont mené à la création du camp de réfugiés acadiens, le camp d’Espérance, figurent sans aucun doute parmi les plus importants dans les annales du peuple acadien. La prise du fort de Beauséjour et du fort Gaspareau en juin 1755 sonne le glas pour le rêve d’empire des Français en Acadie, mais elle a des conséquences désastreuses pour la communauté acadienne  : les Britanniques y sèment la destruction et en déportent la population. Sur une population acadienne totale évaluée à environ 14  100  personnes en 175510, l’Acadie anglaise ou la Nouvelle-Écosse péninsulaire en compte 6 345 et la région de Beaubassin et des trois rivières Chipoudie (Shepody), Petcoudiac (Petitcodiac) et Memramcook, 2 897, soit un total de 9 242 personnes d’après l’abbé de l’Isle-Dieu dans une lettre qu’il adresse au ministre de la Marine de France à l’automne 175511. À l’exception des établissements de la région de Cobeguit, de Tatmagouche, de la région de Cap- Sable et de quelques familles de la région de Pigiguit, de la région des Mines et de la région de Port-Royal, la majeure partie de la population acadienne de la Nouvelle- Écosse péninsulaire est déportée entre octobre et novembre 1755, soit approximativement 5 056 personnes (Mirligouèche 50, Pigiguit environ 1 100, les Mines – Grand-Pré et Rivière-aux-Canards – 2 242 et Port-Royal 1 66412), alors que 1  014 personnes sont déportées de Beaubassin et des trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook13. Par conséquent, sur une population totalisant 9 242 personnes, environ 6  070 sont déportées dans les colonies anglo-américaines à l’automne 1755. Où sont passées alors les quelque 3 17214 personnes qui n’ont pas été capturées et déportées par les autorités coloniales de la Nouvelle-Écosse dans cette première phase de la Déportation acadienne? Ces gens doivent pour la plupart trouver refuge dans les établissements déjà existants des îles Saint-Jean et Royale ou dans la forêt environnante, ce qui n’est guère évident pour une société paysanne ou une population sédentaire tirant sa subsistance ou vivant principalement des produits de la terre.

5 Dans la région de Port-Royal, nous apprenons de l’abbé François Le  Guerne « qu’il ne s’est sauvé de Port Royal qu’environ trente familles dont la majeure partie s’est retriée dans les bois avec les habitans du Cap Sable, l’autre se tient au bois aux environs du lieu ». Il ajoute que cette région n’a pas encore été la cible des autorités britanniques au cours de cette première phase de la Déportation15. Toutefois, dès le printemps 1756, au retour des miliciens de la Nouvelle-Angleterre qui ont mené à bonne fin la déportation de l’automne 1755, un contingent s’arrête dans la région de Cap-Sable et y capture une partie des habitants, qui sont embarqués et emmenés de force au Massachusetts. À l’automne 1758 et au printemps 1759, deux autres expéditions dans la région de Cap-Sable ramèneront d’autres habitants de la région à Halifax, d’où ils seront déportés en France16. Quant aux familles de Port-Royal qui y ont trouvé temporairement refuge à l’automne 1755, la plupart d’entre elles ont quitté la région dès le printemps 1756 pour se réfugier à la rivière Petcoudiac, où elles arrivent à l’été 175617. Par ailleurs, des familles de la région des Mines arrivent à la Petcoudiac en même temps que ces dernières. Au dire de l’abbé François Le Guerne, ces familles, « au nombre d’environ 50 ou 60 », se rendent d’abord à la Petcoudiac à la mi-août 1756 avant de repartir pour Cocagne et ensuite la Miramichi18. Ces familles retrouvent ainsi leurs compatriotes qui ont échappé à la déportation à bord du Pembroke19.

6 Le sort des familles de la région de Tatmagouche et de Cobeguit a été un peu semblable, sauf qu’elles ont trouvé refuge à l’île Saint-Jean20. Enfin, quelques familles ou du moins des individus de la région des Mines et de Port-Royal semblent être demeurés dans la Nouvelle-Écosse péninsulaire afin de mener une guerre de résistance aux forces britanniques21. Dans la région de Beaubassin et des trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, près des deux tiers de la population a échappé à la Déportation, soit environ 1 883 des 2 897 personnes recensées à l’automne 1754 et à l’hiver 1755, juste avant la chute du fort Beauséjour. De ce nombre, à peu près 500 personnes (une centaine de femmes et leurs enfants, de même que plusieurs jeunes gens, des vieillards et 5 ou 6 hommes) de la région de Beauséjour et de Tintamarre se rendent directement à l’île Saint-Jean sous la direction de l’abbé Le  Guerne en novembre 175522. Ce sont principalement des femmes dont les maris ont été déportés sans elles et leurs enfants. Elles ont, en effet, refusé de rejoindre leurs maris, suivant les conseils de l’abbé Le Guerne, qui leur a assuré que leurs maris reviendraient les trouver peu importe où ils seraient déportés. Ainsi, quelque 300 familles des rivières Tintamarre, Memramcook, Petcoudiac et Chipoudie ont échappé à la déportation à l’automne 175523, dont une partie sont allées à l’île Saint-Jean, de telle sorte qu’il reste encore sur place 250 familles à la fin de l’automne 175524.

7 La région de Memramcook est particulièrement exposée aux exactions des troupes britanniques en raison de sa proximité du fort Beauséjour, rebaptisé fort Cumberland, et du fort Lawrence, à Beaubassin. En effet, Memramcook reçoit la visite d’au moins trois expéditions au cours de l’automne 1755 et au début de l’hiver 1756. Lors de leur dernière incursion, les Britanniques ont été « une demie lieu jusqu’à un endroit où s’étoient retirés plus de 80 familles, lesquelles par grand bonheur avoient changé d’endroit peu de temps auparavant et la nuit d’ailleurs dont l’anglois se servit pour y venir ne lui permit de voire au moyen de la nege la route qu’elles avoient tenus25 ». Après cette expédition, Le Guerne réussit à attirer de Memramcook à Cocagne 50 familles (230 personnes26) qui, après y avoir hiverné, gagnent l’île Saint-Jean.

Figure 2  : Paul Sandby and Peter Benezeh (after Hervey Smyth), A View of Miramichi, a French Settlement in the Gulf of St. Lawrence, destroyed by Brigadier Murray detached by General Wolfe for that purpose, from the Bay of Gaspe/Vue de Miramichi Etablissement François dans le Golfe de St. Laurent, détruit par le Brigadier Murray, détaché à cet effet de la Baye de Gaspé, par le Général Wolfe
Thumbnail of Figure 2Display large image of Figure 2
(Source: Le musée du Nouveau-Brunswick/The New Brunswick Museum, Webster Canadiana Collection, W 1097.)

8 Le Guerne cherche également à convaincre les habitants de Chipoudie d’en faire autant, mais en vain. Cependant, au début juin 1756, soit à la Pentecôte, les Britanniques y montent une expédition et y font quelques prisonniers : « Cet accident leur ouvrit les yeux. Ils vinrent me consulter et les fis sortir de leur endroit de concert avec Mr de Boishebert après quoy je les fis passer sur l’isle Saint Jean27.  » Malheureusement, Le Guerne ne mentionne pas le nombre de personnes touchées par ce déménagement28, mais si l’on se fie aux chiffres avancés par les autorités coloniales françaises, l’île Saint-Jean a accueilli 1  257  réfugiés entre l’automne  1755 et le printemps suivant sans compter, semble-t-il, ceux qui y sont passés de Cocagne et de Cobeguit au printemps et à l’été 175629. Afin d’alléger le fardeau que représentent ces réfugiés pour l’île Saint-Jean, Gabriel Rousseau de Villejouin, le commandant ou l’officier chargé de l’administration de cette colonie française, en fait passer plusieurs à Québec ou au Canada au cours de l’été 1756, mais à l’automne il a encore au moins 1  400  personnes à la ration30. À la même époque, il reste encore environ 1  000  personnes aux trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, sans compter de 50 à 60 familles nouvellement arrivées de la région de Port-Royal et des Mines31, de même qu’une trentaine de personnes revenues de la Caroline du Sud32.

Une conjoncture difficile

9 Au lendemain de la prise des forts Beauséjour et Gaspareau à la fin juin 1755, les Britanniques portent leur attention sur le fort La  Tour ou Ménagouèche, sis à l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Comme ce poste français confié aux soins du jeune officier Charles Deschamps de Boishébert ne dispose que d’une faible garnison de 30 hommes, il ne peut résister au siège ou à l’attaque d’une expédition que les Britanniques ont lancée à partir de Beaubassin. Jugeant qu’il est futile de leur offrir une résistance, Boishébert ordonne qu’on fasse sauter la place après avoir fait transporter toutes les munitions en amont du fleuve. Après quelques jours, les Britanniques rebroussent chemin, ne voulant pas s’aventurer plus avant de crainte d’être attaqués par Boishébert, ses troupes, ses alliés amérindiens et les habitants acadiens venus à la défense du fort33. Aussitôt, Boishébert en informe le nouveau gouverneur, Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial, qui approuve la conduite qu’il a eue dans ces circonstances en empêchant les Britanniques de se rendre maîtres de ce poste, tout en « ayant empêché les habitants de tomber sous la domination des Anglois et d’avoir tous les mauvais traitements qu’ils font souffrir à ceux de Beauséjour34 ». En outre, Vaudreuil l’enjoint de se mettre en camp volant dans l’endroit qu’il jugera le plus convenable ou encore de s’en retourner à Québec, ce que Boishébert refuse de faire, préférant demeurer en Acadie jusqu’à l’automne dans l’espoir qu’à ce moment la situation se sera suffisamment améliorée pour qu’il ait du secours35. Vers la mi-août, suivant les sollicitations des Acadiens, il se porte à la rivière Petcoudiac avec un détachement de 120 hommes, soit sa garnison composée de 30 soldats et de 90 guerriers autochtones. C’est ainsi que, le 2 septembre 1755, il surprend un détachement de miliciens de la Nouvelle-Angleterre venus détruire les établissements de la rivière Petcoudiac après avoir semé la destruction la veille, à la rivière Chipoudie. Après un engagement de quelques heures, Boishébert et ses hommes infligent un dur revers aux troupes anglo-américaines, qui essuient de lourdes pertes avant de regagner leurs vaisseaux pour rentrer au fort Cumberland36.

10 Boishébert en informe aussitôt le gouverneur Vaudreuil et lui fait part de son intention de demeurer en Acadie, en l’implorant de lui faire parvenir des vivres au fleuve Saint-Jean à l’approche de l’hiver37. Or c’est plutôt à Cocagne que Boishébert va installer son camp volant, y étant à même de recevoir des vivres plus facilement de Québec par voie de mer, en plus de se trouver dans une meilleure position pour évacuer, au besoin, les familles de réfugiés acadiens38. Cette décision n’est pas étrangère aux désirs de Vaudreuil, qui évoque plusieurs raisons pour permettre à Boishébert de demeurer en Acadie : il pense par ce moyen garantir la possession de l’Acadie à la France, s’assurer la fidélité des Acadiens et des Autochtones qui, autrement, se croiraient abandonnés et se livreraient peut-être d’eux-mêmes aux Anglais, et permettre à Boishébert d’attirer les Acadiens et de les réunir en un corps et d’en faire autant avec les Autochtones afin de repousser l’ennemi au besoin. En outre, Boishébert pourra se servir de ces hommes pour espionner l’ennemi, pour le harceler, surtout à Beauséjour, afin de l’empêcher « de faire son bois de chauffage ». Enfin, il est primordial de garder le fleuve Saint-Jean afin de permettre une communication continue entre Louisbourg et Québec39. Vaudreuil s’en remet au ministre quant à la décision de suivre cet arrangement. Au cas où ce dernier déciderait qu’il n’est pas possible de repousser les Britanniques de l’Acadie ou encore d’y soutenir des forces capables de les contenir, Vaudreuil fera venir au Canada les familles de réfugiés acadiens et les Autochtones. Il ajoute enfin : « Les Acadiens en total peuvent consister à environ 2,000 âmes dont 700 hommes portant les armes. Il serait fâcheux qu’ils passent aux Anglois40.  » Par ailleurs, Vaudreuil n’est pas le seul à reconnaître l’importance que revêt l’Acadie pour les intérêts de la France. Voici ce qu’en dit un officier de Louisbourg en 1757 : « l’escadre a consommé trois cents bœufs que l’on a tiré de l’Isle Saint-Jean et de l’Acadie. Il est étonnant que de l’Acadie toute dévastée qu’elle est, l’on en retire encore des bœufs; rien ne prouve tant la fertilité de ce païs, et combien il seroit nécessaire à la France pour l’accroissement de sa pêche41. » À l’été 1756, Vaudreuil attend toujours la décision du ministre à ce sujet42.

11 Entre-temps, il faut nourrir les familles de réfugiés, autant à l’île Saint-Jean qu’à Cocagne. Durant l’hiver 1755-1756, le bétail qu’on a réussi à soutirer aux Britanniques dans la région de Beaubassin suffit à nourrir les réfugiés de Cocagne, mais au dire de l’abbé Le  Guerne, il n’est pas sain de se nourrir de viande uniquement, comme peuvent le constater la soixantaine de familles réfugiées à cet endroit  : «  aussy avons-nous une espèce de maladie épidémique, causée en apparence par des indigestions, accompagnée de migraine, de points de côté et suivie d’une forte dyssenterie. Cette maladie est longue, règne encore actuellement et a enlevé plusieurs personnes43. »

12 À l’île Saint-Jean, c’est un peu mieux, car les réfugiés peuvent au moins vivre dans les villages de réfugiés déjà établis depuis au moins cinq ans par les familles acadiennes qui ont fui la région de Pigiguit et de Cobeguit au printemps 1750. Par ailleurs, ce sont principalement des familles de Cobeguit, donc des parents, qui viennent trouver refuge à l’île Saint-Jean à l’automne 1755 et au printemps 1756. Ces réfugiés ont amené avec eux leur bétail et ils continuent d’en amener tout au long de l’été 1756 en prévision de l’hiver difficile qui s’en vient en raison des mauvaises récoltes à l’île et du blocus auquel est soumis Louisbourg à partir du printemps et jusqu’à l’automne 1756. Cette colonie est donc privée des secours qui lui arrivent normalement de France puisque aucun navire d’approvisionnement ne réussit à franchir ce blocus érigé par les Britanniques qui, par ce moyen, tentent d’affaiblir la position de leur ennemi44. Ce n’est pas étonnant que le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence, écrit à lord Loudoun au printemps 1757 que des Acadiens qu’on vient de capturer l’informent que :

they were driven from St. John’s Island to the place where they were taken, by absolute want owing to the distressed situation of the French at Louisbourg, who are unable to furnish them with any further supplies or provisions and I have the greater reason to believe this account true as a few days ago a party sent out from Fort Edward to scour the Country had the good fortune to fall in with a number of the French and take from them ninety horned Cattle, which with great labour & difficulty they had collected in the woods with a view I presume of carrying them to the relief of Louisbourg45.

13 De fait, Louisbourg a été épargné de la disette en raison du bétail que les Acadiens ont ramené de la Nouvelle-Écosse à l’île Saint-Jean puis à la ville- forteresse; un officier estime à 4 000 le nombre de bêtes à cornes qu’on a ainsi réussi à faire sortir de la Nouvelle-Écosse46 et un autre officier ajoute qu’on en a fait passer « à l’Isle Royale plus de quatre cents, ce qui nous a rendu, quoique cher, de très grands services47 ».

14 Pour comble de malheur, la récolte de 1756 a été complètement ruinée par de forts vents à l’île Saint-Jean48, et la situation est aussi grave au Canada. Ainsi donc, en plus d’être privé des vivres provenant de France, Louisbourg ne peut compter non plus sur le Canada, où les récoltes ont également manqué, et tout ce que cette colonie réussit à y faire passer, c’est une petite cargaison de pois49. Par ailleurs, Vaudreuil écrit au ministre qu’il a informé le gouverneur de l’île Royale, Augustin Drucourt, de «  la disette extrême où nous sommes des vivres, et qu’il doit essentiellement s’attacher à vous en demander50 ».

15 Nous pouvons facilement nous imaginer la triste situation dans laquelle se trouvent les réfugiés acadiens en 1756. Si la disette règne partout en Nouvelle- France, ces Acadiens sont les premiers à en sentir les effets puisqu’ils sont entièrement dépendants de l’aide attendue de la France, d’autant plus que la disette règne déjà à l’hiver 1756 dans le camp de réfugiés de Cocagne51. D’ailleurs, c’est ce qui a poussé les Français à évacuer 230 personnes, au printemps, vers l’île Saint- Jean qui, à son tour, en a fait passer à Québec52. C’est donc dans cette conjoncture difficile que se trouvent les réfugiés acadiens à l’été 1756, pendant que le gouverneur de la Nouvelle-France attend toujours des nouvelles de France quant à la marche à suivre à leur endroit.

Le camp d’Espérance

16 D’abord, la question des réfugiés acadiens pose problème aux autorités coloniales françaises, qui ne savent exactement à quoi s’en tenir avec eux car il faut les nourrir, ce qui coûte beaucoup au trésor public et vient aggraver la situation, surtout en ces temps de disette53. L’abbé François Le Guerne et Boishébert ont tenté dès l’automne 1755 de diriger ces réfugiés soit vers l’île Saint-Jean, soit vers le fleuve Saint-Jean, dans l’intention de les faire passer éventuellement à Québec ou au Canada54. Toutefois, les Acadiens sont très tièdes à l’idée de se réfugier au Canada. Leur réticence est très bien traduite par l’abbé Le Guerne, qui s’évertue dès l’automne 1755 à les y inciter, mais en vain :

L’Accadien est d’une irrésolution qui a de quoy surprendre en général. On ne voudroit pas être pris pour quoi que ce soit au monde. On estimeroit plutôt être mené à Michilimackina. D’un autre côté il faut se résoudre à un plus grand sacrifice si on va en Canada. Il faut dire adieu à son païs, à son habitation, à sa maison, abandonner les animaux et tant d’autres objets pour lesquels on a un attachement demezuré. Il est dur d’y penser seulement. On s’imagine avec quelque raison d’ailleurs qu’il faudra essuyer bien de la misère avant de s’embarquer pendant la traversée en Canada même (nos habitans iroient plus volontiers sur l’Isle St. Jean ou à la rivière St. Jean, mais ils craignent la famine dans ce dernier endroit et l’Anglois dans l’autre). On se figure avec quelque espèce de trouble qu’une fois en Canada, on ne reviendra plus de cet exil. Telle est la façon de penser de ces bonnes gens qui n’ont jamais encore sorti de leur païs. À les entendre on est misérable partout ailleurs, on ny mange de viande que le quart de saoul. L’Accadie, disent-ils, jusqu’à ces dernières années étoit un paradis sur terre55.

17 Malgré cette réticence de la part de ses paroissiens, à l’été 1756, Le Guerne est toujours d’avis que c’est pour eux le meilleur parti à prendre. Or Villejouin ne peut recevoir plus de réfugiés, et Vaudreuil attend toujours la décision du ministre au sujet de la marche à suivre à l’égard de ces derniers, d’autant plus qu’il y en a encore en Nouvelle-Écosse, soit 50 ou 60 familles de Port-Royal et des Mines, qui demandent à passer chez les Français, sans compter les familles toujours présentes dans la région des trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook56. Selon Le Guerne :

l’intérêt forma une clique pour les mettre à Miramichi; un de nos confrères même sans faire beaucoup de réflexions y entra et fit tout ce qu’il put secrètement pr persuader aux Acadiens que c’étoit là leur meilleur parti; il y réussit trop pr le malheur des pauvres gens, qui n’étoient jamais plus contens que quand on leur proposoit des moyens de ne pas s’éloigner de leur pays, et qui croyant qu’on ne cherchoit que leur intérêt envoyèrent des députés à Mr le General pr lui faire entendre que Miramichi étoit un excellent endroit, que la pesche et la chasse y abbondoient et qu’on y seroit à l’abri de l’anglois […]57.

Il ne mentionne pas qui sont les personnes responsables de l’établissement d’un camp de réfugiés à Miramichi, mais il s’agit fort probablement de Boishébert et de l’abbé Jean Manach, le prêtre responsable de la mission de la communauté micmaque de Miramichi. De fait, Boishébert déclarera en 1763 que c’est lui qui a d’abord ordonné aux réfugiés acadiens de se transporter à la Miramichi et que Vaudreuil avait acquiescé à cette demande58. C’est probablement ce qui s’est produit, mais voici ce qu’écrit Vaudreuil à ce sujet :

Tous les accadiens m’ont envoyé des députés qui ont représenté à M. L’intendant et à moy que Miramichis est le seul endrois où ils peuvent se retirer pour y subsister l’hyver prochain. Que la peche y est abondante et que pour peu qu’on leur envoye des secours de Québec, ils espèrent de s’y soutenir au lieu qu’on ne pourroit leur en procurer à la Rivière St. Jean à cause de la difficulté du transport par Thémiscouata. Nous leur avons accordé leur demande. J’ay donné ordre à M. de Boishébert de faire passer à Miramichis tous les accadiens qui sont à Cocagne, de même que toutes les familles qu’il ne pourra faire subsister à la Rivière St. Jean et ses environs, et de les occuper à faire des angards pour recevoir et mettre les vivres que M. l’intendant va y faire passer59.

18 Ainsi donc, à la fin de l’été 1756, le camp de réfugiés de la Miramichi ou le camp d’Espérance prend forme à un moment où la Nouvelle-France et les colonies de l’île Royale et de l’île Saint-Jean connaissent une période de disette. Or les réfugiés acadiens ne sont pas les seuls à y trouver refuge. Effectivement, il s’y trouve également des familles amérindiennes alliées des Français, dont les hommes sont appelés à faire la guerre aux Britanniques en retour de leur subsistance60. Comme les réfugiés acadiens, les Amérindiens qui vivent aux dépens du roi doivent lui être utiles61.

19 Au camp de réfugiés de Cocagne se trouvent, à l’hiver 1756, plusieurs familles canibas, malécites et abénaquises qui ont suivi Boishébert après son retrait du fort Ménagouèche, à l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Les hommes ont participé aux campagnes de Boishébert à la rivière Petcoudiac et dans la région de l’isthme de Chignectou à l’automne 1755. Ce sont ces guerriers amérindiens qui reprennent aux Britanniques le bétail confisqué aux Acadiens l’été et l’automne précédents, ce qui leur permet de nourrir leurs familles ainsi que les familles de réfugiés acadiens62. Il est difficile d’évaluer le nombre de personnes composant ce groupe de familles autochtones, mais elles comportent certainement plusieurs centaines de personnes si l’on se fonde sur le nombre de familles avancé par l’abbé Le  Guerne, selon qui « Boishébert a travaillé conjointement avec le père Germain à la subsistance des familles les plus nécessiteuses et de 4 à 500 familles sauvages qu’il arrêtoit pour les parties63 ». Ces familles, selon toute vraisemblance, sont passées au camp d’Espérance à l’été 1756 avec les familles de réfugiés acadiens et elles vont y hiverner en prévision du siège de Louisbourg, que les Français appréhendent pour l’été 175764.

20 Assez tôt à l’hiver 1756-1757, la disette est manifeste au camp d’Espérance. D’abord, tel qu’il l’a promis, l’intendant François Bigot fait partir de Québec un bâtiment chargé de vivres pour la Miramichi même si la disette règne au Canada. Malheureusement, ce navire doit faire relâche en cours de route à cause des vents contraires qu’il affronte65. Boishébert se tourne également vers l’île Saint-Jean pour du secours, mais Villejouin n’y peut rien, la colonie étant réduite à la dernière ressource66. En conséquence, la misère est si grande au camp d’Espérance que, dès le début de l’hiver, Boishébert est contraint de réduire la ration des réfugiés acadiens, des familles autochtones et de la garnison, même si l’on a reçu 40 bœufs de la Petcoudiac pour les nourrir, la pêche étant complètement épuisée67. Très rapidement, le pain manque et on est réduit à se nourrir des peaux des bœufs qu’on a mangés l’année précédente, ainsi que de l’huile de phoque dont il reste une petite provision68. Quand ces provisions sont épuisées, les enfants à la mamelle69 meurent et les Acadiens, désespérés, se révoltent en prenant les armes pour forcer les autres à leur donner les vivres qu’ils les soupçonnent d’avoir en réserve. Boishébert doit alors intervenir et leur demander ce qu’ils prétendent faire, ce à quoi ils répondent : « Prolonger nos jours », une réponse qui lui perce le cœur et l’afflige à tel point qu’il leur fait livrer sur-le-champ la moitié de ce qui lui reste pour sa propre nourriture. Il engage alors ceux qui en ont encore la force à se fabriquer des traîneaux pour tirer les plus faibles sur la neige et à gagner la rivière Pokemouche, sise à environ 26 lieues, soit une centaine de kilomètres de distance. Un groupe de 500  personnes entreprennent ce pénible voyage au cours duquel 83 meurent. N’eût été des peaux de bœufs que l’abbé Manach leur a données lors de leur passage à sa mission située à 10 lieues ou à une quarantaine de kilomètres du camp d’Espérance, le bilan serait encore plus lourd70.

21 Entre-temps, Boishébert a encore 1  200 hommes, tant soldats qu’Acadiens, à nourrir et il manque de tout. Il propose alors à un autre groupe d’en faire autant en se transportant à la rivière Pokemouche pour rapporter une provision de poisson à ceux qui restent derrière. De ce groupe, trois n’atteindront pas leur destination, mais 11 jours plus tard, les autres reviennent au camp d’Espérance avec le petit secours qu’on y attendait, ce qui permet aux plus faibles de partir à leur tour pour la rivière Pokemouche. En refaisant souvent ce voyage, on réussit à passer l’hiver, mais à compter de la fin mars, les glaces étant devenues trop minces, il n’est plus possible de se rendre à Pokemouche, et toutes les provisions de poisson ou d’anguille sont consommées assez rapidement. On doit avoir recours ensuite aux peaux de castor qu’il reste et on en est bientôt réduit à manger jusqu’aux souliers faits de peaux de chevreuil. Alors, Boishébert, « les officiers, les soldats & les Acadiens, tombant en défaillance, & couchés languissant à terre », n’attendent plus que la mort lorsque arrive de Québec, à travers les glaces, un bâtiment chargé de provisions71.

22 En effet, Vaudreuil n’est pas insensible aux malheurs qui affligent le camp d’Espérance et il informe le ministre de la Marine de France que Bigot fera partir un bateau d’approvisionnement qui suivra les glaces afin d’y porter les secours qu’il leur est possible de fournir72. Ce bâtiment ne part de Québec que le 9 mai, et Vaudreuil en profite pour y faire passer sa correspondance destinée à Louisbourg et à Paris73. De plus, un autre bateau de ravitaillement quitte Port-Toulouse à destination de la Miramichi après le 30 avril 1757, sous le commandement du capitaine Alexandre LeBlanc, un des fils de Joseph dit LeMaigre74. L’ordre a été donné, semble-t-il, par François-Gabriel d’Angeac, le commandant des postes de Port-Dauphin et de Port- Toulouse, qui l’a probablement reçu de Drucour, le gouverneur de l’île Royale, qui est bien au fait de la situation pénible dans laquelle on se trouve au camp d’Espérance puisque Boishébert s’est sans doute également adressé à lui pour des secours.

Le bilan

23 Au juste, combien de personnes se trouvent au camp d’Espérance de la Miramichi à l’hiver 1756-1757 et quel est le bilan des victimes? En nous appuyant sur les chiffres avancés dans le mémoire de Clos, il est possible de fixer le nombre total de réfugiés, d’Autochtones et de soldats à approximativement 1 800 personnes, soit les enfants morts à la mamelle, les 500 partis à la rivière Pokemouche et les 1 200 qui sont restés derrière. De ce dernier nombre, combien y a-t-il de réfugiés acadiens? D’abord, le mémoire de Clos fait référence à la « petite garnison » du camp d’Espérance, ce qui laisse supposer que celle-ci n’est pas trop nombreuse75. À la fin du printemps 1757,

24 comme prévu, Boishébert doit se porter au secours de la ville-forteresse de Louisbourg, assiégée par les Britanniques. Joubert, l’officier de Louisbourg de qui relèvent Boishébert et ses hommes, nous apprend qu’il a avec lui en juillet 1757 « cent dix Canibas, Malichites et Abénakis et cent Mikmaks que le sieur de Boisbert à emmenés de l’Acadie avec dix-huit soldats et cent cinquante miliciens acadiens76 ».

25 En supposant que Boishébert a laissé à la Miramichi quelques soldats de sa garnison, nous pouvons estimer celle-ci à une trentaine d’hommes au total, c’est-à-dire un nombre équivalent à sa garnison du fort La Tour ou Ménagouèche, à l’embouchure du fleuve Saint-Jean, deux ans plus tôt, qui d’ailleurs l’a suivi à Cocagne77. Quant aux Autochtones présents au camp d’Espérance, en supposant que Le  Guerne ou la personne qui a transcrit sa correspondance à Prévost s’est trompée en indiquant de 400 à 500 « familles » au lieu de « personnes », nous osons croire qu’ils comptaient environ 500 personnes au plus78. En soustrayant 530 personnes de 1  200, nous arrivons à un chiffre approximatif de 670 réfugiés acadiens, en plus des 500 qui formaient le premier groupe qui s’est rendu à la rivière Pokemouche et les enfants morts à la mamelle. Ainsi donc, en nous fondant sur les données des documents officiels, nous arrivons à un chiffre total mais approximatif de 1 250 réfugiés acadiens qui auraient entamé l’hiver 1756-1757 au camp d’Espérance. Voyons maintenant de plus près comment nous pouvons justifier ce chiffre approximatif.

26 D’abord, d’après Vaudreuil, il se trouvait 600 personnes79 outre les Autochtones au camp de Cocagne à l’hiver 1755-1756, dont 230 personnes ou 50 familles de Memramcook qui sont passées à l’île Saint-Jean au printemps. Il en est donc resté 370 à Cocagne. Par après, on a fait passer 87 autres réfugiés acadiens à l’Île, dont 16 des 50 revenus de la Caroline du Sud80, avant que Villejouin ne refuse d’en recevoir d’autres. Or, vers ces temps-là, Le  Guerne a fait passer des familles de Chipoudie à l’Île et il est fort possible que ce soit ces familles qui composent la majeure partie de ces 87 personnes, soit 71 personnes en tout. D’un autre côté, avec la création du camp d’Espérance à la fin de l’été, un certain nombre des réfugiés déjà passés à l’île Saint-Jean se rendent à la Miramichi81. À ces personnes, il faut ajouter également les familles qui sont arrivées à l’été de la région de Port-Royal, dont Vaudreuil estime le nombre à 30 et Le Guerne, à 50 ou 6082. En outre, Boishébert avise Vaudreuil que 250 des 1  000 personnes qui se trouvent toujours aux trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook à l’été 1756 comptent se rendre au camp de réfugiés83. Évidemment, il est possible que cela ne se soit jamais concrétisé, mais en admettant que tel a été le cas, nous arrivons à un chiffre approximatif de 1  250 à 1  300 réfugiés acadiens au camp d’Espérance à l’automne 175684. Maintenant que nous avons établi ce chiffre approximatif à partir des documents contemporains, voyons ce que nous avons réussi à établir comme chiffre à partir des données généalogiques tirées des recensements et des listes des familles acadiennes entre 1754 et 1763 et du Dictionnaire généalogique des familles acadiennes85.

27 Puisqu’une bonne partie des familles qui ont abouti au camp d’Espérance étaient originaires de la région de Beaubassin et des rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, nous avons dépouillé le recensement qui a été dressé dans cette région à l’automne 1754 et à l’hiver 1755, soit moins d’un an avant la Déportation86. À partir de l’étude de Paul Delaney, nous avons pu identifier les familles qui ont été déportées, de même que les hommes qui ont été déportés sans leurs familles87. Ce sont ces dernières que Le Guerne a réussi à faire passer en grande partie à l’île Saint-Jean en novembre 1755, au nombre de 500 personnes dont la plupart sont parties par après pour le Canada. Avec celles-ci, d’autres familles se sont réfugiées directement au Canada en passant par le fleuve Saint-Jean ou en passant d’abord à l’île Saint-Jean, comme celles qui y ont traversé à partir de Cocagne en 1756. Nous devons avouer d’emblée que ce travail n’est pas nécessairement concluant, car ce n’est qu’à partir de l’automne 1757 surtout que ces familles laissent des traces dans les registres paroissiaux de Québec notamment, où quelques centaines de réfugiés acadiens sont décédés d’une épidémie de picote ou de variole88. Or nous savons qu’au moins 120 réfugiés acadiens qui ont survécu au dur hiver de 1757 au camp d’Espérance se rendent à Québec, où ils arrivent à la mi-juin 175789. Comme ces personnes ne sont pas identifiées, il est difficile de les distinguer des autres réfugiés acadiens qui étaient déjà à Québec depuis l’année précédente ou l’automne 175590. En outre, il convient d’éliminer les familles qui demeurèrent dans la région des rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, surtout dans la partie supérieure de la Petcoudiac et à proximité de la rivière de Memramcook, à l’hiver 1757. Pour la plupart, ces familles se sont rendues aux autorités britanniques à l’automne 1759 et en 1760, et ont été transportées à Halifax, où on les trouvera en 176391. Quoi qu’il en soit, nous arrivons à un chiffre de 957 personnes recensées en 1754-1755 qui ont possiblement figuré au nombre des réfugiés acadiens présents au camp d’Espérance à l’hiver 175792.

28 Afin de compléter la liste des familles ayant passé l’hiver de 1756-1757 au camp d’Espérance, nous avons jumelé les listes suivantes : la liste des réfugiés dressée à Ristigouche en octobre 1760 par Bazagier, le recensement des familles réfugiées autour de la baie des Chaleurs et à la Miramichi, dressé par Pierre du Calvet en août 1761; les listes de prisonniers acadiens au fort Edward en 1761-1762 et au fort Beauséjour (Cumberland), à Halifax et à Annapolis Royal en 176393. Ainsi, à l’aide des notes généalogiques de Stephen A. White, nous pensons avoir identifié la majorité des ménages et des individus qui ont séjourné au camp d’Espérance en 1756-1757. Nous en présentons la liste dans le tableau I94. À partir de ces listes, nous avons identifié 13 familles ou 71 personnes originaires de Port-Royal, 7 familles ou 43 personnes originaires des Mines et 10 familles ou 41 personnes dont nous n’avons pu déterminer l’origine, ce qui donne un total de 156 personnes réparties dans 30 familles95. En ajoutant ces personnes aux 957 de la région de Beaubassin et des trois rivières et aux 143 célibataires, nous arrivons à un chiffre approximatif de 1 256 personnes, auxquelles il convient d’ajouter les 120 personnes qui sont passées à Québec au printemps 1757, ce qui nous donne un total de 1 376 personnes, soit une centaine de personnes de plus que le chiffre de 1 250 à 1 300 personnes que nous avons établi à partir des documents de l’époque. Il ne nous reste donc plus qu’à établir le nombre approximatif de personnes qui ont trouvé la mort au camp d’Espérance au cours de l’hiver fatidique de 1756-1757.

29 D’abord, les témoins oculaires de ce tragique événement sont très avares de détails précis quant au nombre de victimes. Le Guerne se contente de dire : « ces pauvres gens sont morts l’hyver dernier en grande quantité de faim et de misère96 ».

30 Que signifie « en grande quantité » dans l’esprit de Le Guerne? Nous ne le saurons probablement jamais, mais il existe au moins les chiffres donnés par Boishébert. Selon l’information contenue dans le mémoire produit pour sa défense lors de son procès dans l’affaire du Canada, 86 personnes sont décédés lors des deux premiers voyages à la rivière Pokemouche et «  [t]ous les enfans moururent97 ». Assertion plutôt audacieuse à la lumière de ce que nous connaissons des survivants du camp d’Espérance98. Vaudreuil est plus nuancé dans ses propos, qui s’appuient sans doute sur ceux de Boishébert lui-même ou de Le  Guerne. Selon lui, ce sont plutôt les enfants à la mamelle qui sont morts, ce qui nous rappelle trop bien les images, projetées au petit écran, d’enfants mourant de faim dans des zones sinistrées ou dans des régions atteintes de sécheresse! Nous avons relevé environ 140 femmes mariées ou épouses qui auraient pu porter un enfant au sein des familles que nous avons identifiées au camp d’Espérance. Il serait plutôt invraisemblable que toutes ces femmes aient eu un enfant à la mamelle en même temps, mais au moins la moitié de ce nombre, donc 70 femmes environ. En présumant que 70 enfants à la mamelle sont décédés, cela nous donne un chiffre totalisant 156 victimes au cours de l’hiver 1757 d’après Boishébert. Or un autre chiffre remontant à l’époque de cette tragédie figure dans un mémoire présenté au duc de Choiseul vers 1762, dans lequel il est question d’un manifeste présenté par « les puissances du Canada », c’est-à-dire les autorités britanniques, à la cour de France contre le traité de neutralité et de pacification signé par les Acadiens en février 1760. Voici l’argument que l’on présente pour dénoncer les conditions dans lesquelles les Acadiens ont été contraints de se rendre aux Britanniques : « [L]es auteurs de ce manifeste n’avoient pas pris soin de s’informer de la dure nécessité et de la fâcheuse extrémité où se trouvoient depuis plusieurs années les Accadiens comme leur missionnaire jusqu’au manque de toutes espèces d’aliment, et au point qu’il en est mort plus de 400 faute de subsistance et de nourriture99. » Le nom de l’auteur de ce mémoire n’est pas mentionné, mais nous soupçonnons qu’il s’agit de l’abbé de l’Isle-Dieu, sans doute une des personnes les mieux renseignées en France à cette époque sur l’Acadie, à l’exception, bien entendu des Acadiens eux-mêmes et de leurs missionnaires de qui ce personnage avait obtenu ses renseignements. Le missionnaire dont il est question ici est sans doute l’abbé Jean Manach, qui venait d’être déporté de l’Acadie un an après avoir conseillé aux Acadiens de signer le traité de neutralité et de pacification dont il est question dans ce mémoire. Ce prêtre était présent à la Miramichi à l’hiver 1757 et était donc à même de connaître, dans les moindres détails, la misère qui a régné parmi les familles acadiennes réfugiées au camp d’Espérance. Ce chiffre correspond davantage au qualificatif dont s’est servi Le Guerne pour donner une idée de l’ampleur de la tragédie et il est assez près de celui de 500  victimes avancé par Fraser100. Par ailleurs, dans des notes manuscrites portant sur la misère qu’ont connue les familles de réfugiés acadiens à la Miramichi, Placide Gaudet estime à 400  le nombre de personnes décédées là101. En présumant que ce nombre de 400 personnes décédées au camp d’Espérance est exact, force est de conclure que des 1  376 réfugiés acadiens de l’automne  1756, il serait donc resté environ 976 survivants au printemps 1757, dont 120 vont passer à Québec102, ce qui nous donne un chiffre approximatif de 856 personnes restées en Acadie.

31 Dans une lettre d’octobre 1757, où il est question de la situation pénible dans laquelle se trouvent les Acadiens, Mg de Pontbriand écrit : « sans compter qu’il y en a encore 8 à 900 à Miramichy au nord de l’Isle St. Jean dont ils ne sont séparés que par la mer, et qui ne demanderoient pas mieux que d’y passer dans les postes de Malpek et de Bedek s’ils avoient espérance d’y pouvoir subsister au lieu qu’ils périssent de besoin et de misère à Miramichy103. » La liste de Bazagier à Ristigouche en octobre 1760 fait état de 930 personnes104 (560 personnes à Ristigouche, 194 à Miramichi, 150 à Caraquet et 26 à Shippagan) qui auraient pu séjourner au camp d’Espérance, mais cette liste a été dressée quatre ans après la création de ce camp de réfugiés, alors il se peut que ce chiffre soit plus élevé en raison des naissances qui ont eu lieu entre-temps. En combinant les données des listes d’Acadiens présents en 1763 au fort Cumberland (Beauséjour), à Halifax et à Annapolis Royal, nous arrivons à un nombre total de 729 personnes qui auraient pu séjourner au camp d’Espérance105. Ici également, il faut exclure les enfants nés depuis 1757. Mais en ajoutant les personnes qui ne sont pas inscrites sur ces listes et qui ont hiverné au camp d’Espérance, nous sommes beaucoup plus près du nombre de 856  personnes qui auraient survécu à l’hiver 1756-1757 à la Miramichi et qui seraient demeurées en Acadie. Dans ce cas, il serait donc réaliste de fixer le nombre de victimes du camp d’Espérance à environ 400 personnes, soit le chiffre avancé dans le mémoire au duc de Choiseul vers 1762.

Épilogue

32 Après la chute de Louisbourg en juillet 1758, le sort du camp d’Espérance est scellé à tout jamais. D’abord, Boishébert, le commandant de ce poste, rentre à Québec dès l’automne 1758. Parti de Louisbourg à l’été, Boishébert se rend dans la région du fleuve Saint-Jean et, plus précisément, le long du littoral atlantique, dans la région du fort George, où il engage une action contre les Britanniques, à qui il inflige un dur revers106. Comme lui et ses hommes s’apprêtent à poursuivre leur route, ils sont avisés que les Britanniques sont en train d’attaquer les établissements du fleuve Saint-Jean et de la Miramichi107. En effet, dès le lendemain de la chute de Louisbourg, le commandant en chef de l’armée britannique en Amérique du Nord, le général Jeffery Amherst, a ordonné au brigadier-général James Wolfe de diriger une expédition contre les établissements de la Miramichi, de Gaspé et d’autres postes environnants108. Suivant ces ordres, Wolfe charge le colonel James Murray de diriger une expédition de près de 800  hommes contre les établissements de la Miramichi, où il arrive à bord du Juno , commandé par le capitaine John Vaughan, le 15 septembre 1758109. Ce dernier, n’étant pas à l’aise en raison de la mauvaise situation où se trouve son navire, c’est-à-dire à l’embouchure de la baie de Miramichi, où il est exposé aux vents du large qui risquent de le pousser à la côte, presse Murray d’agir le plus rapidement possible110. Avec 300 de ses hommes, Murray dirige donc une attaque contre le poste français de la baie des Quines qu’il trouve déserté à l’exception du chirurgien Jean-Louis Bazert et de sa famille, qui sont immédiatement faits prisonniers. En apprenant qu’il y a un autre établissement de l’autre côté de la Miramichi, soit la mission micmaque, Murray y envoie des troupes sur-le-champ et y fait incendier l’église et les habitations des Micmacs et des réfugiés acadiens111. En outre, Murray apprend de Bazert :

That Ten Leagues up the River there was another Settlement very considerable of neutrals and some Family’s who had fled from the Island of St. John’s since the taking of Louisbourg. That the whole were in a starving Condition, had sent away most part of their Effects to Canada, and were all to follow immediately as they every Hour expected the English, & besides could not subsist since they could not now be supported by Sea as they formerly were before Louisbourg was taken, that the Inducement for settling in that River was the Furr Trade, which is very considerable, no less than Six Vessels having been loaded there with that Commodity this Summer. That Monsr. Boisbert commands the whole as well as the Settlement on St. John’s River, that he is at present with his Company at Fort George, against which he is to act in Conjunction with a Detachment from Montcalm’s army & is no more to return to Miramichi, which is abandoned for the reasons above given […]112.

33 Bazert informe également Murray que le passage qui mène au camp d’Espérance est très étroit, mais assez profond pour son sloop. Comme la température est clémente, Murray désire entreprendre de monter la rivière afin de détruire le camp d’Espérance, mais après consultation auprès des capitaines Vaughan et Bickerton, il décide de laisser tomber et de faire embarquer ses hommes113. Les commandants des vaisseaux étant visiblement inquiets et craignant pour la sécurité de leurs bâtiments, la petite escadre lève l’ancre dès le 18 septembre114 et regagne Louisbourg une semaine plus tard, laissant le camp d’Espérance intact115.

34 Au printemps 1759, le camp volant établi à la Miramichi par Boishébert est transféré à la Ristigouche par son successeur, le lieutenant Jean-François Bourdon de Dombourg116 . Les familles de l’île Saint-Jean l’y suivent ainsi que des familles réfugiées au camp d’Espérance depuis l’été 1756. Déjà, une partie de ces familles ont laissé cet endroit de malheur, comme nous l’apprenons de Murray : « that there are several Habitations dispersed all over the Bay, for many Leagues both above and below where we were […]117 ». Wolfe ajoute : « From Pas-beau round the Bay des Chaleurs to Caraquet, there are no french Inhabitants, from Caraquet to Miramichi, there may be about forty who either fish, or trafick with the Indians for Furr118. » Si nous prêtons foi à l’information dont Wolfe dispose en y ajoutant celle que le chirurgien Jean-Louis Bazert communique à James Murray, la majorité des familles de réfugiés demeure toujours au camp d’Espérance à la fin de l’été 1758, avec des familles de l’île Saint-Jean qui déménageront au camp établi par Bourdon à la Ristigouche, où on les retrouvera en octobre 1760119. Au même moment, Bazagier fait état de 35 familles comptant 194 individus aux trois postes de la Miramichi, à savoir Néguac, le camp d’Espérance et la baie des Ouines120. Dès l’année suivante, le poste de Ristigouche est complètement déserté, et les familles de réfugiés sont éparpillées autour de la baie des Chaleurs, notamment à Bonaventure, à Nipisiguit, à Caraquet, à Shippagan, mais également à la Miramichi. En effet, du Calvet y recense 24  familles dont 3 à la baie des Ouines121. Toutefois, il ne fait pas de distinction entre les familles réfugiées à Néguac et celles au camp d’Espérance, alors il est impossible d’identifier les familles qui habitent toujours ce lieu à la veille de l’expédition où le capitaine Roderick MacKenzie et ses hommes les arrêteront en novembre 1761, ainsi que la majeure partie des familles recensées par Pierre du Calvet trois mois plus tôt122.

35 Au cours des années qui ont suivi, ces familles ont été gardées prisonnières des Britanniques, qui les ont laissées partir là où elles le souhaitaient à partir de l’automne 1764. Plus de la moitié des ménages ou individus qui auraient séjourné au camp d’Espérance en 1756-1757 ont décidé de rester en Acadie123, alors que les autres se sont établis principalement en Louisiane, mais également au Québec, en France et dans l’île de Saint-Domingue ou Haïti. Grâce au DGFA , il nous est possible de suivre les familles réfugiées au camp d’Espérance, comme le démontre le tableau  I. Sur les 452  ménages ou individus qui y auraient séjourné, nous connaissons les lieux d’établissement de 309 d’entre eux, à savoir : 145 en Acadie (58 en Nouvelle-Écosse, 6 à l’Île-du-Prince-Édouard et 81 au Nouveau-Brunswick), 114 en Louisiane, 43 au Québec et 41 en France (dont 21 à Miquelon et 7 à Saint- Domingue)124.

36 Nous ne connaîtrons probablement jamais le nombre exact de réfugiés acadiens qui ont séjourné au camp d’Espérance de la Miramichi à l’hiver 1756-1757 ni le nombre de personnes qui y sont décédées, faute de témoignages donnant des détails précis à ce sujet. Toutefois, une chose est certaine, les chiffres qu’on a avancés jusqu’à présent dans les quelques études portant sur cet événement nous paraissent exagérés à la lumière des renseignements tirés de la documentation de l’époque et, surtout, des notes généalogiques qui contiennent des renseignements incontestables sur ceux et celles qui ont survécu à cet hiver fatidique de 1756-1757. Pour notre part, nous estimons à 1  376 le nombre approximatif de réfugiés acadiens qui y ont séjourné. Quant au nombre de victimes, nous l’estimons à environ 400 personnes si l’on s’en tient au nombre de 856 personnes qui auraient survécu et qui seraient demeurées en Acadie à cette époque, c’est-à-dire près du tiers des réfugiés acadiens du camp d’Espérance.

RONNIE-GILLES LEBLANC

ANNEXE : TABLEAU 1, Familles acadiennes au camp d’Espérance, 1756-1757
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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ANNEXE : TABLEAU 1 (CONTINUED)
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1 L’auteur désire remercier sincèrement M. Stephen A. White, généalogiste du Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson de l’Université de Moncton, de lui avoir donné accès à ses notes manuscrites du Dictionnaire généalogique des familles acadiennes [dorénavant DGFA], Moncton, Centre d’études acadiennes, 1999. Sans ces données généalogiques, il aurait été impossible de mener à bonne fin cette étude, car M. White a effectué un véritable travail de moine en vue d’identifier les individus et les familles acadiennes qui figurent dans les différents recensements et listes de la période allant de 1754 à 1763 en Acadie. Enfin, l’auteur remercie également M. White et M. Paul Delaney, qui ont aimablement accepté de réviser son texte. Il leur est très reconnaissant pour les judicieux conseils qu’ils lui ont prodigués. Un gros merci également à l’équipe de rédaction de la revue Acadiensis d’avoir accepté de publier cette étude.
2 Voir entre autres  : Nicolas Landry et Nicole Lang, Histoire de l’Acadie, Sillery, Septentrion, 2001; Naomi E.S Griffiths, From Migrant to Acadian: A North American Border People, 1604- 1755, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2005; John Mack Faragher, A Great and Noble Scheme, New York, W.W. Norton, 2005. Cette dernière étude consacre à cette période un chapitre intitulé : « Chasse à mort! The Refugees, 1756-1760 », p. 393-415.
3 Au cours de nos recherches sur le sujet, nous n’avons trouvé qu’une seule mention du nom qu’a porté le camp de réfugiés de la Miramichi, soit « camp d’Espérance ». Cette référence se trouve dans un document que Placide Gaudet a transcrit dans la région de Memramcook en 1884. Il s’agit d’une lettre de change adressée par le garde des magasins du roi à la Miramichi à la veuve Jean Part pour des services rendus comme boulangère, en date du 11 août 1758, «  au camp d’Espérance ». Voir Placide Gaudet à Benjamin Sulte, 23 décembre 1884, fonds Placide-Gaudet, dossier 1.31-6, Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson [dorénavant CEAAC]. C’est donc cette graphie que nous allons privilégier dans cette étude.
4 Alonzo LeBlanc, «  Le camp d’Espérance de la Miramichi, 1756-7  », Cahiers de la Société historique acadienne [dorénavant CSHA], vol. XVI, n° 2 (juin 1985), p. 53-60; Fidèle Thériault, « Boishébert et la Miramichi : “le camp de l’Espérance”, 1755-1761. Recherche documentaire », étude manuscrite, janvier 1986; Fidèle Thériault, « La Pointe de Miramichi », étude manuscrite, Fredericton, ministère du Tourisme, des Loisirs et du Patrimoine, Service d’archéologie du Nouveau-Brunswick, novembre 1987; Fidèle Thériault, «  Le camp de l’Espérance  », étude manuscrite, Fredericton, ministère du Tourisme, des Loisirs et du Patrimoine, Service d’archéologie du Nouveau-Brunswick, février 1988. Ajoutons que Maurice Basque, dans son étude portant sur la communauté acadienne de la région de la Miramichi, avance des chiffres basés sur les études de Fidèle Thériault et de Nicolas Landry et Nicole Lang : Greg Allain et Maurice Basque, Du silence au réveil : la communauté acadienne et francophone de Miramichi, Nouveau- Brunswick, Miramichi, Centre communautaire Beausoleil, 2005.
5 LeBlanc, « Le camp d’Espérance de la Miramichi », p. 56-57.
6 Thériault, « Le camp de l’Espérance », p. 15-16.
7 Robert Cooney, A Compendious History of the Northern part of the Province of New Brunswick and of the District of Gaspé, in Lower Canada, Halifax, Joseph Howe, 1832, p. 32-35; Bona Arsenault, Histoire des Acadiens, Montréal, Fides, 2004 [1966], p. 226; Placide Gaudet, « Notes from Tradition and Memory of the Acadian Removal by Mr. Fraser of Miramichi 1815 », dans Acadian Genealogy and Notes Concerning the Expulsion, Pawtucket, Quintin Publication, 1996 [1906], p. 248-249; Marguerite Michaud, Les Acadiens des provinces Maritimes  : guide historique et touristique, s.l., chez l’auteure, 1967, p. 89. Quant à Esther Clark Wright, elle n’avance aucun chiffre quant au nombre de victimes survenues au camp d’Espérance. Voir Esther Clark Wright, The Miramichi: A Study of the New Brunswick River and the People Who Settled Along It, Sackville, Tribune Press, 1944, p. 14-15. Pour sa part, Placide Gaudet écrit : « Une lettre de l’évêque de Québec dit qu’en 1757 il y en avait 900 et qu’il en mourut 200 dans un seul hiver. » Malheureusement, il ne donne pas de référence précise et il ne nous a pas été possible de repérer cette lettre ou ce document contenant une telle information. Voir fonds Placide-Gaudet, 1-31-6, CEAAC.
8 Marguerite Michaud écrit : « Plus de 400 étaient morts de misère et de faim pendant l’hiver 1755- 56, d’après l’abbé Le Guerne », Les Acadiens des provinces Maritimes, p. 89. Après une lecture serrée des deux lettres de Le  Guerne, nous n’avons rien trouvé à cet effet, d’autant plus que Michaud ne fait pas référence au bon hiver, car c’est plutôt pendant l’hiver 1756-1757 que les réfugiés acadiens connurent un triste sort, et non l’hiver précédent.
9 Il s’agit, bien entendu, des notes manuscrites du DGFA, auquel Stephen A. White travaille depuis plus de 36 ans.
10 Stephen A. White, « The True Number of the Acadians », dans Ronnie-Gilles LeBlanc (dir.), Du Grand Dérangement à la Déportation  : nouvelles perspectives historiques, Moncton, Chaire d’études acadiennes, 2005, p. 56. Jusqu’à cette étude de Stephen A. White, les auteurs ne s’entendaient pas sur le nombre d’habitants que comptait la population acadienne au milieu du 18 siècle. Les estimations les plus optimistes l’établissent à 18 500, alors que les plus modérées l’évaluent à environ 10  000, d’où la nécessité d’établir une fois pour toutes un nombre approximatif qui refléterait davantage la réalité de l’époque. Voir Muriel K. Roy, « Peuplement et croissance démographique en Acadie », dans Jean Daigle (dir.), Les Acadiens des Maritimes, Moncton, Centre d’études acadiennes, 1980, p. 135-207; Raymond Roy, «  La croissance démographique en Acadie de 1671 à 1763 », mémoire de maîtrise en démographie, Montréal, Université de Montréal, 1975; Faragher, A Great and Noble Scheme, p. 424. Grâce à ses reconstitutions généalogiques et à une estimation faite par l’abbé de l’Isle-Dieu de la population acadienne en 1755 basée sur les données fournies par les missionnaires présents en Acadie et dans les colonies de l’île Saint-Jean et de l’île Royale, White en est arrivé à un chiffre approximatif de 14  100  personnes en 1755. Enfin, les auteurs ont eu tendance à exagérer les chiffres en vue, semble-t-il, de faire ressortir davantage l’odieux du Grand Dérangement. Pour notre part, nous jugeons qu’il est mieux de s’en tenir à des données plus réalistes, sans que cela n’enlève quoi que ce soit à cette série d’événements tragiques qu’a vécus le peuple acadien au milieu du 18 e siècle.
11 Abbé de l’Isle-Dieu au ministre, le 29 novembre 1755, série C11 A vol. 100, f o 239v, Archives nationales de France, Archives des colonies [dorénavant AC]. D’après nos calculs basés sur le recensement de 1754-1755, nous arrivons plutôt au nombre de 2 779 personnes. Or il manque des données sur plusieurs familles dans la version du recensement que nous avons consultée dans le fonds Thomas-Pichon. Sans aucun doute, l’abbé de l’Isle-Dieu disposait de données plus complètes et donc plus exactes que celles qui figurent dans cette copie du recensement du fonds Thomas-Pichon. Voir le fonds Thomas-Pichon, F 559, CEAAC; et le fonds Thomas-Pichon, C 857, n os 17-21, Bibliothèque de Vire, en Normandie.
12 Serge Patrice Thibodeau, Journal de John Winslow à Grand-Pré, Moncton, Perce-Neige, 2010, p. 261; et lettre d’Abraham Adams à John Winslow, le 8 décembre 1755, p. 263 du même ouvrage.
13 Paul Delaney, «  The Acadians Deported from Chignectou to “Les Carolines” in 1755: Their Origins, Identities and Subsequent Movements », dans LeBlanc (dir.), Du Grand Dérangement à la Déportation, p. 260, note 54. Notons que 21 individus ou hommes provenaient de Tatmagouche, où ils avaient été capturés par les Britanniques et escortés au fort Cumberland ou au fort Lawrence, d’où ils ont été déportés avec les autres Acadiens de Beaubassin et des trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook.
14 À ce nombre, il faudrait également ajouter les 36 familles comptant en tout 228 personnes déportées de la région de Port-Royal à bord du Pembroke, dont elles ont pris le contrôle et qu’elles ont conduit à l’embouchure du fleuve Saint-Jean au début de janvier 1756. Pour la plupart, ces familles sont passées directement au Canada, mais six d’entre elles, au moins, sont demeurées en Acadie et sont allées au camp d’Espérance : Pierre (38) Boudreau et Madeleine Belliveau, Charles (18) Dugas et Anne Robichaud, Joseph (5) Guilbeau et Madeleine Michel, Pierre (30) Melanson et Marie-Josèphe Granger, Charles (29) Melanson et Anne Breau, Grégoire (16) Pellerin et Cécile Préjean. En tout, ces familles comptaient 41 personnes. Voir Paul Delaney, « La reconstitution d’un rôle des passagers du Pembroke », CSHA, vol. XXXV, n os 1 et 2 (janvier-juin 2004), p. 4-75. Le numéro entre parenthèses correspond à la numérotation que Stephen White a donnée à ces individus dans le DGFA.
15 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, dans Gaudet, Acadian Genealogy and Notes, p. 349, et série C11 A vol. 87, f o 392r, AC. En outre, Le Guerne nous apprend qu’on vient de l’informer qu’aux Mines il ne reste plus que 10 ou 11 familles qui sont cachées dans les bois et qui n’attendent plus qu’une occasion pour se sauver.
16 Clarence-J. d’Entremont, Histoire de Cap-Sable, vol. 4, Eunice, Hebert Publications, 1981, p. 1984-2008 et 2065-2104.
17 Vaudreuil au ministre, 1 er juin 1756, f o 13r, AC; et Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 81v, AC.
18 Le Guerne à [l’abbé de l’Isle-Dieu (?)], printemps 1757, dans Charles-Octave Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne missionnaire de l’Acadie, Québec, A. Côté, 1889, p. 47-48. À première vue, ce chiffre paraît un peu gonflé, car Le Guerne lui-même nous apprend dans sa lettre de l’hiver 1756 qu’une trentaine de familles de Port-Royal et une dizaine de la région des Mines ont échappé à la Déportation. Voir Le  Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 392r, AC. Cependant, d’après des renseignements reçus de Stephen A. White, des familles de la région de Port-Royal ont trouvé refuge le long du fleuve Saint-Jean à partir de l’automne 1755. Voir à ce sujet Vaudreuil au ministre, 18 octobre 1755, série C11 A vol. 100, f o 88, AC. Il est donc possible qu’un certain nombre d’entre elles soient passées à la Miramichi. Voir le recensement du fleuve Saint-Jean, « 12 Août 1763. – Liste des françois Accadiens demeurants prisonniers a La riv. St Jean… », dans Joseph-Edmond Roy, Rapport sur les archives de France relatives à l’histoire du Canada, Ottawa, Parmelee, 1911, p. 628, « Publications des Archives du Canada », n o 6. En outre, les six familles échappées du Pembroke étaient également originaires de Port-Royal, et il est fort probable qu’elles aient effectué un séjour au fleuve Saint-Jean avant de passer à la Miramichi. Voir Delaney, « La reconstitution d’un rôle ».
19 Delaney, « La reconstitution d’un rôle ».
20 Vaudreuil au ministre, 19 avril 1757, série C11 A vol. 102, f o 7r, AC. On estime à 225 le nombre de réfugiés toujours présents dans la région de Cobeguit au printemps 1756. Voir Prévost au ministre, 6 avril 1756, série C11 B vol. 36, f o 5v, AC. Enfin, 21 hommes ou individus de Tatmagouche ont été déportés, alors que seules leurs épouses et leurs familles ont traversé à l’île Saint-Jean.
21 Voir à ce sujet John Knox, An Historical Journal of the Campaigns in North America, vol. I, Toronto, Société Champlain, 1914. Ces personnes figurent sans doute parmi les prisonniers gardés au fort Edward et à Annapolis Royal en 1762-1763. Voir A4-1-1, CEAAC; fonds Isaac- Deschamps, vol. 32, Nova Scotia Archives and Records Management [dorénavant NSARM]; Régis S. Brun, «  Liste des prisonniers acadiens au fort Edward, 1761-1762. Les papiers de Deschamps », CSHA, vol. III, n o 4 (juillet-septembre 1969), p. 158-164; « 12 Août 1763. – Liste des françois Accadiens demeurants prisonniers a La riv. St Jean… » dans Roy, Rapport sur les archives de France, p. 628.
22 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 394v, AC; Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 40-42.
23 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 37.
24 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 394v, AC.
25 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 44. Dans sa lettre à Prévost, Le Guerne précise qu’il n’y avait que 20 familles. Voir Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 395v, AC.
26 Vaudreuil au ministre, Montréal, 7 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 85r, AC. Dans la même lettre (f o 85v), Vaudreuil nous informe que 87 autres réfugiés acadiens sont passés à l’Île, dont 16 des 50 revenus de la Caroline du Sud.
27 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 47.
28 Il s’agit possiblement des 71  personnes (87  personnes moins les 16  revenues de la Caroline) auxquelles Vaudreuil fait référence dans sa lettre au ministre : Vaudreuil au ministre, 7 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 85v, AC.
29 Vaudreuil au ministre, 7 août 1756.
30 Villejouin à Drucourt et Prévost, 3 novembre 1756, série C11 B vol. 36, f o 35r, AC; Prévost au ministre, 26 novembre 1756, série C11 B vol. 36, f o 158r, AC. Ces deux documents nous apprennent qu’un certain nombre des réfugiés de l’île Saint-Jean sont allés non seulement à Québec, mais également à la Miramichi. Enfin, Vaudreuil estime à 1 300 le nombre de réfugiés que Villejouin doit nourrir à l’hiver 1756-1757. Vaudreuil au ministre, 19 avril 1757, série C11 A vol. 102, f o 7r, AC.
31 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 47-48. Pour sa part, Vaudreuil fait état d’une trentaine de familles. Voir Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 80r et v, AC.
32 Vaudreuil au ministre, 7 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 85v, AC.
33 Les renseignements touchant ce siège et les événements subséquents ont été puisés dans les deux documents suivants : Boishébert, « Journal que j’ay tenu sur les différents événemens qui se sont passés en l’Acadye depuis la prise du fort de Beauséjour » [après le 25 septembre 1755], dans Gaudet, Acadian Genealogy and Notes, p. 176-177; Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, Capitaine, Chevalier de Saint Louis, ci-devant Commandant à l’Acadie, Paris, Imprimerie de Moreau, 1763, p. 17-18.
34 Boishébert, « Journal que j’ay tenu », p. 176.
35 Boishébert, « Journal que j’ay tenu », p. 176.
36 Paul Surette, Petcoudiac : colonisation et destruction 1731-1755, Moncton, Éditions d’Acadie, 1988, p. 31-74; John Clarence Webster, « Lieut.-Colonel Monckton’s Journal of 1755 », The Forts of Chignecto, Shediac, chez l’auteur, 1930, p. 115.
37 Boishébert, « Journal que j’ay tenu », p. 177. Boishébert nous informe qu’il a alors fait passer 30 familles « les plus embarrassées » au fleuve Saint-Jean.
38 Vaudreuil au ministre, 18 octobre 1755, série C11 A vol. 100, f o 88, AC; Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 42-43.
39 Vaudreuil au ministre, Montréal, 18 octobre 1755, série C11 A vol. 100, f o 88, AC. Dans les années subséquentes, c’est exactement la marche que va suivre Boishébert avec les guerriers amérindiens et les partisans acadiens.
40 Vaudreuil au ministre, 18 octobre 1755, série C11 A vol. 100, f o 88, AC; et Le Guerne à Prévost, Belair vers Cocagne, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 399r, AC.
41 Joubert à de Surlaville, 15 octobre 1757, dans Gaston du Boscq de Beaumont, Les derniers jours de l’Acadie, 1748-1758, Paris, Émile Lechevalier, 1899, p. 223. Pour en savoir davantage sur la conjoncture qui régnait à Louisbourg avant le siège de 1758, voir A.J.B. (John) Johnston, 1758, la finale : promesses, splendeur et désolation de la dernière décennie de Louisbourg, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011.
42 Vaudreuil revient à la charge dans sa correspondance du printemps 1756 lorsqu’il écrit : « J’aurois bien souhaité, Monseigneur, recevoir vos ordres au sujet de la rivière St. Jean, et des Accadiens. Je mettray, autant que la situation de la colonie me le permettra, M. de Boishébert en état de s’y maintenir, en lui faisant passer des vivres pour secourir les Accadiens et les Sauvages. Je n’oublie pas les munitions de guerre, et vous pouvés juger, Monseigneur, des comptes que j’ay l’honneur de vous rendre, que les ordres que j’ay donné pour que les Acadiens et les Sauvages ne reçussent pas ces secours en vain, n’ont pas été infructueux. Je désire que les nouvelles que j’attends dans le courant de ce mois soient aussy bonnes que celles que j’ay reçû, jusqu’à présent. Je ne rappelleray M. de Boishébert ny les missionnaires et je ne retireray les Accadiens dans le cœur de la colonie qu’à la dernière extrémité et lorsqu’il me sera moralement impossible de faire mieux. » Voir Vaudreuil au ministre, 1er juin 1756, série C11A vol. 101, fo 13v-14r, AC. Deux mois plus tard, il réitère sa demande en ces termes : « Comme je n’ay pas reçu vos ordres, Monseigneur, concernant les arrangemens que j’ay pris, je ne puis me dispenser de les continuer. Il est indispensable de mettre les Accadiens en sureté pour pouvoir les envoyer en guerre. De là dépend la conservation de la Rivière St. Jean. Le peu de bestiaux qui reste sur les terres seroit détruit, les récoltes et même les semences consommées et enfin nous serions obligés d’abandonner l’Accadie. » Voir Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 82v-83r, AC.
43 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 396v, AC.
44 Au début du printemps 1756, même avant le blocus, Prévost déplore déjà le manque de vivres à Louisbourg : « Tous les comestibles manquent chez les particuliers qui n’ont plus de ressources que dans les magasins du Roy. Ces fournitures diminueront considérablement les approvisionnements que vous aurez ordonnés et elles sont indispensables pour la subsistance générale. » Voir Prévost au ministre, 6 avril 1756, série C11 B vol. 36, f o 6v, AC.
45 Lawrence à Loudoun, 24 avril 1757, fonds Loudoun, 3451, Huntington Library. Lawrence ajoute qu’il va faire circuler ses troupes afin d’empêcher les Acadiens de rassembler du bétail et de le faire sortir de la Nouvelle-Écosse. En plus, des navires vont croiser le long des côtes afin d’empêcher le transport du bétail en territoire français.
46 Du Fresne du Motel à de Surlaville, 1 er décembre 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 205.
47 Joubert à de Surlaville, 15 décembre 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 207.
48 Prévost au ministre, 27 septembre 1756, série C11B vol. 36, fo 134v, AC; Villejouin à Drucourt et Prévost, 3 novembre 1756, série C11B vol. 36, fo 38r, AC; Drucourt et Prévost au ministre, 25 novembre 1756, série C11B vol. 36, fo 31r, AC; et Joubert à de Surlaville, 15 décembre 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 207.
49 Joubert à de Surlaville, 15 décembre 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 207; Prévost au ministre, 27 septembre 1756, série C11 B vol. 36, f o 134r, AC.
50 Vaudreuil au ministre, 3 novembre 1756, série C11 A vol. 101, f o 139r, AC.
51 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11 A vol. 87, f o 397r, AC.
52 Vaudreuil au ministre, 7 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 85r, AC. Villejouin a agi ainsi suivant les ordres de Drucourt et il a fait passer à Québec les «  habitans les moins laborieux  », conformément aux intentions de Vaudreuil.
53 Joubert écrit que « les Acadiens qui ont échappé aux poursuites des anglois, nous consomment beaucoup de vivres ». Joubert à de Surlaville, 15 décembre 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 207. Le Guerne ajoute : « Nous travaillons donc présentement à faire sauver ces pauvres Accadiens qui n’ont point voulu se rendre à l’Anglois. Le nombre à la vérité en est peu considérable et encore sont-ils dispersés et dans des situations les plus fâcheuses. Mais enfin ils sont françois, ils nous coûtent chers. Ils sont chrétiens et coûtent beaucoup à Jésus-Christ. Voilà des motifs suffisants pour ne point les abbandonner […]. » Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11A vol. 87, fo 391v, AC. Pourtant, Vaudreuil écrit à l’été 1756 que Villejouin « espère encore tirer des bons habitans du côté de Cobéguit, Mines ou Péjéguit qui sont aisés en bestiaux et en argent, lesquels joints à ceux qu’il a seront suffisans pour former des bons établissements sur l’isle St. Jean ». Voir Vaudreuil au ministre, 7 août 1756, série C11A vol. 101, fo 85r, AC. Il est évident que les Acadiens doivent servir avant tout les intérêts de la France. Voir à ce sujet A.J.B. (John) Johnston, « French Attitudes Toward the Acadians, ca. 1680-1756 », dans LeBlanc (dir.), Du Grand Dérangement à la Déportation, p. 131-166. Vaudreuil déplore l’inaction des Acadiens contre les Britanniques à l’été 1756 et il va exhorter Boishébert et les missionnaires à inciter les Acadiens et les Autochtones à faire la guerre aux Britanniques, car « il ne seroit pas naturel que les uns et les autres fussent aux charges du Roy sans donner de preuves certaines de leur zèle pour le service de Sa Majesté ». Voir Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11A vol. 101, fo 79v et 81 v, AC.
54 Boishébert, «  Journal que j’ay tenu  », dans Gaudet, Acadian Genealogy and Notes, p. 177; Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, série C11A vol. 87, fo 391v et 399r, AC; Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 41-42 et 46-48; Drucourt et Prévost au ministre, 6 avril 1756, série C11B vol. 36, fo 6v-7v, AC; Joubert à de Surlaville, 15 avril 1756, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 184.
55 Le Guerne à Prévost, 10 mars 1756, disponible en ligne : http://archive.org/stream/cihm_05323/ cihm_05323_djvu.txt. Le Guerne affirmera essentiellement la même chose l’année suivante, au printemps 1757 : « l’acadien n’aime point absolument à quitter son pays. Ce qui l’attache le plus à son pays après l’intérêt naturel qui l’aveugle et lui cache le danger c’est l’espérance que le françois s’emparera bientôt de l’Acadie et voilà ce qui les fait reculer. » Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 46.
56 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 24; Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 47; Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 79v, AC.
57 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 48.
58 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 25.
59 Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11A vol. 101, fo 81v-82r, AC. Selon Le Guerne, le site du camp d’Espérance est à « 10 lieues au dessus de la mission des sauvages dans un lieu affreux, où l’on a jamais rien semé, où il n’y a point de chasse et peu à pescher ». Voir Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 29, note 1.
60 Le Guerne à Prévost,10 mars 1756, série C11A vol. 87, fo 397r, AC; Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 42; Drucourt et Prévost au ministre, 6 avril 1756, série C11B vol. 36, fo 6r-6v, AC; Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, fo 82r-v, AC. Les guerriers amérindiens et, notamment, les Abénaquis n’hésitaient pas, semble-t-il, à négocier leur participation aux campagnes militaires des Français, si l’on en croit Joubert, qui écrit : « Je ne pourrais jamais vous exprimer la peine que j’ay eu à conduire les Abénakis; c’étoit tous les jours des conseils qu’il fallait tenir, dont le résultat étoit toujours de demander quelque chose. » Joubert à de Surlaville, 15 octobre 1757, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 222.
61 Les relations qui existent à l’époque entre les communautés amérindienne et acadienne demeurent encore mal connues, mais des recherches récentes jettent une nouvelle lumière sur le sujet. Contrairement au discours qui a été tenu jusque-là dans l’historiographie acadienne, les rapports entre ces deux communautés devenaient de plus en plus tendus à l’époque de la Déportation. Voir à ce sujet : William Wicken, « Encounters with Tall Sails and Tall Tales: Mi’kmaq Society, 1500- 1760 », thèse de doctorat en histoire, Montréal, McGill University, 1994; Christian Blais, « Les Micmacs et les Acadiens au XVIII e siècle : de la cordialité à l’animosité », Magazine Gaspésie, vol. 41, n o 1 (hiver 2004), p. 24-27.
62 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 23. Ils auraient conduit 1 000 bêtes à corne au camp de Cocagne au cours de l’hiver 1755-1756.
63 La lettre de Le Guerne à Prévost a été transcrite par un commis au bureau du ministère de la Marine de France, alors c’est possible qu’il s’agisse de 400 à 500 personnes au lieu de familles, ce qui nous paraît plus plausible. Voir Le Guerne à Prévost, Belair vers Cocagne, 10 mars 1756, série C11A vol. 87, fo 390r, AC.
64 Vaudreuil au ministre, 3 novembre 1756, série C11A vol. 101, fo 138v, AC.
65 Vaudreuil au ministre, 17 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 32r, AC.
66 Vaudreuil au ministre, 19 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 23r, AC; Vaudreuil au ministre, 19 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 7r-v, AC; Villejouin à Drucourt et Prévost, le 3 novembre 1756, série C11B vol. 36, fo 35r et 36r, AC; Prévost au ministre, 26 novembre 1756, série C11B vol. 36, f o 158r, AC.
67 Vaudreuil au ministre,17 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 32r-v, AC.
68 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 25. La majeure partie des détails qui suivent proviennent de ce document à moins d’indications contraires.
69 Vaudreuil au ministre, 17 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 32v, AC. Le mémoire de Clos précise que tous les enfants ont péri, ce qui nous paraît invraisemblable, alors que Vaudreuil spécifie qu’il s’agit plutôt des enfants à la mamelle.
70 La mission micmaque dont Manach était responsable correspond aujourd’hui à la région de Burnt Church.
71 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 25-27. Voici par ailleurs la description qu’en fait Vaudreuil en se basant sans doute sur les rapports reçus notamment de Boishébert et de Le  Guerne  : «  les Accadiens voyent mourir leurs enfans à leur mammelle ne pouvant les substanter. La pluspart ne peuvent paraître parce qu’elles n’ont point d’hardes pour mettre leur nudité à couvert. Il est mort beaucoup d’Accadiens. Le nombre des malades est considérable et ceux qui sont convalescens ne peuvent se rétablir par la mauvaise qualité des alimens qu’ils prennent étant souvent dans la nécessité de manger des chevaux extrêmement maigres, de la vache marine et de la peau de bœuf. Tel est, Monseigneur, l’état où se trouvent les Accadiens.  » Vaudreuil au ministre, 17 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 32v, AC. Outre la famine, les Acadiens ont également été atteints d’une maladie contagieuse selon Le Guerne : « [C]es pauvres gens sont morts l’hyver dernier en grande quantité de faim et de misère et ceux qui ont échappé à la mort n’ont point échappé à une horrible contagion et ont été réduits par la famine qui y règne à manger du cuir de leurs souliers, de la charogne et quelques-uns même ont mangé jusqu’à des excrémens d’animaux, la bienséance m’oblige de supprimer le reste. » Voir Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 29-30. Bougainville écrit à ce sujet : « Ils mangent aussi de la vache marine et quelques chevaux maigres. Cette mauvaise nourriture occasionne beaucoup de maladie.  » Voir «  Journal de Bougainville  », dans Rapport de l’archiviste de la province de Québec [dorénavant RAPQ], 1923-1924, p. 252.
72 Vaudreuil au ministre, 17 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 32v, AC.
73 « Journal de Bougainville », RAPQ, 1923-1924, p. 263; Vaudreuil au ministre, 24 avril 1757, série C11A vol. 102, fo 42r-v, AC.
74 « Bordereau des ordres donnés au Sr LeBlanc dit LeMaigre, accompagné de la lettre de Jean-Louis Le Loutre à M. Du Buc », 26 juin 1767, série C11D vol. 8, fo 283v, AC; « Bordereau des payements qui ont été faits à la colonie de l’Isle Royale […] », 16 décembre 1757, série C11C vol. 14, fo 99r, AC; « Mémoire à présenter à Monsieur le Duc de Pralin… en faveur du nommé Joseph Leblanc dit Lemaigre âgé de 70 ans… », 1er août 1767, série C11A vol. 105, fo 577-580v, AC.
75 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 25.
76 Joubert à de Surlaville, 15 octobre 1757, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 222- 223. Prévost donne les chiffres suivants : 100 Canadiens ou Acadiens et 200 Amérindiens ou « sauvages ». Prévost au ministre, 12 juillet 1757, série C11 B vol. 37, f o 94v, AC. Voir également « Bordereau des payements qui ont été faits à la colonie de l’Isle Royale [...] », 16 décembre 1757, série C11 C vol. 14, f o 101r-104r, AC.
77 Boishébert, «  Journal que j’ay tenu  », dans Gaudet, Acadian Genealogy and Notes, p. 176. Bougainville nous apprend que Boishébert a perdu quatre hommes de son détachement au cours de l’hiver 1757. Voir « Journal de Bougainville », RAPQ, 1923-1924, p. 267.
78 Lors de son expédition à Louisbourg en 1757, seulement une centaine de guerriers autochtones de la région du fleuve Saint-Jean accompagnent Boishébert. S’il y avait eu de 400 à 500 familles comme le mentionne la lettre de Le Guerne, il aurait disposé d’au moins 400 à 500 guerriers de cette région, ce qui n’est pas le cas. Voir Joubert à de Surlaville, 15 octobre 1757, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 222-223. Prévost donne les chiffres suivants : 100 Canadiens ou Acadiens et 200 Amérindiens ou «  sauvages ». Prévost au ministre, Louisbourg, 12 juillet 1757, série C11 B vol. 37, f o 94v, AC. Voir également « Bordereau des payements », 16 décembre 1757, série C11 C vol. 14, f o 101r-104r, AC.
79 Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11 A vol. 101, f o 80r et v, AC.
80 Vaudreuil au ministre, 7 août 1756, série C11A vol. 101, fo 85v, AC.
81 Villejouin à Drucourt et Prévost, 3 novembre 1756, série C11B vol. 36, fo 35v, AC; Prévost au ministre, 26 novembre 1756, série C11B vol. 36, fo 158r, AC.
82 Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11A vol. 101, fo 80r et v, AC. Le Guerne nous apprend que 50 ou 60 familles de Port-Royal et des Mines sont arrivées à la Petcoudiac le 14 août 1756. Voir Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 47-48. Ces gens pouvaient représenter environ 250 individus.
83 Vaudreuil au ministre, 6 août 1756, série C11A vol. 101, fo 80v, AC.
84 Voici comment nous arrivons à ce chiffre. D’abord, il est resté à Cocagne 370 personnes, auxquelles nous pouvons ajouter 34 personnes revenues de la Caroline du Sud, 250 venues des rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, environ 250 de Port-Royal et des Mines, et environ 400 de l’île Saint-Jean. Évidemment, ces chiffres sont approximatifs pour la plupart.
85 Encore une fois, l’auteur est très reconnaissant envers M. Stephen A. White de lui avoir donné accès aux notes généalogiques manuscrites du DGFA.
86 Ce recensement a possiblement été dressé en partie par l’abbé François Le Guerne, mais il en existe une copie dans le fonds Thomas-Pichon. Voir F 559, CEAAC; fonds Thomas-Pichon, C 857, n os 17-21, Bibliothèque de Vire.
87 Paul Delaney établit leur nombre à 1 014 personnes. Voir Delaney, « The Acadians Deported from Chignectou », p. 260, note 54.
88 Journal de l’abbé Jean-Félix Récher, 7no72a, Archives du Séminaire de Québec, p. 25. Voici ce qu’il note : « Nota 1o depuis le commencement de 9bre 1757 jusqu’au 1er mars 1758 la picote a fait mourir 300 Acadiens grands et petits sur 1 300 qu’ils étoient en ville. »
89 « Journal de Bougainville », 16 juin 1757, RAPQ, 1923-1924, p. 267.
90 En réalité, Stephen A. White a identifié au moins deux familles qui ont séjourné au camp d’Espérance avant de passer à Québec au printemps 1757, soit celle de René LeBlanc et Anne Thériault, et celle de Jean-Baptiste Vincent et Élisabeth Comeau. Cependant, René LeBlanc et son épouse, Anne Thériault, sont décédés à la Miramichi et leurs enfants qui ont survécu figurent sans doute parmi les 120 personnes qui sont allées à Québec, où trois d’entre eux sont morts entre le 7 et le 12 janvier 1758. Quant à l’autre famille, le père, Jean-Baptiste, est décédé à la Miramichi et seule sa veuve avec les enfants qui lui restaient se sont rendus à Québec. Voir Archives départementales du Morbihan, série E, Généalogie des familles acadiennes établies dans les paroisses de Bangor, Locmaria, Sauzon et Le Palais, à Belle-Île-en-Mer; «  Déclaration de généalogie des familles acadiennes établies en 1767 à Belle-Île en Mer », site Internet réalisé par Racines et Rameaux français d’Acadie : http://www.rrfa.fr/bull/declgenealogie.pdf; « Documents inédits du Canada français, Documents sur l’Acadie. Registres des Acadiens de Belle-Île-en- Mer  », Collection de documents inédits sur le Canada et l’Amérique, publiés par le Canada- français, Québec, L.J. Demers, t. II (1889), p. 175; et t. III (1890), p. 112. Afin de ne pas fausser les données, nous n’avons pas inclus ces familles dans la liste des familles réfugiées au camp d’Espérance à l’hiver 1756-1757, reproduite dans le tableau I en annexe.
91 Notons que cette liste n’est pas exhaustive, car elle ne contient que les noms des personnes qui se disent prêtes à passer en territoire français. Il en est de même pour les listes du fort Beauséjour et d’Annapolis Royal en 1763.
92 Nous avons relevé 638 personnes qui figurent dans le recensement de 1754-1755 et dans les différentes listes de réfugiés ou de prisonniers entre 1760 et 1763, 306 autres personnes qui figurent dans le recensement et qui ont probablement séjourné au camp d’Espérance, mais qui ne figurent pas dans les listes et, enfin, 13 personnes qui figurent dans ce recensement, mais que nous n’avons pas réussi à identifier dans les listes ou dont nous perdons complètement la trace. En outre, nous avons relevé 134 personnes qui ne figurent pas dans le recensement de 1754-1755, car la plupart sont originaires de Port-Royal, notamment, mais qui figurent dans les autres listes de réfugiés. À ces différents chiffres, il convient d’ajouter quelque 143 personnes célibataires qui auraient, semble-t-il, séjourné au camp d’Espérance à l’hiver 1756-1757. Ces dernières font probablement partie des Acadiens qui ont participé, comme résistants ou miliciens sous les ordres de Boishébert, aux deux campagnes de Louisbourg en 1757 et en 1758, de même qu’aux autres expéditions montées contre les Britanniques entre 1755 et 1758. De fait, Joubert mentionne « cent dix Canibas, Malichites ou Abénakis et cent mikmaks que le sieur de Boisbert a emmenés de l’Acadie avec dix huit soldats et cent cinquante miliciens acadiens ». Voir Joubert à de Surlaville, 15 octobre 1757, dans du Boscq de Beaumont, Les derniers jours, p. 222-223; « Bordereau des payements », 16 décembre 1757, série C11C vol. 14, fo 101r-104r, AC. Voir le tableau I en annexe.
93 Voici les références à ces différentes listes ou à ces différents recensements : A4-1-1, CEAAC; fonds Isaac-Deschamps, vol. 32, NSARM; Brun, « Liste des prisonniers acadiens », p. 158-164; « 12 Août 1763. - Liste des françois Accadiens demeurants prisonniers a halifax… », dans Roy, Rapport sur les archives de France, p. 628-631; Bazagier au ministre, novembre 1760, série C11A vol. 105, fo 319, AC; WO34/8, p. 131-134, The National Archives (Royaume-Uni) [dorénavant TNA], War Office; et « Liste des habitans de ce Poste […] à Ristigouche », dans Régis S. Brun, « Papiers Amherst (1760-1763) concernant les Acadiens, 24 octobre 1760 », CSHA, vol. III, no 7 (avril, mai, juin 1970) [dorénavant Papiers Amherst], p. 266-268; WO34/1, p. 160-164, TNA; et Pierre du Calvet, « Livre pour le dénombrement des familles Accadiennes refugiées le long des Côtes de L’Accadie […] », juillet-août 1761, dans Papiers Amherst, p. 296-301; WO34/12, p. 339-342, TNA; Roderick MacKenzie, «  List of Acadian Families lately brought in to Fort Cumberland  », 8 novembre 1761, dans Papiers Amherst, p. 308-309; WO34/12, p. 343-345, TNA, et «  List of Acadians inhabiting from Gaspay to Bay Verte not surrendered at Fort Cumberland », 8 novembre 1761, dans Papiers Amherst, p. 309-311. Voir également série 12, vol. I, fo 22-26, AC, René Baudry, « Liste des Acadiens prisonniers au Fort Beauséjour en 1763 », CSHA, vol. I, no 7 (mars 1965), p. 21-26; et « Port Royal Liste generalle des habitans accadiens […] », série G1 vol. 466, no 34, AC.
94 Le tableau I intitulé «  Familles acadiennes au camp d’Espérance, 1756-1757  » comprend les éléments suivants : le nom de l’époux; le prénom de l’époux suivi de la numérotation du DGFA de Stephen A. White et, entre parenthèses, le nom du père de l’époux suivi de son numéro du DGFA; le nom de l’épouse; le prénom de l’épouse et, entre parenthèses, le nom du père de l’épouse suivi de son numéro du DGFA; la date de l’union; le lieu d’origine du ménage ou de l’époux; le nombre de personnes à l’intérieur du ménage au recensement de Beaubassin et des trois rivières Chipoudie, Petcoudiac et Memramcook, 1754-1755; le nombre de personnes dans la liste de Bazagier à la Ristigouche en octobre 1760; le lieu de refuge du ménage selon le recensement de Pierre du Calvet en juillet et août 1761; le nombre de personnes à l’intérieur du ménage selon le recensement de Du Calvet en juillet et août 1761; le nombre de personnes à l’intérieur du ménage selon la liste de MacKenzie en novembre 1761; le nombre de personnes à l’intérieur du ménage selon les listes de prisonniers acadiens au fort Edward en 1761 et en 1762; le lieu d’incarcération du ménage ou de l’individu à l’été 1763; le nombre de personnes à l’intérieur du ménage selon les listes de prisonniers au fort Beauséjour, à Annapolis Royal et à Halifax à l’été 1763; et le lieu d’établissement des membres du ménage. Notons en outre que la liste est divisée en trois parties : les 358 premiers ménages ont séjourné au camp d’Espérance, les 69 ménages suivants y ont probablement séjourné et les 5 derniers n’ont pas été identifiés et n’ont laissé aucune trace.
95 À ce nombre, nous avons ajouté 14 personnes originaires de Beaubassin mais qui ne figuraient pas dans le recensement de 1754-1755. Quelques familles originaires de Port-Royal comptent probablement au nombre des familles (120 personnes) qui sont passées à Québec en juin 1757, dont fait mention Bougainville dans son journal. Voir « Journal de Bougainville », 16 juin 1757, RAPQ, 1923-1924, p. 267.
96 Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 29. Vaudreuil est aussi laconique que Le Guerne quand il écrit : « Il est mort beaucoup d’Accadiens. » Vaudreuil au ministre, 17 avril 1757, série C11 A vol. 102, f o 32v, AC.
97 Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 25.
98 Le bilan a été plus lourd pour certaines familles que d’autres. Nous pensons notamment à une des familles fondatrices de Caraquet, soit celle d’Alexis Landry et Marie Thériot, dont au moins quatre des plus jeunes enfants seraient décédés au camp d’Espérance. Voir Placide Gaudet, Généalogies acadiennes, s.l.n.d., p. 2654.
99 « Mémoire […] présenté à Monseigneur le Duc de Choiseul », polygraphie 7, no 34, v. 1762, Archives du Séminaire de Québec. Puisque cinq années séparent ce mémoire des événements du camp d’Espérance, il est possible que le chiffre de 400 victimes comprenne non seulement celles de l’hiver 1756-1757, mais également les autres réfugiés acadiens décédés par après. Or, même si la misère continue de régner à la Miramichi et ailleurs dans la région, on n’y signale pas une grande mortalité comme on l’a fait pour le camp d’Espérance. Voir les documents suivants à ce sujet  : 2.1/P70, Archives du Séminaire de Québec; lettre de Pierre Maillard, août 1758, dans Henri-Raymond Casgrain, Une seconde Acadie, Québec, Imprimerie L.-J. Demers & frère, 1894, p. 335, où il écrit : « Les habitants de l’Isle Saint-Jean sont tous bien déterminés à ne pas quitter leur isle quoique leur fassent les Anglais, aimant mieux s’y maintenir comme ils pourront que d’aller certainement mourir de faim à Miramichi. » Villejouin au ministre, 8 septembre 1758, série C11B vol. 38, fo 166r, AC (cité dans Casgrain, Une seconde Acadie, p. 339), écrit que les Anglais lui ont donné trois semaines pour évacuer le pays, mais qu’il lui a été impossible de le faire : « Miramichi, qui étoit le plus à portée, était sans vivres et l’est encore, de façon que nombre de nos habitants qui se sont trouvés le plus à portée de s’y rendre, étoient obligés de revenir sur leurs pas, préférant tout abandonner plutôt que de mourir de faim. » Pour en connaître davantage sur la déportation de l’île Saint-Jean, voir Earle Lockerby, La déportation des Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard, traduit par Robert Pichette, Québec, Éditions au Carré, 2011. Pour l’état des réfugiés acadiens, voir également : série C11 A vol. 105, fo 320v, AC; et Bazagier au ministre, novembre 1760, dans Papiers Amherst, p. 265, où Bazagier écrit : « Les habitans des trois postes de Miramichy, de celui de Chipagan, des 3 de Caraquet, étoient fort à plaindre en Juillet. Ils se plaignoient être dans le même état depuis quelques années. Ceux de Ristigouche sortoient de diverses côtes sans doute aussi malheureux. Ils sont tous adroits mais paresseux et indépendants s’ils ne sont gouvernés. » Par ailleurs, la misère règne également au poste de Ristigouche à l’arrivée des Français en mai 1760. Voir Judith Beattie et Bernard Pothier, La bataille de la Ristigouche 1760, Ottawa, Parcs Canada, 1996, p. 14.
100 « Notes from Tradition and Memory of the Acadian Removal by Mr. Fraser of Miramichi 1815 », dans Gaudet, Acadian Genealogy and Notes, p. 249. Nulle mention n’est faite du nombre d’Autochtones qui moururent. Pourtant, Cooney nous apprend qu’il y en eut plusieurs : « A great number of the Indians had also died […]. » Voir Cooney, A Compendious History, p. 35.
101 Shediac, Cocagne et Miramichi, Fonds Placide-Gaudet, 1.30-8, CEAAC. Il est possible que Gaudet ait eu connaissance du mémoire adressé au duc de Choiseul en 1762, mais il n’en fait nulle mention.
102 « Journal de Bougainville », 16 juin 1757, p. 267.
103 Évêque de Québec au ministre (?), 30 octobre 1757, série C11 A vol. 102, f o 297r, AC.
104 Bazagier au ministre, novembre 1760, série C11 A vol. 105, f o 319, et Papiers Amherst, p. 265, AC.
105 Voir le tableau I en annexe.
106 James Murray à James Wolfe, 24 septembre 1758, CO5/53, f o 205-206, TNA, Colonial Office. William Francis Ganong a reproduit ce rapport : « The Official Account of the Destruction of Burnt Church », Collections of the New Brunswick Historical Society, vol. 9 (1914), p. 301-307. Voir également Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 29.
107 Avant de rentrer à Québec, Boishébert et ses hommes se seraient rendus d’abord à la Miramichi juste avant le départ de l’expédition dirigée par James Murray, ce qui nous paraît invraisemblable, puisque l’expédition de Monckton n’est arrivée à l’embouchure du fleuve Saint-Jean que le 16 septembre, soit le lendemain de l’arrivée de l’expédition de Murray, qui en est partie le 18. Boishébert disposait au plus de 48 heures pour se rendre de Saint-Jean à la Miramichi, en se déplaçant en canot! Voir Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 30.
108 Ordre de Jeffery Amherst à James Wolfe, 15 août 1758, CO5/53, f o 166-167, TNA.
109 Les détails qui suivent ont été donnés par Murray : James Murray à James Wolfe, 24 septembre >1758, CO5/53, fo 205-206, TNA. Voir également James Wolfe à William Pitt, à bord du Namur, 1 er novembre 1758, CO5/53, fo 203-204, TNA.
110 Le Juno était accompagné du brulôt (fireship) Aetna et de six vaisseaux de transport pour les troupes. Voir Journal de bord du Juno par le capitaine John Vaughan, ADM51/495, TNA, Admiralty; Journal de bord du Juno par le « master » George Elmslie, ADM51/906, TNA; Journal de bord de l’Aetna par le capitaine Bickerton, ADM51/4106, TNA.
111 Le capitaine Bickerton écrit dans son journal de bord en date du 18 septembre 1758 : « At 6 am sent the cutter & pinnace to Assist in removing the Troops having destroyed & Burnt the Town of Miramiche Consisting of Church & 20 Houses & taken some prisoners. At 9 weighted & made sail... » Journal de bord de l’Aetna par le capitaine Bickerton, ADM51/4106, TNA.
112 James Murray à James Wolfe, 24 septembre 1758, CO5/53, fo 205-206, TNA. Il est intéressant de noter que des Acadiens de l’île Saint-Jean étaient réfugiés à la Miramichi, contrairement à ce qu’ont laissé entendre Maillard et Villejouin. Voir les documents suivants à ce sujet : Lettre de Pierre Maillard, août 1758, 2.1/P70, Archives du Séminaire de Québec; et Casgrain, Une seconde Acadie, p. 335 et 339; Villejouin au ministre, 8 septembre 1758, série C11 B vol. 38, f o 166r, AC. La traite des fourrures semble avoir fait pencher la balance en faveur de la Miramichi quand il a été question, pour Boishébert, de choisir ce lieu comme quartier général pour son camp volant, et c’est sans doute ce à quoi fait référence Le Guerne quand il écrit : « l’intérêt forma une clique pour les mettre à Miramichi » : Gagnon, Lettre de M. l’abbé Le Guerne, p. 48. Enfin, Boishébert nous apprend qu’il avait l’ordre de rentrer au Canada à l’automne 1758, mais il était de retour en Acadie dès l’hiver 1759 en vue de faire du recrutement auprès des Acadiens pour venir au secours de Québec, qui allait infailliblement être assiégé par les Britanniques dès le printemps suivant. Voir Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 31.
113 Le 16 septembre, Vaughan envoie deux missives à Murray pour l’informer de la position fâcheuse dans laquelle il se trouve et pour le presser de mettre fin à son expédition malgré son désir de monter en amont de la Miramichi pour y détruire l’établissement ennemi. Voir le fonds Placide- Gaudet, 1.32-5, CEAAC; John Vaughan à James Murray, à bord du Juno, 16 septembre 1758, CO5/53, f o 166-167, TNA. Le lendemain, le capitaine Vaughan conduit son vaisseau vers des eaux plus profondes, craignant sans doute de s’échouer sur les barres de sable de la baie de Miramichi. Voir Journal de bord du Juno, par le capitaine John Vaughan, ADM51/495, TNA; Journal de bord du Juno, par le « master » George Elmslie ADM51/906, TNA.
114 Après avoir consulté le capitaine Vaughan, Murray en fait autant auprès de Bickerton  : «  I likewise took care to have Capt. Bickerton consulted about the Situation of the Fleet who declared he could not Sleep while it continued where it was.  » Voir James Murray à James Wolfe, Louisbourg, 24 septembre 1758, CO5/53, f o 205-206, TNA. Boishébert prétend que c’est plutôt en raison des mesures défensives qu’ont prises les Français en prévision d’une inévitable attaque. Voir Clos, procureur, Mémoire pour le Sieur de Boishébert, p. 30; « Journal de Bougainville », 11 septembre 1758, RAPQ, 1923-1924, p. 276-277.
115 Contrairement à ce qui a pu être écrit sur la destruction du camp d’Espérance, il semble bien que ce poste n’ait été détruit ni en septembre 1758 par l’expédition dirigée par James Murray, ni à l’été 1760 après la bataille de la Ristigouche, comme l’a conclu Esther Clark Wright, qui prétend qu’il a été détruit par le capitaine du Fame, John Byron ou « Foul-weather Jack ». Voir Wright, The Miramichi, p. 14-15. Au contraire, le camp d’Espérance n’a pas été détruit en 1758 ou en 1760, et il existait toujours dans les années 1760, puisque Fidèle Thériault en a trouvé des références dans les documents. Voir Thériault, « Le camp de l’Espérance », p. 10-12 et 19-20. Enfin, Paul Delaney vient tout juste d’effectuer des recherches poussées à ce sujet dans les archives britanniques pour le compte de Les Amis de l’île Boishébert et il arrive à la même conclusion que Thériault, c’est-à-dire que le camp d’Espérance n’a pas été détruit par Byron en juillet 1760. L’auteur est d’ailleurs très redevable à M. Delaney, qui a eu la bonté de partager avec lui ses découvertes et à qui il doit les copies des journaux de bord des navires britanniques qui ont mené l’expédition de septembre 1758, ainsi que de l’ordre de Wolfe et du rapport de James Murray à ce dernier. Voir Journal de bord du Fame, par George Marsh, ADM51/3830, TNA; Journal de bord du Fame, par le «  master » Philip Madge, ADM52/852, TNA. Mentionnons que ce projet de recherche dirigé par Les Amis de l’île de Boishébert a été subventionné par Parcs Canada, à qui cet organisme à but non lucratif est très reconnaissant.
116 Pierre du Calvet, le garde-magasin en chef du camp d’Espérance, aurait déménagé les provisions du roi au nouveau camp de Ristigouche en mai 1759. Voir Pierre du Calvet, The Case of Peter Du Calvet, Esq. of Montreal in the province of Quebeck […], Londres, s.n., 1784, p. 3.
117 James Murray à James Wolfe, 24 septembre 1758, CO5/53, fo 203-204, TNA.
118 James Wolfe à William Pitt, à bord du Namur, 1er novembre 1758, CO5/53, fo 205-206, TNA.
119 Ce camp se trouvait près du Lieu historique national de la Bataille-de-la-Ristigouche, à un endroit connu à l’époque comme la « pointe à Bourdon ». Les Britanniques n’ont pas réussi à attaquer ce poste, mais ils ont plutôt attaqué et détruit un village sis en aval de la rivière Ristigouche. Ce village composé de 150 ou 200 maisons, qu’un officier britannique appelle la « Petite-Rochelle », était, semble-t-il, un lieu de refuge habité principalement par des familles de réfugiés de la Miramichi, de Richibouctou et des autres lieux de refuge au sud de la baie des Chaleurs, établies là au printemps 1760. De fait, ces familles y sont accourues à la nouvelle de l’arrivée de vaisseaux français en juin 1760 et il s’en trouve toujours sur les lieux en octobre de la même année quand Bazagier dresse la liste des personnes présentes au poste de Ristigouche. Voici d’ailleurs ce que dit à ce sujet le capitaine du Fame, John Byron : « LeBlanc [Joseph dit Le Maigre] who had done so much mischief to our trade came in here the day before we did (in the Fame) with nine vessels from Miramichi & all the inhabitants from thither [?] as they intended this place for their chief settlement […]. » Dans le journal de bord, on écrit : « sloops & schooners Chiefly from Miramichy, 9 from thence arriving here on the 21 of June the Inhabitants of that as well as other places hearing of this armament from Europe being in Chalr Bay moved here (as was supposed) wt an Intent to settle. » Ce document contient essentiellement les mêmes renseignements que les rapports de Byron, à l’exception du nombre d’édifices qui ont été détruits à Ristigouche, car dans le journal de bord il est écrit : « set fire to […] several wooden houses they found within the woods », alors que dans ses rapports des 11 et 14 juillet 1760, Byron mentionne la destruction de 150 et de 200 maisons respectivement. Voir Journal de bord du Fame, par George Marsh, ADM51/3830, TNA; John Byron à l’Amirauté, à bord du Fame, baie des Chaleurs, 11 juillet 1760, ADM1/1491, TNA; Byron à Colville, 14 juillet 1760, ADM1/482, TNA. Voir également Bazagier au ministre, novembre 1760, série C11A vol. 105, fo 319, AC; WO34/8, p. 131-134, TNA; et « Liste des habitans de ce Poste », 24 octobre 1760, dans Papiers Amherst, p. 266-268; Beattie et Pothier, La bataille de la Ristigouche; Pacifique de Valigny, « Ristigouche : métropole des Micmacs, théâtre du “dernier effort de la France au Canada” », Bulletin de la Société de géographie de Québec, vol. 18-21 (1924- 1927), reproduit dans Revue d’histoire de la Gaspésie, vol. 4 (1966), p. 64-82.
120 Série C11A vol. 105, fo 320v, AC; Papiers Amherst, p. 265; WO34/8, p. 131-134, TNA; et « Liste des habitans de ce Poste », 24 octobre 1760, dans Papiers Amherst, p. 266-268; « Quantité des personnes dépendants du poste, Bazagier, Paris, le 31 décembre 1760 », dans Knox, An Historical Journal, p. 394-395.
121 Onze familles auraient donc quitté la Miramichi entre octobre 1760 et le recensement de Du Calvet en août 1761, à moins que ces familles n’aient échappé à l’attention de ce dernier. Nous pensons plutôt que ces familles sont allées ailleurs, ce qui est très caractéristique de beaucoup de familles en errance durant cette période. Voir à ce sujet les pérégrinations de la famille de Pierre Bois et Jeanne Dugas durant le Grand Dérangement : Mgr H. Têtu, Journal des visites pastorales de 1815 et 1816 par Monseigneur Joseph-Octave Plessis, Évêque de Québec, Québec, Imprimerie franciscaine missionnaire, 1903, app. A, p. 176, note 1; et Stephen White, « Le périple de Jeanne Dugas », Contact-Acadie, no 18 (décembre 1991), p. 22-26.
122 WO34/1, p. 160-164, TNA; et Pierre du Calvet, «  Livre pour le dénombrement des familles Accadiennes refugiées le long des Côtes de L’Accadie []  », juillet-août 1761, dans Papiers Amherst, p. 296-301; WO34/12, p. 339-342, TNA; et Roderick MacKenzie, « List of Acadian Families lately brought in to Fort Cumberland », 8 novembre 1761, dans Papiers Amherst, p. 308- 309; WO34/12, p. 343-345, TNA; et « List of Acadians inhabiting from Gaspay to Bay Verte not surrendered at Fort Cumberland », 8 novembre 1761, dans Papiers Amherst, p. 309-311.
123 Il s’agit de l’Acadie dans son sens le plus large, car en plus des provinces Maritimes, nous incluons également Miquelon, les îles de la Madeleine et le comté de Bonaventure.
124 Précisons d’abord que quelques-uns de ces ménages ou individus ont laissé des descendants dans plus d’un endroit, ce qui peut expliquer l’écart entre les 309 ménages et individus recensés et le nombre total des réfugiés y compris les descendants, soit 343. Nous avons jugé bon de relever les principaux établissements acadiens où l’on trouve des descendants des ménages ou individus du camp d’Espérance. En Nouvelle-Écosse : Arichat et Petit-de-Grat, la baie Sainte-Marie (Anse- des-Belliveau, Comeauville, Grosses Coques, Meteghan et Pointe-de-l’Église), Chéticamp et Margaree, Chezzetcook, Havre-à-Mélasse, Havre-Boucher et Tracadie, Menoudie, puis Sainte- Anne-du-Ruisseau; à l’Île-du-Prince-Édouard : Baie-Egmont, Miscouche, Rustico et Tignish; au Nouveau-Brunswick  : Barachois, Bouctouche, Cap-Pelé, Caraquet, Cocagne, Grande-Digue, Dieppe, Memramcook, Néguac, Nipisiguit (Bathurst), Petit-Rocher, Richibouctou-Village, Saint- Louis-de-Kent, Saint-Basile, Saint-Charles-de-Kent, Scoudouc, Shemogue, Shippagan et Tracadie; en Louisiane : Ascension, Côte-Gelée, La Nouvelle-Orléans, Opelousas, Plattenville, Pointe-Coupée, Saint-Gabriel-d’Iberville, Saint-Jacques de Cabahannocer, Saint-Michel-de- Cantrelle, Saint-Martinville et Thibodeaux; au Québec  : L’Ancienne-Lorette, le comté de Bonaventure (Bonaventure, Cascapédia, New Richmond, Paspébiac et Tracadièche ou Carleton), les îles de la Madeleine (Havre-Aubert et Lavernière), L’Île-Verte, Kamouraska, Mascouche, Québec, Saint-François-du-Lac, Saint-François-du-Sud, Saint-Grégoire, Saint-Jacques, Saint- Joachim, Saint-Ours, Sainte-Thérèse-de-Blainville et Sorel; en France  : Belle-Île-en-Mer, Cherbourg, Nantes et Rochefort, Miquelon et Saint-Domingue ou Haïti (Fort-Dauphin, Le Mirebalais, Môle-Saint-Nicolas et Port-au-Prince).